CHAPITRE 21: TENIR SES ENGAGEMENTS

Ecrit par L'UNIVERS DE JOLA

CHAPITRE 21 : TENIR SES ENGAGEMENTS

**LUCRÈCE MEFOUMANE **

Moi : (Allant vers les parents pour leur faire des câlins) Vous avez fait un bon voyage ?

Eux : Oui c’était tranquille.

Je me détache. 

Moi : Vous avez pris tous vos bagages ? La voiture est devant là-bas.

Papa : Oui. Elles sont toutes là.

Moi : Dans ce cas on y va.

Comme il y avait 3 valises, nous avons pris une chacun et nous sommes sortis de l’aéroport pour la voiture de papa avec laquelle suis venue. Nous rangeons les affaires et on monte, je suis toujours au volant et papa côté passager.

Moi : La séparation n’a pas été trop dure ?

Papa : Demande à ta mère qui voulait s’allonger par terre.

Je ne peux m’empêcher de rire parce que les garçons avec qui j’ai parlé quelques heures plus tôt m’ont envoyé les vidéos de leurs aux revoir. D’ailleurs elle a commencé à pleurer la veille en racontant comment elle avait souffert à les élever toute seule et de comment elle s’est énormément battue pour eux. C’est là-bas qu’on a découvert qu’elle avait voyagé avec les toutes premières tenues qu’ils avaient porté à la maternité et que c’était maman Denise qui avait acheté ça car elle n’avait pas de trousseaux. Elle a raconté avec nostalgie et pleurs ce moment et a même dormi avec eux sur sa poitrine comme quand ils étaient petits en leur disant que c’était ainsi qu’ils dormaient tous les jours et ils aimaient ça. Elle a pleuré en disant que les années étaient passées tellement vite et qu’elle ne revenait pas du fait qu’ils avaient déjà 18 ans et qu’ils vivraient maintenant loin d’elle. La séparation ce matin était terrible tellement elle a pleuré. Ça ne me surprend pas parce qu’elle avait plus ou moins fait la même chose avec moi à mon départ. Elle a rappelé que nous étions ses enfants de la souffrance mais aussi le début du chemin de sa rédemption. Alors je sais qu’elle est triste.

Maman : (À l’arrière) Mfoula il faut me laisser tranquille, tu n’étais pas là quand je souffrais avec mes enfants donc tu ne peux pas comprendre.

Papa : Ce n’est pas la souffrance là que j’avais remboursée ?

Maman : Tu as remboursé ça quand ?

Papa : Quand tu m’avais donné tes listes des nausées et évanouissement, je n’avais pas payé ?

J’éclate de rire car cette histoire de remboursement là, ce n’est pas la première fois que je l’écoute. La femme-là était quand même quelque chose avant, elle s’est beaucoup calmée avec le poids de l’âge et les enfants. Le mariage et Dieu aussi ont bien joué leur rôle mais quand j’y repense, je ne peux m’empêcher de rire. Ils se lancent des punchlines jusqu’à ce que nous arrivons à la maison.

Papa : (Descendant) Les enfants sont restés avec qui ?

Moi : Tantine Lucia.

Il me regarde et ne dit rien avant de fermer la portière. Je regarde maman à travers le rétroviseur qui a fait de même avec moi.

Maman : On est encore revenu dans votre pays avec ses problèmes hein.

Moi : (Silence)

Maman : En tout cas, mes petits enfants sont là ?

Moi : Non. Ils sont avec leur père. Je vais les prendre demain autour de midi comme il va participer au séminaire et comme ça on va apprêter leur rentrée à l’école.

Papa : (Fermant le coffre de la voiture) Attends vous ne descendez pas ?

Nous : Si.

Nous l’avons fait et au même moment la porte de la maison s’est ouverte sur les Divines et les 2 autres qui sont sortis en courant pour venir sauter sur les parents. Tata Luce est restée debout à la terrasse. Elle était au 11 et est venue nous rejoindre la veille. Ce n’est pas encore ça avec papi qui est toujours fâché mais il ne l’a plus chassée. Elle a donc passé une semaine et demie avec eux avant de venir nous trouver. Après les salutations avec les enfants, nous nous sommes dirigés vers la maison.

Lucia : Bonne arrivée à la maison.

Papa : Hum.

Maman : Merci Lucia.

