Chapitre 20

Ecrit par sokil

Tout est trop beau pour être vrai ! C’est magique pour ne pas dire féerique ! C’est impressionnant pour ne pas dire majestueux ! Tels sont là les différents qualificatifs que j’exprime tout en laissant paraître ma grande surprise, mon grand étonnement. Mes yeux, ils sont restés grand ouverts depuis que nous avons quitté l’aéroport ; j’ai peur de trop cligner du cil ; de peur de réaliser que ce n’est peut-être pas vrai. Je ne cesse de me répéter inlassablement.

- C’est pas vrai ! C’est possible ça ? Richard ! Son excellence ! Mais qui est-il ?

Si ma mère était au courant elle m’aurait sûrement glissé un mot, ou alors sont-ils tous les deux de connivence. Les yeux toujours grandement ouverts, nous parcourons la ville de Paris, en plein milieu du mois d’août ! J’ai le temps d’apprécier le paysage tout me calant bien sur le siège du véhicule dont la marque Peugeot, dernier cri et dont la vue m’a coupé le souffle. Richard est bien plus malin qu’on ne le croit, et sous son apparence d’homme assez posé et discret, on a du mal à lui attribuer ce rôle. Jamais il n’a fait l’éloge sur sa personne. D’un tempérant plutôt modeste, il parvient à se fondre dans la masse et à se mêler sans complexe à tous les niveaux. Lorsque nous arrivons une heure plus tard devant ce domaine… C’est le comble ! Ce n’est ni une ville, ni un appartement, mais un château ! Pareil à ce que j’ai l’habitude de voir dans les films, les documentaires, ou encore dans les magazines.

Une fois à l’intérieur, c’est la présence de ce petit lac bordé par une magnifique verdure qui attire mon attention pendant que le portail se referme … automatiquement, après avoir été scrutés méticuleusement par les caméras de surveillance! Un monsieur vêtu d’un costume noir et des gants blancs attends sagement sur le perron ; le regard neutre, il me salue majestueusement, avant de m’inviter à pénétrer les lieux. J’en finis par perdre même l’usage de la parole pendant quelques secondes.

- Mademoiselle, bienvenue à Chartres, au château Saint Luge – Briquet, situé à 83 kilomètres de Paris ! Je m’appelle Martin, je suis le majordome ; Nous espérons que votre séjour se passera bien !

Il se décale et me laisse entrer ; je suis époustouflée par tant de splendeur ; le mot luxe est peut –être trop faible face à tout ce décor ! Cette magnificence et le caractère raffiné du cadre ne fait que confirmer toute l’opulence. Me questionnant encore sur le fait que le propriétaire serait il un noir ? Richard ? Difficile à croire ; je secoure la tête en guise de négation, ce qui attire l’attention de mon guide, le majordome, Martin.

- Un soucis Mad’moiselle ?

- Euh….Euh…. Non ! Non !

- Très bien ! Veuillez me suivre !... Votre chambre est située au premier ! Vous bénéficierez des services d’Arlette. Le petit déjeuner, le dîner et le souper sont servis tous les jours, à des heures régulières ; tous les après –midi vous pourrez faire de la balade dans le jardin, ou aller à la piscine, ou encore faire du cheval, comme vous voudrez. Si vous voulez sortir, aller visiter la ville de Paris ou autre, Etienne se chargera de le faire. Si vous avez un quelconque souci, vous n’avez qu’à avertir Arlette, ou bien vous pouvez vous servir de cette clochette que je mettrai à votre disposition et je viendrai à vous ! Voilà, je vous laisse entre les soins d’Arlette, elle se chargera du reste.

Arlette est parmi tous les employés, la plus jeune ; elle est métisse, et son accueil est un peu différent de celui de Martin ; avec ses gestes mécaniques, elle me sourit maladroitement et me donne l’impression de ne vouloir faire que l’essentiel de son travail.

