CHAPITRE 20:Retour à mes origines
Ecrit par kaynaliah
Dans la tête de Maira
Je suis trop honteuse à présent oh la la. Mais qu’est-ce qui m’a pris
de me comporter de la sorte avec lui ? J’ai grave merdé. Il a toujours
détesté ce genre de comportement. Oh Mon Dieu la honte ! Je me demande
quelle image il a de moi maintenant. Je suis vraiment trop conne.
Pourquoi ai-je agi de la sorte ? Cela fait trois jours que cet épisode
s’est produit et j’ai honte même quand on se parle au téléphone. Quand
il est sorti de chez moi la dernière fois, j’avais trop honte. Un
immense sentiment de gêne et de regret s’est installé. Mine de rien, sa
dernière phrase à mon égard m’a choquée et destabilisée. Il a cru que je
voulais faire de lui un sex-toy ou sex-friend et je ne sais quoi
d’autre. J’ai conscience que je me suis mal comportée avec lui mais
quelle image a-t-t-il de moi à présent ? Je me suis sentie tellement
nulle que j’aurai souhaité me cacher dans un trou de souris. S’il ne
m’avait pas appelée le lendemain, je n’aurai jamais eu le courage
d’aller vers lui. Il m’a parlé calmement mais je ressentais un peu comme
de la retenue dans sa voix. Je ne sais pas. Il m’a rappelée hier pour
me donner des informations sur les recherches de Deborah mais au final
il a préféré qu’on se voit pour le faire car cela n’était pas du tout
approprié au téléphone. Il avait raison sur ce plan. Il est donc venu
chez moi mais a préféré s’asseoir à une bonne distance de moi. Ca y est !
Je crois qu’il a une sale image de moi et qu’il préfère être loin de
moi. En tout cas moi-même je l’ai cherché. Je ressentais de la dureté
dans sa voix et dans son regard quelquefois.
Il m’a expliqué
que Deborah est entrée en contact avec une de ses amies qui travaille à
Lagos. Son amie a une connaissance qui travaille à Abuja et qui a réussi
à nous trouver ce qu’on voulait : mon dossier médical, ceux de ma sœur
et de ma mère. Malia et moi sommes nées le 22 octobre 1988 à Abuja à
18h03. Nous sommes nées en parfaite santé. Rien à signaler de notre
côté. Quant à ma mère, elle a été hospitalisée à l’hôpital Al-Hassan à
la suite d’un accident de voiture qui l’a plongée dans un profond coma
dont elle ne sortira jamais. Nous sommes nées par césarienne. Elle a été
enregistrée sous le prénom de Rêve lors de son admission à l’hôpital et
personne ne se doutait qu’elle n’était pas ce que sa sœur prétendait.
Notre tante nous a sorties de l’hôpital cinq jours après notre
naissance. J’ai vu la signature apposée au document et c’est bien elle.
Nos grands-parents ne nous ont jamais vues. Dès que nous sommes sorties
de l’hôpital, on se retrouvait dans un avion direction Abidjan. Pendant
ce temps, nos grands-parents nous cherchaient et avaient lancé un avis
de recherche ainsi que déposé plainte contre leur fille pour enlèvement
d’enfants. Vu qu’elle n’a pas voyagé avec la bonne identité, il a été
impossible de la retrouver durant ces années en gros. Mon grand-père
s’est toujours reproché de ne pas avoir fait le rapprochement et cela
l’a profondément affecté au point de tomber malade. Ma mère est morte il
y a 7 ans car après autant d’années, cela ne servait à rien de la
laisser brancher car son cas était sans espoir. Ses parents ont préféré
la débrancher car même si elle se réveillait, elle aurait été un
véritable légume. Elle est décédée le 5 septembre 2006 à 11 heures du
matin et je ne sais même pas ce que je faisais à ce moment là. Je suis
restée encore plus sans voix quand je revois la façon dont Rêve a volé
la vie de ma mère. Elle a épousé mon père 2 ans après notre naissance à
l’hôtel communal de Cocody. Je comprends pourquoi elle disait toujours
qu’elle était orpheline et surtout sans famille. Elle ne pouvait pas se
rendre tout simplement au mariage car elle aurait été mise en prison
pour usurpation d’identité et kidnapping. Je revois tout comme dans un
film. Je me dis que finalement elle préférait Malia parce qu’elle se
voyait en elle.
