Chapitre 21

Ecrit par Mayei

Partie 21

…Leslie Desoto…

Dans la voiture qui nous déposait à l’école ce matin, c’était le silence absolu. Depuis notre altercation, morelle et moi ne nous adressons la parole que pour le bonjour. En dehors de ça, chacune reste dans son coin. J’étais toujours aussi remontée contre elle. Heureusement que Orlane était là sinon je me serais profondément ennuyée. A peine le chauffeur stationnait le véhicule que chacune allait de son côté. 

Je traversais la cour pour rejoindre mes amies lorsque j’entendais mon prénom derrière moi. Je ne me demandais pas qui cela pouvait être car je connaissais cette voix. Allan ! Il s’approcha de moi et me pris par la main. Je plaquais un sourire forcé sur mes lèvres. Je ne sais pas ce qui m’arrivait mais je n’avais pas tellement envie de le voir...depuis la dernière fois. Je n’arrivais pas à me défaire de ces images lors de cette soirée. Je m’en sentais toujours aussi sale. 

Allan (m’embrassant) : c’est comment ma chérie ? Tu m’évites ou quoi ? 

Moi : ou vas-tu chercher cette idée ? 

Allan : c’est que maintenant c’est impossible de t’avoir au téléphone...même les messages c’est compliqué. Qu’est-ce qui t’arrive ?

Moi : j’ai oublié de te dire que la dernière fois mon père m’a surpris alors que je rentrais de la soirée. Il a confisqué mon téléphone...

Allan : ah ouais c’est chaud là ! Il est au taquet le vieux. On se voit à midi au lieu habituel ?

Moi : pas de soucis ! Il faut que j’y aille là...je dois récupérer les cours que j’ai manqué avec une amie 

Il m’embrassa une seconde fois et je le quittais. Non je n’avais aucun cours à récupérer et non mon téléphone n’avait pas été récupéré par mon père. Mon téléphone était bien au fond dans mon sac. J’avais menti et j’en étais consciente. Je ne sais pas ce qui m’arrive mais c’était comme si j’avais longtemps été endormie et qu’on me mettait de la lumière dans le visage. Je crois que la nuit et ce ménage à trois m’avaient ouvert les yeux. Est-ce que quelqu’un qui t’aime vraiment pouvait t’imposer ce genre de choses. Ou encore te faire un chantage affectif parce que je tu ne souhaites pas te prêter au jeu ? 

Je voyais Allan autrement. Il m’avait plus tellement l’air de ce prince charmant que j’avais pour habitude de voir. Et si c’était de ça dont ma sœur essayait de me mette en garde sans que je ne comprenne ? Je ne pouvais pas lui donner raison. Allan avait ses bons côtés mais pour l’instant je ressentais le besoin d’être quelque peu loin de lui...pour un bon moment en tout cas. 

Je retrouvais mon groupe d’amies et ensemble nous nous allions en classe. J’attendais patiemment la pause de midi. Lorsque ce fut le cas, je fus la première à sortir de la classe en laissant mes amies derrière. Je n’aimais pas tellement lorsqu’elles me posaient des questions auxquelles je n’avais aucune envie de répondre. Je pris le taxi et indiquais jusqu’à ma destination. Mon sac au dos, je sonnais et attendis qu’on m’ouvre.

« Leslie » 

Moi (le sourire aux lèvres » : maman Françoise ! 

C’est avec enthousiasme qu’elle m’invita à venir à l’intérieur. Comparée à la nôtre, cette maison était bien plus petite mais très chaleureuse. Je me sentais comme chez moi...en même temps avec maman Françoise dans les parages c’est tout à fait normal. Elle posa devant moi des petits gâteaux et un verre de jus. Ses petites attentions m’avaient manquées: 

Maman Françoise : comme je suis contente de te voir ! 

Moi : et moi donc ! Tu me manques tellement...je n’arrive toujours pas à croire que papa t’ai mise à la porte.

Maman Françoise : ne t’inquiète pas pour moi ! C’est la vie ! Ou est Morelle ? Tu ne devrais pas être à l’école toi ? 

Moi : si mais c’est la pause de midi ! Je reprends à quinze heure alors j’ai assez de temps. Pour ce qui est de morelle, c’est l’une des raisons pour lesquelles je suis ici. J’ai besoin de tes conseils.

