Chapitre 16 : Un homme, un vrai.
Ecrit par Les Histoires de Laya
***Alysha***
Je me lève, il est 9h et je constate que AJ n’est pas encore levée.
Quand elle dort autant, qui va alors s’occuper de Solène et Carmela ?
S’’il y’a bien une chose que je déteste c’est de m’occuper des enfants des autres, je remarque qu’en Afrique, tout se fait en communauté. Par exemple, quand on part en vacances avec toute la famille, et que AJ fait à manger, elle va le faire pour TOUT le monde. Si elle donne le bain, elle va devoir donner le bain à tous les bébés. Elle, ça ne la dérange pas plus que ça, mais moi ça me saoule.
Moi, je suis habituée à avoir juste Titis et P-A avec moi toute l’année, donc les histoires de grande famille, sincèrement, ça me fatigue.
P-A et moi avons été en conflit au début de relation à cause de ça, et je lui ai clairement dit « soit tu me prends ainsi, soit tu me laisses ».
Bref, Titis s’est réveillé, je l’ai lavé, je lui ai fait ses céréales et son lait.
P-A est sorti retrouver Pierre & Lydia pour quelques courses.
J’étais assise à table avec Titis quand Solène est arrivée au salon
Solène : Tata Alysha, tu peux me donner à manger s’il te plait.
Moi : On mange des céréales avec du lait.
Solène : Maman et AJ font toujours des crêpes, des fruits découpés et du lait. Tu peux faire tata s’il te plait ?
Moi (agacée) : Attends alors AJ, vu que tu ne peux pas te contenter de lait et céréales (levant les yeux au ciel).
Solène (avec une mine triste) : ok.
Vous voyez ? C’est ce qui m’énerve ! AJ habitue les gens à manger diversifié et après c’est moi qui dois assumer ça ? Non, je ne gère que les caprices de mon fils !
Solène et Titis ont le même âge, à 4 ans tu veux déjà avoir un petit déjeuner type, et ce sont les autres qui doivent se plier à ça.
Non et Non.
***Alexandria J***
Je me lève en sursaut, je regarde l’heure, il est 10h. Je bondis du lit et je vois que ma princesse est toujours endormie sur son papa.
Les enfants sont vraiment spéciaux, incroyable !
Je devais me lever normalement à 9h pour faire le petit-déjeuner, surtout pour Titis et Solène, Carmela et Liyanah c’est juste le biberon le matin ; mais il se trouve que je n’ai pas entendu mon réveil sonner.
Je me dis alors que Alysha s’est occupée des enfants, vu que P-A et elle ont finalement dormi ici après que je les ai appelés en catastrophe.
Je veux me rendre à la douche quand j’entends toc toc
Moi (allant vers la porte et l’ouvrant) : Oui, (me baissant) bonjour mon trésor, t’as bien dormi ?
Solène (la voix tremblante) : Bonjour maman (oui elle m’appelle maman parce que selon elle, je la garde bien comme ML). (Elle se frotte les yeux, signe qu’elle va pleurer)
Moi (sourcils froncés) : Qu’est-ce-qu’il y’a ? Tu as eu une dispute avec Titis ? Parce que vous deux-là !
Solène : J’ai faim maman, j’étais debout depuis et je t’attendais pour manger mais tu ne venais pas… (elle pleure)
Moi (sourcils froncés) : Tata Alysha est toujours là non ?
Solène : Oui mais snif elle a dit que je t’attends snif et tu ne venais pas depuis là.
Bon, vous voyez ça comment ? Un enfant de 4 ans qu’on laisse avec la faim parce qu’il faut m’attendre ?
Moi : Arrête d’abord de pleurer (ce qu’elle fait), tu as toujours le pyjama, on se lave vite et je te fais à manger mon trésor, je ne veux plus que tu pleures, d’accord ? (Oui de la tête)
Au même moment, j’entends Carmela pleurer, je vais alors la prendre dans la deuxième chambre et je décide de leur donner le bain ensemble. Moi-même je vais me doucher après.
Solène ne supporte pas la faim, d’ailleurs comment voulez-vous demander à un bébé de 4 ans de supporter la faim ?
