Chapitre 20: Doutes
Ecrit par Lalie308
Toi et moi, pour toujours.
Toi sans moi, plus rien autour.
-~-~
Harry
—Tu as passé la nuit avec lui ?
C'est la seule chose que je parviens à lui demander. Je sais que je n'ai aucun droit de lui poser une telle question dans le cas présent, parce que je suis et agis constamment comme un idiot.
— Je... Non. Enfin si. Bref on s'est endormis. Que veux-tu Harry ?
Son ton est froid, accusateur. Elle me scrute de son regard marron perçant sans même cligner des yeux. Je déglutis difficilement en battant lentement des cils devant le visage fermé de Ginger.
—Te parler, soupiré-je.
Elle me laisse entrer, mon regard reste accroché sur Liam.
— Salut, bon je vous laisse, fait ce dernier avant de sortir illico presto.
La belle illusion de la veille semble déjà s'effondrer comme un mur de carte soufflé par un vent inattendu. Je la sens déjà, cette barrière qui se construit entre Michelle et moi. Je ne laisserai pas faire, j'ai besoin d'elle.
— Oui ? m'invite-t-elle à parler alors que rien ne semble troubler son flegme.
— Je ne t'ai plus revu hier, commencé-je en me grattant nerveusement la tête.
Je tends mes bras vers l'avant avant de les fourrer dans les poches de mon jean.
— J'ai voulu venir plus tôt, mais je ne savais pas comment en parler, avoué-je de plus en plus stressé.
— Tu étais assez occupé, répond-elle en prenant le pot de glace posé sur la table basse.
La glace que contenait le pot a complètement fondu. Sans m'accorder un regard de plus, Michelle se dirige vers la cuisine. Je la suis. Je lui prends doucement la main après qu'elle ait déposé le pot puis la pousse à me faire face.
— Je suis désolé.
— C'est bien facile d'être désolé Harry, rétorque-t-elle exaspérée en se détachant de moi. Mais je ne sais pas si je peux supporter de te voir filer le parfait amour avec elle alors que...
J'attends qu'elle finisse sa phrase, mais elle soupire en la laissant en suspend.
— Oublie.
La frustration est à son comble, je ne sais pas comment me comporter. Je n'ai jamais eu à gérer une vraie relation, à faire avec des sentiments, de vrais sentiments.
— Je vais me brosser les dents, fais comme chez toi.
Elle me plante dans la cuisine. Je n'ai aucune idée de ce que je dois faire. Elle revient quelques minutes après, se sert des céréales et du jeu de pomme puis s'installe en m'ignorant. Je reste debout comme un pic à l'observer.
Des larmes se mettent soudainement à rouler sur ses joues tandis qu'elle s'efforce de les nettoyer et de manger. Je me rapproche d'elle pour lui prendre les mains.
— Non, ne pleure pas s'il te plait. Ecoute, je vais arrêter tout ça avec Audrey. Je...
— Non Harry. Elle sera dévastée et ça élèvera les soupçons. Je ne sais pas si on doit continuer...
Sa réponse transperce chacun de mes organes. Mon visage doit exprimer toute la peur que je ressens en ce moment précis de perdre ce joyau que je viens à peine de découvrir, de perdre Michelle.
— Non ne dis pas, tu sais que je n'y arriverai pas. Je ne réussirai pas à m'éloigner de toi.
Je lui serre plus fort les mains.
— Hier je jouais mon rôle à Homel. Avec toi, je suis moi. S'il te plait Michelle, la supplié-je.
— Et si je tombais amoureuse de toi ? lance-t-elle du tac au tac en me regardant droit dans les yeux. Que vais-je en faire?
Je recule légèrement, pris au dépourvu par la franchise de sa question. Je me souviens lui avoir dit que jamais je ne pourrai tomber amoureux, parce que l'amour est dangereux.
Pourtant, j'ai parlé sans vraiment réfléchir. Je n'ai laissé que le Harry qui s'acharne à gâcher sa vie parler. Et je ne veux plus être celui là. Michelle continue la voix tremblante.
— Tu vois ? Le problème n'est pas seulement Audrey ou Homel, mais toi Harry. Je ne sais pas si tu veux vraiment de moi ou...
Je la coupe en me saisissant doucement de ses lèvres, elle ne répond pas au début, mais se laisse finalement aller au rythme de notre baiser. Elle finit par se lever tandis que je l'étreins fortement avec son dos collé au comptoir.
J'ai besoin d'elle, son parfum envahit mes narines, je m'en imprègne autant que possible. Il y a ça, ce désir, cette envie croissante qui me submerge et qui m'implore de ne jamais la laisser partir.
— Donne moi une chance Michelle, la supplié-je.
— J'ai peur Harry, m'intime-t-elle à travers ses larmes.
