Chapitre 19
Ecrit par Lady_miinash21
Kayni Gueye
Voir des gens pleurer pour vous, vous prendre dans leurs bras et vous témoigner de tout l'amour qu'ils vous portent sans que vous même, vous n'ayez une piètre connaissance de qui ils peuvent être, est très difficile à vivre.
Voilà maintenant des semaines que je suis sortie de l'hôpital et mes...parents...sont restés avec moi pendant tout ce temps. Ils essaient tous les jours de me raconter des anecdotes sur mon enfance, des choses que j'aimais faire, mais tout cela ne me dit rien, c'est flou dans ma tête. Et à cause de ça, je vois souvent ma mère pleurer de si chaudes larmes que ça me chagrine sans que je ne puisse rien y faire.
En ce moment, nous logeons chez Kalidou, mon sauveur (je l'appelle toujours comme ça) qui a insisté pour que l'on vienne y vivre. Il a une grande et belle maison dans le Beacon hill, un quartier très chic dans Boston et qui se trouve à 5mn en voiture de l'hôpital où il travaille. C'est lui même qui m'a expliqué toutes ces choses et depuis j'ai envie de découvrir cette ville.
Mon père, quant à lui, est rentré il y'a quelques jours à cause de son travail qu'il a laissé à Dakar et de choses très importantes qu'il doit régler a-t-il dit. Maintenant là, c'est l'arrivée d'une certaine Betty que j'attends avec impatience puisque, d'après ce que m'a dit Kalidou, je lui dois la vie car sans elle, je ne serais sûrement plus là.
-Ils vont bientôt arriver, me dit ma mère en entrant dans la chambre.
-J'ai hâte de la voir !
Elle me sourit et vient s'asseoir à mes côtés.
-C'est une fille très gentille, tu verras par toi-même
J'acquiesce simplement et tourne la tête vers la fenêtre. Un long silence s'en suit, un silence que je ne peux briser car n'ayant rien à dire. Je ne la connais pas, j'ai beau l'appelé maman parce que c'est d'une évidence qu'elle est ma mère vu notre ressemblance,...mais je ne me souviens pas d'elle, de moments que nous avons passé ensemble ou même de la relation que l'on avait, je ne me souviens de rien.
C'est comme si je venais de naître. Je découvre les personnes, les choses qui m'entourent, et même ma propre personne, pour la première fois. Pourtant j'ai envie de savoir, j'ai envie de me souvenir de tout ce qui a pu se passer pour que je me retrouve sans mémoire, de qui j'étais avant et me souvenir de toutes ces personnes qui m'aiment et à qui je rendais cet amour.
-Kay ?
Je sursaute un peu, j'étais tellement dans mes pensées que je l'ai pas entendu.
-oh...ou...oui
Elle me regarde longuement avant que je ne vois une larme coulée de son oeil.
-Je...suis vraiment désolée ma chérie, j'ai...j'ai fait une faute, une faute très grave...mais j'espère juste que tu nous pardonnera un jour, ton père et moi
-M...mais de quoi est-ce que tu parles maman ?...Est-ce... en rapport avec ce qui m'est arrivée ?, lui demandais je piquée dans ma curiosité.
-Ou...oui euh en...enfaîte je...on t'a...
-Quoi, vous m'avez quoi ? dit moi
Elle garde le silence et baisse la tête un long moment, sans me répondre. Alors que moi, je reste là impatiente, attendant une réponse qui n'arrive pas. Qu'est-ce qu'elle veut dire ?
-Je crois que ce n'est pas encore le moment pour te raconter cette histoire, dit-elle en se levant du lit
-Mais....
-Je serais dans ma chambre si tu as besoin de moi...
Elle sort précipitamment de la chambre me laissant complètement sonnée. Pourquoi ne veut-elle rien me dire, j'ai envie de savoir. Avant même que je ne me décide à me lever pour aller tirer les vers du nez à ma mère, j'entends sonner. Sûrement Kalidou et Betty.
Je descends et vais vers la porte pour leur ouvrir. Et c'est un sourire très lumineux qui m'accueille.
-Kayni ? C'est toi ? Mon Dieu Kalidou tu n'as pas menti sur sa beauté hein...je suis Betty ! Dit-elle en me tendant la main
Avant même que je ne la saisisse, elle me tire vers elle pour me prendre dans ses bras. Elle me sert très fort jusqu'à ce que je ne sentes plus ma respiration.