Maman Françoise : je t’écoute !

Je me mis à lui compter la situation par rapport à notre mésentente actuelle. Je lui expliquais tout dans les moindres détails.

Maman Françoise: Lyly ! Je pense que la réponse à ta préoccupation tu la connais déjà. Je sais que tu le ressens en toi. Tu penses vraiment que Morelle puisse se liguer contre toi et comploter avec la femme de ton père ? Je vous connais depuis que vous êtes petites...votre complicité est sans précédent. Tu te souviens que lorsque Morelle allait faire le week-end chez sa maman tu en tombais malade et vice versa. 

Moi (riant) : c’est vrai en plus 

Maman Françoise (prenant mes mains) : morelle est ta sœur et les liens de sang sont les plus importants. S’il te plaît Leslie, ne laisse personne se mettre entre vous et vous montrer l’une contre l’autre. M’as-tu comprise ?

Moi (petite voix) : oui maman Françoise 

Ce fut l’heure pour moi de retourner à l’école. Maman Françoise ouvrit la porte et l’on tomba sur un monsieur dans sa chemise de couleur bleue et un pantalon tissus. Il était beau malgré sa barbe parsemée de blanc.

Maman Françoise : oh Édouard ! Je ne savais pas que tu passais...j’étais sur le point de raccompagner ma fille. Laisse-moi faire les présentations...Édouard ma fille Leslie...Leslie je te présente un bon ami à moi Édouard.

Moi : enchanté monsieur 

Édouard (souriant) : de même ma fille ! Françoise je vais t’attendre là l’intérieur 

Maman Françoise : d’accord je ne serai pas longue, le temps de lui trouver un taxi. 

Je n’avais pas manqué la façon dont le tonton Édouard regardait maman Françoise et cette dernière dont la voix était devenue subitement aiguë. 

Moi : c’est ton amoureux ?

Maman Françoise : voilà ton taxi !

Moi : sauvée par le gong mais je vais te cuisiner par message jusqu’à te faire cracher le morceau

J’arrivais à l’école trente minutes avant la reprise des cours. Quelle ne fut ma surprise de trouver Allan devant ma salle. Apparemment il m’attendait de pied ferme. 

Allan (se décalant) : je peux te parler ?

Moi (le suivant) : oui ? 

Allan : je t’ai attendu tout à l’heure comme un con !

Moi : je n’ai pas pu venir désolée et je n’ai pas mon téléphone sinon je t’aurais prévenu

Allan : c’est saoulant 

Moi : d’habitude je viens si je n’ai pas pu aujourd’hui ce n’est pas la fin du monde non plus. 

Allan : je ne sais pas ce qui t’arrive mais il faut revoir ton comportement au risque que je mette fin à cette relation. 

Moi : parce que monsieur n’est pas satisfait ? Ok vas y mets fin 

Allan : ... ...

Je pense qu’il ne s’attendait pas à une telle réaction de ma part. Pendant quelques secondes il perdit l’usage de la parole, me regardant comme si j’avais trois têtes. Il commençait à me fatiguer...à me dégoûter. Cette soirée avait définitivement brisé le charme...la bulle dans laquelle je vivais.

Allan : c’est toi qui va ramper à mes pieds ! 

Moi : on verra 

Momo sortant de nulle part passa devant moi. C’est moi ou je pouvais remarquer un sourire sur son visage ? Elle se dirigea vers sa classe.

[... ...]

Aujourd’hui était un autre jour ! J’avais dormi parfaitement et n’avais coulé aucune larme malgré le fait que ma relation avec Allan soit terminée. Mais j’avais surtout réfléchis sur mon échange avec maman Françoise. Elle avait parfaitement raison. Comment avais-je pu laisser cette Orlane sortie de ne nulle part nous mettre les bâtons dans les roues. J’avais frappé à la porte de Morelle mais aucune réponse. Je la trouvais en bas devant la télévision. J’approchais tout doucement et me jetai sur elle en la serrant tellement fort contre moi.

Moi (voix suppliante) : pardon Momo ! Je suis vraiment désolée. Je ne suis pas du tout facile à vivre. 

