Je restai figée pendant quelques secondes. Je n’y croyais pas. Alex se tenait là, devant moi, sourire aux lèvres.  J’avais imaginé maintes fois son retour, mais j’étais loin de penser que cela se ferait aussi vite. Il me fit sortir de ma torpeur :

-          Je vois que je t’ai beaucoup manqué Dona.

Ah cette voix ! Cette voix  à la fois mielleuse et rock, comment avais-je pu m’en passer. Oh Seigneur, Alex m’avait grave manqué, pensai-je. Je ne fis rien paraître.

-          Salut Alex. Je ne m’attendais vraiment pas à te revoir un jour.

-          Je sais. Je voulais te faire la surprise dit-il en mettant les mains dans ses deux poches de devant, comme s’il était gêné.  Tu ne m’invites pas à entrer ?

-          Oh, oui, bien sûr, entre Alex.

Nous nous installâmes sur la terrasse, et nous assîmes autour de la table. Heureusement, ma grand-mère était occupée à faire à manger. Elle n’entendit même pas sonner je pense.

-          Tu veux boire quelque chose ? lui demandai-je.

-          Non ça ira, merci Dona.

Un silence s’installa entre nous un court instant. Chacun en profita pour observer l’autre. Il avait légèrement maigri je trouvais, mais il était toujours aussi beau. Il me paraissait encore plus sûr de lui. Ses yeux, ses tous petits yeux, dissimulés derrière ses grosses lunettes, me faisaient totalement fondre.

« Ressaisis toi, ma pauvre, me lança ma J.A, en toussotant. Je te rappelle que c’est quand même le mec qui t’a abandonné pendant des années. Tu es sensée lui crier dessus, le frapper, de toutes tes forces, jusqu’à ce que mort s’ensuive. Oh oui, tu en as le droit ».

Il m’interrompit à nouveau :

-          Comment tu vas Dona ?

Etonnamment, cette question me rendit dingue.

-          Comment je vais ? Non mais tu es sérieux là Alex ? Mais qu’est-ce que cela peut te faire, que j’aille bien ou mal ? Ce n’est pas ce qui t’a le plus préoccupé durant ces dernières années.

-          Ecoute bb, c’est juste une question, histoire d’entamer la conversation.

-          Il n’y a plus de bb entre nous Alex. Arrête-moi ça tout de suite.

-          Ok Dona, si tu veux. Je sais que ça n’a pas dû être facile pour toi.

-          Mais une fois encore qu’est-ce que tu en sais Alex ?

-          Si, je le sais Dona, parce que ça a été la même chose pour moi durant ces 4 dernières années.

Je levai les yeux au ciel.

-          Oui c’est ça Alex, je suis censée te croire n’est-ce pas ?

Il posa un regard intense sur moi. Cela me toucha au plus profond de mon cœur. Il semblait sincère d’un coup.

-          Crois-moi Dona. Si ce n’était pas le cas, tu ne m’aurais jamais revu.

-          Pour moi c’était clair, et c’est toujours clair. Je n’ai plus et pas envie de te revoir. Et même si je le voulais, par principe, je ne pourrai pas.

-          Comment ça tu ne pourrais pas ?

-          Je suis en couple depuis 2 ans maintenant avec Jonathan. Lui au moins, il prend soin de moi et est présent.

Une lueur triste traversa ses yeux. Aie, je m’en voulais de le lui avoir dit. J’eus à ce moment-là une certitude incroyable. Quelque soit le mal qu’il me fera, je ne pourrai pas arrêter d’aimer cet homme-là. Je ne dis pas que je ferai ma vie avec, mais je l’aimerai pour toujours.

-          Je me doute bien, répondit-il d’un calme olympien. Et c’est normal, je n’étais pas là.

« Mince, comment répondre à ça », pensai-je.

-          Oui tu n’étais pas là, ou du moins, tu n’as jamais vraiment été là pour moi Alex. Regarde tout ce qui s’est passé depuis ton départ. J’ai eu mon baccalauréat, je suis entrée à l’université. A quel moment as-tu été là pour moi ? Dans mes moments de doute, de peur, de joie, de bonheur, j’aurais aimé que tu me rassures, que tu me parles, que tu sois présent mais que tu m’encourages aussi. Pfff.

Il se leva, fit le tour de la table et se rapprocha de moi. Il me prit les mains et me fit me lever.

« Oh non, Oh non, tu ne dois pas te laisser faire » lança ma J.A.

-          Dieu sait que tu m’as terriblement manqué Dona. J’aurais aimé être là pendant tous ces moments-là, crois-moi. J’ai de bonnes raisons de ne pas l’avoir fait, et en réalité, je l’ai fait pour nous.

-          Mais tu dis quoi là Alex ? Comment-ça tu l’as fait pour nous ?

-          Je ne peux pas t’en dire plus Dona, mais s’il y a une chose dont je suis certain c’est que je t’aime mille fois plus qu’avant et que tu m’aimes toujours autant, même si tu as quelqu’un d’autre dans ta vie. Je le vois et je le sens.

-          Je te déteste Alex, j’ai eu trop mal. Crois-moi, c’est vraiment fini entre nous.

Il poussa un soupir, comme s’il savait que tout ce que je venais de dire était faux.

Subitement, il se rapprocha de moi et me donna un baiser. J’essayai de l’en empêchai en détournant ma tête, mais trop tard.

-          Tu es à moi bb, et à personne d’autre, que tu le veuilles ou non.

Au fond, ce baiser réveilla des sensations enfouies depuis bien longtemps en moi. Mais je me mis à rigoler pour ne pas me dévoiler. Il se foutait vraiment de moi.

-          Alex, ce n’est pas parce que je t’ai laissé m’embrasser que tout est comme avant. Je suis quand même curieuse de savoir quelle est la raison pour laquelle tu as disparu depuis toutes ces années.

-          Je te l’ai dit Dona, je ne peux pas t’en parler. Mais je veux qu’on se revoie. Je suis là pour quelques temps. Je veux qu’on reprenne le temps pour nous.

-          Mais tu rêves là Alex. Je te l’ai dit aussi, je ne suis plus disponible et même si je l’étais, tu serais le dernier homme avec qui je voudrais à nouveau sortir.

Comme pour marquer le coup, on sonna à la porte. Cela devait être Jonathan. Je ne tenais pas à ce que les deux hommes se voient. Vu l’ambiance et la tension entre Alex et moi, Jonathan saurait tout de suite qu’il y avait quelque chose entre nous.

Je m’excusai auprès d’Alex et j’allai ouvrir à Jon. Heureusement, la maison disposant de deux entrées. Je fis donc passer Jon par la 2eme entrée en lui proposant d’aller saluer ma grand-mère, le temps que je finisse de m’habiller. Je rejoins Alex, juste après.

-          Il faut que j’y aille Alex. Ma soirée est chargée, lui dis-je d’un ton détaché.

-          Ok bb, je sais que tu as de la visite. Je t’appellerai pour qu’on continue cette discussion.

-          Pas la peine. Tu as tout gâché Alex.

-          C’est ce que tu crois, me lança-t-il en me donnant un baiser.

Il partit comme il était arrivé, en me disant :

-          Salut bb. Bonne soirée.