-J...j'ét...j'étouffe, parvins je à dire
Kalidou: Mais, fait doucement toi aussi
Betty: Oh...je suis désolée ma chérie, c'est que j'avais tellement hâte de te voir
Kalidou: Ngani dal sa djiko sauwass yi fo dem yobalé ko (tes comportements de sauvage là tu les amène partout avec toi), lui dit-elle avant de soulever la valise de Betty et entrer
Cette dernière la regarde très mal avant de lui jeter un tchip monumental et de le bousculer pour entrer.
Je les regarde sans rien dire, amusée par leur complicité. Kalidou rigole avant de me faire un clin d'oeil et d'entrer, je souris comme une folle et ferme la porte.
-Allez viens t'asseoir à côté de moi Kayni.
Je la retrouve sur le canapé où elle est déjà installée.
-Si tu savais comment j'avais hâte de te rencontrer
-Moi aussi, kalidou m'a beaucoup parlé de toi, dis-je en lui souriant.
-Ha bon il a fait ça ? Hum...il avait intérêt sakh
Je souris. Elle n'a même pas encore fait dix minutes dans cette maison que je l'aime déjà.
-Et toi alors, dit moi comment tu vas ?
-Ça peut aller !
-Pas très rassurant ça
-Non vraiment....juste à part le sentiment de vide que je ressens au fond de moi...ça va !
Elle me regarde l'air triste.
-Je suis vraiment désolée pour ce qui t'arrive.
-Ne t'inquiète pas, ça va aller
-Tu sais, ce genre de sentiments que tu me décris sont très difficiles à gérer mais, crois moi, souvent on préfère perdre la mémoire pour ne pas avoir à se rappeler de certaines choses atroces qui nous sont arrivés.
Heu...? Qu'est-ce qu'ils ont tous à lancer des énigmes comme ça.
-Mais ne pas savoir me ronge plus que tu ne le crois.
-Ne t'inquiète pas, nous serons tous là pour t'aider à te rétablir, mais ça viendra quand Dieu l'aura voulu.
J'acquiesce les larmes aux yeux. Je sens que j'ai vécu des souffrances vu tout leur sous-entendus. Mais j'ai besoin de me rappeler de cette partie de ma vie pour y mettre un trait et évoluer sur ma vie présente ainsi que mon futur.
Betty me prend les deux mains et me dit
-Depuis la première fois que je t'ai vu, même sans te connaître tu avais pris une grande place dans mon coeur, saches donc que je suis là pour t'aider, si tu as besoin de moi, je serais là, d'accord ?
-Oui
-Je vais prendre un bain et me reposer un peu
-Vas-y !
-Heu...en passant où est tante Aïcha ? Je dois la saluer
-Sûrement dans sa chambre.
-D'accord à toute !
Elle prend son sac à main et monte les escaliers. Je sens que je ne pourrais plus la quitter tellement je l'adore, en plus depuis que je l'ai vu, j'ai senti une certaine connection entre elle et moi, c'est juste....inexplicable.
Kalidou Bâ
Je dépose les bagages de ma cousine dans la chambre d'amis et refait le lit qui est un peu en désordre cause, depuis le week-end qu'avait passés mes potes içi, je n'avais pas fait appel à la femme de ménage et résultat, je me suis tapé tout le travail. J'avais eu la flemme de refaire le lit c'est pour cela qu'elle est toujours comme ça.
Je finis de ranger les petits trucs et sort pour rejoindre les filles. Je croise ma cousine qui sort de la chambre de Ma Aïcha. Arrivée à ma hauteur elle me tire par le bras pour m'entraîner dans une pièce, je faillis même tomber ...sheut lilay wakhati, ki dafeu sauvage tropp (c'est ce que je disais, cette fille est trop sauvage)
-Ioe wernga (toi est-ce que ça va ?) lui demandais je après avoir vérifier que je n'avais rien
-Mais c'est un crime !
-Quoi ?
-C'est un crime d'être aussi belle, comment elle a fait?
Mon Dieu ! J'ai perdu ma cousine je crois. C'est quoi ce genre de question?
-C'est travail de maman, lui répondis-je avec un clin d'oeil
Elle me regarde mal et me donne une tape sur l'épaule suivit de son habituel tchip.
Quelques secondes après, elle se met à rire, heu...
-Walah tu es fou...mais sérieusement elle est trop belle. Et puis, j'ai vu les regards que tu lui lançais, je t'avais prévenu Kalouuu...
-Tu es folle lui dis-je en sortant de la pièce
-Oui c'est ça, vas-y. De toute façon tu ne pourras pas fuir longtemps, la réalité te rattrapera bientôt...
-Ferme la Betty !
Je me dépêche de m'éloigner d'elle avant qu'elle ne commence à me fatiguer. Pourtant elle a quelque peu raison, mais je n'interprète pas mes sentiments comme de l'amour mais plutôt comme de l'affection. Comment ne pas être affectif envers cette fille, elle est si douce. Je n'arriverai jamais à comprendre son “ex” mari.