Elle ne dit rien et colla son front contre le mien puis me fit un bisou sur la joue avant de me serrer fort contre elle. 

Momo : ne t’inquiète pas ! Je t’aime comme tu es ! 

Moi : au fait maman Françoise a un amoureux !

Momo : comment tu sais ça toi ?

Au même moment la voix d’Elizabeth se fit entendre dans la maison

Elizabeth : Noooon ! Ce n’est pas possible! Quelle est cette histoire (passant devant nous, le téléphone à l’oreille) Béatrice tu as vu à la télévision ? J’arrive comme ça. 

...Viviane Ahizi (mère de Luna)...

C’était juste inconcevable ! Je pensais qu’il avait changé mais force est de constater que ce n’est pas le cas. Le comble il n’avait même pas fait signe depuis ce matin. Il était sorti de cette maison hier à sept heures ! Il est présentement 11 heures et le bon monsieur est toujours dehors. Vingt-quatre heures dehors. Sylvain ! Avec son âge la découches toujours. J’étais même fatiguée de parler et de composer son numéro. Ça passait sur la messagerie. Je m’installais au salon en mettant la télévision en marche. 

Tamara : oh tu es la ?

Moi : c’est mon salon non ?

Tamara : mais je pensais te trouver dans ma chambre...depuis je criais maman

Elle s’assit près de moi et passa son bras sous le mien. La voilà en train de me caresser le coude et se sucer la lèvre. J’avais tout fait pour que cette habitude lui passe. J’avais essayé le piment et plusieurs fois taper la dessus mais c’était mal connaître cette petite fille bornée. Elle cessait une semaine et reprenait la semaine d’après. 

Moi : aaah Tamara arrête de me coller. Continue avec ta langue que tu sors comme ça hein ! Tu verras quand tu seras avec tes amies et c’est toujours elles qu’on abordera pour te laisser.

Tamara : tu exagères maman !

Moi : ah pousse là-bas ! Quand on est maman on ne peut pas rester en paix ?
Joëlle (apparaissant) : mais non ! Tu as eu tout le temps où nous n’étions pas là pour avoir la paix non !

Moi : mais que faites-vous à la maison à cette heure ? Il n’y a pas cours ?

Joëlle : la grève !

Moi : ils n’ont toujours pas trouvé terrain d’entente ? C’est avec l’avenir des enfants des gens qu’ils jouent comme ça ? Comme leurs enfants sont dans les pays à l’extérieur c’est ça ! J’espère que ton examen se passera sans encombre.

Joëlle : j’espère aussi ! 

Cette dernière s’assis aussi près de moi. Je me trouvais entre ces deux petites folles que j’aimais par-dessus tout. Il ne manquait plus que Luna pour que le tableau soit parfaitement dressé. Je l’avais eu avant-hier au téléphone. Elle me manquait terriblement. Mes filles étaient ma raison de vivre et pour elle j’étais prête à tout. J’ai peut-être failli avec Luna mais j’essayais de me racheter au fur et à mesure. 

Joëlle (me sortant de mes pensées) : maman...c’est papa à la télé !

Moi : hein ??

Je fixais la télévision avec attention. En effet! C’était Sylvain à la télévision. Il était méconnaissable. Ses vêtements étaient déchirés et c’est à peine si son corps était recouvert. Il était avec d’autres messieurs alors que la police les embarquait. Il y avait la foule derrière qui étaient déchaînée. Je sentis ma tension monter tout à coup. Je ne comprenais pas ce qui se passait. 

Moi : Tamara met le volume 

Journaliste : grâce à un appel anonyme la police vient d’appréhender ces personnes auteurs de crimes odieux. La police a effet fait une descente musclée dans cette maison qui au premier abord n’a rien de particulier. À y porter plus d’attention, il s’agissait d’une maison closes abritant des mineurs âgées de 8 à 15 ans. Il s’agit là de prostitutions de mineurs. Les gérants ainsi que les clients trouvés sur place sont en ce moment en train d’être déférés au poste de police du 12eme arrondissement. 

Tamara : ce n’est pas possible ! Papa est un client de ce coin affreux ?

Et moi donc ? Je n’arrivais pas à comprendre ce qui se passait. Sylvain payait pour abuser des enfants ?

