Chapitre 2
Ecrit par Meyroma
- Qu'a t'il encore fait? Quelle nouvelle animosité a-t-il commis cette fois? demande Aïcha à son amie qui sait pertinemment que ces questions font allusion à son mari.
Maria baisse tristement la tête et laisse s'échapper une grosse perle qui roule jusqu'au coin de ses lèvres avant de s'écraser sur l'extrémité de son menton. Au moment où elle s'apprête à confier à son amie le chagrin qui la consume, un serveur viens les interrompre pour prendre la commande de Aïcha. Celle-ci demande rapidement un jus d'ananas sans se donner le temps de réfléchir, et retourne vite son attention à Maria, par crainte que cette dernière ne renonce à lui raconter ce qu'elle a sur le cœur car elle sait que son amie est de nature très réservée. Maria est comme un grenier. Elle peut accumuler diverses émotions des plus pénibles et douloureuses dans les recoins les plus profonds de son coeur, personne n'en saura jamais rien. Aïcha est toujours obligée de la harceler pour qu'elle s'ouvre à elle, pour qu'elle se libère du mal qui l'opprime.
- Je t'écoute, lui dit Aïcha pour l'inciter à se confier.
Décidée à sortir de son mutisme, Maria soupire, puis soulève légèrement le voile en coton qui lui cache le cou et la naissance des épaules de telle sorte que Aïcha seule puisse voir les les hématomes et les marques de griffure qui s'y cachent.
Aïcha ne semble pas du tout étonnée. L'expression de son visage est juste de l'exaspération, mais aucune surprise.
Il faut dire que depuis son mariage, Maria est tombée des nuages d'une chute brutale. Cet homme pour qui elle s'est battue contre vents et marées, défié l'autorité parentale, renoncé à son précédent fiancé et même sombré dans la dépression, cet homme pour qui elle aurait pu perdre la raison et même la vie, n'était pas celui qu'elle croyait. Cet homme ne méritait pas autant de sacrifice.
Devant l'obstination aveugle de Maria, son père fini par capituler en acceptant Soum comme son gendre, avec néamoins beaucoup de réticence.
La cérémonie de mariage fût des plus luxueuses et ostentatoires. Le Riche Soumana Siddo qui épouse la seule fille des Maitouraré, il faut dire que les grands esprits se sont rencontrés. Ce fût l'un des événements les plus médiatisés du pays. Même une fête nationale n'aurais pas fait autant de tapage.
Maria reçu une dote de deux cent millions de Francs CFA et cinquante valises remplies de pagnes, bazins, bijoux,cosmétiques, tous de grandes marques. Rien ne fût oublié. A cela s'ajoute le dernier modèle de Ferrari et une grande villa au Quartier Koira kano.
Tous les membres de la famille regrettaient d'avoir failli refuser ce mariage et voyais en Soum le gendre parfait. Même Maria ne s'imaginait pas que Soum était aussi riche.
- Quel gâchis on aurait fait si on avait rejeté ce mariage, s'ecriaient la plupart des tantes de Maria que Soum avait bombardé de cadeaux.
Tous les membres de la famille étaient hypnotisés par autant d'opulence.
Seul le pere de Maria est resté lucide et voyait tout cela comme du bling-bling.
-J'accepte ce mariage contre mon gré, répetait-il jusqu'a la dernière minute.
Plutard, Maria comprendra que son père est un vieux sage qui aperçoit le mal de loin. On dit que la parole d'un vieux est comme un nœud, il faut le défaire pour comprendre ce qui s'y cache.
Après le mariage, les deux tourtereaux se sont envolés
pour une lune de miel sur les îles caraïbes, offerte par le père de Maria. Malgré tout, il aime sa fille et contribue à son bonheur.
Leur voyage de noces dura deux semaines des plus heureuses de la vie de Maria. Soumana lui a voué un amour indescriptible et s'est avéré l'homme le plus romantique du monde. Maria était éperdument amoureuse de lui.
Quand ils sont revenus à la maison, le grand amour à continué pendant un moment. C'étaient les diners aux chandelles, les soirées restau, soirées ciné, les petits déjeuners au lits, les longues nuits passionnées...la liste est exhaustive. Soumana la traitait comme une princesse, le joli parfait couple qui suscitait la jalousie et l'envie, qui en faisait baver plus d'un. Leurs noms etaient sur toutes les lèvres. C'étaient les stars du moment, le couple Jay Z et Beyoncé du Niger.
Puis tout doucement, les projecteurs ont commencé s'éteindre, la vie a repris son cours normal, la routine à commencé à s'installer.
Un jour, tandis que Maria était en pleine conversation téléphonique avec son employeur, son téléphone portable s'éteignit par manque de charge. Il lui fallait urgemment rappeler car ce dont ils parlaient était d'une urgence capitale. Elle aperçu le portable de son mari et décida de l'utiliser pour rappeler son employeur quand soudain, Soum fit irruption dans la chambre.
