Chapitre 20
Ecrit par Myss StaDou
Chapitre 20
C’était divin de dormir dans ce lit. On frappe soudain à la porte. Qui vient interrompre mon sommeil ? Pour une fois que j’ai un lit à moi toute seule. Les coups sont répétés.
− Nicole, réveille-toi. On n’est pas ici pour dormir, dit Olivier en riant.
On a interdit le sommeil à cet homme ? Dis donc ! Je me lève quand même à contrecœur pour ouvrir la porte, les yeux encore bien lourd de sommeil. En ouvrant la porte, le soleil m’éblouit. Je me rends alors compte que le jour est levé depuis un bout. Olivier se tient devant la porte en T-shirt, short et sandales. Pas mal… Sans même y faire attention, je lui offre un spectacle digne d’une sirène, dans ma nuisette sexy qui couvre à peine mon corps avec un beau décolleté plongeant. Il sourit à la vue de mon corps, mais ne dit mot.
− Bonjour madame. Réveillée ?
− Non… Veux dormir, maugrée-je.
Je dis cela en me dirigeant vers le lit pour bien m’emballer dans les draps.
− Lève-toi. Nous avons une longue journée devant nous.
− Suis trop bien ici.
Olivier éclate de rire :
− Tu es terrible. Dormir et manger, c’est ton travail là-bas.
− Jaloux va !
− Ok, il est 6h30. J’ai déjà commandé le petit déjeuner. Où voudras-tu qu’on le prenne ? Dans ta chambre ou dans la mienne ?
− Je ne sais pas… Ici ?
− J’ai pensé que tu dirais cela. On nous servira dans quelques minutes.
− Ok. J’attends. J’ai quand même faim.
Olivier éclate de rire. On reste un moment sans rien dire jusqu’à ce qu’on frappe à la porte de la chambre. Olivier s’en va ouvrir. Tout d’un coup, je rougis. Le valet de chambre va penser qu’Olivier et moi… Heureusement que je suis sous le drap. Je peux me cacher. Et puis, ça le regarde même en quoi ? Le valet pose le plateau sur la table de la chambre et s’en va. Olivier se tourne vers moi :
− Prêt pour le petit dej’ ?
Je crie de joie :
− Oui !
− Tu es terrible, dit-il en riant. Toujours prête pour manger. Lève-toi alors. Nous allons prendre le petit déjà au lit.
Je m’assieds dans le lit, essayant d’en lisser les plis pour qu’Olivier puisse aussi s’installer de l’autre côté. Il pose le plateau entre nous. Il contient un peu de tout : omelettes, œufs bouillie, beurre, pain, sachet de thé, eau chaude. « Je vais me régaler », pensé-je avec joie. Nous mangeons tout en bavardant de tout et de rien. C’était cool, et assez intime je dois dire. Mais Olivier a su rester à sa place. Ce qui rendait les choses vraiment aisées. Après le repas, je le renvoie dans sa chambre, le temps de prendre une douche et me laver les dents. J’enfile le bikini bleu sous une de mes robes et je retrouve Olivier au couloir.
Il est encore assez tôt, 8h par là. Nous descendons d’abord à la plage. De notre hôtel, un petit escalier mène directement à une des rives. C’est trop beau, le sable, la mer, les vagues. J’enlève ma robe et je passe le paréo que j’avais plié et gardé dans mon sac sous les yeux d’Olivier. Je ne peux pas trop faire la prude, avec ce qu’il y a eu entre nous.
Nous amusons dans l’eau, nageant un peu car la mer est très forte, donc sécurité d’abord. Nous courons comme des enfants sur la plage. Nous ne sommes pourtant pas seuls. Certains clients de l’hôtel ont eu la même idée que nous. À un moment, crevés de se sauter dessus, nous nous allongeons à même le sable et regardons la mer. Tout d’un coup, venue de nulle part, apparaît une sirène. Je vous assure, cette femme est belle.
Je suis une femme, mais cette fois, je ne peux pas descendre une autre femme par jalousie. Elle est formée comme une guitare, les formes comme il faut : poitrine bien fournie genre que même le soutien du bikini demande l’aide, avec un string qui essaie de cacher un bassin bien formé. C’est quoi ? On l’a envoyé pour venir nous frustrer ici ? Elle s’avance encore vers la plage. Je décide de me tourner et d’engager la conversation avec Olivier pour ne plus avoir mal au cœur quand je me rends compte que Monsieur la dévore des yeux, la bouche ouverte. Je suis même sûre que si on regarde bien, la salive coule même déjà de sa bouche.