Moi (me levant) : je vais sortir ! Joëlle tu veilles sur la maison ! Ne sortez surtout pas d’ici vous m’avez comprise ? 

Joëlle : oui maman. 

Mon cœur battait tellement vite que je crus faire un malaise. Une fois dans ma chambre je m’assis sur mon lit pour essayer de reprendre mon souffle. Cinq minutes plus tard, j’avais mon sac en main et je sortais de la maison en répétant aux filles qu’elles ne devaient sortir sous aucun prétexte. C’était quoi encore cette affaire ? Prostitution de mineurs ! C’était tout de même grave. Je m’engouffrais dans le premier taxi passait par là en direction pour le commissariat. Sur place, je trouvais mes belles sœurs Béatrice et Elizabeth. A ce que je vois la nouvelle était arrivée aux oreilles de tout le monde. 

Moi : bonjour Béatrice 

Béatrice : hum bonjour Viviane ! 

Elizabeth : nous sommes aussi là au cas où !

Moi : j’y venais Elizabeth ! J’y venais ! 

Cette femme me sortait par les pores mais ce n’était ni le moment ni le lieu. Je la saluais et m’assis auprès d’elle. Il y avait une femme présente. Peut-être que son mari faisait partie de ces personnes qui avaient été arrêtées avec mon mari. 

Moi : vous êtes là depuis ? 

Béatrice : pas tellement...ce qui est sûr on attend. 

Nous avons patienté un bon moment. Les officiers allaient et venaient mais on nous demandait toujours de patienter pour le voir. Je commençais à désespérer. J’étais ici depuis 13 heures...il était bientôt 15 heures. Nous approchions 16 heures lorsqu’enfin on le fit sortir. J’allais vers lui lorsque la dame à côté de nous se précipita et passa devant moi. Elle se jeta sur mon mari en pleurant. 

Elle : mais qu’est-ce qu’ils t’ont fait mon chéri ? Regarde comment tu es mal en point ! C’est inhumain. 

Sylvain (me regardant) : hum...

Moi : quelqu’un peut m’expliquer ce qui se passe ? (A Sylvain) pourquoi cette dame se jette sur toi ?

Sylvain : ... ... 

Moi : mais qu’est-ce qu’il se passe ?

Elizabeth : aaaaah ! Tu nous casses les oreilles la ! La dame c’est Betty celle qui a pu donner un fils à mon frère comme tu en étais incapable là.

Béatrice : Elizabeth ! 

Elizabeth : quoi ? Est-ce que ce que je dis est faux ?

Moi : Sylvain je ne vais même pas m’attarder sur cette affaire de maîtresse et enfant illégitime. C’est une moindre affaire comparé à ce pourquoi tu es ici. Sylvain que faisais-tu dans cette maison ? Tu abusais de ces enfants ?

A voir sa tête baissée et son silence, je comprenais tout ! 

Moi : traitez-moi d’égoïste, de mauvaise et j’en passe mais je ne resterai pas là à soutenir un pédophile. Comme ce sont tes sœurs qui t’encouragent à chaque fois, elles pourront t’aider.

Sylvain : Viviane !

Elizabeth : oh laisse la s’en aller. C’est dans les moments durs qu’on voit le vrai visage de gens. Laisse-la partir. Je vais appeler Desoto, il va te trouver un bon avocat et tu sortiras d’ici rapidement. Quand il sera dehors Viviane, sache que la première des choses à faire sera de mettre vos bagages dehors tes filles et toi. Betty viendra occuper les lieux avec notre fils. 

Betty : voilà qui est bien dit.

Je ne pris même pas la peine de lui répondre. On ne pouvait plus respirer depuis qu’elle viviait chez ce monsieur. Si ce dernier trouvait un avocat à Sylvain malgré la gravité de son acte, ce serait tout de même décevant. Abuser des enfants ! Tamara et Joëlle sont plus âgées que ces fillettes. Quelle femme Sylvain ne pouvait-il pas avoir et c’est dans les caleçons des enfants qu’il allait fouiller ? Ou alors je ne connaissais vraiment pas ce monsieur que j’appellerais mon mari. C’était tout simplement horrible. Je n’imagine même pas la souffrance de ces enfants sans compter les dégâts physique et mentaux sur eux. C’est déplorable.
Elizabeth n’avait pas à attendre que son frère sorte de prison pour nous mettre dehors. Dès aujourd’hui je quittais sa maison avec mes filles. La maison même que nous louons. Je vais vendre tout ce qui lui appartient et donner la clé au propriétaire. 