- Bienvenue au château Saint – Luge Briquet ! Je suis à votre disposition pendant tout votre séjour ici ! Voici votre chambre…

Elle me précède rapidement et m’ouvre la porte, elle se dirige rapidement vers la fenêtre et ouvre grandement les rideaux qui éclairent aussitôt la pièce. Elle défait mon lit, et dépose rapidement le nécessaire de toilette sur la commode. Curieuse, je me dirige vers ladite commode pour voir ce qu’il y a comme produits de toilette. Il ne s’agit que d’une gamme de produits dont je ne sais si elle aura de l’effet sur ma peau noire. Arlette le constate lorsqu’elle me voit faire la moue. Elle se rapproche de moi et se confond en excuses, de façon maladroite, tout en m’arrachant poliment la trousse des mains.

- Je vous prie de m’excuser ! Nous avons l’habitude de n’accueillir que des personnes de couleur…

- J’ai compris, ne vous en faites pas ! J’ai apporté mes propres produits du pays !

- Oh ! Je vais me charger de vous fournir de bons produits de qualité, pour peau adéquate ! Me dit-elle en souriant faussement.

Son humour noir et son faux semblant naturel me mettent très mal à l’aise. A deux doigts de lui répondre, je préfère me retenir. De toutes les façons, femme de chambre ou dame de compagnie, peu importe, ça ne fait pas partie de mes mœurs. J’ai bien l’intention de dire à Martin, qu’il serait préférable de me retirer les services d’Arlette, mais ce dernier a fait la sourde oreille. Il est bientôt 10 heures du matin lorsque j’ai ma famille au téléphone ; ma mère en premier.

- Allo ? Ma chérie ? Tu es bien arrivée ? Comment s’est passé le voyage ? Tu es déjà installée ?

- Très bien, tout s’est très bien passé ! Comment va Rick ?

- Ça va, il te cherche, il ne comprend pas ! C’est normal, ça va aller, il va s’y faire !

- Le pauvre ! Il… il ne pleure pas trop j’espère ? Faudra pas souvent le laisser trop à découvert, tu sais qu’il est frileux, et … et aussi n’oublie pas de lui mettre son…

- Klariza ? Tout va bien ! Il vit ici depuis sa naissance, c’est moi qui t’ai donné toutes ces astuces !

- Oui… Je suis juste un peu inquiète ! Tu l’embrasses pour moi d’accord ? Tu lui dis pleines de bonnes choses sur sa maman !

- Il n’ y a pas de soucis! Claude te passe le bonjour également ! Elle attend les photos ! Nous tous d’ailleurs !

- Merci ! J’en ferai ! Je ne viens que d’arriver, le temps de bien m’installer et de me reposer aussi !

- J’espère que tu ne te sens pas trop dépaysée !

- Tu parles ! Papa est à côté ?

- Non, il est sorti ! A son retour il t’appellera !

- Oui ! Maman ! Je…Je suis dans un château, ici à Chartres !

- Oui je connais, le château Saint Luge-Briquet ! Tout se passe bien ?

- C’est beau, c’est … Je ne m’attendais pas à un tel…

- Tant mieux !

- Tu peux m’expliquer ?

- C’est bien ! Je suis rassurée ! Il sera très content !

- Mais tu ne me dis pas tout ! Pourquoi l’appelle-t-on « Excellence » ? Qui est – il ? ?

- Je pense qu’il le fera lui-même, il te parlera plus tard à son retour ! Aller, va te reposer… On se parle plus tard !

Je ne sais pas combien de temps j’ai dormi, juste après l’heure du dîner convenu à l’heure exacte, midi ! Quant au souper, je suis sûre et certaine de l’avoir manqué ; de toutes les façons, l’appétit n’y étant plus, je suis plongée dans mes pensées, elles vont directement vers mon fils ; à cette nouvelle vie, ce nouveau départ, une nouvelle occasion de me rattraper. Je sais que je n’ai pas droit à l’échec, je sais que je ne dois décevoir personne, en commençant par lui, Rick, ensuite mes parents, mais surtout Richard !