Ekie ! Les hommes ! Il ne me regarde jamais comme ça. Les yeux pleins d’envie… Est-ce un pincement de jalousie que je ressens ? Non, j’aime Victor et personne d’autre !
− Olivier, fais attention. Y a une mouche qui vient dans ta direction.
Olivier me lance un regard perdu :
− Hein ? Que quoi ?
− Reviens sur terre, mon Dieu ! Et cesse de baver comme ça !
− Baver ?
− Oui. Baver. Ça y est. C’est bon. À ton attitude, toute la plage a compris que tu te ferais bien cette fille.
− Mais non, proteste-t-il, embarrassé malgré tout. Je suis ici pour toi.
C’est ça même. Comme si je l’intéresse même.
− Pardon, lève-toi. Nous partons d’ici.
− Nicole…
− Weh ! Pardon, laisse-moi. On part.
La jeune femme presqu’arrivée pas loin de nous s’arrête pour récupérer sa serviette. Bien que je m’avance déjà vers les escaliers de l’hôtel, j’ai bien vu qu’Olivier et elles se dévisageaient… Ces deux-là… Hum !
Une fois rentrés – chacun dans sa chambre je précise – nous faisons chacun une toilette rapide pour se lancer à la conquête de la ville. J’ai déjà retrouvé ma bonne humeur, dans la joie de découvrir ce lieu paradisiaque. Je retrouve Olivier, qui est encore au téléphone dans sa chambre, devant le parking de l’hôtel. Nous montons en voiture et Olivier décide de me montrer la ville. Pour y venir assez souvent, il connaît bien le coin. D’abord une visite en voiture. Ici les gens se déplacent en motos, Aucun taxi jaune comme à Yaoundé… C’est terrible ça. La ville est trop belle et on aperçoit presque toujours la mer pas loin.
Il est presque midi quand nous finissons notre tour en voiture et j’ai tellement faim à en avoir des vertiges qu’Olivier m’emmène vers un groupement de concessions ouvertes qui se révèlent être des restaurants en plein air. Tu fais le choix de ton poisson frais et des compléments (frites de plantains ou de pommes ou des miondos), les cuisinières le nettoient sur place et le braise. Accompagnés d’un bon Top Grenadine pour moi et d’une Guinness pour Olivier, nos poissons braisés ont vite trouvé la route qui mène au fond de nos estomacs. Manger du poisson frais braisé est divin. C’est trop bon.
Nous restons là un moment à savourer l’air frais et regarder les gens qui vont ça et là. Pas loin se trouve un terrain de foot improvisé où des gens de tout âge s’amusent. Je propose à Olivier d’aller marcher de ce côté là car il y a aussi un accès à lamer et les gens si baignent aussi. Je marche et je réfléchis. Je dois avouer que je passe un assez bon moment avec Olivier. Mais je n’arrête pas de penser à Victor. Il me manque beaucoup. Mais je lui en veux énormément de tout ce silence. Avec tous les moyens que la technologie nous offre, il ne trouve pas important de me donner de ses nouvelles. C’est très blessant.
Olivier me propose d’aller découvrir un centre d’artisanat de la place. Ce n’est pas très loin de là, et situé au bord de la mer. Nous y découvrons des œuvres d’art en tout genre. Des meubles en rotins, en bois, aux tableaux, statuettes, et même des bijoux et des vêtements en feuille d’arbre. Je découvre soudain une petite merveille : un soutien fait de la coque de noix de coco. C’est mignon. Je le tiens dans ma main, rêveuse, n’osant pas l’essayer quand j’entends soudain la voix d’Olivier qui me fait sursauter :
− Essaie. Je sais que ça t’ira bien.
Cet homme se souvient encore de la forme et la taille de mes seins ? Il fait la magie ? Il n’a pas oublié cela. Je baisse la tête, gênée. Le fait d’évoquer de manière sous-entendue notre vie sexuelle passée soulève des souvenirs qui me font ressentir une chaleur entre les jambes. Bon sang, Victor… Si tu ne m’avais pas laissé affamée comme ça, je ne tomberais pas si vite ! Je dois avouer que l’excitation monte en moi, et je ne sais plus comment lutter contre cela. Nous faisons une ou deux emplettes. Je prends un bracelet à Junior. Je crois que ça lui plaira. C’était plutôt bien comme arrêt. Il faut toujours donner de la place à la culture. Peut-être Victor est en train de bronzer à Saint-Tropez et moi pauvre conne, je suis ici je pense à lui. On ne vit qu’une fois !