Lorsque je fus de retour au quartier, je remarquais un petit attroupement. Je sentais également les regards sur la personne. Sûrement qu’ils avaient regardé le journal comme moi. Je ne prêtais pas attention et sonnais chez moi. C’est Tamara qui m’ouvrit la porte.

Moi : vous n’êtes pas sorties j’espère !

Tamara : non ! Mais maman...

Moi : oui ?

Tamara : il y’a tonton Armand qui est là...

Et moi qui parlais du propriétaire ! Il était déjà là...c’est à croire qu’il m’avait devancée. Je le trouvais bien installé au salon. Malgré la situation, je lui sortis un sourire en demandant les nouvelles. 

Armand: je crois que nous savons tous les deux pourquoi je suis là. 

Moi : je crois savoir 

Armand : c’est n’est pas contre toi mais je ne peux pas laisser ma maison à un pédophile sans compter que les voisins sont en train de se réunir pour voir comme vous expulser

Moi : oh !

Armand: je suis vraiment désolé mais il va falloir que vous vidiez la maison dans un délai d’une semaine.

Moi (sonnée) : d’accord 

Il s’excusa et s’en alla. Voilà que le ciel nous tombait sur la tête. Je n’avais qu’une seule solution. Je sortis mon téléphone et composais le numéro de Luna. Elle décrocha dès la première tonalité.

Luna : allo maman ?

Moi : ma fille je suis foutue oh...

Luna : qu’est-ce qui se passe ?

Moi : c’est long à expliquer !

Luna : j’ai suivis le journal...

Moi : donc tu sais tout alors. Serait-ce possible qu’on passe quelques temps chez toi avec les filles ? Le temps pour nous de trouver une solution ?

Luna : maman ! Vous pouvez rester aussi longtemps que cela vous plaira. Ça me fera de la compagnie. Je vais laisser les instructions à la maison et je vous rejoindrai plus tard. 

Moi : d’accord à tout à l’heure.

Luna : bisous ! Faites attention à vous 

Je raccrochais et demandais aux filles de faire leurs affaires en prenant ce qui était le plus important. J’avais précisé que leurs effets scolaires devaient passer en premier. J’allais dans ma chambre pour faire les miennes. Ah Sylvain ! Tu as cherché dans ta vie et c’est la pédophilie que tu as décidé de porter comme croix ? 

Si un fou de ce genre s’en était pris à mes enfants, j’allais souhaiter le voir croupir derrière les barreaux alors c’est ce que je souhaitais aussi à Sylvain que je sois son épouse ou pas. Faire ça à des enfants c’est le summum de la cruauté. Nous ne sommes plus en sécurité. Je ne peux même pas m’aventurer pour dire qu’il commettait ça sûrement pour un rituel car on ne voit même pas la richesse là. Je le laisse avec ses sœurs en tout cas, et sa Betty. 

...Kevin Kébé...

Me réveiller chaque matin dans cette maison était un supplice pour moi. Près d’un mois que j’étais de retour mais je ne m’y étais pas encore fait. Devoir aller chercher de l’eau pour prendre mon bain dans cet endroit peu hygiénique était le summum. Ma vie était un échec ! Se faire rapatrier des États-Unis et galérer ainsi ! Je sentais de la tristesse dans le regard de ma mère même si cette dernière faisait de son mieux pour me réconforter. 

Mon père, lui, n’était pas passé par Quatre Chemins pour me jeter au visage que j’étais une honte. C’était difficile à avaler mais c’était tout de même la réalité. J’étais une honte...je n’avais même pas pu construire pour moi-même et mes parents. Je devais recommencer tout à zéro. Chaque matin je me rendais au cyber café pour faire la ronde des réseaux et des sites pour trouver un petit job et postuler. Jusque-là ça n’avait rien donné.

