Chapitre 19: Casse-couille
Ecrit par kaynaliah
****Abbi*****
L’odeur du chocolat chaud me sort des bras de Morphée en bonne
gourmande que je suis. J’ouvre les yeux et me rends compte que je ne
suis pas dans ma chambre. Je me souviens instantanément alors que je
suis au Cameroun. Je sors du lit et vais me brosser les dents avant de
décrocher l combiné du téléphone de l’hôtel et de composer le numéro de
mes parents. Je veux avoir des nouvelles
de mes enfants. Je n’ai jamais été séparée d’eux si longtemps. Je sais
que ça fait à peine un jour mais ils me manquent. J’ai tout le temps
envie d’être avec eux c’est tout. C’est ma mère qui décroche au bout de
la troisième sonnerie. Je m’assure que mes enfants ont passé une bonne
nuit et se sont réveillés sans problèmes surtout. Ils ont déjà pris
leurs biberons et sont à la terrasse avec leur grand-père. Je compte les
rappeler plus tard avec mon portable sur skype pour les voir. Je file à
la salle de bains prendre une douche avant de me rendre au salon et de
croiser Serge à la cuisine.
-« Bonjour Serge »
-« Bonjour ma chérie »
-« Euh ça va ? »
-« Oui. Bien dormie ? »
-« Oui. Et toi ? »
-« Ca va. Prends place je t’en prie »
-« Ok »
Je contourne la table pour prendre place lorsque je vois Serge tirer la chaise.
-« Quelle galanterie »
-« Avec toi je l’ai toujours été et cela ne changera jamais »
-« Ok. Tu es debout depuis ? »
-« Depuis 8 heures »
-« Waouh. Tu as été matinal aujourd’hui »
-« Le clic-clac n’était pas si confortable que je le pensais. Mon dos en garde de beaux souvenirs »
-« Je suis désolée »
-« Oh ce n’est en rien de ta faute »
-« J’avais besoin de décompresser un peu également »
-« Ok. TU veux peut-être un massage après qu’on ait fini de manger ? »
-« Je ne dirai pas non mais je ne veux pas que tu te sentes obligée »
-« C’est toi qui a besoin d’un service mais tu fais encore les chichis. Tu es vraiment le fils de tes parents »
-« Très drôle Abbi. Vraiment très drôle. Si je t’écoute parler, mon café aura largement le temps d’être glacé »
-« Serge que veux-tu insinuer ? Que je parle beaucoup ? »
-« Ce n’est pas dans ma bouche que tu vas manger piment Abbi. Je ne
t’ai jamais dit ça. Tu l’as dit toute seule Madame OBERDENO »
-« Tchip »
Le petit-déjeuner fini, le personnel de l’hôtel est passé débarrassé
avant que Serge ne me demande de m’habiller simplement car nous allons
en randonnée. Quelle ne fut a surprise lorsque nous sommes arrivés aux
chutes de la Lobé. C’est tout simplement magnifique comme endroit. C’est
encore plus beau en vrai que je ne l’aurai pensé. Je me suis amusée à
immortaliser ces moments et j’e suis excitée comme une petite fille
devant une friandise. A notre retour à l’hôtel, on s’set assis face à
face et nous nous sommes ouverts l’un à l’autre.
-« Je ne veux
pas qu’on se sépare Abbi. Je ne veux pas qu’on vieillisse loin l’un de
l’autre Abbi. Je sais que j’ai fait d’énormes erreurs et même
impardonnables mais je veux une seconde chance. Je sais que j’ai tout
fait de travers et je m’en excuse. Aujourd’hui je me mets à genoux
devant toi pour implorer ton pardon. J’ai honte de moi en sachant que je
suis celui qui a osé faire couler des larmes sur ton beau visage. Je te
demande pardon pour ne pas avoir été l’homme respectueux que tu voulais
que je sois. Je te demande pardon de t’avoir causé du tort tout
simplement. Tu es une femme formidable et je t’aime Abbi. Tu mérites le
bonheur et j’aimerai si tu me le permets être celui par lequel ton
bonheur passera. Je sais que tu as perdu confiance en moi. Je sais que
tu te méfies de moi mais si c’est une étape pour pouvoir arranger les
choses je l’accepterai. J’attendrai le temps qu’il faudra mais surtout
je ferai tout ce qu’il faut pour te prouver que j’en vaux encore la
peine. Je profite de ce moment pour te remercier. »
-« Me remercier ? Mais de quoi ? »
-« Pour être cette personne qui sait me canaliser. Pour toujours avoir
été à mes côtés. Pour avoir toujours été de bons conseils. Pour m’avoir
soutenu et épaulé même dans mes moments de doutes. Merci d’être toi
tout simplement. Merci pour nos magnifiques enfants. Merci de m’avoir
aimé tout simplement »
-« Je n’ai jamais cessé de t’aimer Serge. Je
suis profondément blessée par tous tes actes. J’ai un aveu à te faire.
