Chapitre 22: Confiance

Ecrit par Lalie308

Tu es le soleil qui illumine mes jours, 


Tu es le remède qui apaise mon mal.


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Harry

Elles posent toutes les deux des regards suppliants sur moi. J'avoue que pendant un instant, j'ai voulu céder. Voir cette complicité entre les deux femmes les plus importantes de ma vie me réchauffe le cœur. Mais je me rappelle comment les enfants de l'orphelinat regardaient ma sœur, comment les gens la traitaient comme si elle était un monstre, et je ne veux pas de ça pour elle. Je laisse échapper un soupir pour le moins bruyant avant de me masser la tempe.

— Les filles, vous savez bien que ce n'est pas possible.

Leurs visages s'assombrissent, un éclat dans le regard d'Aliyah me pince le coeur, mais je ne peux pas laisser tomber maintenant. Elle marche lentement vers moi en jouant avec ses lèvres.

— Tu sais Harry, j'ai maintenant dix-huit ans, m'annonce-t-elle.

Je serre les poings, attendant la suite de sa phrase. Elle ne va tout de même pas utiliser l'argument de la majorité!

— Et techniquement, je peux décider toute seule, continue-t-elle en me jetant des regards en biais. Mais je te respecte et je sais tout ce que tu as fait pour moi. Mais sache qu'un jour, je sortirai et que je ne resterai pas enfermée ici toute ma vie.

Je me passe une main nerveuse dans les cheveux en soupirant.

— Je sais.

Après un silence gênant, je prends de nouveau la parole.

— Michelle, on y va?

Elle regarde Aliyah, une expression affligée au visage puis se triture nerveusement les doigts.

— On pourrait aller dîner ce soir, mais passer la journée ici avec Aliyah, propose-t-elle.

Un sourire lumineux se plante sur le visage de ma sœur.

— Vraiment? Vous feriez ça pour moi? s'extasie-t-elle.

— Si Harry est d'accord, précise Michelle.

Je ne peux retenir le sourire qui déforme mes lèvres. Mon coeur bat de plus en plus fort pour Michelle. Et lorsqu'elle agit de cette façon, il explose pour elle.

— Mais... Elle se racle la gorge. Abdou ne va pas rester tout seul dehors. S'il te plait Harry, au moins ça, me supplie-t-elle.

Le regard de chien battu qu'elle pose sur moi me désarme, Michelle me rend faible.

— D'accord, soupiré-je.

Elles se mettent à sauter de joie et se tapent dans les mains, je roule des yeux, mais sourit.

Lorsque j'ouvre la porte principale pour faire signe à Abdou d'entrer, la surprise se fait clairement ressentir sur son visage, ses sourcils épais sont froncés, mais il obtempère. Lorsqu'il arrive au seuil de la pièce, je me mets sur le côté pour le laisser entrer. Il pénètre la pièce avec grande hésitation. Mais dès qu'Aliyah bondit en face de lui, son visage s'illumine et il la prend dans ses bras.

— Abdou!

Il la serre si fort que j'en ai presque les larmes aux yeux. Parce qu'il a toujours été un frère pour elle aussi. Elle avait aussi besoin de lui, et je l'en ai empêché, égoïstement. Lorsque je détourne mon regard, il se pose sur Michelle qui m'envoie un sourire fier qui apaise tous mes démons intérieurs. Nous nous installons tous finalement au salon, assis autour de la table basse. Aliyah connecte son compte Netflix à la télévision intelligente. Nous jouons d'abord au monopoly avant de nous jeter sur la télévision.

— Mais où est snipper? Je ne l'ai pas vu, remarque Michelle qui est assise près de moi.

— C'est plus un chien errant qu'autre chose, déclare Aliyah en ricanant. Il doit être quelque part dehors.

Au même instant, le câlin fait son entrée dans la maison, puis court vers nous. Je lui caresse les poils, tandis qu'il montre toute sa gratitude. Puis il s'installe à côté, se joignant au groupe. Nous jouons une première partie, Michelle est carrément à la bourre. Je me retiens d'éclater de rire.

— C'est pas du jeu, vous trichez, geint-elle.

— Tu es très mauvaise perdante Michelle, remarque Abdou en se retenant aussi de rire.

— Même pas, vous êtes des tricheurs, persiste-t-elle en plissant les yeux et nous regardant à tour de rôle, comme en quête de preuve.