Comme s’il a su que j’étais réveillée, c’est exactement à ce moment précis que j’entends frapper à ma porte, Il s’agit d’Arlette ; je l’invite à entrer, elle tient un téléphone portable en main, qu’elle me tend.

- Bonsoir Mamzelle… Son Excellence au bout du fil ! Me dit-elle à mi-voix. Il n’a pas voulu appeler la ligne principale ; il dit que c’est privé !

- Merci ! Allo ? Papa ?

- Bonsoir ma petite… Bien reposée je présume ! J’ai pas voulu t’appeler plutôt ! Ta maman m’a dit que vous vous êtes parlé et que tu te reposais ! Ça va ? Bien arrivée ? Bien installée ?

- Ça va bien ! De ce côté il n’y a rien à redire !

- C’est rassurant !

- Justement il faut qu’on en… une seconde papa !

Je ne me suis pas rendue compte de la présence d’Arlette ; elle est toujours là et fait mine de de s’occuper à faire du rangement.

- Arlette ? Tu pourrais me laisser seule un instant ? Je suis au téléphone !

- Ah oui ! Bien sûr ! Veuillez m’excuser, j’ai voulu en profiter pour ranger votre chambre et je …

- Non ça va ! Merci !

Elle se retire tout en me dévisageant mystérieusement, me donnant l’impression de vouloir en savoir plus sur moi, ou plus précisément ma relation avec mon interlocuteur. Le fait qu’elle m’entende appeler « Son Excellence » par papa ! l’a tout de suite intriguée, je l’ai senti. Une fois seule, je me permets de d’accabler mon père de questions.

- Papa ? Je suis confuse… Ce château ! C’est un palais ! Excellence ???

Je l’entends juste glousser à l’autre bout du fil, moi ayant bien l’air ridicule.

- Ahahaha ! N’aie crainte ! Je suis ne suis ni diplomate, ni ministre ou quoi que ce soit… C’est un surnom qui m’a été donné comme ça, en France!

- Quoi ?

- Eh oui ! Dès le jour où j’ai épousé en première noces, Bernadette… de Saint Luge – Briquet ! Une fille de la bourgeoisie française, c’est ça qui m’a valu ce surnom !

- Hein ???

- Yes ! Fille unique et descendante d’un certain Baron… Je te passe toute l’histoire ! Je l’ai rencontrée lorsque j’étudiais aux États – Unis, voilà ! après sa mort; j’hérite du château en question, mais qui ne me sert presque à rien, je l’ai transformé en maison d’hôtes !

- Je comprends tout ! C’est tellement…

- Oui c’est magnifique, mais ne te leurre pas ! Tu n’ y restera que quelques jours, juste avant ta rentrée ; Etienne t’accompagneras jusqu’à Montpellier…Tu n’es pas allée là-bas pour mener une vie de princesse, détrompe toi ! Rien n’est facile dans la vie !

- Je ne suis ici que dans un certain but, celui de me garantir une vie bien meilleure que celle d’avant, celui de me battre et de prouver à tout le monde que je peux me rattraper et qu’il n’est jamais trop tard…

- Bien parlé ! Pour l’instant tu te reposes, tu te balades un peu! Tu es aux bons soins du personnel là-bas, j’ai donné des instructions pour que tout se passe bien…Et …co… comment elle va Arlette ? Comment ça se passe avec elle ?

- Euh… Vous venez de vous parler au téléphone je pense ! Avant qu’elle ne me passe le combiné !

- Je ne cause pas de cette manière avec les employés ; sinon tout se mélange !

- Dans ce cas … Je peux te dire que tout se passe bien avec elle, je ne viens que d’arriver, je verrai au fil de jours.

- Ok ! Elle a le même âge que toi, mais ça ne veut pas dire qu’il doit avoir un certain amalgame, faites gaffe ! Je connais bien les jeunes filles à cet âge-là, et qui se rencontrent pour la première fois ; parfois il y a un déclic et parfois non, je pencherai pour la seconde option !

