CHAPITRE 19: Suspicions
Ecrit par kaynaliah
Deux jours plus tard
Dans la tête de Rehyma
Assise sur mon lit de fortune, je pouvais apercevoir la nuit qui est entrain de tomber petit à mon plus grand regret. J’avais beau regardé à travers la fenêtre vitrée, mais j’ignorais où j’étais. Mais où étais-je donc ? Et surtout pourquoi ? Je me suis mise à penser si j’avais un ennemi mais je ne vois personne. Je sais que je n’ai pas atterri ici par hasard. Quelqu’un me veut du mal et pourquoi ? Qu’ai-je donc fait pour mériter cela ?
Je savais juste que j’étais captive dans une maison et qu’elle était en étage. Depuis que je suis là, j’ai déjà entendu trois types de voix mais qui ne correspondaient en rien à celles que j’ai entendues lors de mon enlèvement. Je me suis murée dans un silence depuis que j’ai ouvert mes yeux ici et je refuse de manger malgré que je meurs de faim. Mes larmes qui coulent sont tellement silencieuses mais traduisent ma détresse. J’entends des pas qui se rapprochent de ma pièce mais je ne veux plus faire semblant de dormir. Je veux me battre jusqu’au bout. Dieu si tu existes et me prouves ta grandeur, je jure que je changerai. Aide-moi à me sortir de ce gouffre sans fin je t’en prie. La porte s’ouvre et j’entends une personne entrée dans la pièce. Je sais que c’est une femme par le bruit assourdissant de ces talons sur le sol. Je l’entendis juste déposer le plateau sur la table avant de s’avancer et de s’asseoir en face de moi. Je lui donnerai facilement la quarantaine mais surtout elle était blanche.
-« Vous devriez manger jeune fille »
-« ….. »
-« Tu ne veux toujours pas parler ? »
-« ….. »
-« Bien. J’ai tout mon temps tu sais »
-« ……… »
-« D’ailleurs j’ai une histoire à te raconter »
-« ….. »
-« Je suis sûre que tu te demandes ce que tu fais ici et pourquoi surtout »
Koum koum koum. Je lève la tête et la regarde mieux. Mais qui est cette femme à cause de qui je suis ici ?
-« Toutes les deux nous avons un élément commun. Je dirai même un ami commun : ton père »
Koum koum koum
-« Il se trouve que je suis la compagne de ton père depuis huit ans et c’est vraiment dommage qu’on ne se soit jamais connues. J’aurai voulu qu’on se rencontre dans d’autres circonstances. Mais c’est la vie. »
-« ….. »
-« J’ai fait perdre beaucoup d’argent à ton père et il se retrouve dans une très mauvaise situation financière à cause de moi »
-« …. »
-« Je suis sûre que tu te demandes en quoi ça te concerne vu ta relation extrêmement tendue avec ton père »
-« …. »
-« Il se trouve qu’une personne se porte garante pour rétablir la société mais en échange cette personne a demandé une faveur très spéciale : toi »
Koum koum koum
-« ….. »
-« Si tu épouses cette personne, ton père sera tranquille, mais dans le cas contraire, il risque de tout perdre »
-« ….. »
-« Le mariage aura lieu dans exactement quatre jours et tu as plutôt intérêt à manger pour être la plus belle ce jour-là »
-« Vous êtes complètement folle »
Elle m’a giflée. J’ai attrapé ma joue et lui en ai appliquée une à mon tour.
-« Je ne sais pas pour qui vous vous prenez mais je vous interdis de me toucher »
-« C’est qu’elle a de la repartie la petite. Je ne te laisse pas le choix petite idiote »
-« Allez vous faire foutre. Plutôt mourir que de faire ça »
-« Ne me pousse pas à bout ma petite. Tu ignores à qui tu as véritablement affaire. C’est ta seule porte de sortie. Dès que c’est fait, tu es libre »
-« …. »
-« Je te laisse réfléchir à ma proposition et repasse te voir tout à l’heure »
Elle s’apprêtait à sortir de la pièce lorsque je l’ai saisie par le bras tout en la forçant se retourner et à la plaquer au sol de tout mon poids.