Cette fois-ci, nous éclatons tous de rire. Elle croise ses bras sur sa poitrine en boudant, renforçant l'hilarité de la situation. Elle est tout un cirque à elle seule. Soudain, son regard se pose sur snipper et son visage s'illumine.

— Aliyah, commence-t-elle.

Lorsque le regard d'Aliyah aussi se pose sur le chien, son visage s'illumine aussi.

— Tu penses à la même chose que moi? lui demande Aliyah.

— Oh oui, répond Michelle avec un sourire au coin des lèvres.

Elles se lèvent subitement, puis tirent le chien hors de la pièce avec des visages diaboliques. Je crois même avoir vu snipper me supplier de le sauver.

— Pauvre chien, remarque Abdou. Merci de m'avoir enfin laissé la voir.

— C'est rien. Michelle et elle se sont alliées contre moi. J'avais besoin d'un coéquipier. Et puis c'était stupide de ne pas te laisser la voir avec tout ce que tu as fait pour elle.

Abdou hoche simplement la tête en guise de réponse avant de se mettre à défiler les programmes.

— Tu penses que c'est une bonne idée de laisser Michelle autant s'incruster dans ma vie? m'osé-je à demander.

Abdou est comme un frère, je pense pouvoir tout lui dire. Il pose sur moi un regard perplexe.

— Bien sûr. C'est la meilleure idée que tu n'aies jamais eue! s'esclaffa-t-il.

— Hum...

Mon problème n'est pas de faire entrer Michelle dans ma vie. Bien sûr que je la veux dans ma vie, mais j'ai peur de ce qui pourrait se passer et de ce que la réalité nous réserve. J'ai peur de la briser comme avec ma famille. L'arrivée de Michelle et Aliyah accompagnées de snipper nous interpelle. Enfin, je ne reconnais plus mon pauvre chien sous ce maquillage et cet accoutrement. Elles se maquillent à peine et elles osent faire subir cette torture à mon chien?

— Nous vous présentons le nouveau mannequin de la collection Rêve de nuit, annonce fièrement Michelle.

Abdou et moi nous regardons perplexes avant de secouer la tête. Ces filles sont folles.

Michelle

— Je t'assure que c'était génial Liam, annoncé-je en déposant la manette sur sa table basse.

— Ton jus de pomme, fait-il en me tendant une des bouteilles qu'il a en main avant de s'avachir dans le canapé. Donc tu as rencontré la sœur secrète de ton copain secret, remarque-t-il.

Je roule des yeux.

— Oui. Un jour, tu la rencontreras aussi. Elle est un peu comme moi.

Liam feint de s'évanouir.

— Pauvre Harry.

Je glousse en lui donnant un coup à l'épaule.

— On va dîner tout à l'heure, faire semblant d'être chic en mangent de la nourriture chic genre du homard, plaisanté-je en sachant pertinemment que nous allons dans un restaurant japonais.

— Dis-moi Mich, tu ne penses pas que vous devriez éviter de vous montrer ainsi en public? remarque encore Liam.

— On ne s'embrasse pas en public sauf rarement. Et puis Cyril a bien dit que l'amitié était acceptée.

Je hausse les épaules.

— Si tu le dis, mais fait attention. Ah oui, Mich, j'ai enfin trouvé une solution. Nous avons passé des auditions dans différents collèges et universités. On a recruté des danseurs pour un grand spectacle. Les fonds seront investis pour la construction de l'école, me déclare-t-il fièrement.

Liam a catégoriquement refusé l'aide de ses parents. Je suis fière qu'il ait enfin trouvé une solution. Je lui saute littéralement au cou.

— Waouh, c'est génial. Je suis fière de toi.

Puis je me détache en nettoyant une larmichette au coin de mon oeil.

— Mon petit bébé grandit, le taquiné-je.

Je reçois en pleine face un coussin puis éclate de rire.

*

Je suis vêtue d'un énorme short et un T-shirt qui doit faire trois fois ma corpulence lorsque Harry sonne enfin à la porte. Il fronce les sourcils dès qu'il me voit, probablement surpris que je ne sois pas habillée. Je lui adresse un petit sourire nerveux avant de le tirer à l'intérieur.

— Hey chéri, commencé-je toujours aussi embarrassée.

Harry n'est pas vraiment du style mots doux et toute la collection, je le comprends. Déjà qu'il a du mal à tenir de vraies discussions avec certains, je le vois mal s'ouvrir autant en un claquement de doigts. Pour l'instant, notre relation est encore à ses débuts, je lui apprends à être lui.

