chapitre 2
Ecrit par Alexa KEAS
****Kevin****
Ça fait trois jours que je ne suis pas sorti de mon appart, trois jours que je n’ai pas mangé, je ne me suis pas lavé, je suis toujours dans ce smoking, assis à même le sol avec des bouteilles de bières et de whisky éparpillées un peu partout dans mon salon.
Je n’ai ouvert à personne, ni même à Bryan et Eli qui, lasses de me supplier, ont compris qu’il fallait me laisser digérer mon amertume.
Je n’ai pas eu la force de leur dire ce qui s’était passé et ils respectent mon silence. Ce matin encore, ils sont revenus à la charge mais je leur ai juste lancé un ‘’je vais bien’’ et ils sont repartis. Je leur expliquerai mais pas maintenant, j’ai la gorge nouée par la profonde douleur que je ressens.
Mon cœur est brisé en dix milles morceaux. Je
l’aimais plus que tout, j’aurais donné ma vie pour elle et elle, elle qui me
jurait amour et fidélité se tapait mon père, elle n’a trouvé aucun autre homme
dans ce Togo que mon père, mon propre père.
Depuis quand durait leur liaison
? Depuis quand se foutaient-ils de ma gueule ? Quel con j’ai été !
Merde! Je jetai la bouteille que je tenais en main
de toutes mes forces contre le mur. Elle se brisa comme l’est mon cœur en ce
moment.
Loin de me vanter, je sais que je suis un bon
parti.
Jeune médecin de 30ans, beau, gentil et cerise sur le gâteau, riche ! Je suis tout le contraire de mon père qui passe son temps à collectionner les femmes avec son statut et son physique. Je suis plutôt du genre sérieux, quand j’ai une relation, je me donne à 100%. Je ne conçois pas l’infidélité aussi, je n’ai jamais trompé aucune de mes partenaires et elles me l’ont bien rendu jusqu’ici…
Mes relations précédentes ont
pris fin pour des raisons autres que l’infidélité et je dois dire que je n’ai
jamais vraiment autant aimé comme je l’ai aimé elle, comme je continue de
l’aimer malgré qu’elle ait appuyé là où ça fait le plus mal !
Je me rappelle le jour où je l’ai rencontré il y a
de cela 3ans. Elle était si belle ! Son sourire, ce sourire qui jusque-là a
illuminé ma vie… D’un simple et seul regard, j’ai compris que c’était elle que
j’ai tant cherché. Je l’ai aimé dès le premier jour et j’aurais juré que
c’était réciproque. Il y avait cette étincelle dans ses yeux quand j’étais là,
elle s’abandonnait et semblait toucher le ciel quand nous faisions l’amour…
Elle me disait qu’elle m’aime avec des larmes dans les yeux. Elle me serrait
très fort dans ses bras comme si je lui échapperais si elle me lâchait…
Qu’est ce qui n’a pas marché mon Dieu ! Pourquoi
m’a-t-elle trahi de la pire des manières qui soient ?!
J’entendis des bruits de clé tourné dans la serrure
qui ensuite s’ouvrit sur l’objet de mon malheur.
-Que diable fais-tu ici Ella ? Grognai-je en
m’approchant dangereusement d’elle
Malgré la quantité d’alcool que j’avais pris, je
n’en ressentais nullement l’effet. J’étais là debout, le regard menaçant
pendant qu’elle, en larmes, se mit à genou me demandant pardon. Ses larmes que
je n’aimais pas voir couler ne me faisaient ni chaud, ni froid aujourd’hui.
Décidément, aucun de nous n’a pensé à se changer ces trois derniers jours. Elle
portait toujours sa robe de mariée et semblait avoir vieilli de 20ans. Cheveux
en bataille et visage bouffi.
J’éclatai de fou rire comme le jour où je les ai
surpris en train de commettre leur acte ignoble. Quelle comédienne celle-là,
elle mériterait un Oscars de l’hypocrisie.
-Tu me demandes pardon pour quoi Ella ? Pour t’être
fait mon père le jour de notre mariage ? Tu me demandes pardon pour le fait que
tu gémissais quand il te baisait ? Ou encore quand tu as crié pendant que tu
jouissais ?
