chapitre 2
Ecrit par Josephine54
Clara
Je n’arrêtais pas de me triturer les mains en
attendant l’arrivée de monsieur Mbarga, il devait remettre aujourd’hui les
notes de l’interrogation surprise faite il y’a deux jours.
- Bonjour à tous, nous allons
commencer immédiatement par la remise de vos copies. Une fois de plus, la
situation est catastrophique. Nous allons commencer par les plus faibles notes.
Bien évidemment, Manon fut
appelée parmi les premières. Le professeur continua avec la remise des copies.
- Félicitations à mademoiselle
Manga pour ce sans faute, vous avez une note de 20/20.
Je me levai récupérer ma copie
avec un sentiment de joie et de malaise. Heureusement Jade avait bien travaillé
et avait eu une note de 16/20.
La journée se déroula dans une
atmosphère tendue. Durant la pause, je me rendis aux toilettes et surpris une
conversation entre Manon et ses copines.
- Tu comprends pourquoi je la
déteste, elle nous met toujours dans de mauvaises situations, mais s’en sort
toujours avec de bonnes notes, dit Manon.
- Tu parles ! renchérit Eveline,
heureusement que tu lui as laissé ton empreinte. Cette grosse tâche sur sa jupe
ne sortira jamais, et vu qu’elle est une misérable, elle aura cette tche pour
toute l’année.
- Haha, suis trop fière de moi. Je
ne sais vraiment pas ce que lui trouve Hervé, elle est tellement moche, dit Manon
d’une voix dépitée.
J’étais tellement blessée par
leurs propos. Je ne leur avais jamais causé du tort intentionnellement. Je
pense tout simplement que Manon était jalouse parce que Hervé avait jeté son
dévolu sur moi, pourtant je ne faisais rien pour l’encourager. Hervé fréquentait
la même classe que nous et j’avais appris par Jade que Manon et Hervé avaient
eu une relation par le passé et que ce dernier l’avait ensuite larguée, mais
Manon ne désespérait pas de lui remettre le grappin dessus.
- Ça va ma belle ? me demanda
Jade. Tu as été rapide là.
- Oui. Pour une fois, il n’y
avait pas de rang pour se rendre aux toilettes, mentis-je à Jade. Je ne voulais
pas lui relater la conversation surprise plus tôt, elle était trop impulsive
parfois.
Jade et moi nous séparâmes devant
le portail du lycée. J’étais à la page avec mes devoirs aujourd’hui et j’avais
l’intention de rentrer immédiatement à la maison, cela me permettrait d’éviter
la colère de ma tante et j’aurais peut-être droit moi aussi à un repas en bonne
et due forme.
Le feu rouge piéton était à peine
passé au vert quand j’entrepris de traverser la route, j’avais fait quelques
pas quand des cris agités et les regards effrayés des piétons en face de moi
attirèrent mon attention. J’entendis un violent crissement de pneus et vis
cette voiture qui venait à vive allure dans ma direction. J’eus à peine le
temps de me jeter de l’autre côté de la voie, heurtant de plein fouet ma cage
thoracique contre le trottoir. J’avertis une douleur atroce dans ma poitrine et
fus immédiatement entourée par la foule.
- Espèce de chauffard, où
avais-tu la tête ? entendis-je.
- Vous ne pouviez pas faire
attention ? hurla une autre dame.
- Votre feu était pourtant rouge
monsieur ! entendis-je une autre voix féminine.
- Tu te crois sur un circuit de
formule 1 ? demanda une voix masculine.
- Vous avez tous raison d’être en
colère, mais je pense que la priorité est que cette jeune demoiselle soit
immédiatement transportée à l’hôpital, entendis-je une voix masculine aux intonations
viriles avant qu’un visage ne se matérialise devant moi.
Oh my God, comme il était
mignon ! C’était un crime d’être aussi beau ! Pensai-je avant de
réaliser qu’il était certainement le responsable de ma chute.
- Mademoiselle, vous allez
bien ? Avez-vous mal quelque part ? me demanda-t-il avec un regard
plein de sollicitude.
Il s’agenouilla ensuite à mon
niveau et commença à m’observer.
- Euh, j’ai mal ici, lui
répondis-je avec une grimace de douleur en lui indiquant du doigt la partie
droite de mon thorax que j’avais précédemment heurté durant ma chute.
- Je vais vous conduire dans la
clinique la plus proche pour que vous soyez examinée, me dit-il.
- Vous avez intérêt ! hurla
une voix de femme.
- C’est la moindre des choses,
dit une autre.
- Et vous avez intérêt à régler
toutes les notes d’hôpital, renchérit une autre dame.
- Il ne faut pas abandonner la
pauvre fille à l’hôpital et disparaitre ! Tout est votre faute.