-« Je veux sortir d’ici tout de suite »
-« Tu n’aurais jamais dû faire ça imbécile. A l’aide ! »
-«
La porte s’est ouverte avec fracas et un homme est entré en accourant vers moi. Sans que je ne le vois venir, j’ai juste senti une piqûre dans mon cou. J’ai relâché ma pression sur cette femme et ai commencé à voir flou instantanément. J’essayais de me raccrocher au mur pour ne pas tomber mais j’ai fini par perdre pied et à sombrer dans un trou noir. ……………………………………………………………………
Dans la tête de Melissa
L ‘ambiance est extrêmement tendue à la maison. Il y a deux jours, j’ai été étonnée de voir Luca dans notre salon accompagné d’un autre Monsieur. Ils étaient là pour voir George. Lorsqu’on a appris à ce dernier que sa fille avait disparu, il est devenu comme fou. J’ai surtout compris par le regard de Luca qui était cette femme qui m’empêchait d’avoir une chance avec lui. J’ai osé lui poser la question et il m’a répondu. Luca est amoureux de cette fille et c’est comme ça. Si j’ai mal ? J’ai le cœur brisé. George et Marc se sont disputés au plus grand dam de Luca et moi. Chacun se renvoyait la faute quant à l’événement qui venait de se produire. Pendant qu’ils se disputaient, mon regard est tombé sur ma mère et j’ai su qu’elle était impliquée. Tout sonnait faux chez elle : sa compassion, ses larmes. Ma mère est une véritable actrice. Je la connais tellement qu’elle ne peut plus m’avoir. Ma mère, je l’aime autant que je la hais. Elle a beau avoir un visage d’ange mais au fond je sais pertinemment ce qu’elle est. Elle est diabolique. J’ai décidé dès cet instant de la surveiller de très près. Je me suis souvenue de la conversation que nous avions eue il y a quelques temps où elle voulait faire épouser Rehyma à ce Jean-Denis EPIGHAT. Oh Seigneur ! Peut-être que cette fille est ma rivale quant à ma quête amoureuse pour Luca, mais je ne peux pas laisser ma mère bousiller sa vie. Je n’arriverai plus à me regarder dans une glace. J’ai une bonne relation avec George et il serait déçu s’il apprend que je savais quelque chose et que je ne lui ai rien dit. Je ne sais pas pourquoi Rehyma ne vit pas avec son père mais je sais juste qu’elle a deux papas qui l’aiment plus que tout. Elle en a de la chance.
Dès le lendemain, je me suis faite porter malade et je passais mon temps à la maison pour fouiller dans les affaires de ma mère pendant qu’elle prenait son petit-déjeuner à la salle à manger. Malheureusement, je n’ai rien trouvé. Je n’ai pas baissé les bras pour autant. Je la suivais à chaque fois qu’elle sortait mais en taxi. J’avais trop peur qu’elle me repère car elle connaît trop bien ma voiture. Au début, je pensais que ma mère n’aurait pas le cran d’aller jusqu’au bout de son projet et j’espérais vraiment me tromper. Le mercredi matin, alors qu’elle me pensait dans ma chambre, je l’ai entendue dire au téléphone avoir bien reçu le virement de 60 000 000 francs cfa sur son compte courant. Elle a déposé son téléphone dans son sac avant d’aller faire un inventaire avec la cuisinière. J’en ai profité pour ouvrir son sac et prendre son téléphone. J’ai toujours connu son code donc il a été facile de débloquer son téléphone. J’ai regardé le dernier appel qu’elle a émis et le nom est enregistré sous Sylvia. Je ne me laisse pas démonter et note le numéro de téléphone avant de tout remettre à sa place.
Le même jour, elle s’est rendue chez un imprimeur chez qui elle a récupéré un carton qu’elle a entreposé dans le coffre de sa voiture avant de se diriger vers une boutique de mariage où elle en est ressortie avec une robe de mariée. Je devais agir rapidement. Elle s’est dirigée par la suite dans une maison à Charbonnages ù elle a fait près d’une heure avant de repartir. A chaque fois que je la suivais, je la filmais avec mon téléphone pour avoir des preuves de ce que j’avance. Je voyais son cinéma qu’elle faisait à chaque fois à George en faisant semblant de se préoccuper de Rehyma alors qu’elle n’en avait rien à foutre. George était déboussolé et ne dormait plus la nuit. J’ai transmis le numéro que j’ai relevé à un ami qui travaille à Airtel pour qu’il me trouve rapidement le propriétaire de cette ligne téléphonique. Je n’ai pas dormi cette nuit car il fallait que j’ouvre le coffre de la voiture de ma mère pour voir ce qu’il s’y trouvait. La robe de mariée n’y était plus mais le carton était ouvert et j’ai réussi à voir le contenu : des cartes d’invitation. J’en ai pris une avant de refermer tout à clé et de m’éclipser dans ma chambre. Après avoir refermé la porte à clé de ma chambre, j’ai ouvert l’invitation et là je suis restée sur le choc : le mariage sera célébré dans deux jours exactement dans une maison à Owendo. Plus je regarde la carte d’invitation, plus quelque chose me revient. La photo de ce Jean-Denis EPIGHAT me dit quelque chose, je sais que je le connais mais où l’ai-je vu ?
Je me suis levée très tôt ce matin et suis sortie avec toutes mes découvertes lorsque le nom EPIGHAT me revient à l’esprit et je sais où j’ai entendu ce nom. Je fais demi-tour et décide de rouler jusqu’à chez Luca. Je l’appelle mais je tombe constamment sur son répondeur. Il faut croire qu’il ne m’a toujours pas débloquée. Je me gare sur son parking et trouve sa voiture garée. J’ai de la chance car je vois une personne sortir de l’immeuble et j’en profite pour entrer. Je prends l’ascenseur avant d’arriver à son étage. Devant sa porte, je sonne constamment sans lâcher prise de la sonnette. Je sais qu’il a horreur de ça et ça le poussera à venir voir qui l’embête ainsi. Je l’entends tourner la clé dans la serrure avant de l’ouvrir.