Je la retrouve endormie sur le canapé, mom nak ay nélaw dagn ko yomb (elle dort très facilement). Je la soulève et monte les escaliers pour l'amener dans sa chambre. Je vois à l'étage Betty qui ouvre sa porte en peignoir, elle me lance un regard malicieux
-Humhum
-Chut !
Elle rigole et referme sa porte. Je rentre dans la pièce et dépose Kayni sur le lit avant de la couvrir. Je ne peux m'empêcher de la regarder un moment et de lui coller un bisou sur le front avant de partir.
Quelques jours plus tard
-Dépêchez vous les filles, j'ai des choses à faire après, leur lançais je
-Dama khamoul dem shopping kessé lou thi diar défarou (je ne comprends pas pourquoi vous prenez autant de temps juste pour aller faire du shopping), cria Ma Aïcha
On se regarde et rigole un moment avant qu'on n'entende leur pas descendre vers les escaliers. Je me retourne et...
Betty: Ça va, on est prête, maman comment tu nous trouve ?
Ma Aïcha: Vous êtes magnifiques mach'Allah. Mais il faudra faire attention dh, on est dans un pays étranger et vous ne connaissez personne içi.
Betty: Ne t'inquiète pas maman, nous allons bien protéger ma petite Kayni, n'est ce pas Kalidou ?
-......
Betty: Hey kal ?
-.....euh...mais oui bien sûr, répondis je les yeux fixés vers Kayni.
La petite robe noire qu'elle porte lui va que trop bien. Et c'est la première fois que je la vois maquillée, pourtant rien de fameux, juste un trait noir au dessus des yeux (je ne sais pas comment ça s'appelle lol) et du gloss qui m'attire vachement. Oh God !
-Ve...Venez on y va !
Kayni: À plus tard maman !
Ma Aïcha: À plus tard ma chérie, amusez vous et couvrez vous bien surtout.
Je les devance pour leur ouvrir la porte. Au moment où Kayni passait devant moi, je lui souffle à l'oreille:
-Tu es magnifique
Je la vois frissonner un peu avant qu'elle ne se retourne et me lance un merci à peine audible.
Hum....
Pariss Diop
J'aurais du rentrer en France il y a bien longtemps mais, je suis toujours là, à Dakar entrain de profiter de la vie.
Il y'a deux mois, lorsque j'avais découvert ce que Junior avait fait, j'avais broyé du noir pendant des semaines mais, heureusement que Fatou était là pour m'aider et me faire changer les idées. Je ne lui ai quand même pas raconté ce qui s'était passé, je me suis trouvé une autre excuse. Elle m'a aidé à essayer d'oublier en me présentant à son groupe d'amis et faisant des sorties avec elles, des soirées d'escort girl entre autres.
Aujourd'hui, je dois sortir avec le mec de l'aéroport, Abdou. Il faut dire qu'il est très charmant et surtout riche, mais aussi trop collant. Il m'a invité à aller je ne sais où, cet après-midi. Il ne m'a rien dit, juste je cite: fais toi belle et attend que je vienne te chercher. Du coup c'est ce que j'ai fais, il veut sûrement me faire une surprise en m'amenant dans un beau endroit, qui sait.
Enfin prête, je descends les escaliers et sort de l'hôtel. Je rejoins sa belle et grosse voiture garée devant moi. Je monte et l'embrasse.
-Salut mon beau
-Ma belle ! Comment tu vas?
-Je vais bien et toi?
-Moi maintenant que je t'ai vu, je vais parfaitement bien ma chère.
Il me fait un baise-main et je souris. Je vous avais dit qu'il est charmant, qui fait des baise-mains de nos jours?
-Alors prête ? Dit-il en démarrant
-Tu veux toujours pas me dire où est-ce que l'on va ?
-Non, c'est une suprise
-D'accord, tu as de la chance que j'aime les surprises.
-Heureusement pour moi alors.
Et comme ça on a discuté durant tout le trajet. Je rigolais et m'amusais de ces délires sans même m'en rendre compte, c'est qu'il est très drôle aussi.
On arriva après une heure de route à cause des embouteillages. La voiture s'est garée devant une grande maison en beige avec une très belle vue de l'extérieur.
-Voilà on est arrivé !
Il descend de la voiture et fait le tour pour m'ouvrir la porte comme d'habitude.
-Merci !
-Fait attention aux pierres, dit-il en me prenant la main
-Tu aurais pu me dire quel genre d'accoutrement était approprié toi aussi
-Mais non t'inquiète pas, tu es resplendissante comme ça.
