Chapitre 2 : Yena CHAMBRIER
Ecrit par kaynaliah
****Yena*****
Debout depuis cinq heures du matin, j’attends patiemment le lever du jour. J’aime bien compléter la beauté du spectacle du lever du jour. J’aimerai être capable de pouvoir en regarder des centaines encore avant de quitter ce monde. Et dire qu’on pourrait croire que j’avais tout pour être heureuse : une sœur formidable, une amie en or, un petit-ami parfait, un travail. Je ne suis qu’à l’aube de mes trente ans et je vois ma vie être bousculée dans tous les sens sans que je ne sache comment faire pour pouvoir la remettre sur les rails. Instinctivement, je pose mes mains sur mon ventre arrondi. Je souris malgré moi. Dans ma profonde détresse, Dieu m’a offert un présent d’une valeur inestimable : un bébé. Le fruit de mon amour passionné pour Ednan, mon unique amour.
Je me lève du lit sur lequel j’étais allongée et prends le cadre-photo qui est posé sur la table de chevet. Il s’agit d’un portrait en noir et blanc d’Ednan et moi. A cette époque, nous étions si heureux et confiants aux promesses de l’avenir. Je venais d’obtenir mon Master et je voulais bien croire aux fruits de notre amour dont je voulais jouir. Lorsque je l’ai rencontré il y a quelques années, rien ne nous destinait à être ensemble un jour. Je le trouvais trop arrogant et imbu de sa personne. La discrétion ne faisait pas partie de son dictionnaire. Il donnait toujours l’occasion aux autres de parler de lui et je détestais toute cette popularité autour de lui. Pas que j’en étais jalouse mais juste que je n’ai jamais été éduquée ainsi. Nous étions juste des opposés qui se sont sentis attirés l’un vers l’autre au bout d’un moment.
Toc ! Toc ! Toc !
J’essuie furtivement et de façon discrète ces larmes douloureuses qui coulent sur mes joues à chaque fois que je pense à notre histoire.
Entrez !
La porte s’ouvre et je vois ma sœur Yasmina apparaître avec un plateau en mains.
Ca va ma jolie ?
Ca peut aller Yasmina.
Pourquoi es-tu si tristounette ? dit-elle en déposant le plateau sur la table.
Je ne sais pas ce que Dieu a réservé pour moi. Je ne sais pas combien de temps je pourrai tenir ainsi ?
Yena.
Je me demande souvent si j’ai fait le bon choix en gardant cette grossesse sans savoir si je pourrai aller jusqu’au terme.
Suis-je vraiment en train de donner une chance à ma fille ou juste la condamner à souffrir car je ne serai jamais là pour elle ?
Je sais juste une chose Yena.
Tu es une battante. Tu aimes tellement ton enfant que tu as décidé de lui donner cette chance de venir au monde en sacrifiant ta propre santé.
Snif !
Je t’en ai voulu au début mais j’ai compris au final que c’était juste une preuve d’amour.
Je refuse de te perdre et je refuse de perdre aussi ce petit bout de toi.
Je me souviens lorsque tu m’as annoncé ton état de santé, tu étais tellement déboussolée.
Je m’en souviens aussi.
C’est moi qui était là pour t’encourager et te donner cette détermination de vaincre ce mal quand tu n’en avais pas encore la force.
Mais tout a changé quand j’ai découvert ma grossesse.
Exactement. Je me souviens que tu m’as dit que ce n’était certes pas le bon moment pour lui ….
Mais il est mon cadeau, mon espoir, ma lumière que j’ai attendu toute ma vie.
Tu es tellement heureuse depuis que tu es enceinte. Tu as les étoiles plein les yeux. C’est de l’amour que tu portes à cet être que tu as commencé à te relever et à te battre pour sa vie pendant que tu te suicides en ne pouvant pas suivre les traitements.
Merci Yasmina.
Tu seras une mère formidable j’en suis sûre et j’ai la foi que tu seras là parmi nous pour voir ta fille grandir.
Tu es vraiment la meilleure sœur du monde. Je t’aime.
Je t’aime aussi petite sœur. Aujourd’hui est un jour de joie.
On va donc essuyer nos larmes. Tu prends ton petit-déjeuner et je te dépose à ton groupe de parole.
J’ai peur d’y aller.
Pourquoi ?