Nous sommes tous rentrés et sommes allés nous asseoir au salon. Les enfants ont demandé les nouvelles des garçons et nous avons fini par faire un appel vidéo avec eux d’une heure puis les parents sont allés prendre leurs douches à l’étage.

Moi : (À tata Luce) Ça va aller.

Elle a esquissé un faible sourire et sommes allées apprêter la table. Au retour des parents, nous avons mangé avant que maman ne décide d’ouvrir la valise supplémentaire avec laquelle ils sont revenus et nous avons tous été déçus de constater qu’ils nous avaient seulement acheté un t-shirt à chacun et que tout le reste c’était pour leurs homonymes.

Désirée : Ah maman, donc nous ne sommes plus tes bébés hein ?

Maman : Vous n’avez pas dit que vous êtes déjà grands ? Moi je ne m’occupe que des bébés pas de grandes personnes.

Gloire : Papa toi aussi tu es rentré dans le même bateau que ta femme hein ?

Papa : Je n’ai rien acheté à personne. Je n’ai pris que des choses pour moi.

Gloire : Ok oh. On a compris. Ya Lucrèce il faut seulement nous adopter car on a visiblement plus de place dans cette maison.

Nous nous sommes mis à rire en regardant les choses qu’ils étaient en train de trier.

Maman : (Donnant un sachet à Lucia) Tiens Lucia, c’est pour le bébé.

Lucia : (Prenant le sachet) Merci.

On a regardé et c’était 5 jolies petites tenues pour bébé dans des tons neutres.

Nous sommes allés ranger et sommes revenus pour la prière puis nous sommes tous partis dormir.

Moi : Tu as vu qu’il ne t’a pas chassée non ?

Lucia : Oui.

Moi : (La tirant dans mes bras) Allez, viens là.

Nous nous sommes couchées sur le lit et n’avons pas tardé à nous endormir (…)

Je descends de la voiture avec les enfants et ils courent pour aller sauter dans les bras de leur grands-parents qui sont assis à la terrasse. Chacun est allé chez son homonyme et c’est parti pour une grande vague de questions avec les vous étiez où ? Pourquoi on ne vous voyait plus ? On vous a cherché, vous avez emmené quoi ? Vous allez encore partir en voyage ? Il ne faut plus partir.

Grâce : Ce n’est pas mieux on prend nos affaires et on s’en va tous chez nos grands-parents au 11 ?

Nous nous sommes mis à rire.

Maman : (Se levant avec son homonyme) La jalousie est du diable. (Tendant la main à Brain) Mon mari allons essayer les jolis habits que j’ai acheté pour toi, laisse les jaloux ici là.

Ils sont partis sous nos rires et je me suis assise à la terrasse à côté de papa.

Moi : Tu vas aller au séminaire des hommes ?

Papa : J’irai seulement aux enseignements, je ne participerai pas à la retraite. Tes oncles viendront me prendre ce soir et nous irons ensemble.

Moi : D’accord.

Papa : Et sinon tout s’est bien passé ici ?

Moi : Oui. Il y a deux des femmes du marché qui ont payé la marchandise qu’elles ont pris et une troisième qui a fait l’avance de 60 mille en disant qu’elle va donner le reste en milieu de semaine. Il y a aussi le monsieur du restaurant qui est au boulevard-là qui a appelé pour une commande la semaine prochaine. J’ai tout noté dans le registre sur le bureau. 

Papa : Tu es allée faire le versement à la banque ?

Moi : Pour ce que vous avez laissé oui mais l’argent qui est rentré cette semaine est encore là, je vais aller déposer ça demain matin si vous ne faites pas autre chose avec.

Papa : Va déposer.

Moi : Ok. Tous les reçus sont dans le bureau dans le premier tiroir.

Papa : Ok.

Moi : Je te remets le téléphone ou je donne à maman ?

Papa : Donne à ta mère. Je ne veux pas gérer ça pour le moment.

Moi : Ok.

Papa : Et sinon, le travail ça va ?