— Je pensais qu'on sortait, remarque-t-il confus.

Je me masse le fond en m'asseyant sur l'accoudoir du sofa.

— Oui, soufflé-je, mais j'ai réfléchis et je pense qu'on devrait rester à l'intérieur, lui intimé-je.

Il s'installe près de moi, assis sur le sofa, prend ma main dans la sienne en la serrant tendrement.

— Pourquoi?

Je me tourne vers lui.

— Je n'aimerais pas que tout ça s'arrête trop vite. Je préfère juste qu'on fasse attention et qu'on ne se fasse pas trop voir.

— Oh, se contente-t-il de rétorquer, ayant enfin compris où j'en venais. Si ça peut te rassurer, m'intime-t-il en embrassant mon front.

J'entoure mes bras autour de son cou, puis m'installe sur ses genoux, en enfouissant ma tête dans le creux de son cou.

— Tu m'as manqué, c'est comme si nous avions été séparés pendant des lustres, confessé-je d'une voix basse, étouffée dans son cou.

Il me serre plus fort contre lui, me fait me redresser un peu, puis dépose un baiser sur mes lèvres avant de me regarder dans les yeux.

— Je ressens la même chose, surtout avec la dispute d'hier.

— Oui, la dispute, répété-je doucement en me mordillant les lèvres. Je déteste qu'on se dispute, ajouté-je plus bas.

Il pose sa paume droite contre ma joue en la caressant de son pouce.

— Que s'est-il vraiment passé? me demande-t-il enfin comme s'il attendait une bonne occasion pour me poser cette question.

Je me racle la gorge puis me déplace pour m'installer près de lui.

— C'est l'ex de Tania... commencé-je puis lui raconte toute l'histoire que je perçois clairement comme une trahison.

— Wow, souffle Harry, sûrement également dépassé par la situation. Et tu penses faire quoi?

Je laisse échapper un long soupire bruyant avant de répondre:

— J'y penserai plus tard, pour l'instant, j'ai juste envie de prendre mes distances et d'être bien avec toi, lui réponds-je.

Je ne me sens pas prête à affronter Tania, à écouter ses excuses qui sûrement paraîtront toutes valables comme celles données le jour où j'ai tout appris. Je veux juste oublier pour une fois que j'accorde ma confiance à des gens qui la brisent toujours. 

Mon regard se pose sur Harry qui me scrute du sien, tentant sûrement de comprendre ce qui me passe par la tête en ce moment. Je me contente de lui sourire et de mettre sur silencieux mon téléphone qui signale encore un énième appel de Tania.

— Alors, on va passer la soirée ensemble, rien que tous les deux. Je vais nous faire une beauté culinaire de chez moi. T'as du bol que mon père m'ait envoyé des vivres, annoncé-je en me levant, talonné d'Harry qui s'est déchaussé.

Il porte un jean et le même pull-over qu'il portait lorsque je l'ai rencontré pour la première fois dans ce bar.

— Ton pull me rappelle un vampire, le taquiné-je en lui lançant un regard taquin accompagné d'un sourire.

— Il me rappelle une fille qui est tombée sous mon charme de bel homme, rétorque-t-il bien trop élégamment pour que ça paraisse comme une belle réplique thug.

Je me mets rapidement au fourneau pour faire du Eba, accompagné de moyo et de poissons. Harry s'accoude au comptoir, puis prend une poignée de atchonmon dans un des bols disposés sur le comptoir, qu'il fourre dans sa bouche.

— Qu'est-ce que c'est? C'est bon, dit-il, la bouche pleine, en cassant les petites galettes avec ses dents.

En ce moment précis, il ressemble à un gamin que j'aurais embrassé si je n'avais pas les mains dans du poisson.

— Du Atchonmon. Un jour, un beau jour, je te ferai visiter mon pays, lui dis-je en souriant. Et n'y touche plus, on regardera des films tout à l'heure avec, le réprimandé-je doucement.

— D'accord, fait-il en levant ses mains. Je vois que tu as tout prévu pour qu'on ne sorte pas, excepté me prévenir.

Il lance un dernier regard au bol et fourre une nouvelle poignée dans sa bouche. Je pose sur lui un regard réprobateur.

— Quoi? Désolé, ma main est têtue, se défend-il avec un air faussement innocent. Aller, laisse-moi t'aider, je fais quoi?