Je ne sais pas. Parler de ma vie à des étrangers me déplaît.
Mais cela peut aussi te faire du bien aussi. Essaye et si cela ne te convient vraiment pas je te promets de ne plus t’importuner avec cela.
…Ok.
Elle dépose un bisou sur ma tempe avant de se lever du lit et de m’apporter mon plateau. J’essaye vraiment de manger car je n’ai pas du tout d’appétit. Je fais un effort pour ma petite princesse vraiment. Lorsque mon estomac n’en peut plus, je repousse le plateau et me lève du lit avant d’aller prendre ma douche. Je m’habille, fais mon lit et sors enfin de la chambre rejoindre ma sœur qui m’attend. Elle m’aide à mettre mon manteau et nous sortons de la maison. Cela me fait du bien de prendre de l’air frais. Je n’ai pas le droit de rester dehors longtemps à cause de ma maladie. Mes os sont souvent douloureux et je me déplace par conséquent assise sur une chaise roulante pour m’alléger. Mon quotidien a tellement changé de façon brusque et je ne m’y fais toujours pas.
Durant tout le trajet, je ne cesse de regarder la ville défiler sous mes yeux. Les gens sont en pleine effervescence de la préparation des fêtes de fin d’année. Regarder toutes ces personnes parcourir les rues en quête de bonheur et de cadeau, en couple ou en famille, m’arrache un sourire de satisfaction. Le bonheur se lit en eux à travers ces sourires et ces câlins qu’ils s’échangent. J’aurai tout donné pour pouvoir vivre ne serait-ce qu’une seconde ce sentiment de satisfaction et de quiétude mais la vie en a décidé autrement. Le seul bonheur que je m’autorise à vivre est de porter mon enfant et de surtout l’avoir en moi le plus longtemps possible pour lui donner toutes les chances possibles de venir en bonne santé. Quand je pense qu’il y a encore une année, j’étais aux côtés de l’homme que j’aime. Il m’avait fait voir cette période de fêtes autrement. J’avais pour habitude de les passer enfermée chez moi avec ma sœur. Les fêtes de fin d’année ont toujours été très douloureuses pour nous. J’ai perdu ma mère un matin de Noel et cela nous a plutôt traumatisée. Nous n’avions qu’elle au monde avant que notre père ne retrouve notre trace. Sa disparition m’a tellement marquée car c’était la première fois que je ressentais ce type de douleur effroyable qui nous fracasse le cœur en plusieurs milliers de morceaux. Ce fut la première fois à laquelle j’ai été confrontée à la mort. Quand elle passe, elle ravage tout sur son passage comme un tsunami : nos sentiments, nos rires, nos bonheurs, etc. ne nous laissant qu’avec des regrets, souvenirs et nos larmes au goût amer. J’ai peur de devoir laisser cela à ma fille. C’est très douloureux et je refuse qu’elle vive avec des regrets. J’aimerai tant la protéger de cette vive douleur que nous pouvons ressentir lorsque nous pensons à une personne que nous ne pouvons plus voir ni sentir. Rien est acquis dans la vie et j’en fais l’amère expérience. Certes, je suis assez entourée aujourd’hui mais comment exprimer tout le mal-être que je ressens. Cette maladie m’a juste tout volé : mon bonheur, mon grain de folie, ma joie, l’homme que j’aime et peut-être la vie de ce petit être qui grandit en moi ainsi que la mienne. Je ne suis plus que l’ombre de moi-même. Je survis chaque jour qui passe et j n’arrive même pas à l’exprimer à ma sœur. Yasmina est juste une perle. Elle s ‘occupe de moi et fait tout ce qu’elle peut pour m’alléger et je l’en remercie. J’aurai tellement voulu entendre la voix d’Ednan mais je ne peux pas. Je ne peux rien lui dire. Je ne suis pas prête à l’affronter.