J’ai demandé à Ross de m’emmener à Abuja car je
voulais rencontrer ma famille maternelle et aller aussi sur la tombe de
ma maman. Comme je dois partir en express, Ross m’a proposé de
s’occuper pour moi pour tout ce qui est formalités pour entrer au
Nigéria. Cela me fit énormément plaisir car il fallait que je règle tout
par rapport au déménagement de mes affaires pour Abidjan. J’ai dû tout
ranger toute seule au début et ensuite Ross est venu m’aider mais
c’était vraiment bizarre car je le sentais éloigné de moi et j’ai
compris que cela est dû à mon comportement avec lui d’il y a quelque
jours. Tout a été emballé et disposé dans la cave. Merci Ross pour ton
aide. On a donné les instructions au régisseur de l’immeuble qui devra
accueillir les déménageurs. De là, j’ai récupéré mes bagages et j’ai
suivi Ross à son hôtel. Avant, nous nous sommes arrêtés à l’agence de
voyages prendre mon billet d’avion. Arrivés à l’hôtel, Ross me dit que
je pourrais occuper sa chambre et lui sera dans la salle de séjour qui
est dotée de canapés-lits. Ce fut vraiment galant de sa part et gentil
mais ça me gênait malgré tout. On est descendu manger au restaurant de
l’hôtel avant de remonter. Ross terminait ses bagages dans la chambre et
moi je suis restée au salon pendant ce temps à regarder une émission
sur les animaux sauvages. Je l’entendis par la suite parler sur skype
avec Deborah. Elle lui disait qu’elle avait hâte de le revoir et de lui
présenter aussi une de ses collègues célibataire. Il rigola un moment et
lui dit d’arrêter d’essayer de le caser. Mon cœur même a piqué en
entendant ce que sa sœur lui a dit. J’ai augmenté le volume de la télé
pour ne pas entendre le reste de la conversation.
Quelques
temps plus tard, alors qu’il était à la salle de bains prendre une
douche, je m’éclipsai dans la chambre. Je mis ma nuisette et
m’allongeai. J’avais les yeux fermés quand j’entendis la porte s’ouvrir
Ross entra en chantant et je crois qu’il n’a pas du tout remarqué que
j’étais allongée sur le lit. J’avais ouvert les yeux et je le
contemplai. Des flashs de notre passé refirent surface mais j’essayai de
me forcer à ne pas y penser car si je m’écoutais là j’aurai
certainement bondi sur lui. Il portait une serviette blanche nouée
autour de ses reins et de l’eau dégoulinait le long de son dos et de son
torse. Il était vraiment à croquer. Je crois que j’ai émis un soupir
tant j’essayais de me contenir et qu’il a fini par entendre. Il se
retourna et regarda vers le lit. Il m’a vue. Il s’est juste excusé car
il pensait que j’étais toujours au salon avant de s’éclipser avec ses
affaires dans la salle de bains. Il en ressortit vêtu d’un tee-shirt
blanc et d’un jogging. Il avait encore les cheveux humides. Il récupéra
son téléphone qui était posé sur la petite table et appela la réception
pour qu’on le réveille à 8 heures. Son parfum emplit la pièce. Il me
souhaita une bonne nuit avant de se rapprocher vers la porte pour se
rendre au salon. Je ne sais pas pourquoi mais je voulais dormir avec
lui. Pas pour faire quoi que ce soit mais juste dormir. Il me regarda un
moment avant de se rapprocher de moi , de s’allonger sur le lit et de
me serrer contre sa poitrine. Il sentait tellement bon et je me sentais
bien. Avant de s’endormir, il me posa la question qui fâche : « Pourquoi
agis-tu comme tu le fais MAira ? Elle est où la femme que j’aime et qui
ne faisait pas…tout ce que tu fais ? ». Je ne savais pas quoi dire car
je n’avais pas de réponse de toute façon à lui fournir. Je finis par
m’endormir moi aussi.