Ce qui me déplait dans cette histoire c’est que Alysha ne fasse vraiment aucun effort. Je fais TOUJOURS la pâte à crêpes la veille, je mets au frigo pour que le matin, ce soit assez rapide.
C’est prendre une crêpière verser la pâte et donner à l’enfant qu’elle ne veut et ne peut pas faire ?
Découper des fruits qui sont au frigidaire ?
Bref, j’ai habillé les filles et je me suis rendue en cuisine préparer un brunch rapide pour toute personne présente dans la maison. Surtout que Alexia et Maxime vont sûrement passer.
Je ne suis pas fâchée mais je n’aime pas qu’on fasse ce genre de choses.
Qu’on aime la cuisine ou pas, il faut faire des efforts pour prendre soin des autres, surtout quand ce sont des enfants.
Mon brunch terminé, j’ai mis la table et j’ai installé Solène et Titis qui voulait aussi des fruits, j’ai donné à Carmela son bibi (elle attrape déjà ça seule). En revenant à la cuisine, je trouve Alysha
Moi (très calme) : Bonjour Alysha, écoute, je veux bien que tu n’aimes pas vraiment cette histoire de t’occuper de diverses personnes mais laisser l’enfant avec la faim juste parce qu’elle te demande des crêpes, ça ne se fait pas. Si c’était Titis, tu allais refuser ?
Elle : Bah AJ, encore heureuse que je cède aux caprices de MON enfant.
Moi (ne voulant pas que ça aille loin) : Alysha, je te comprends mais nous sommes en famille, africaine en plus. Je m’occupe de Titis comme si c’est moi qui l’avais fait, P-A traite ma fille comme si c’était la sienne. C’est vrai que Solène est notre petite sœur, mais vois-tu, vu le nombre d’années qui nous séparent, on peut la considérer comme notre fille... Bref, j’ai fait un brunch, si jamais tu as faim.
Elle sort de la cuisine sans se retourner. C’est dans ce genre de situation que je réalise que je suis trop gentille ! Une autre belle-sœur lui aurait fait la guerre depuis le début à cause de cette attitude…
J’entends le charabia de mon bébé dans mon dos
Liam : Bonjour AJ !
Moi : Bonjour Liam. (Ma fille me tend les bras) Je la prends et je la serre fort.
Faut dire qu’on a notre petit rituel, au réveil, on reste très souvent collées pour prendre un peu de chaleur.
Au moins une habitude que la présence de son père ne changera pas, ouf.
Moi : J’ai fait à manger, tu peux aller prendre place à table.
Liam (surpris puis semblant embêté) : Je dois aller trouver les parents à l’hôtel avec Carmela, on mange avec Lina à midi. Peut-être une prochaine fois.
Moi (après un souffle) : Tu peux me regarder dans les yeux s’il te plait ? (Ce qu’il fait). Je ne te déteste pas, et tu es censé savoir que ce sentiment ne m’habite pas et que je prie que Dieu garde mon cœur pur. Je t’ai ouvert la porte de chez moi, sans intention aucune, ah oui sauf mon souhait que ma fille noue des liens solides avec son papa car vois-tu, (voix tremblante) je n’ai pas eu la chance d’avoir deux parents, et j’aimerai que ma fille connaisse l’équilibre que peut apporter l’existence d’un père et d’une mère.
Tu m’as rejeté, tu m’as humilié, et tu sais ce que j’ai fait au retour ? Je t’ai porté dans mes prières car tu vois ce petit être qui nous lie, je souhaite que tu sois le meilleur papa possible pour elle.
Tu pourras voir ta fille autant que tu voudras, il te suffit juste de m’appeler.
Liam : Pourquoi tu restes aussi douce AJ ? Tu me fais même peur lorsque tu es ainsi ! Pourquoi ne me cries tu pas dessus ? Je t’ai fait de la peine et toi tu m’invites à ta table, tu me laisses la liberté de voir l’enfant. AJ je regrette tout, si tu savais.
Moi (le regardant) : Prouve le !
J’ai tourné mes talons et je suis allée bruncher.