Yasmina vient de me déposer au groupe de parole qui m’a été recommandé par mon cancérologue. Il a insisté à ce que j’y participe et d’après lui cela pourrait me faire du bien. Honnêtement, je ne vois vraiment pas en quoi cela va changer ma situation. J’ai juste envie de faire demi-tour. Me retrouver entre les murs de cet hôpital me rappelle sans cesse ma condition de santé actuelle. Tout me ramène à cette maladie que j’aimerai tat oublier l’espace d’un instant. Je ne cesse de perdre mes cheveux à chaque fois que j’y passe mes doigts, pire encore lorsque j’essaye de les brosser. Mes pertes de l’appétit à répétition qui m’amaigrissent sans compter ces innombrables tours à la salle de bains pour vomir demeurent des faits qui résident dans ma vie quotidienne et me ramènent toujours à ce cancer qui me tue à petit feu. C’est difficile à chaque fois car je sais que je me rapproche un peu plus de ma date d’échéance sur cette terre. Si j’ai peur de la mort ? Non. Elle m’a raté à plusieurs reprises. Je suis juste terrifiée à l’idée de ne pas pouvoir voir ma fille quand elle viendra au monde.
Je rentre dans la pièce au sein de laquelle je trouve trois autres personnes. Je prononce un « bonjour » à peine audible et cherche une place assez éloignée et discrète à la fois. Je ne tiens pas trop à me faire remarquer. Je me mets à fixer le plafond de la pièce. Il y a des mots d’espoir inscrits dessus et cela me déconnecte de la réalité. Je me souviens du jour où Ednan m’a demandé d’aménager avec lui. Il avait fait un dessin sur lequel était représenté une clé. Bien que je trouvais cette demande assez originale et tellement craquante, le dessin était nul tout de même. Ednan est nul en dessin. Ce fût un magnifique moment rempli de tendresse, d’amour et d’affection.
Bonjour.
Entendre cette voix me ramena à la réalité malgré moi.
Bonjour.
C’est la première fois que je vous vois ici.
Et si vous vous présentiez pour commencer ?
Euh ok.
Je regarde rapidement les autres qui me fixent avant de reporter mon attention sur mon interlocuteur.
Je m’appelle Yena. J’ai vingt-sept ans et je suis gravement malade.
Parle-nous de toi Yena. Que voudrais-tu partager avec nous ?
Ici dans cette pièce je ne vois que des personnes qui ont toutes cette volonté de se battre pour leur vie. J’aimerai tant pouvoir être à leur place mais je ne peux pas.
Qu’est-ce qui vous en empêche ?
Je rabats sur les côtés les pans de mon manteau et dévoilé mon ventre de femme enceinte. Les yeux remplis de larmes et la gorge nouée par l’émotion, je pose mes mains sur mon ventre arrondi.
Elle.
Vous savez avant que ma vie ne soit tourmentée à tout jamais j’étais la femme la plus heureuse du monde. Je le pensais du moins.
Je venais de me faire recruter, j’avais eu mon Master avec mention, en couple et l’heureuse petite sœur d’une femme remarquable. Je pensais qu’en fait rien ne pourrait venir troubler ce bonheur que je respirais quotidiennement. Il suffit juste d’un rien pour que notre château s’écroule et c’est ce qui m’est arrivé.
Lors d’un contrôle médical de routine, j’ai subi des tests complémentaires et lorsque j’ai eu connaissance des résultats, mon monde s’est juste écroulé. On m’a diagnostiquée une leucémie aigue myéloblastique au deuxième stade. J’étais juste effondrée.
J’ai gardé cette nouvelle pour moi pendant des semaines. Je pense que mon cerveau avait du mal à enregistrer cette information selon laquelle j’étais malade. Je me suis repliée sur moi-même et ai commencé à me déconnecter de la réalité. Je ne savais pas à qui en parler. Oui j’ai un homme dans ma vie et une sœur mais je n’étais pas prête à leur partager ce terrible secret.
Je me suis tournée vers la seule personne qui pouvait me comprendre. Cette personne, étant médecin et s’étant déjà occupé de ce type de patients m’a expliqué les options qui s’offraient à moi.
A ce moment-là, j’étais ouverte à tout type de traitement. Mais le jour où je devais commencer mon traitement, les médecins m’ont annoncé ma grossesse et tout a changé en moi.
J’ai rencontré plusieurs spécialistes qui m’ont donné des avis différents : certains me conseillaient un avortement pour tenter de me sauver, estimant que je pouvais bien avoir un enfant plus tard tandis que d’autres m’alertaient sur la gravité de cette maladie et qui pouvait entraîner des risques pour le fœtus et le développement de ma grossesse. Si je subis une chimiothérapie en étant enceinte, des anomalies congénitales causées par certains médicaments peuvent atteindre mon bébé.