- J’essaie de te comprendre, mais là, vu ta façon de parler à demi-mot, je ne suis pas sûre de vraiment saisir le sens de ta phrase !

- Essaie de faire en sorte qu’Arlette reste professionnelle avec toi d’accord ? Elle est nouvelle et n’a pas encore acquis assez d’expérience ! Je ne veux pas la faire renvoyer, sinon elle est perdue !

- D’accord j’ai compris, message bien reçu ! On dirait que tu la connais très bien !

- Tu poses trop de questions ! Contente-toi de suivre mes recommandations ! Pour l’instant je te prierai de ne rien dire à ta mère ! je le ferai moi-même, le moment venu ! Elle connait bien tous les employés, sauf Arlette !

- Ok pas de soucis ! Je dirai rien !

- Ça marche ! Aller ma petite, profite encore des derniers rayons de soleil, parce qu’après ça, j’te dis ça va cailler !

En raccrochant, je souris tout simplement ; Excellence n’est qu’un sobriquet en fait, rien de plus, et le château est celui dont il a hérité de sa défunte épouse. La complicité qui est née entre Richard et moi n’a pas son pareil ; il représente bien valablement celui dont j’ai tant rêvé avoir comme père. J’ai toujours apprécié son petit côté à la fois blagueur et sérieux ; en fait parce qu’il est de nature très calme que cela ressort facilement. Mais j’ai surtout été très étonnée de constater qu’il se soit ouvert à moi avec aisance, signe que les temps ont bien changés, il veut tout simplement que nous restions dans la vérité, mais il n’a pas tout dit sur Arlette…

Arlette, j’ai sursauté, en pensant lui remettre le téléphone. Tout en me dirigeant vers la porte, j’ai l’intention d’aller vers elle, mais grande est ma surprise lorsque j’ouvre et que je la trouve plantée là, devant moi.

- Arlette ??? Tu fais quoi là devant ma porte ? Tu… tu écoutes aux portes ?

- Euh… Excusez-moi, je n’étais pas devant votre porte, mais je…

- Tu n’arrêtes pas de t’excuser…

- Euh… Je vous prie de m’excuser de …de… m’excuser !

Me dit-elle encore avant de récupérer le téléphone et de s’en aller, toute honteuse.

Le reste du séjour se déroule sans heurt je dirai. En une semaine j’en ai appris plus qu’il n’en faut, à propos de l’ex belle famille de Richard, son origine, son histoire, ses biens et tout le patrimoine donc les autres membres s’en occupent valablement, à part le château qui lui revient de tout droit. J’ai aussi appris comment Richard a souffert de la maladie de Bernadette et de comment il est resté à ses côtés jusqu’à ce qu’elle rende l’âme. J’ai compris pourquoi il ne peut pas vivre ici, cela ne ferait que raviver tous ces souvenirs, et de plus, il a refait sa vie…

Question balades, j’en ai eu ma dose ! Martin avait bien raison, je ne me suis pas ennuyée, du tout ; seuls la solitude et la distance qui me séparent des miens me rendent un peu triste ; bien qu’on se parle au téléphone tous les jours. Mais à peine ai – je raccroché que je me sens à nouveau envahie par le même sentiment ; ils me disent tous que ça me passera, ils me rassurent tous les jours qu’ils seront là à Noël.

- Oui ! Tu auras ton fils avec toi à Noël !

- Oui ça sera mon cadeau de Noël !

- Attends… Claude est là elle veut te parler !

- Ok ! Passe là moi…Allo ? La tata ?

- Mekmekmek ! C’est qu’on ça qu’on fait ? Donc si je ne demande pas à te parler toi tu ne le fait pas ?

- Weee ma tata ! Chaque fois que suis au téléphone avec maman ou papa, je demande toujours de tes nouvelles ! Ne te fâches pas !

- En tout cas … J’ai un kongossa gros comme ça ! (Kongossa,c'est un terme populaire du Cameroun désignant les rumeurs publiques, le bouche-à-oreille et les commérages de quartier).