— Moi aussi, mais être avec toi me suffit, lui avoué-je.
Je n'aurais jamais pensé dire de telles paroles un jour, et encore moins ressentir ce que je ressens. Elle a peur de tomber amoureuse de moi ? Moi j'ai peur de déjà l'être d'elle.
Mais quand j'aime, c'est une malédiction pour la personne aimée, je le sais trop bien. Mais je n'arrive pas à m'éloigner d'elle.
Elle sanglote dans mon coup tandis que je l'étreins toujours avec tout l'amour que je peux. C'est fou, je parle d'amour en aussi peu de temps. Pourtant je sais que ce que je ressens en est au-delà.
Je sais que l'amour n'est qu'une farce, mais c'est le seul terme qui existe pour décrire cette addiction pour elle. Je suis fou d'elle, imprégné d'elle. C'est arrivé si vite que je ne m'en suis pas rendu compte.
Nous nous asseyons finalement et elle reprend son petit déjeuner.
— Que faisait Liam ici ? Je pensais que vous étiez fâchés ?
Elle glousse en avalant sa bouchée.
— On s'est réconcilié.
— Ah d'accord. Et, hum, tu es sûre que vous n'êtes qu'amis ?
La jalousie se fraie un chemin mauvais en moi, mais je ne la repousse pas.
— Comment peux-tu me demander une chose pareille ? Tu penses que je serai capable de faire une chose pareille ? s'emporte-t-elle. Dis-le tout de suite si tu cherches un moyen de te séparer de moi, se lamente-t-elle ensuite en fondant en larme.
Wow...
— Tu as tes règles ? lui demandé-je, sceptique.
Elle acquiesce en nettoyant ses larmes. Il n'y a que les hormones pour rendre une femme aussi lunatique.
— Depuis ce matin, ajoute-t-elle.
— Je comprends mieux.
— Mais ne t'inquiète pas, avec Liam il n'y a rien, reprend-elle calmement.
Nous passons le reste de la matinée à discuter. J'essaie d'être là pour elle pendant cette période relativement compliquée pour une femme.
— Oh, mais tu ne travailles pas aujourd'hui ? On est que jeudi, m'interroge-t-elle.
Nous sommes confortablement allongés dans son sofa, elle a la tête posée sur mon torse et une compresse chaude sur le bas du ventre, de temps à temps elle grimace en tirant sur le sofa.
— On a tous droit à l'imperfection, je me contente de lui répondre.
Quelques secondes de silence s'écroulent, ma vie avant et après Michelle défile sous mes yeux. J'ai tellement recherché cette personne qui me fera passer à autre chose que l'avoir trouvé me fout les jetons.
— Merci, murmuré-je.
— Pourquoi ?
— D'exister. Si tu n'existais pas, je pense que jamais je n'aurais eu la chance d'exister comme maintenant.
Elle redresse sa tête pour poser son menton sur mon torse, l'air perplexe, mais un sourire se fraie un chemin sur son visage.
— Je n'aurais jamais pensé qu'un jour tu me regarderais ainsi. Je pensais que le baiser du bar n'était qu'une déviance, confesse-t-elle.
Je me contente de lui embrasser le front. Je le pensais aussi.
*
Michelle
Le mois d'Août est passé telle une fusée, entre les entraînements avec le coach, mon job non lucratif chez Homel, la fin de la première correction du Cercle de la dérision, les marathons avec Harry pour ne pas se faire choper, spécialement quand des envies trop pressantes se saisissent de nous et toute la panoplie de délits, je n'ai pas vu le temps passé.
Audrey avait voyagé tout le long du mois, Harry et moi n'avons plus passé la nuit ensemble puisqu'il a toujours insisté pour rentrer, pour une raison qui m'est encore inconnue. J'aurais aimé me perdre dans ses bras chaque nuit, pour mieux rêver de lui. Tania est encore plus excitée que moi au vu de ma relation avec Harry, Cyril est à cheval sur nous, parfois je me demande s'il ne me déteste pas.
— Tu viens Ginger ?
Je m'étais stoppée en pleine rue pour penser. Je souris timidement à Harry qui me fait face puis lance un regard peu rassuré au London eye.
— Euh, je ne suis pas sûre de toujours vouloir faire ça, avancé-je.
— Aller viens, au pire je te pousserai par les vitres, me nargue-t-il en souriant.
Harry. Je ne sais pas comment le décrire, il est juste différent du début. Son sourire et son ouverture ne sont plus des façades, mais sa personne réelle. Harry est un être divinement sociable qui fait semblant d'être sociable en pensant être asocial. Il rebrousse chemin pour me conduire vers l'entrée d'une cabine du London eye, main dans la main.