J’avais vendu mon ordinateur et mon iPhone pour avoir un peu de sous sur moi. Je m’étais pris un petit téléphone sur le côté même pas un smartphone. L’ordinateur avait pu générer 300 mille francs et le téléphone 400 mille francs. C’était l’argent suffisant pour le moment sans oublier les $1000 que j’avais pu mettre de côté. Je gardais tout ceci précieusement. Si ma recherche de boulot ne donnait toujours rien, j’allais réfléchir sur un petit business à mettre sur pied avec ces fonds-là. 

Maman : papa viens manger !

Moi : merci maman mais je n’ai pas tellement faim...

Maman : tu ne vas pas te rendre malade à cause de cette histoire ! Viens manger s’il te plaît c’est pour toi que j’ai cuisiné aussi tôt hein. 

Ne voulant pas la vexer, je me levais et m’assit près d’-elle afin de déguster ces morceaux d’igname bouillie. Au moins ça c’était le bon côté de cette situation. La nourriture de ma mère m’avait sérieusement manquée. Et c’était avec joie que je redécouvrais ces délices. Moi qui disais ne pas avoir faim, je me suis surpris à finir toute l’assiette et à en redemander. C’est avec le sourire que ma mère remplie de nouveau l’assiette. 

Maman : Kevin ! Je sais que cette situation est beaucoup compliquée pour toi. Il ne faut pas t’en faire des regards des autres. Même si tu es revenu sans avoir accompli ce que tu voulais, au moins tu as essayé, au moins tu as même quitté le pays là un jour. Je vais même encadrer une de tes photos dans la neige là (elle m’arrache un sourire) et l’exposer sur le mur ici. Quand tu étais encore là-bas, chaque mois tu nous envoyais quelque chose et c’est avec ça qu’on tenait ici. Ne prête pas attention aux dires de ton père. Tu sais qu’il peut se montrer très dur, ça lui passera. Ne t’inquiète pas...je sais que ton cœur est lourd mon fils mais Dieu fera...tu verras que tout rentrera dans l’ordre. 

Je lui pris la main et y posais un baiser avec tout le respect du monde. J’étais son seul enfant et son soutien, je l’avais de façon inconditionnelle. L’amour d’une mère ! Même lorsque tout allait mal elle était persuadée que de beaux jours s’annonçaient à l’horizon. Si et seulement si je pouvais avoir tout son optimisme, ça m’aiderait durant toute cette période. 

Aujourd’hui encore je me rendais au cyber près à modifier mon cv et ma lettre de motivation en fonction de l’offre d’emploi que je trouvais. Il y en avait plusieurs mais pour dire vrai, j’appliquais sans grande conviction. Est-ce que mes tentatives seraient même vues ? Ça me surprendrait. J’avais entendu parler des agences de placement. Je prévois de m’y rendre et déposer mes dossiers...ne sait-on jamais. Mes heures étant écoulées, je pris le chemin retour pour la maison.

« Le renard »

Je me raidis en entendant ce mot. C’était ce sobriquet que mes amis de l’université m’avaient attribué. Je me tournais donc vers cette voix et qu’elle ne fut ma surprise de tomber sur Bertrand. Bertrand était le fils d’un riche homme d’affaire mais qui avait tenu à ce que ses enfants soient éduqués à la dure. Il avait donc fréquenté la même université que moi. Je me demandais bien ce qu’il cherchait dans un quartier comme celui-là.

Bertrand (joyeux) : le renard c’est vraiment toi !

Moi : oh mais Bertrand je suis surpris de te voir…par ici surtout.

Bertrand : ça fait tellement longtemps et c’est comme ça que tu m’accueilles ?

S’en est donc suivit une accolade bien virile avec des éclats de voix. J’étais vraiment content de retrouver mon ami de longue date. 

Bertrand : mais je te croyais aux États Unis ! Tu es rentré depuis quand ?

Moi : oh c’est une longue histoire 

Bertrand : tu sais quoi ? Je t’invite prendre pot la maintenant ! Ça fait trop longtemps...je ne peux pas te laisser comme ça. 

C’est avec joie que j’acceptais son invitation. De toutes les façons j’avais besoin de me divertir un peu...évacuer tout le stress que je ressentais en ce moment. Nous allions donc au maquis du coin appelé « super division ». Après avoir goûté les premières bières, nous discutions à bâtons rompu. Je lui expliquais mon calvaire aux États Unis et comment je m’étais retrouvé ici. Je n’oubliais pas de mentionner que c’est un mariage raté qui m’a exposé. 