- Raconte !

- Euille ! Dans la maison de qui ? Tu veux qu’ils me jettent dehors ? Je passe le week end ici ! Est-ce que je respire ? Ta mère et son mari me sollicitent tout le temps !!

- Tu sais que tu as toujours été très indispensable !

- Ils me dérangent ! Aka !

- Donc tu ne peux rien me dire ?

- Nooon ! Je te dirai quand on se verra …A Noël !

- D’accord ! Eh quoi ? Tu seras ici à Noël ? Toi aussi ?

- Tsuip ! C’est pas leur chose de blancs là ? Je dois me faire soigner !

- Tu as quoi ?

- Rien !!! C’est Richard et ta maman, de connivence avec ces foutus médecins ! Ils disent que je suis malade… En tout cas si je viens là-bas ! Tu me gardes bien au chaud tout ce que tu peux trouver comme alcool… et du fort s’il te pait ! Blague à part !

- Ahahahah ok ! Je sais que tu es très sérieuse !

- Voilà ! Bon je vais aider ta maman, je te laisse ! Aller Bisous ! Bisous !

- Bisous ma tata ! Je vous embrasse tous ! Repasse-moi maman s’il te plait !

En raccrochant quelques minutes plus tard, je me sens quand même soulagée, apaisée, j’ai le sourire aux lèvres, rassurée de savoir que même mon p’ti bout de Rick va bien ! Je sursaute une fois de plus lorsque je me rends compte qu’Arlette est bien présente dans ma chambre, entrain de plier le linge ; elle a tout suivi, puisque j’ai mis le haut-parleur, et je me suis allongée sur le lit.

- Arlette !!! C’est pas décent ça ! Tu m’espionnes ou quoi ?

- Je vous prie de m’excuser… Mamzelle Klarissa ! Vous … vous avez beaucoup de chance !

- Pourquoi tu dis ça ? Est – ce une raison de le faire? De suivre toutes mes conversations ?

Elle baisse la tête honteuse.

- Tu peux me le dire ? Que se passe-t-il ?

- Je … Je suis désolée … Je … je n’ai pas le droit de parler, bref de m’étaler de long en large… Je vous promets, ça n’arrivera plus !

- Qui te l’a interdit ? C’est son Excellence ?

Consciente de la gaffe quelle vient de commettre en suivant toute ma conversation, elle me donne l’impression de se sentir mal, elle lâche le linge qu’elle tenait en main, et se tient plutôt la poitrine, elle fonce tout droit vers la porte pour s’en aller, je me lève aussitôt et je la retiens.

- Tu te sens mal ? Ça ne va pas ?

- J’ai… envie de vomir ! Ça … ça me prend tout le temps maintenant !

- Viens, tu peux le faire dans ma salle de bains, vas-y !

Pendant qu’elle se vide les boyaux, j’arpente lentement la pièce, en proie à mille et une questions…Elle est enceinte, c’est clair ! Je connais ça, pour en être passée par là. J’ai le cœur qui fait de gros bonds dans ma poitrine ; je n’arrive pas à chasser ce qui me vient tout droit à l’esprit, et je murmure entre les lèvres.

- Serait-ce sa concubine? C’est pas vrai ! Et elle serait enceinte de lui ! Tout porte à croire que … Elle et lui auraient fricotter lors de son dernier séjour ici, il y a un mois avant, lorsqu’il est venu pour ses affaires et en l’occurrence s’occuper de boucler mon inscription à Montpellier…Seigneur !!! Noooon !!! Surtout pas ça !

- Mamzelle…j’ai fini ! Désolée de vous importunez autant !

- Arlette ! Arrête ! Tes excuses à tout va me donnent l’impression que tu t’accuses en permanence et tu culpabilises.... Tu es bien enceinte n’est-ce pas ?

- Oh Non !!! Snif !!! J’ y arriverai pas ! Non…Je … ne peux pas ! Snif !