C’était pour la plupart des
vendeurs ambulants. Il y’en avait des plateaux sur la tête contenant des
bananes, des cacahuètes ou encore des oranges.
- Du calme, je vous en prie, bien
évidemment que je prendrai à ma charge tous les frais d’hôpital.
Mademoiselle ? dit-il en me regardant.
- Clara, répondis-je timidement
sous ce regard perçant.
Il devait être âgé d’une
vingtaine d’années et était vêtu d’un polo Lacoste blanc et d’une paire de
jeans.
- Vous sentez-vous en mesure de
marcher ? me demanda-t-il gentiment.
- Oui, je pense bien, dis-je en
essayant de me lever.
Je dus interrompre mon mouvement
à cause d’une violente douleur que je sentis au niveau de ma cheville. J’avais
probablement fait un mouvement erroné de la cheville durant ma chute.
-Je vais vous donner un coup de
main, me dit-il gentiment.
Il se rapprocha de moi, me prit la
main et m’aida délicatement à me mettre debout. Je fus immédiatement envahie
par un parfait enivrant. Hum, qu’il sentait bon. Je ne sus pour quel motif,
mais mon cœur se mit à battre avec frénésie dans ma poitrine. Il me dirigea
ensuite vers une voiture avec de doubles flèches qui était stationnée à
quelques mètres de nous. Il ouvrit la porte avant et m’aida à m’installer. Je
tombai lourdement sur le siège, j’avais l’impression d’avoir couru un marathon,
tellement mon cœur battait vite.
- Ça va ? me demanda-t-il
avec un regard perçant.
- Oui, merci, lui répondis-je en
baissa timidement la tête, j’avais de la peine à soutenir ce regard qui
semblait vouloir transpercer mon âme.
La foule commença à se disperser.
-Ah, ces gosses de riches,
toujours pressés pour aller je ne sais où ! dit une dame d’une voix
irritée.
- C’est terrible, renchérit une autre,
tous les mêmes, ajouta-t-elle.
Le jeune-homme qui avait
occasionné l’accident fit le tour de la voiture, se mit au volant et démarra
sur des chapeaux de roues. Il semblait nerveux et regardait très souvent sa
montre. Il se faufilait comme il pouvait dans la circulation qui à cette heure
était dense et gara très vite devant l’entrée d’une clinique qui me sembla luxueuse.
Je n’avais aucune idée de l’endroit où nous nous trouvions car, étant arrivée
dans la capitale il y a moins de trois mois, j’avais encore des difficultés à
prendre mes marques.
- Venez, on va y aller, me dit-il
précipitamment. Je suis désolé de vous mettre de la pression, mais je n’ai
vraiment pas trop de temps.
À ces mots, les propos des
passants qui avaient assisté à mon accident me revinrent à l’esprit. Et si
c’était sa stratégie pour s’en aller et ne pas payer les frais d’hôpital ?
Malheureusement dans mon pays, il fallait payer avant d’avoir droit aux soins.
Je n’avais pas le moindre sou et je préférais tenir ma douleur à la poitrine et
à la cheville au lieu d’être enfermée pour impayés.
- Euh monsieur, ne vous inquiétez
pas, la douleur est passée, lui dis-je en ayant malgré moi une grimace de
douleur.
- Apparemment pas ! objecta-t-il.
Vous pourrez rentrer chez vous seulement après avoir été auscultée par un
médecin, me dit-il d’une voix ferme.
- C’est ça, et qui va payer pour
ma consultation ? lui demandai-je d’un air moqueur. Je voulais lui faire
savoir que j’avais vu clair dans son jeu.
- Bah moi ! Qui
d’autre ? Écoutez, arrêtez de faire des caprices, je n’ai vraiment pas de
temps à perdre.
- Je me ferai examiner seulement
si vous payez tout à l’avance. Je ne veux pas de mauvaises surprises, lui
dis-je d’une voix ferme.
- D’accord, allons-y, dit-il dans
un petit rire moqueur, il avait enfin compris la raison de mes réticences.
Il se rendit précipitamment à la
réception des urgences et revint quelques minutes plus tard suivi d’un personnel
de soin poussant une fauteuil-roulant.
- Bonjour madame, où avez-vous
mal ? me demanda le jeune-homme que je devinais être un aide-soignant.
- Ici, dis-je en indiquant la région
gauche de ma poitrine, et aussi à la cheville.
- On va aller tout doucement, me
dit-il en m’aidant à m’installer sur la chaise.
- Merci, répondis-je simplement.
Il me conduisit à l’intérieur de
la clinique et me demanda mes documents. Je lui remis ma carte d’identité et il
se dirigea vers la réceptionniste suivi de celui qui avait causé mon accident.