Bertrand : Vraiment ça n’a pas été facile. Je peux dire que le renard s’est fait prendre à son jeu 

Moi : on peut croire que oui...mais toi que fais-tu là ?

Bertrand : il y a une petite sur je traque qui habite par ici...j’étais en visite 

Moi : mais ce n’est pas une bague sur je vois à ton doigt là ?

Bertrand (riant) : et alors ? Ma femme est à la maison ! Ce qui se passe dehors reste dehors 

Moi : sacré Bertrand ! Tu ne changeras jamais toi ! Toujours aussi volage 

Bertrand : que veux-tu ? On ne peut pas constamment manger la même sauce. Au fait depuis que tu es de retour as-tu rencontré la petite ?

Je savais à qui il faisait allusion en parlant de petite ! Je lui dis un non de la tête. 

Bertrand : tu sais, si j’étais superstitieux, j’allais relier ta mésaventure avec ce qui s’est passé avant ton départ. Mais bon ! Laisse-moi ton contact, si j’ai quelque chose qui peut t’aider. Je te ferai signe. 

Je lui remis mon contact sans attendre. On resta encore un moment dans ce maquis puis Bertrand prit congé. Il devait rentrer rejoindre sa famille. Les choses avaient bien évoluées depuis que j’avais quitté le pays. Jusqu’à Bertrand le plus frivole de la bande était casé avec un enfant. Je m’en allais à mon tour en pensant à ce que mon ami avait dit. Et si tout compte fait il avait raison ? Peut-être que mon passé me rattrapait. Quelqu’un avait dit que la vie était comme une roue et tout ce que tu fais te rattrape. Si c’était le cas, je le méritais en tout cas. Demain j’allais encore venir postuler pour des boulots. 

[... ...]

Maman : oh ces messieurs sont des monstres ! Et ceux même qui ont mis cet établissement sur place. Tu vas voir que ce sont des enfants volés ou confiés depuis Le villages qu’ils utilisent pour leurs bassesses ! 

Une terrible annonce était passée au journal. On avait mis la main sur une maison close qui faisait dans la pédophilie. C’est vraiment difficile à croire pourtant c’est vrai. Et depuis maman n’arrête pas de commenter. Je la comprends ! C’est tout de même scandaleux. Dans quel monde vivons-nous ? Des enfants qui doivent être protégés sont jetés eh pâtures à qui peut bien s’offrir ce plaisir. J’espère qu’ils croupiront en prison. On connaît ce pays, il suffit de quelques billets pour que ces personnes soient libres et les victimes abandonnées. 

L’on frappa à la porte et le fils de la voisine fit irruption. Yves, il se prénommait. On l’appelait affectueusement Yvo. Il salua ma mère puis se tourna vers moi.

Yvo : bonsoir tonton Kevin 

Moi : comment ça va Yvo ?

Yvo : Tonton Kevin, on dit de venir t’appeler...c’est une tantine dans une grosse voiture !

Moi : une tantine dans une grosse voiture ?

Yvo : oui 

Moi (me levant) : je reviens maman! Je vais voir qui c’est !

Maman : ok fais attention 

Le petit était sorti de la maison en courant tandis que je trainais derrière. Je voyais la voiture stationnée un peu loin. Une belle Lexus qui rendrait jaloux n’importe qui. Je me demandais bien qui cela pouvait être. Les vitres étant teintées, je frappais du doigt. 

Seigneur ! Je cru m’évanouir lorsque la vitre fut totalement baissée. C’était elle...même si elle avait beaucoup changé. C’était elle...elle était encore plus belle. Sa peau ! Même à la vue semblait si parfaite...si douce. Elle respirait la réussite, le luxe, la classe. 

Moi : Luna...

Luna : j’espère que tu as apprécié mon cadeau !

Moi : ton cadeau ?

Luna : Divine...

Elle démarra aussitôt, je failli me retrouver le cul au sol. Elle avait dit Divine ! Son cadeau ? C’était Luna derrière toute cette histoire ?


C’est compliqué