Cette fois ci elle sort en courant, en pleurant tout en lançant des paroles très touchantes.

- Ne t’en va pas ! Reviens s’il te plait ! Reviens !

Il est plus de 22 heures ; c’est une heure très inconvenable et il ne faudrait pas que Martin nous surprenne dans les couloirs, surtout pas moi entrain de suivre… ma dame de chambre ! Mais je prends le risque de la suivre, même lorsqu’elle dévale les escaliers, je la suis ! Même lorsqu’elle emprunte un second puis un troisième couloir étroit, je la suis ! Même lorsqu’elle ouvre cette porte étroite, du sous-sol, je l’a suis ! Elle y pénètre et me fait découvrir son univers à elle, une chambre plus petite, assez coquette, qu’elle a pris le soin de décorer elle-même, je le sens.

- Arlette… On doit parler !

- Que veux-tu savoir ?

- Je pense que toi et moi avons le même âge ! Alors on peut partager certaines choses…Dans le secret !

- C’est interdit ! Tu le sais tout aussi bien que moi !

- Je sais mais parfois certaines règles ont besoin parfois d’être violées pour ne pas être poussé à commettre le pire ! Ne fais surtout pas ça ! Tu risques le regretter !

- Non ! Je ne peux pas le garder ! Ma déception est trop grande tu ne peux pas savoir à quel point j’en souffre…

- Je sais…Je devine… Je sais ce que c’est !

- Tu n’en sais rien ! Il m’a presque menacée ! S’il apprends que je suis enceinte, il va peut être me tuer ! C’est clair qu’il n’en veut pas ! Mais j’laime !

- Garde-le ! Je… te soutiendrai ! !

- Me soutenir ? Mais de quelle manière ? Tu pars bientôt pour Montpellier, je serai toute seule ! C’est bien la première fois qu’une fille de mon âge comme toi veuille se soucier de moi ! En général, c’ est toujours moi qui me soucie des hôtes qui viennent séjourner ici ! Tu es bien gentille, je l’ai senti ! Au début j’appréhendais un peu tes réactions, mais au fil du temps je me suis radoucie avec toi, sans même que tu ne t’en rendes compte… Quand j’ai su que tu avais aussi un fils, ça m’a encore plus alertée ! Et… et quand j’ai su que tu étais non pas une connaissance, mais… la fille de son Excellence … Richard… je… je …

- Oui je le suis, mais tu peux tout me dire, n’aie crainte, le secret, je saurai le garder ! La seule chose que je te demande c’est de ne pas te faire avorter…Pour l’amour du ciel, ne le fais pas ; j’ai un fils, comme tu viens de l’apprendre… C’est la prunelle de mes yeux, son père m’a laissée tomber à la dernière minute, pendant que j’accouchais, il se mariait avec une autre… Mais je n’en suis as morte ! J’ai tenu bon ! Il y a toujours une voie de sortie pour tout le monde, quel que soit le cas, crois-moi ! Tu ne peux pas ôter la vie de ce futur bébé, il est innocent… même si le géniteur est un homme assez respectable, accepte même qu’il te bannisse de son existence, plutôt que de te débarrasser de cette grossesse ; lui il se protège et veut tout simplement garder sa dignité et préserver son mariage ; c’est bien lui n’est-ce pas ?

- Je te remercie Klariza pour la profondeur de tes paroles, elles me touchent et me redonnent un peu d’espoir, mais j’ai vraiment besoin de lui ! Tu… tu comprends ?

- Attends tu t’imagines le scénario ? Toi et lui… Son Excellence, bras dessus, bras dessous ? Comment vas-tu gérer ça ?

- Mais… tu… tu parles de qui ? De son Excellence ? Mais noooon ! Il ne s’agit pas de lui !

- Quoi ? Mais qu’est-ce que tu dis ?

- C’est pas lui !

- C’est qui alors ?

- Son neveu !

- Son neuveu ? Le neuveu de … de …

- De Richard oui !

Une lumière dans les...