On se balade encore un peu dans la ville. La nuit est déjà en train de tomber quand Olivier sonne le signal du retour vers l’hôtel. Arrivés devant nos chambres, Olivier marque un moment d’arrêt et me regarde. L’atmosphère devient électrique. Je sens qu’il va m’embrasser.
En ai-je envie ou pas ? Quand il se baisse vers moi, je ferme les yeux ne voulant pas voir cela.
C’est sur ma joue gauche que je sens ses douces lèvres et ouvre rapidement mes yeux. Quelle honte ! Je pensais à quoi ? Jeune fille, ressaisis-toi, bon sang !
− Merci pour cette merveilleuse journée, murmuré-je.
− Il nous reste encore beaucoup à faire.
− Ah bon. Ok ?
− Va te faire belle. Je passe te prendre à 20h30.
− Ok. A tout à l’heure.
Je rentre dans ma chambre. La montre murale me montre 18h35. J’ai le temps de prendre une petite douche, de faire un petit somme car je tombe de fatigue avant de me lever et de m’apprêter. Je mettrai la jolie robe qu’Olivier m’a achetée. Après la douche, je porte mon string, la robe ne nécessitant pas de soutien gorge et je m’allonge dans les draps qui ont été changé. Ce lit est délice et je me laisse emportée.
Ce sont des bruits sourds qui me tirent des profondeurs dans lesquelles je sombrais qui me font ouvrir les yeux. La chambre est complètement noire, la nuit étant bien tombée depuis un moment.
− Nicole, tu es prête ?
Olivier est devant la porte de ma chambre.
J’allume l’écran de mon portable. 20h30 !!! Oh mon Dieu, j’ai trop dormi. Je saute du lit et cours allumer la lumière.
− Olivier, s’il te plaît, donne-moi quinze minutes.
− Pourquoi ? Tu fais quoi ?
− Désolée. Je me suis endormie et je n’ai pas vu le temps passé.
− Mami sommeil, se moque-t-il. Toi aussi !
− Désolée. Je vais me dépêcher.
− Ça va. Il n’y a pas le feu. Je repasse à 21h et tache de ne plus t’endormir.
− T’inquiète, dis-je en riant. J’ai déjà trop faim pour ça.
Il s’éloigne en riant aux éclats tandis que je fonce dans la douche pour rafraîchir mon visage. Le temps d’enfiler la robe et de l’ajuster. Porter ma pumps noir et des bijoux passe-partout. Je vais me maquiller et parfumer à la douche. Dans une pochette-sac à main noir que j’ai, je mets mon portable et mon petit nécessaire. Juste le temps d’entendre à nouveau Olivier frapper à la porte. Pourquoi le temps passait vite ici comme ça ? Je lui ouvre et je suis ravie de voir de l’étonnement dans ses yeux. Il s’éloigne pour bien me regarder.
− Tu es magnifique…
− Merci, dis-je, émue.
− Tourne-toi un peu.
Je le fais avec beaucoup de lenteur et un déhanché digne de réveiller n’importe quelle partie du corps d’un homme mort… Avis aux connaisseuses !
− Sublime, murmure Olivier.
Il semble vouloir me dévorer du regard.
− Allons-y ! Avant que je ne change d’avis.
− Où allons-nous ?
− Dans un grand cabaret de la ville.
− Nous allons manger là-bas ?
Olivier éclate de rire :
− Bien sûr. Tu n’as que deux problèmes dans ta vie : manger et dormir.
− Il y a bien autre chose. Mais bon…
− Je devine aisément quoi, murmure-t-il en souriant en coin.
Donc le gars a senti mon envie… Seigneur, donne-moi la force de résister ce soir. Nous sortons de l’hôtel et on se dirige vers la voiture. Olivier m’emmène dans le restaurant d’un grand hôtel de la ville. Nous nous installons à une table pas loin du podium. Il y a aussi bien un piano que des percussions traditionnelles : des tam tam, balafons et autres. Cet endroit est magnifique. Nous nous asseyons et nous passons la commande de poissons braisés accompagnés de frites. Mon ventre gargouille déjà. J’essaie de le calmer avec le jus d’ananas que j’ai commandé. Olivier commande une bouteille de vin blanc. Nous mangeons et bavardons dans une belle ambiance.
L’orchestre joue un peu de tout, des titres de chez nous et d’ailleurs, interprétés en live et en acoustique. Soudain j’entends comme un bruit sourd venant de la table. On dirait des vibrations. Mon téléphone. Je le retire de mon sac et regarde l’appelant : un numéro MTN inconnu.
− Allô….Allô…Allô.