J’ai fait le choix de mener ma grossesse sans traitement majeur pour donner une chance à ma fille de venir dans ce monde en bonne santé. Elle est mon trésor et chaque jour pour elle dans mon ventre est une victoire car cela me rappelle que ce sacrifice n’est pas en vain. Je ne sais pas ce que Dieu a prévu pour nous mais si au moins ma fille parvient à s’en sortir, ce sera la plus belle des victoires pour moi.
Vous êtes très courageuse Yena.
Merci beaucoup.
On dit souvent que l’amour d’une mère est plus fort que tout mais l’acte que vous êtes en train de commettre va bien au-delà de cette définition. Vous êtes vraiment courageuse et je vous souhaite de réussir.
Merci beaucoup.
Si vous avez besoin de parler, de quoi que ce soit, n’hésitez pas à venir ici ou même à téléphoner. Bien ! Je pense que nous allons nous arrêter là pour aujourd’hui car nos émotions ont bien été secouées et de manière forte.
En sortant de là en attendant ma sœur, je vois les autres qui étaient avec moi repartir chacun à leur tour. Je décide à la dernière minute de sortir prendre l’air. Cela fait tellement longtemps que je ne me suis pas sentie aussi légère. Pourtant, un sentiment de culpabilité m’envahit. Je n’aurai pas dû m’enfuir ainsi de Libreville. Je n’aurai pas dû choisir pour Ednan. J’aurai dû lui laisser le choix.
Alors que je cherchais le moyen de lui annoncer la terrible nouvelle de ma maladie, j’ai découvert une bague de fiançailles dans son écrin dans son dressing. J’ai paniqué. Tout aurait pu être parfait s’il n’y avait pas cette maladie entre nous. Je l’ai reposée où je l’ai trouvée et j’ai commencé à me poser certaines questions existentielles : Ednan serait-il resté à mes côtés par amour, par devoir ou par pitié ? M’aurait-il soutenu dans ma décision ? L’aurait-il accepté malgré tout ? N’ai-je pas été égoiste en décidant de disparaître de sa vie et lui donner ainsi la chance de ne pas vivre avec ce poids sur les épaules ? J’aurai pu être confortée dans ma décision si notre bébé n’avait pas été là. Je commence à douter de plus en plus de ma décision. Ai-je finalement fait le bon choix ?
J’aime cet homme plus que ma vie que cela en devient douloureux. Je l’aime tellement qu’accepter qu’il me voit dépérir de jour en jour m’est insupportable. Il a le droit d’être heureux et de vivre sa vie sans blessure. Je n’ai pas le droit de lui imposer ma maladie et ses blessures. Je n’ai pas le droit de le détruire ainsi. Je ne pensais pas être capable d’un tel sacrifice un jour : piétiner mon propre bonheur par amour pour quelqu’un d’autre. Ednan est ma plus belle rencontre dans ma vie. Il a su apprivoiser mon côté sauvage et m’a appris surtout à faire confiance aux autres. J’étais une personne si solitaire avant de partager ma vie avec lui. A ce moment, juste deux personnes existaient dans ma vie : ma sœur Yasmina et ma meilleure amie Noellia. Le décès de mes parents m’a laissé des blessures indélébiles très difficiles à surmonter. Yasmina a toujours été là pour moi et sans elle mon monde n’existait tout simplement pas. C’était à quoi se résumait ma vie avant de rencontrer Ednan. Tout aurait pu être si parfait s’il n’y avait pas cette ombre au tableau : sa mère. Elle a toujours passé son temps à me dénigrer auprès de son fils et sa famille sans appendre à me connaître réellement. J’ai toujours interdit à Ednan de lui révéler qui j’étais réellement. Je ne voulais pas qu’elle se rapproche de moi à cause de mon statut social mais pour la personne que je suis. Son acharnement envers ma personne m’a vraiment blessée.