Tu me demandes pardon pour t’être accaparé mon cœur
et après le briser en mille morceaux de la manière la plus atroce qui soit ?
Comme toute réponse, je n’entendais que le son de ses pleurs qui devenaient de
plus en plus bruyant.
Dun geste brusque, je là relevai et là secouait de
toutes mes forces tout en lui demandant des explications.
Depuis quand tu baises avec lui hein ? Alors, il le
fait mieux que moi ?
Mes larmes coulaient maintenant à flot, je déchirai
sa robe et là jetai sur le canapé.
-C’est ça que tu veux hein, te faire sauter comme
la chienne que tu t’es avéré être ?!
Je débouclai ma ceinture et fit sorti mon membre
bizarrement tendu dans cette situation. Elle était là, en sous vêtement,
immobile pleurant de plus belle.
Je lui arrachai ses sous-vêtements sans qu’elle
n’émette la moindre protestation. J’allai là pénétrer quand l’image de mon père
s’activant sur elle me revint en mémoire. Ce qui eut don de me refroidir
instantanément.
Elle ne mérite même pas ma colère ou mes larmes !
Je m’assis à côté delle la tête entre les mains, le
visage inondé de larmes. C’est en ce moment qu’elle se releva et s’approcha de
moi.
-Chéri, je t’en supplie, écoutes moi, je n’ai
jamais voulu te faire de mal, j’ai été obligée, Xavier m’a obligé.
Là c’est l’hôpital qui se fout de la charité hein !
Ce que j’ai vu n’avait rien d’un viol ! Non mais elle me prenait pour qui
celle-là ? Quelle déception mon Dieu !
-Tu n’as rien trouvé d’autre pour expliquer ta
trahison ? Tu veux maintenant me dire qu’il te violait ? Ça c’est le viol le
plus succulent qui soit alors vu comment tu prenais ton pied !
-Non chéri, ce n’était pas un viol et je sais que
peu importe les raisons, rien ne justifie ce que j’ai fait mais crois le ou
pas, je t’aime de tout mon être et je l’ai fait pour toi. Je t’aime Kevin ! Je
t’aime tellement
-Connais tu seulement ce que veut dire l’amour ? Tu
m’aimes et tu couches avec mon père ? Ella, lèves toi et sors de chez moi.
-Ecoutes moi Kevin, je t’en supplie, écoutes moi.
Ton père me faisait du chantage !
-Du chantage ?
****Emmanuela Dédé LAWSON****
Trois jours plus tôt
Me voilà en robe de mariée courant derrière la
voiture qui transporte l’homme de ma vie sous le regard ahuri de nos familles
et invités à notre mariage. Le jour sensé être le plus important de ma vie est
devenu le jour le plus malheureux et le plus humiliant de toute mon existence.
Je criais son nom de toutes mes forces jusqu’à ce qu’il ne disparaisse de mon champ de vision. Les curieux, habitués au calme dans ce quartier sortaient de leurs maisons pour voir la folle qui criait le nom d’une personne qui semblait ne pas l’entendre.
Je m’affalai au sol dans ma jolie robe blanche quand mes parents et mes sœurs arrivèrent à moi me demandant des explications tandis que je pouvais apercevoir de loin les invités ayant formé une petite troupe devant la maison de Xavier. Quelle honte mon Dieu ! Comment pouvais-je dire que j’ai été surpris en flagrant délit d’adultère le jour de mon mariage avec mon beau père ?
Je me suis levée, murmurant le nom de Kevin et
regardant à gauche et à droite comme s’il se trouvait encore là. Ma vision
devenait de plus en plus floue et à un moment donné, mes jambes m’ont lâché. Je
me suis réveillée quelques heures plus tard dans l’une des chambres de la
maison. Je suis restée là, pleurant toutes les larmes de mon corps et gardant
le silence face aux interrogations des miens. Ils ont fini par abdiquer et rentrer
chez eux sauf ma mère qui est restée à mes chevets. Je regardai dans le vide,
je ne voulais ni manger, ni me lever, encore moins enlever cette robe. Aucun
des numéros de Kevin ne passait. Je restais là à cuver ma honte et me ressasser
les épisodes de ma vie
.