J’ai failli te faire signer à ton insu les papiers du divorce mais je me
suis ravisée à la dernière minute. Je voulais que tu signes ces papiers
coûte que coûte et peu importe la manière. Je voulais juste être
débarrassée de toi. Après réflexion, je me suis rendue compte que
j’avais tort. S’il fallait que ces papiers soient signés, tu devrais le
savoir. Il est vrai que j’ai mal mais je t’aime. »
-« …… »
-« Je
n’arrive pas tout simplement à te détester. Je ne veux pas te causer du
tort. Je sais que j’en ai les moyens mais je refuse de me laisser
guider une fois de plus par ma colère. C’est une très mauvaise
conseillère. Je ne veux rien te promettre mais je sais juste que j’ai
besoin de temps en ce moment. Je ne sais pas ce que l’avenir nous
réserve mais je veux bien fournir autant d’efforts que toi »
Il m’a attirée dans ses bras et m’a serrée fort.
-« Merci beaucoup Abbi. Tu n’imagines même pas combien je t’aime » me souffle-t-il à l’oreille
Je me contente juste de le serrer dans mes bras à mon tour. Suis-je
prête à tout envoyer valser ? Je ne sais pas. S’il faut qu’on se sépare,
je veux au moins me dire que j’aurai tout essayé et que ça n’a pas
marché. Je ne veux pas vivre avec des doutes dans ma tête. Pour le
moment je vis au jour le jour sans oser m’inquiéter du lendemain.
J’observe Serge et je remarque d’énormes changements mais cela demeure
malgré tout insuffisant pour moi encore.
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****** Serge*******
La semaine est vite passée et a été assez stressante pour moi au
bureau. Je suis content d’être en week-end. Abbi est sortie faire
quelques courses tandis que je suis à la maison avec les enfants. Je me
sens vraiment soulagé. J’ai reçu les tests ADN qu’on a effectués ici à
Libreville mardi tandis qu’Abbi a reçu ceux faits en Belgique hier à son
bureau. Lorsque je suis rentré à la maison mardi après-midi, j’avais
des sueurs froides Abbi était déjà rentrée et s’occupait des enfants. Je
n’ai pas voulu l’inquiéter pour l’instant mais je pense qu’en me
regardait, elle a compris qu’il se passait quelque chose.
-« Que se passe-t-il ? »
-« Rien »
-« Je te connais comme ma poche. Qu’est-ce qu’il y a ? »
-« Rejoins-moi dans la chambre quand tu auras fini avec les enfants s’il te plaît »
-« MMMh. Je ne te lâcherai pas jusqu’à ce que tu me lâches le morceau »
Je referme la porte et monte dans notre chambre. Je m’assois sur le lit
et je commence à avoir des sueurs froides. Je sors l’enveloppe de ma
sacoche et la pose sur le lit. La clé de mon avenir se trouve à
l’intérieur. Abbi ne tarde pas à me rejoindre et s’assied en face de
moi.
-« Qu’est-ce qu’il y a Serge ? Tu es bizarre »
-« J’ai reçu les résultats du test ADN aujourd’hui »
-« Et ? »
-« Je n’ai pas pu l’ouvrir. Je suis anxieux »
-« Ok. Je crois que tu dois l’ouvrir pour qu’on en finisse avec ces doutes »
-« Je sais mais je n’y arrive pas »
-« Tu ressens quoi en ce moment ? »
-« De la colère. De la peur. Je ne sais pas à quoi m’attendre en fait »
-« Ouvre cette enveloppe pour ne plus ressentir cela »
-« Fais-le pour moi s’il te plaît »
-« Tu en es sûr ? »
-« Oui »
-« Ok. On affrontera ensemble ok ? »
-« ….Ok »
Abbi a pris l’enveloppe et l’a ouverte. Je l’observe lire le contenu en
silence avant de poser la lettre sur la tablette à ses côtés.