****
La suite de la journée s’est déroulée sans encombre, ma famille a diné ici, et Liam est repassé voir sa fille avant de rentrer à l’hôtel car il devait diner avec ses parents, Maxime et Lina.
***Liam***
Papa : On t’écoute
Moi : J’aimerai venir faire ma derniere année en France car j’ai besoin d’être proche de ma fille. Je ne sais pas comment ça se passe mais j’ai vraiment besoin de venir ici afin d’être proche d’elle.
Maxime : Je comprends que tu veuilles être proche d’elle, mais c’est mieux que tu termines les deux années qu’il te reste et qu’après tu rentres directement au Gabon. AJ rentrera également au Gabon après son Master 2, tu sais qu’elle veut y développer sa structure d’événementiel. Comme ça tu verras ta fille tous les jours. Et elle aura 2 ans et demi donc ça va !
Moi : Oui je sais qu’elle aura seulement 2 ans et demi mais (soufflant) c’est justement tous les moments avant 3 ans que j’ai aussi envie de vivre à côté d’elle…
Papa (me regardant longuement) : Liam, Liyanah vit où et avec qui ?
Moi (confus) : Euh ici à Paris avec AJ.
Papa (remonté) : Et donc tu as fini de faire les conneries, de l’humilier, de la traiter de tous les noms, elle n’a même pas encore digéré, tu veux venir t’installer à Paris.
Moi : Mais
Papa (haussant le ton) : Je ne veux rien entendre. TU te crois où Liam ? Tu crois que tu peux malmener les gens ? Tu crois que le monde doit être à tes pieds ou fonctionner selon tes désirs ? Pendant 10 mois + les mois de la grossesse, tu as rejeté AJ, et aujourd’hui, tu veux t’installer à Paris, pour être proche de ton enfant. Mais cela implique quoi ? D’aller chez AJ tous les jours, encombrer son espace, alors que tu lui as brisé le cœur ? C’est là où je dis souvent qu’elle a trop un bon cœur, accepter de t’accueillir chez elle alors que tu l’as détruite… Je ne vais pas parler deux fois, tu vas rester aux USA jusqu’à ce que tu finisses tes études. Ça va te permettre de réfléchir et comprendre que jeunesse ne veut pas dire inconscience ou méchanceté envers les gens qui nous aiment réellement.
Maman (regard dur) : Je suis complètement d’accord avec mon mari. Tu vas rester aux USA. Et j’espère que c’est clair !
Moi (dégouté) : Oui
Papa : Et maintenant, si tu es con, il faut encore aller t’amuser là-bas. De toutes façons, Maxime sera le seul qui va te donner son épaule pour pleurer après, les enfants têtus je ne supporte pas.
Lina: Tu as merdé bro. AJ a bon cœur, mais faut pas la prendre pour une conne. Gentillesse n'est pas maboulisme ou faiblesse, attention!
Après ça, je vais encore rajouter quoi ? Ils n'ont pas tort, j’ai foutu la merde.
Je sens que ces dernières années d’études seront longues.
Loin de ma fille et mon AJ (soufflant).
Oh DIEU, fait qu’aucun homme ne me prenne mon AJ, je veux me battre corps et âme pour la récupérer et je mourrais si un autre homme en venait à lui donner le bonheur que je n’ai pas su lui donner.
Je veux être un homme sérieux et à sa hauteur,
Que cette année et demi que je vais encore passer loin d’elle, je devienne un homme, un vrai pour mon AJ.
**** Quatre jours après
Je viens d’atterrir aux USA, après avoir passé une semaine à voir ma fille tous les jours,
AJ a accepté de m’envoyer ses photos tous les jours, mais elle ne souhaite pas que nos discussions sortent du cadre, on parle juste de Liyanah et c’est tout.
Elle m’a dit qu’elle n’est pas encore « prête pour parler d’autre chose ».
C’est après cette phrase que j’ai réalisé encore plus l’ampleur des dégâts.
Comme quoi, il faut réfléchir avant de poser des actes.
Une parole, une action irréfléchie, et on perd un ange que DIEU a mis sur notre chemin.