********
Je suis une très belle femme et je l’ai compris
très tôt. Je viens d’une famille modeste, une mère couturière et un père
travaillant dans la fonction publique. Je suis l’ainée d’une famille de trois
enfants, trois filles précisément. Nous n’étions pas riches mais jamais nous
n’avons manqué de quoique ce soit.
Moi j’ai hérité de la beauté de ma mère, métisse de mère Togolaise et d’un père blanc inconnu tandis que mes sœurs ont pris plus de mon père. Nous sommes toute belle mais je suis la plus belle. Ma mère est une très belle femme du haut de ses 1,75m, des formes à l’africaine et des cheveux naturellement longs.
Malgré cette beauté, elle était toute simple, elle aimait mon père et lui était fidèle. Elle aurait pu avoir une vie de luxe avec les hommes qui là courtisaient de partout mais maman avait des valeurs qu’elle respectait à la lettre.
Elle nous a raconté à mes sœurs et-moi comment avant son mariage les hommes avec une bonne situation se bousculaient pour elle mais elle n’avait d’yeux que pour notre père pauvre étudiant de son état à l’époque. Même étant mariée aujourd’hui, les hommes succombaient toujours à son charme mais elle restait égale à elle-même! Son atelier de couture lui rapportait assez pour vivre une vie descente et aider mon père à s’occuper de nous disait-elle.
Elle a réussi à inculquer ses valeurs à mes deux jeunes sœurs, Gabriella et Janelle tandis que moi je n’ai jamais su pourquoi on devait se contenter de peu alors qu’on pouvait avoir plus. Dieu nous avait dotés d’une beauté sans égale alors pourquoi ne pas en profiter ?!
A 15ans déjà, j’avais mon premier petit ami.
J’étais alors en seconde. Un fils de riche qui me couvrait de cadeaux. Il
n’hésitait pas à voler l’argent de son père pour mes beaux yeux.
Moi j’aimais le luxe, les bonnes choses et je
servais bien des hommes pour obtenir ce que je voulais.
Après Louis mon premier petit ami, j’ai décidé de
viser plus haut et c’est ainsi que je mis à sortir avec les Grotos (vieux père)
comme on les appelle chez nous. A 18ans, j’avais déjà quitté la maison malgré
la protestation de mes parents. Chez nous, on restait en famille jusqu’au
mariage.
J’ai déménagé pour une belle
villa louée par un de mes Grotos. Je conduisais une BMW et avait commencé ma
première année de droit à l’UCAO, tout frais payé par mes papitos. Mes parents
n’avaient pas les moyens de cette école. Malgré tout, je ne m’amusais pas avec
l’école alors mes études passaient avant tout et ils étaient fières de moi pour
cela.
A 21ans, je suis tombée enceinte malgré que je
fusse sous pilule.
Oui, mes grotos n’aimaient pas le préservatif et on faisait des examens pour être sûre qu’il n’y avait aucune maladie et la vie suivait son cours. Je n’étais pas prête pour avoir un enfant, pas maintenant. Ma vie ne faisait que commencer. J’avais des voyages à faire, mes études à terminer… Je me suis alors fait avorter à l’insu de tous.
Malgré mes précautions, je tombai encore enceinte trois autres fois, des grossesses que je n’eus aucun remord à interrompre à l’insu de mes amants qui auraient voulu faire de moi leurs secondes épouses s’ils l’avaient appris.
Après mon Master, l’un de mes grotos m’offrit un
voyage en Europe et c’est en partant que j’ai rencontré Kevin dans l’avion. Mon
coup de foudre, le premier homme que j’ai aimé. Pour lui, j’ai changé, j’ai
viré tous ces hommes et je me suis consacrée à lui. Il me traitait comme la
femme que je suis et non comme un objet de foire qu’il fallait exhiber.
Je vivais mon bonheur avec lui en oubliant que mon
passé pouvait me rattraper