-« Que se passe-t-il ? »
-« C’est ton fils Serge »
-« Quoi ? C’est impossible ? »
-« C’est écrit noir sur blanc ici que tu es le père de cet enfant.
Honnêtement, je ne sais même pas si je t’en veux ou pas car je m’étais
préparée à cette éventualité mais c’est tout de même choquant. Tu as eu
un enfant avec une autre femme Serge. J’ai besoin d’un verre là »
Elle est sortie de la chambre et m’a planté là. Dans quelle merde me
suis-je mis ? Cet enfant ne peut tout de même pas être le mien ? Je
refuse de me faire à cela. Je n’y arrive pas tout simplement. Je vois
Abbi dehors entrain de faire les 100 pas vers la balançoire. J’espère
que les autres tests que nous devons recevoir dans quelques jours vous
infirmer ce résultat. Je sais que cet enfant n’est pas le mien. Je le
sens. Abbi m’a fait la tête le reste de la soirée mais s’est plus
radoucie à partir du lendemain avec moi.
Hier, elle est
rentrée du boulot avec les autres résultats qu’on attend depuis des
lustres. On a fini de dîner avant de nous éclipser dans mon bureau pour
affronter les résultats. J’ai fait une prière avant d’ouvrir l’enveloppe
que me tendait ma femme. Je l’ai ouverte et au fur et à mesure que
j’avançais, je me déridais. Le résultat était sans appel. Je n’étais pas
le père de cet enfant. J’ai hurlé de joie dans la chambre et je pense
qu’Abbi a compris en m’arrachant la lettre.
-« Il y a quelque chose que je ne comprends pas »
-« Quoi ? »
-« On a des résultats différents. A Belgique a fait trois tests et les
résultats sont formels. Tu n’es pas le père de cet enfant »
-« ….. »
-« Putain mais on s’est fait avoir »
-« Pardon ? »
-« Alors elle va me payer ça »
-« Mais de qui parles-tu ? »
-« Quel est ton lien avec cette femme ? »
-« Euh je ne comprends pas là. Tu es vraiment lent à la détente là.
Fais-moi plaisir s’il te plaît. Convoque Laurel et sa cousine pour 14
heures demain »
-« Qu’est-ce que tu mijotes là ? »
-« Tu verras chéri »
Abbi est rentrée depuis une heure et s’occupe du repas. Je passe du
temps avec les enfants avant de la rejoindre à la cuisine et de
l’observer. Elle est vraiment belle ma femme.
-« J’ai épousé la plus belle femme du monde »
-« Ah bon ? »
-« Oui »
-« Ok si tu le dis »
Je suis restée là à l’observer jusqu’à ce qu’elle finisse. Elle est
sortie de la cuisine et est allée s’asseoir au salon. Je me suis assis à
ses côtés et lui ai serré la main.
-« Je t’aime Abbi. Plus que tout »
-« Tu es malade aujourd’hui ou quoi ? »
-« Non. Je tenais juste à te le dire »
-« ….. »
-« Je veux qu’on écrive une nouvelle page ensemble chérie »
-« Le mérites-tu seulement ? »
-« Oh que oui. Je vais te le prouver »
Elle s’est levée pour fuir à la cuisine mais c’est mal me connaître. Je
me suis occupée de ma femme sur le plan de travail. Nous avons pris
ensuite une douche avant de nourrir les enfants, déjeuner et nous
reposer avant l’arrivée de nos convives. Il est 13h50 et le gardien nous
informe que nous avons de la visite. Abbi se rapproche de la fenêtre et
me sourit.
-« La casse-couille est arrivée »
-« Je crois que tu as trouvé le parfait nom pour elle »
-« Lol on y va »
Nous sommes descendus et sommes allés les accueillir. Abbi les installe
et leur sert à bire avant de prendre place et de rentrer dans le vif du
sujet.
-« Bien mon époux et moi vous convoquons car nous avons reçu les tests ADN »
-« Et ? »
-« On a un problème en fait. Le médecin que vous avez recommandé et qui
est le parrain de Laurel certifie que votre enfant est celui de mon
mari. Cependant, je surveille mes arrières et j’ai fait faire des tests
ailleurs à trois reprises et ils sont formels. Il est impossible que
votre enfant soit de mon mari. J’attends des explications »
Je regarde Abbi observer les deux menteuses devant nous.