Aucune voix ne me répond. Peut-être je n’entends pas à cause de la musique forte du restaurant. Je me bouche une oreille, mais je n’entends toujours rien. Alors je raccroche. À peine, je pose le téléphone sur la table qu’il se remet à sonner. Cette fois, aucun numéro ne s’affiche. Je décroche quand même.
− Allô…. Allô… Allô.
Toujours rien. Le même théâtre se répète trois fois. Ça commence déjà à m’énerver. La quatrième fois, intrigué de mes agissements, Olivier ne peut s’empêcher de parler :
− Allô….Allô
− Qui t’appelle depuis là ?
− Je sais même ? La personne appelle, elle ne dit rien. Allô… Allô.
Je raccroche. Quelques minutes passent, la personne rappelle encore. Je suis déjà assez remontée :
− Allô… Allô… Allô.
− C’est qui ?
− Laisse-moi cette affaire. Ou c’est la sorcellerie ? La personne veut seulement me couper le mounyengue (les enjoy).
− Beh raccroche alors ! Ça commence déjà à bien faire.
Je raccroche avant de saper définitivement l’atmosphère. Je pose le téléphone sur mon sac posée sur la chaise près de moi. Olivier m’invite ensuite à danser. L’ambiance est trop chaude. On danse pendant un bon moment sur la piste. Même assis, on est emporté par la musique très chaude. La soirée est très belle. Je reconnais des couples résidant dans le même hôtel que nous. Peu après notre arrivée, la sirène qui est sortie de l’eau ce matin est arrivée avec un groupe de personnes. Ils ne sont pas installés loin de moi et je vois bien qu’entre Olivier et elle, des regards sont échangés. Hum !
Une dame nous a bien fait rire aujourd’hui. C’est une jeune femme, qui devrait avoir à peu près mon âge. Elle est accompagnée d’un monsieur âge, digne d’être son grand-père. Elle est visiblement gênée, ne pouvant pas s’amuser librement comme les autres couples. Elle n’arrête pas de tirer la mine et bouder, ce qui nous fait bien rire Olivier et moi. Elle est pourtant très belle. Qu’est-ce qu’elle fait avec celui-là ?
− Bon sang. Il est déjà 2h du matin. Nous ferions mieux de rentrer.
− Ok. On peut y aller. J’ai trop envie d’aller aux toilettes.
Olivier se lève. Je prends mon sac et on sort. Nous roulons déjà depuis quelques minutes, quand je décide de voir si la personne qui essayaient de me joindre à appeler de nouveau.
J’ouvre mon sac, je plonge ma main et … rien. Hein ?! Ça veut dire quoi ? Je fouille bien. Mon téléphone a disparu !
− Olivier, fais demi-tour. On m’a volé mon téléphone !
− Quoi ? Comment ça ?
− Je te dis. Il n’est pas dans mon sac.
− Mais tu as pourtant décroché tes appels tout à l’heure non ?
− Oh non ! Je l’avais posé sur le sac. Quelqu’un a dû le prendre quand on dansait.
− Non, murmure-t-il, dépité.
− Comment ai-je pu être si négligente ? Pourrais-tu essayer mon numéro, s’il te plaît ?
Il prend son téléphone et fouille mon numéro. Ensuite il me tend son téléphone. Comme il fallait si attendre le téléphone tombe directement sur répondeur, signe que le téléphone a déjà été éteint et la puce a sûrement été retirée.
− Non ! Ça ne sonne même pas, dis-je en commençant à pleurer.
− Ça va. Nous allons rentrer au restaurant et demander. Donne-moi la marque et je me renseignerai.
Arrivés au restaurant, Olivier me somme de rester dans la voiture et se dirige vers le restaurant. Dix minutes plus tard, il revient sans rien. Tous les employés de l’hôtel disent ne pas avoir pris le téléphone ou avoir vu quelqu’un le voler. C’est un espoir perdu. C’est même quel con qui m’a fait sortir mon phone ? Maintenant, c’est perdu.
Olivier monte dans la voiture et s’installe me regardant sans rien dire. Je pleure un moment dans ses bras. Il attend que je me calme pour parler.
− Ce n’est qu’un téléphone. Je t’en achèterai un autre dans la semaine. Au plus tard mardi.
− C’est vrai ? Mais tu ne devrais pas.
− Ce n’est pas grand-chose. Ça permettra au moins de ne plus voir ton vieux téléphone écran couleur, dit-il en riant. Tu pourras vite reconduire ta puce.
− Mais j’aurais perdu tous mes numéros.
− Ça va aller.
Il me pose une bise sur mon front et me regarde. Je vois l’envie dans ses yeux. Est-ce le moment ?