Ma sœur vient de me récupérer et je suis morte de fatigue et complètement essoufflée. Nous ne tardons pas à arriver. Edmond, le fiancé de Yasmina, m’aide à monter dans ma chambre. Ma sœur ne tarde pas à me rejoindre pour m’aider à prendre ma douche et à m’installer dans mon lit. Après m’être forcée à manger avec cette peur de vomir à nouveau tout mon repas, ma sœur sort avec mon plateau. A peine elle referme la porte, je prends mon téléphone et compose ce numéro qui restera gravé à jamais dans ma mémoire. J’ai besoin d’entendre sa voix. J’ai besoin de lui tout simplement. Des larmes de tristesse et d’amertume ne tardent pas à s’échapper de mes yeux. A quel moment ma vie a-t-elle tant basculé ? Je n’ai même pas ce courage au final d’appuyer sur cette touche pour lancer l’appel. Je jette au loin mon téléphone et m’effondre en larmes. Je me sens blessée. Profondément blessée. Je suis partagée entre ma raison et mon cœur. Ma raison me dicte que j’ai fait le bon choix mais mon cœur refuse de suivre cela. Mon cœur refuse d’accepter cette décision. Tant de souvenirs me reviennent en mémoire. Je me sens juste perdue. Ressentir les effluves de cet amour en moi me rendent si malade tellement cela me fait souffrir. Depuis quand aimer une personne peut faire aussi mal ? Ma raison me crie que j’ai peur d’admettre que je suis amoureuse de lui, que je l’aime et que je suis terrifiée de le rejoindre alors que mon cœur m’hurle qu’il est le seul qui puisse calmer mes tourments. Je me suis endormie sur ces interrogations.
Je sens une chaleur inhabituelle qui m’entoure au niveau de la taille. J’ai l’impression d’être serrée mais au lieu de me terroriser, j’ai l’impression qu’elle adoucit mon être entier. Je me souviens à peine que je ne ressentais cette plénitude que près de l’homme qui fait battre mon cœur. Ce sont les effluves d’un parfum qui me semblent très familiers qui me poussent à ouvrir petit à petit les yeux. Je pense être dans un rêve. Je reconnais ces mains autour de ma taille. Si je suis dans un rêve, je veux être coincée dans cette dimension partout afin de profiter au maximum de cet unique instant.
Bonsoir princesse.
En levant les yeux vers lui, mon cœur s’est mis à battre fort la chamade. J’ai commencé à me sentir vivante pour la première fois depuis de longs mois. Mon cœur ne cesse de battre au point d’en ressentir les battements contre ma poitrine. Il me sourit tandis que mes larmes ne cessent de couler. La joie que je ressens à cet instant présent est juste indescriptible. Je pose mes deux mains autour de son visage pour me rassurer qu’il est réel. Il prend mes mains dans les siennes et y dépose un baiser sur chacune avant d’entrelacer ses doigts aux miens.
Je suis en train de rêver je pense. Ce n’est pas possible.
Il me sourit et pose une de ses mains sur ma joue.
Je suis là chérie.
Je ne peux empêcher mes larmes de couler.
Pleure autant que tu veux mon cœur. Je ne m’en irai pas. Je t’aime Yena.
Il m’embrasse à ce moment-là comme pour me prouver que je suis bien dans la vie réelle.
Je t’ai dans la peau Yena. Je t’aime à un point que je ne saurai te le décrire. Tu es l’unique femme qui a réussi à me séduire plusieurs fois. Je refuse de te perdre.
Je le serre tellement fort dans mes bras au point de m’étouffer mais j’ai l’impression d’avoir besoin de cela pour revivre. Toute cette douleur que je ressentais et ce mal-être qui me consumait à petit feu commencent à se dissiper peu à peu de mon être entier : je commence à revivre. Il est là, avec moi, à cet instant et c’est tout ce qui compte. Il commence à se desserrer petit à petit de moi. Au-dessus de moi, il me fixe intensément avant de m’embrasser délicatement au début mais très vite il se charge de passion. Très vite, la pièce est habitée par une tension sexuelle. Faible physiquement, je parviens malgré tout à déchirer la chemise d’Ednan et on succombe tous les deux aux plaisirs de la chair, de la passion et de l’amour. Il est douloureux d’aimer mais je veux vivre et revivre ces instants à tout moment. Etre aimée par la personne qu’on aime est le remède le plus efficace contre les différentes batailles que nous avons à lutter quotidiennement. Cette bataille rude contre la maladie me bouffe tant moralement que physiquement. J’aimerai tellement me battre pour vivre ces instants de bonheur jusqu’au bout mais la réalité est que je n’ai aucune chance de m’en sortir vivante de ce cercle vicieux.