Là nous sommes dans l’avion direction
Paris avant de prendre une correspondance pour Abuja. Ross est plongé
dans certains dossiers professionnels avant de se mettre à réfléchir et
de s’endormir. Il est vraiment beau quand il dort. Je me souviens que
j’aimais tellement le regarder quand il dormait. Cela remonte à
tellement loin et ça me fait penser à la personne que j’étais. Je sens
que j’ai réellement déçu Ross et ça me fait mal. Même s’il ne dit rien,
je sais qu’il est extrêmement déçu et ça me fout les jetons car il n’y a
rien de pire que le silence et celui de Ross est vraiment
exceptionnel…ça je peux vous le confirmer. On a perdu un temps fou à
Roissy avant d’avoir notre vol pour Abuja. Dès qu’on s’est assis, on a
dormi d’une traite. L’hôtesse nous réveilla pour prendre le repas mais
seule moi ai eu la force de me réveiller. Ross était trop fatigué le
pauvre. Il n’a donc rien mangé jusqu’à notre arrivée à Abuja. Il était
19h33 quand nous avons atterri à l’aéroport Nnamdi AZIKIWE à Abuja. On a
perdu un temps fou pour sortir de l’aéroport. On s’est dirigé avec nos
bagages vers la sortie et un chauffeur nous attendait portant une
pancarte avec le nom de Ross. Il nous conduisit au Sheraton Hôtel où
deux suites nous attendaient. Ross m’a clairement dit qu’il est lessivé
et qu’il a besoin de repos donc on ne se verra que demain.
……………………………………………………………………
Il était hors de question que je dise à ma famille où je me trouvais
donc je leur ai dit que j’étais à Dakar, au Sénégal chez une de mes
copines. Vaut mieux qu’ils ne sachent rien pour l’instant. Je me suis
réveillée ce matin plus reposée que jamais. J’ai pris une douche et suis
sortie de ma chambre pour aller prendre mon petit-déjeuner. Mais avant,
je suis allée cogner à la porte de la chambre de Ross qui m’ouvrit
enveloppé dans un peignoir. J’ai été troublée pendant un moment avant
que je ne revienne sur terre. Il me dit que je pouvais commencer et
qu’il me rejoindrait dans quelques minutes. Il referma la porte et moi
j’étais choquée tout simplement. Suis-je sûre que j’ai complètement
oublié Ross ? Je ne devrais pas y penser pour l’instant car il y a plus
important à faire. Je suis descendue à la salle des petits-déjeuners où
Ross m’a rejoint un quart d’heure plus tard. On a pris le
petit-déjeuner ensemble comme deux très bons amis et je remarquai déjà
que dès son entrée dans la salle, tous les regards féminins étaient
posés sur lui. Pffff ! Cela m’énervait. Ross ne les calculait même pas
et était occupé à se venger sur le buffet tellement il avait faim le
pauvre.
Nous sommes en route pour chez mes grands-parents. Je
suis un peu stressée à vrai dire car je ne sais pas comment cela va se
passer. Ross me tient la main pour me donner du courage et me dire que
tout se passera bien. Je regarde les maisons défilées devant moi comme
pour ne pas voir le temps passé. Ross me ramène à la réalité en me
disant que nous sommes arrivés. Il descend de la voiture et vint
m’ouvrir la portière. Je descends timidement. Il me propose son bras que
je saisis volontiers. Je remarque que la demeure est immense…On aurait
dit un véritable château. Je crois que Ross est très bien connu ici car
les gardes le laissent entrer et le saluent agréablement et avec
respect. On entre dans la demeure principale et on y trouve une jeune
dame. Elle salue Ross qui lui demande s’il peut voir le Chief Andrew
ADEMOTE, mon grand-père. Elle nous demanda de nous installer et si on
voulait boire quelque chose. Je remarquais qu’elle me regardait de
manière insistante et j’ignorais pourquoi. Ca commençait à m’agacer car
tout le monde me regardait presque de la même manière depuis notre
arrivée.
Je regardais autour de moi et avais l’impression
d’être dans un véritable palace. On venait de nous apporter nos boissons
quand je sentis Ross se lever et s’agenouiller presque devant le Chief.
Ce dernier me regardait longuement et des larmes s’échappaient de ses
yeux . Il posa une main sur sa poitrine avant de ses rapprocher de moi
et de me serrer dans ses bras. Il fut rejoint par sa femme, également en
pleurs. Ils sanglotaient tous les deux et ça me fit couler des larmes.
Ross nous regardait ému. Tout ce que j’ai compris est que je lui
ressemble tellement et je sais qu’ils parlent de ma maman biologique,
Lenni ADEMOTE, que je n’ai malheureusement jamais connu. Je viens de
rencontrer mes grands-parents et ce fut un moment très émouvant.