- Que fais-tu avec mon téléphone? Hurla-t-il si fort que toute la maison en trembla.
Dans un premier temps, Maria pensais que Soum voulait lui faire une mauvaise blague. Elle lui souris en disant tout simplement qu'elle appelait son bosse, tout en composant le numéro.
- Tu es sourde? Hurla-t-il de plus belle jusqu'à ce que le téléphone tomba des mains de Maria.
Cette fois, elle stoppa nette et fixa son mari incrédule, étonnée, indignée, offusquée. Il etait méconnaissable, comme s'il était subitement habité par un esprit maléfique. Elle put difficilement bredouiller:
- Je voulais juste passer un appel, est-ce la peine de te mettre en colère pour si peu?
- Si peu? Si peu tu dis?
Plus il parlait, plus il haussait le ton et s'avançait dangereusement, comme un lion prêt à bondir sur sa proie et s'arrêta à quelques millimètres d'elle.
- Que ça soit la première et la dernière fois que tu touches à mon téléphone. C'est pigé?
De peu s'en ait-il fallu que son doigt, dont il l'indexait lui effleure l'oeil.
Ce jour là , Maria était choquée. Elle venait de découvrir une facette de son mari dont elle n'avait jamais soupçonné l'existence, même dans ses pires cauchemars. Ce qu'elle ignorait, c'est qu'il s'agissait seulement de la partie visible de l'iceberg, un avant goût de la vraie nature de Soum.
Pendant des jours, la boule resta nouée dans sa gorge, puis petit à petit elle se dissipa. Sans rancune, l'incident fût naturellement zappé sans que Soum lui présente des excuses.
Un autre jour, Maria dû rester plus tard que d'habitude au bureau, pour terminer un projet sur lequel elle travaillait avec des collaborateurs chinois. Elle avait essayé à plusieurs reprises d'appeler son mari pour le prévenir, mais il était injoignable.
Elle rentra si tardivement et fatiguée qu'elle ne désirait qu'une seule chose: un délicieux massage de son Soum.
Dès qu'elle descendit de son véhicule qu'elle avait garé dans le spacieux parking de sa maison, elle se précipita vers le salon et se jeta dans ses bras dès qu'elle l'aperçu.
- Tu m'as terriblement manqué mon amour. J'ai essayé de t'appeler à plusieurs reprises en vain, j'étais même inquiète. Pourquoi étais tu injoignable ?
Soum la repoussa si violemment qu'elle trébucha et tomba sur la table basse au milieu du salon. Elle se releva difficilement , en titubant du pied gauche qu'elle venait de cogner au pot de fleurs. Elle tenta de le dévisager et se heurta à un regard noir et pétrifiant.
Elle ne savais plus si Soum l'avait giflé sur la joue droite ou gauche, mais c'était si fulgurant que tout son visage en trembla.
- Qu'est ce qui te prends ? Lui demande t'elle en sanglotant.
- Tu oses demander? Espèce de femme sans pudeur. Où étais-tu? As-tu oublié que tu es mariée ? Aujourd'hui tu vas me dire d'où tu viens, en lui tirant les cheveux.
Maria arrive tant bien que mal à se libérer de son emprise et s'enfuit en prenant les escalier jusqu'à leur chambre a coucher où elle se réfugia et ferma à double tour. Soum la poursuivit, en aboyant comme un chien enragé. Il essaya de foncer la porte en cognant de la tête, sans s'arrêter d'aboyer.
Maria s'abrita dans la salle de bain qu'elle ferma aussi à double tour et se boucha les oreilles pour s'epargner les rugissements de son mari. Elle entendit l'aide ménagère essayer de le calmer, mais il lui cria dessus et elle pris la tangente.
Maria pleura à chaudes larmes pendant de longues heures jusqu'à ce qu'elle n'entende plus aucun bruit. Elle supposa que son mari est retourné au salon. Elle pris une douche froide qui la calma, puis porta son pyjama et alla se coucher sans ouvrir la porte de la chambre.
Elle avait terriblement peur de lui et se sentait en danger, mais elle avait surtout mal au coeur, était déçu et regrettait de s'être mariée avec lui. Elle venait de voir ses rêves se briser et se mit à penser avec nostalgie au temps où Soum la convoitait. Il était si charmant et inoffensif.
A quel moment a-t-il changé ?
A-t-il toujours été aussi violent ?
Etait-il ainsi donc un homme à double face?
Comment n'ais-je pas pu m'en rendre compte assez tôt ?
Des milliers d'interrogations défilaient dans sa tête jusqu'à ce que le sommeil l'emporte.
Ce qu'elle ne savait pas encore, c'est que ce n'étais que le debut d'un cycle infernal.