Je lui explique un peu ma reprise de boulot. Depuis la discussion que nous avions eu à la fête des jumeaux, les choses sont plus ou moins revenues comme avant. Je ne dirai pas à 100% mais il y a une réelle volonté de leur part de me traiter comme leur enfant. Ils ont repris à me confier des tâches, à aborder certains sujets avec moi, demander mon avis comme avant et me donner le leur. Par exemple en partant installer les jumeaux en France, ils m’ont non seulement confié la gestion de la maison et des enfants mais ils m’ont également laissé les directives sur la ferme et leurs clients. Cela m’a émue et m’a fait réaliser qu’ils sont réellement en train de me redonner une chance en me faisant à nouveau confiance et je bénis Dieu pour ça. On parle de tout sauf de ce qui s’est passé avec Loyd. Nous n’avons jamais abordé ce pan de ma vie, comme s’il n’a jamais existé. Il y a bien des jours où je vois des interrogations dans leurs regards surtout quand je les informe d’une activité des enfants avec leur père ou que je doive le rencontrer pour parler de nos business mais ils n’ont jamais exprimé leur opinion dessus et se contentent de me répondre par ‘’ok’’. Comme ils n’en parlent pas, je me dis que je ne devrais pas le faire au risque de peut-être réveiller une douleur qu’ils essayent de surmonter. Je vais simplement attendre et si jamais ils veulent en parler, je le ferai car je me suis promis de ne plus rien leur cacher ni agir dans leur dos.

Mon téléphone s’est mis à sonner sur la table et j’ai regardé avant de décrocher, c’est la femme du père de Toby, le premier fils d’Alicia.

« Moi : Allô ? »

 « Voix d’homme : Bonjour Lucrèce, c’est Serge. »

« Moi : Bonjour Serge »

« Serge : J’ai vu le message que tu m’as laissé ce matin et je ne comprends pas. « 

« Moi : Tu ne comprends pas quoi ? Je t’ai dit que l’enfant est censé commencer la semaine prochaine mais tu ne m’as toujours pas fait signe par rapport à son trousseau scolaire. J’ai tenté de te joindre depuis la semaine dernière mais Toby m’a dit que tu n’avais plus de téléphone et que pour te joindre il fallait passer par ta femme alors je lui ai écrit vu que depuis là je n’ai pas de suite. »

« Serge : Mon téléphone s’est cassé et je ne l’ai pas encore arrangé. Mais je ne comprends pas ce que tu me demandes car j’ai donné 30 mille à Toby avant-hier pour ses fournitures. »

« Moi : (Arquant un sourcil) Tu as donné 30 mille à Toby ? »

 « Serge : Oui. Je lui ai remis ça afin qu’il achète lui-même ses cahiers car il m’a dit être déjà grand et qu’il pouvait lui-même s’en charger. »

 « Moi : Ok. Je n’avais pas cette information. »

 « Serge : Ok. En tout cas c’est ça, il faut voir avec lui. »

 « Moi : Ok. »

Clic ! J’ai posé mon téléphone.

Papa : Il y a un souci ?

Moi : Je ne sais pas. Depuis que les enfants-là partent à l’école, c’est avec moi que le père de Toby gère la scolarité de ce dernier. Même quand j’étais en Belgique, il m’écrivait toujours pour me demander quoi faire et c’est moi qui lui donnais les directives par rapport à qui devait recevoir l’argent en question. Cette année il ne l’a pas fait et quand j’ai appelé pour essayer de comprendre, son numéro était fermé. J’ai parlé à Toby mercredi pour savoir pourquoi son père était injoignable et il m’a dit qu’il avait un souci de téléphone et que c’était par le numéro de sa femme que je pouvais le joindre. J’ai demandé le numéro en question et il m’a dit qu’il ne l’a pas car ils ne s’entendent pas. J’ai cherché ça moi-même avec des voisins et j’ai eu. J'ai fait un message et je lui ai dit de transmettre à son mari. Comme tu as entendu, celui-ci dit qu’il a donné l’argent à Toby alors que Toby ne m’a rien dit. Je ne sais pas ce qu’il faut comprendre dans cette histoire. 

Papa : Appelle Toby et demande-lui ce qu’il a fait de cet argent.

Je soupire en reprenant le téléphone et j’appelle le concerné en mettant sur hautparleur.

« Toby : Allô tantine Lucrèce »

Oui ça c’est la nouveauté depuis le souci qu’il y avait eu quand j’étais allée présenter les enfants à mon père. Je n’ai aucune idée de ce qu’ils ont tous dit à leurs enfants mais à mon retour de Lambaréné quand je suis allé voir le boss qui était un peu souffrant, j’ai eu la surprise de constater qu’ils ne m’appelaient plus ‘’maman’’ mais ‘’tantine’’, tous sans exception. Je n’ai pas cherché à discuter avec qui que ce soit ni poser des questions. S’ils veulent même m’appeler par mon prénom directement, je vais répondre.