Il me fait un smack et me dirige vers la porte. Je porte une robe moulante 3/4 bleue ciel avec bien évidemment un décolleté plongeant comme je les aime, accompagné des éternelles talons aiguilles qui peuvent me faire trébucher d'une minute à l'autre sur ses pierres. Je lève les yeux aux ciels, agacée.
-Prête ?
-Mais oui, vas-y !
Il sonne à deux reprises et la porte s'ouvre sur une jeune fille qui doit sûrement être la bonne.
-Bonjour Saly
-Bonjour. Entrez ! Madame vous attend au salon, dit-elle en me fixant
C'est quoi son problème ? Et c'est qui cette madame ? Je la dépasse et entre dans la maison suivit par Abdou. Il me conduit dans un grand salon qui montre clairement que cette homme est riche. Je me retourne et lui sourit, mais ce sourire retombe dès que je l'entends dire
-Bonjour maman, je te présente Pariss Diop
Hein....? Mais il se fou de ma gueule ou quoi ? Je le regarde avec de gros yeux pour lui faire comprendre qu'il faut qu'on parle mais il ne m'accorde même pas un regard le connard.
La mère en question vient vers nous avec un sourire que je devine déjà faux.
-Bienvenu mes enfants. Oh mon fils, tu m'as manqué
-Moi aussi maman. Pariss voici ma mère Mariam
-Enchantée madame, dis-je entre les dents
-De même. Venez vous installer, Saly vous apporte des rafraîchissements.
Je lance un regard noir à Abdou avant de prendre place dans ce fauteuil qui sent le cuir à des kilomètres.
-Pariss, mon fils m'a beaucoup parlé de vous, il vous aime beaucoup d'après ce que j'ai vu.
Je regarde le concerné qui sourit comme un con, tchip bou xamone nimako djépé (traduction way?)
-Votre fils est très charmant ! Lui répondis-je malgré moi
Abdou: Je suis flatté !
Tchippp mon cul ouais. Je me retourne vers sa mère qui me regarde bizarrement comme si je l'a dégoûtais
Mariam: Dites moi Pariss, vous êtes sénégalaise
-Oui bien sûr
Mariam: Et vous sortez de chez vos parents?
Non mais de quoi je me mêle la vieille ! Je sais bien qu'elle fait allusion à ma robe.
-...Euh
Abdou: Maman c'est moi même qui lui ai acheté la robe parce qu'elle me plaisait, c'est quoi le problème?
Mariam: Abdou, évite ça.
Elle le regarde sévèrement et ce dernier baisse la tête....ok
C'est la bonne qui vient mettre un terme à ce malaise en apportant un plateau et toujours en me regardant avec une lueur de dégoût dans les yeux. Eh mais attendez, what's this fuck ? D'abord la mère, ensuite la bonne, qui sera le suivant alors, les moutons?
Mariam: Alors Pariss ?
Qu'est-ce que je vais lui dire sakh ?
-Euh...mes parents sont décédés il y a quelques années, depuis je me suis installée en France. Et comme je suis en vacances içi, je loge dans un appartement.
Mariam: Ah...
Et elle boit son jus en me snobant. Elle essaie de me faire peur mais en'dirait que cette femme ne me connais pas encore.
Les minutes passent et me paraissent trop longues. Comme si il avait senti mon impatience de quitter les lieux, Abdou se décide enfin de prendre congés.
Abdou: Nous allons y aller maman, Pariss a des choses à faire et moi je suis trop fatigué.
Mariam: Déjà ? D'accord et bien, j'ai été quelque peu ravie de te rencontrer Pariss
Hein ?
-Euh...moi aussi
Abdou: Allons-y ma chérie, maman je t'appellerai plus tard.
Il me prend le bras et m'entraîne vers la sortie. Je me retourne une dernière fois et vois la mère et la bonne me lancer des regards noirs.
J'attends qu'il entre dans la voiture pour lui crier
-Abdou tu te fou de moi n'est-ce pas?
-Doucement ma belle, je vais t'expliquer.
-M'expliquer quoi? Que tu voulais que je vienne chez ta mère pour qu'elle m'insulte comme elle a fait? C'est ça?
-Mais non...
-Mais si, en plus il y'a cette boniche qui me regardait comme si j'étais un déchet ambulant, non mais allô, elle s'est vu celle la
-Pariss calme toi !
-Comment veux tu que je me calme, hein ? Tu m'as amené içi pourquoi?
-C'est ça que j'essaie de t'expliquer depuis tout à l'heure. Enfaîte, c'est vrai qu'on est ensemble que depuis quelques mois mais, je t'aime Pariss et...je t'ai amené içi parce que je...veux faire de toi ma femme
-Quoi ?