Ils vinrent dix minutes plus
tard.
- Je suis vraiment désolé, mais
je dois vraiment y aller. J’ai laissé une avance à la caisse pour couvrir tous
vos soins. En cas de besoin, ils ont mon contact. Je vous le laisse à vous
aussi d’ailleurs, me dit-il en écrivant un numéro de téléphone sur un bout de
papier.
Je saisis le papier et y lus
Clovis Ngaha suivi d’un numéro de téléphone. J’avais presque envie d’en rire,
s’il avait vraiment fallu le contacter, comment aurais-je pu ? Je n’avais
pas de téléphone et j’avais aussi trop honte de le lui avouer. Je tournai
néanmoins la tête vers l’aide-soignant pour en avoir confirmation.
- Ne vous inquiétez pas madame,
tout est réglé, me dit-il avec un sourire.
- Bon j’y vais. À plus tard, me
dit Clovis avec un demi-sourire avant de s’en aller au pas de course.
L’aide-soignant positionna mon
fauteuil à l’entrée d’une salle.
- Ce sera bientôt votre tour.
- Merci beaucoup, lui répondis-je
avec un sourire reconnaissant.
Quelques minutes plus tard,
j’entendis mon nom.
- Mademoiselle Clara Manga.
- C’est moi, dis-je en levant
timidement la main.
Le médecin m’ausculta rapidement
et ordonna une radiographie du thorax et de la cheville droite.
J’avais tellement de douleur
qu’on me positionna une perfusion contenant des antidouleurs. Je ne sus à quel moment je m’étais endormie.
Heureusement qu’on était vendredi, j’avais donc deux jours devant moi pour
récupérer.
Clovis
J’étais sorti de la maison au pas
de course. J’avais l’examen de mathématiques appliquées dans moins d’une heure.
Je me demandais même si j’étais obligé d’y aller. Je n’avais pas du tout
étudié. J’avais passé le temps à faire la fête avec les potes et je me
retrouvais au jour d’examen pas du tout prêt.
J’étais un jeune-homme de 20 ans,
inscrit en deuxième année à l’école polytechnique en ingénierie informatique. Mes
parents étaient de hauts cadres dans les sociétés de l’état et ma sœur et moi
n’avons jamais manqué de rien.
J’avais à peine reçu le coup de
fil de mon pote Florent qui m’informait que le professeur venait d’entrer dans
la salle d’examen et n’admettait pas un retard de plus de 15 minutes. J’avais
alors roulé comme un fou et n’avais pas voulu m’arrêter bien que j’avais
remarqué le feu qui était à peine passé au rouge, mais malheureusement, cette
jeune-fille s’était engagée et on avait évité un accident mortel de justesse.
Je l’avais ensuite conduite à
l’hôpital et m’étais rendu précipitamment en fac. Le silence qui régnait dans
la salle d’examen me fit comprendre que la composition avait débuté depuis un
bon bout. Je jetai un coup d’œil à ma montre et vis que l’examen avait commencé
depuis une bonne demi-heure. Je pris tout même mon courage et toquai à la
porte.
- Monsieur Ngaha, vous avez
trente minutes de retard. Vous ne pouvez être admis en salle d’examen, vous
troublerez simplement vos camarades, me dit le professeur avec un regard
sévère.
- Je suis vraiment désolé
monsieur, j’ai eu un accident sur le chemin et j’ai dû accompagner à l’hôpital
la dame qui était impliquée dans l’accident. Je parlais en sortant précipitamment
de ma poche la facture d’hôpital de tout à l’heure.
- Allez-y, mais je ne vous
accorderai pas une minute de plus. Vous avez toujours l’excuse prête. Vous devriez
essayer de vous ranger, sinon vous reprendrez votre année scolaire.
J’entrai en classe en coup de
vent et sortis immédiatement un stylo et une feuille. Le professeur me remit
l’épreuve et un seul coup d’œil me suffit pour comprendre que j’aurai simplement
dû rester à la maison comme j’avais pensé au départ. Ca m’aurait évité de mettre
la vie des gens en danger. Je n’avais pas étudié du tout et je n’étais pas
capable de résoudre le moindre exercice. Je restai tout de même jusqu’à la fin
de l’épreuve et griffonnai quelques idioties avant de remettre ma copie avec
tous les autres.
On était vendredi soir et c’était
le début d’un long weekend. Meufs, alcool, cigarettes, discothèque, la belle
vie quoi !
Note de l'auteur: le roman est en vente sur Amazon. Il sera publié sur ma page Facebook "Plume de Justine Laure", je serai heureuse de vous y retrouver
Il est aussi en vente sur Amazon Kindle.
Nom d’auteur Justine Laure, roman “Proposition indécente”, il est en deux tomes