-« Non mais ça va pas de sonner ainsi. Que fais-tu là ? »
-« Tu te calmes pour commencer. Il est possible que je sache où se trouve Rehyma mais pour ça j’ai besoin que tu fasses quelque chose avant »
-« Rentre stp »
Il s’écarte pour me laisser passer avant de refermer la porte. Je m’installe au salon avant qu’il ne vienne me rejoindre.
-« Connais-tu le nom du père de Michael stp ? »
-« Oui. Jean-Denis EPIGHAT. Pourquoi ? »
-« Tu ferais mieux d’appeler Michael tout de suite car son père a enlevé Rehyma »
-« Quoi ? Mais c’est quoi cette accusation ? »
J’ouvre mon sac et en sort la carte d’invitation que j’ai volé dans le carton.
-« Peut-être qu’avec cela tu me croiras »
Je lui tends la carte et il en lit le contenu avant de me regarder une dernière fois. Je lui montre également les vidéos que je détiens dans mon téléphone avant de se les transférer.
-« Que sais-tu d’autre ? »
-« C’est un complot entre ma mère et lui. Te raconter les détails serait trop long. Il faut vite agir »
Il s’est levé en faisant les 100 pas dans le salon avant de prendre son téléphone et de lancer un appel.
-« Allo bro. »
-« …. »
-« Ca pourrait aller mieux. Dis-moi où es-tu là stp ? »
-« …… »
-« Je t’ rejoins dans quinze minutes stp. Ne bouge pas »
-« ….. »
-« Je t’en parlerai sur place. J’arrive »
Il raccrocha et se tourna vers moi en prenant bien la carte.
-« On y va »
Il a pris ses clés et nous sommes partis. Je l’ai suivi en voiture et nous avons roulé jusqu’à Pélisson (salon de thé) où nous avons trouvé Michael et sa copine qui avait une petite mine attablés.
-« Bonjour » dit Lucas
-« Bonjour » dis-je
-« Bonjour » dirent-ils en même temps
-« Ca va Luca ? Tu ne sembles pas dans ton assiette »
-« Non ça ne va pas. Ca concerne Rehyma »
-« On l’a retrouvée ? » demanda la copine de Michael
-« Non mais on a une piste » dit Luca
-« J’ai peur pour elle »
-« Michael, j’ai besoin de toi »
-« Je t’écoute »
-« Ton père doit se marier samedi »
-« Oui mais pourquoi tu me parles de ça ? »
-« Il est possible que cette femme soit Rehyma »
-« Quoi ? » hurlèrent-ils
-« Je sais que c’est fou mais ton père et la mère de Mélissa séquestrent Rehyma quelque part. On a des informations capitales et on doit être sûrs de ce qu’on avance avant d’aller à la police »
-« Je ne comprends pas là. Explique-moi »
-« Regarde ça stp »
Luca lui tend la carte d’invitation qu’il s’empresse de lire.
-« Il est complètement malade » dit Michael
-« Là le temps presse et on en a pas beaucoup. Tu m’as parlé la dernière fois avoir trouvé des contrats de vente dans le bureau de ton père. Il faut qu’on ait les adresses de ces lieux avant de faire intervenir la police pour ne pas qu’il ait le temps de la faire disparaître une fois de plus »
-« J’y vais. Je fonce à la maison et je t’appelle dans deux heures max »
-« Bien dès qu’on a ces infos, on fonce voir les parents de Rehyma avant de se rendre à la police » dit Luca
-« Merci Melissa »
-« De rien »
Nous nous sommes séparés et je suis rentrée à la maison ni vue ni connue. Clarisse n’était pas là et c’était tant mieux je crois. George était au téléphone dans son bureau et hurlait. Luca m’ a appelée quelques heures plus tard et avait le listing des différentes adresses du père de Michael. Je me suis dirigée vers le bureau de George et je l’ai trouvé pensif. Beaucoup de gens penseront que je trahis ma mère mais mon père m’a enseigné à savoir être juste dans la vie.
-« Bonjour George. Je peux te parler stp »
-« Oui. Que se passe-t-il Mélissa ? »
-« Je suis désolée pour le mal que je vais te causer mais je crois savoir qui est responsable de l’enlèvement de Rehyma »
Il s’est levé automatiquement de son siège.
-« Tu dis quoi là ? »
-« Maman est derrière tout ça »
-« Quoi ? »
-« Depuis des jours je l’observe et j’ai trouvé ceci d’ailleurs »
Je lui tends toutes les preuves que je détiens et je le vois s’énerver de plus en plus.
-« Alors ça je vais le lui faire regretter toute sa vie. Elle a osé s’en prendre à ma fille. Je vais la tuer»
Je le vois prendre son téléphone et appeler Marc à qui il donne rendez-vous au commissariat.
-« Voilà ce qu’on va faire Mélissa »
-« Oui »
-« Tu restes ici et tu fais celle qui n’est au courant de rien »
-« D’accord George »
-« Merci Melissa »
-« De rien »