 « Moi : Bonjour Toby, donc tu as acheté tes fournitures scolaires ? »

« Toby : Non. »

 « Moi : Pourquoi ? »

 « Toby : Parce que je n’ai pas d’argent, tonton Brandon a dit que cette année tu n’as rien envoyé pour nous. »

« Moi : Qu’as-tu fait des 30 mille que ton père t’a donné ? »

« Toby : Hein ? »

 « Moi : Serge vient de me dire qu’il t’a remis 30 mille mercredi, qu’est-ce que t’en as fait ? »

 « Toby : (Silence) »

 « Moi : Toby ? »

 « Toby : Oui. »

 « Moi : C’est à toi que je parle non ? Tu as fait quoi de l’argent que ton père t’a donné ? »

Il ne me répond pas.

 « Moi : Tu ne me réponds pas hein ? »

« Toby : Maman a pris et elle a dit que tu vas tout payer. »

 « Moi : N’est-ce pas non ? Ok. Commence en même temps à chercher tes cahiers de l’année dernière pour aller à l’école cette année. »

Clic ! J’ai préféré couper au risque de m’énerver pour rien. J’ai posé mon téléphone avec le gros cœur.

Papa : Il va falloir que tu aies une discussion avec lui.

Moi : Cette histoire commence sérieusement à me fatiguer papa.

Papa : Y a-t-il une chose que j’ignore ?

Moi : Chaque jour, je suis de plus en plus découragée à faire quoique ce soit pour cette famille. Quoique je fasse, c’est moi qui suis vue comme la mauvaise. La dernière fois que j’étais partie présenter les enfants à papa là-bas….

Je lui explique ce qui s’était passé ce jour et ce que cela a créé comme distance entre nous car j’avais vraiment été touchée. Je lui dis que cela m’a vraiment découragée de faire quoi que ce soit même pour les enfants et que même cette année, c’est avec beaucoup de recul que j’ai pris sur moi de continuer à scolariser les enfants qui étaient à ma charge.

Moi : Voilà l’attitude de Toby. Si encore c’était Penelope ou les jumeaux, j’allais comprendre que ce sont encore des enfants qui ne comprennent pas les choses. Mais Toby a 18 ans et il connaît les réalités de la maison, quand il prend l’argent pour aller remettre à Alicia c’est pour créer quoi quand il sait qu’elle et moi le courant ne passe pas ? Si je me fâche, on dira que c’est moi la mauvaise.

Papa : Je vois. Tu sais à quel moment on sait que quelqu’un a grandi ? Pas en âge ou en taille mais plutôt dans son caractère.

Moi : Non.

Papa : C’est lorsqu’il demeure stable dans ses engagements malgré les aléas qui peuvent survenir. Je vais te poser une question. Pourquoi as-tu décidé de scolariser ces enfants ?

Moi : Parce que je voulais le meilleur pour eux et qu’ils aient la possibilité d’apprendre et espérer avoir l’opportunité de faire quelque chose de bien de leurs vies demain.

Papa : Tes aspirations ont-elles changé pour eux ?

Moi : Non.

Papa : Voilà ce que tu dois garder à l’esprit car c’est ce sur quoi est basé ton engagement. Qu’ils se comportent bien ou non à ton égard, cela ne devrait pas t’influencer car à la base, ce n’est pas à cause de leurs comportements que tu t’es engagée. Tu es blessée et déçue ? Soit le car c’est tout à fait normal, tu es humaine mais que tes sentiments ne prennent jamais le dessus sur l’engagement que tu as pris vis-à-vis de quelqu’un. Tu n’as pas non plus besoin de reconnaissance de qui que ce soit lorsque tu poses tes actions. Si les gens le reconnaissent, tant mieux et sinon, tant pis parce que ce n’est pas ce qui compte. Ce qui compte c’est que toi tu aies fait ta part devant Dieu et en accord avec ta conscience. C’est cela grandir.

Moi : J’ai compris. Merci papa.

Papa : Je t’en prie…

L'AMOUR SUFFIT-IL? T...