Quelques minutes après, nous nous retrouvons dans l'une des cabines. Dès que l'attraction démarre, je sens les battements de mon cœur s'accélérer. Bon Dieu ! Je m'accroche à Harry tandis que le paysage londonien navigue sous mes yeux.
— Suis-je la seule à avoir regardé destination finale ici ? Imagine qu'on meurt tous. Que la cabine se détache, Harry, imagine que la roue elle-même se détache. Non, pire, et si les gens se transformaient en zombie. Ou...
Il plaque ses lèvres sur les miennes pour me faire taire. Mes inquiétudes partent en fumée tandis qu'une chaleur se promène dans mon ventre, ses doigts frôlant mon cou provoquent un frisson le long de mon échine.
J'ouvre enfin un œil pour remarquer les quelques regards sur nous. Les joues empourprées, je me détache d'Harry en baissant la tête. Il affiche un sourire en coin que je lui rends timidement. Je souffle longuement pour enfin admirer le paysage en dessous.
À la fin de cette merveilleuse soirée, nous prenons par un magnifique restaurant qui accentue le romantisme. Sous éclats de rire, baisers, vol de nourriture dans l'assiette de l'autre, taquinerie, nous quittons enfin le restaurant sous les regards stupéfaits des clients puisque j'ai eu à imiter le singe pour montrer à Harry à quoi Jack me fait penser.
Nous échouons chez moi. À peine mon sac frôle-t-il la table que je sens les bras d'Harry encercler ma taille par derrière. Ses lèvres froides déversent des pluies de baisers sur mon cou.
— Monsieur a toujours faim à ce que je vois, le taquiné-je.
— Atrocement, murmure-t-il d'une voix rauque.
Je fais volte face, réponds aux baisers fiévreux, promène mes mains sur son corps, embrasse son cou, son visage. Il sent si bon. Dès que nos vêtements sont retirés, il s'étend sur le sofa puis me tire sur lui.
J'embrasse son torse, promène mes doigts sur son corps, encore, déguste la texture de sa peau. Il me ramène à lui, m'embrasse fougueusement puis nos corps fusionnent, avec pour témoin la pénombre et les étoiles.
— Tu restes ce soir ? lui demandé-je doucement en dessinant des cercles sur son torse.
— Je ne peux pas Michelle.
— Pourquoi ? Tu vis seul et tu m'as bien dit que ta maison te déprime.
— Je ne peux pas, rétorque-t-il un peu sèchement.
Je fronce les sourcils puis me redresse en enroulant une couverture qui traîne sur le sofa autour de mon corps nu. Il se passe la main dans les cheveux en soupirant.
— Tu ne vas pas te fâcher pour ça, geint-il en se redressant à son tour.
— Pourquoi Harry ? me contenté-je de soupirer, le regard fixé sur un point devant moi.
Involontairement, son comportement me blesse. Il se rapproche de moi, puis me tire vers lui avant de remonter mon menton pour que nos regards se croisent.
— Crois-moi, je veux rester, mais je ne peux pas.
— Pourquoi ? Tu vas voir Audrey ?
La phrase m'échappe, mais je ne trouve aucune signification logique au fait qu'il ne me veuille plus chez lui et qu'il ne reste jamais avec moi le soir. Il soupire d'exaspération avant de se lever.
— Je ne comprends pas pourquoi tu veux rendre ça compliqué Michelle. Je fais assez d'efforts, contente toi-en pour l'instant.
Je n'arrive pas à croire à ce que j'entends. Je me lève excédée puis prend le chemin pour la salle de bain.
— Bonne nuit Harry.
Je n'entends aucun réponse de sa part. Je prends une douche pendant laquelle je laisse quelques larmes couler. Je suis consciente des efforts d'Harry.
Mais je sais aussi pertinemment que quelque chose se cache sous son attitude. Lorsque je reviens dans le salon, je ne le vois plus. Il est vraiment parti. Je verrouille la porte puis me laisse tomber sur le sofa en grognant.
Je prends mon Mac pour regarder en boucle des séries comédie du Bénin pour me changer les idées. J'ai décidé de ne pas faire tout un plat de cette affaire et me rendre folle avec Harry.
Voilà pourquoi j'ai si peur de m'attacher, et d'une manière inconsciente, ma conscience m'a toujours poussé à me lasser pour m'inviter ça. Mais devant Harry, elle a échoué.
La sonnerie de mon téléphone me ramène à la réalité.
« Pardonne-moi. Je ne peux juste pas. Je ne veux pas te perdre. »
Je soupire à la fois de faiblesse et de soulagement en voyant le message d'Harry. Cet homme me rend folle, accro. Mais j'ai l'étrange certitude que c'est trop beau pour être vrai. Trop beau, pour moi.
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Un petit chapitre transitif. Vos avis?
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Lalie