— Je te laisse frire les poissons, lui dis-je parce que je viens de finir l'assaisonnement. Avec un peu de chance, l'huile te brûlera.

Il se lève en me tirant la langue comme un vrai gamin en murmurant un << sorcière >>. Après quelques minutes d'attente pour que les poissons soient imprégnés des épices, il se met aux fourneaux. Il se retrouve facilement dans la cuisine puisqu'il y est maintenant habitué. J'aime tellement observer Harry à la cuisine, un beau gosse hyper bon en cuisine, ça ne court certainement pas les rues.

— Pourquoi mets-tu autant de piment? me demande Harry lorsque j'apprête les condiments à écraser.

— Un bon monyo est toujours épicé, rétorqué-je.

— Seigneur! gémit-il, me poussant à laisser échapper un petit rire.

— Tu vas adorer, je te dis, fais-moi confiance.

— Vous êtes toutes des forceuses dans ton pays? me demande-t-il en tournant les poissons dans l'huile.

Je hausse les épaules avant de mettre le mixeur en marche.

— On est des amazones chéri, on ne se laisse pas marcher dessus, répliqué-je d'une voix forte pour surmonter le vacarme créé par le mixeur.

Lorsque je prépare enfin le Eba, sous le regard attentif d'Harry, il parle encore:

— Rappelle-moi de ne pas te chercher des noises.

Je rigole en me concentrant sur ma tâche. Quand nous sommes enfin attablés, je me lave les mains après lui puis il me fixe après que je l'ai forcé à faire une petite prière.

— Quoi? lui dis-je en haussant les épaules.

— Fourchette, cuillère? dit-il comme si cela devait paraître clair.

— Oh, ça se mange à la main, c'est beaucoup plus intéressant, dis-je.

— Intéressant? D'accord...

Puis il plonge directement sa main dans son assiette et la retire pour la porter à sa bouche en laissant échapper un petit cri.

— Mon Dieu Harry, c'est chaud, attend au moins un peu, dis-je hilare, me retenant à peine d'éclater de rire.

Le reste du dîner se passe bien, ça me fait bizarre de le voir manger béninois comme si c'était une découverte puisqu'il vide son assiette pour l'une des seules fois depuis que je le connais.

— On vivra au Bénin quand on sera... commence-t-il, mais laisse sa phrase en suspend, soudainement embarrassé et tout rouge.

Je fais comme si de rien n'était et me contente de lui sourire en sortant le akpan du frigo. Après avoir tout nettoyé, je lui fais prendre les atchonmons puis le popcorn et nous montons dans ma chambre.

— On regarde quoi? Un bon épisode de Games of thrones? me demande Harry alors que j'allume mon mac.

— Jamais regarder, je lui réponds.

Il fait les gros yeux.

— Quoi? Sacrilège. Mais comment est-ce possible?

Sa réaction me fait glousser.

— Jamais vraiment voulu, et puis ils sont trop loin maintenant pour que je me rattrape.

— Il n'est jamais trop tard.

— Ouais, mais pour l'instant, matons Friends.

Je mets Friends sur Netflix que nous regardons, assis sur le lit. Au bout d'un épisode, Harry dépose les bols sur le sol et me rapproche de lui en posant de petits baisers dans mon cou. Entretemps, il avait appelé Aliyah pour lui expliquer qu'il ne rentrerait pas. 

Il pleut dehors, ce qui crée une fraîcheur que j'adore. Je me concentre sur l'épisode, mais il se fait un peu persistant en tournant ma tête vers lui pour un baiser, qui comment dire, me retourne les sens et me fait oublier ce que je faisais avant.

Je prends l'ordinateur que je pose sur la table de chevet avant de grimper sur ses genoux. Un petit sourire étire ses lèvres quand je glisse mes mains sous son pull dont les manches sont retroussées depuis l'épisode de la cuisine. Je pose mes lèvres contre les siennes puis l'embrasse fougueusement, avec passion tandis que ses mains se perdent dans ma tignasse. La chaleur monte d'un coup.

— Ce hoodie est trop grand pour toi, grogne-t-il avant de le faire passer au-dessus de ma tête.

Je me retrouve dans mon soutien noir en dentelle tandis qu'il me dévore du regard.

— Rappelle-moi pourquoi je ne t'ai pas sauté dessus dès la première fois que je t'ai vu ? grogne-t-il encore.

— Si, tu l'as fait rappelle-toi, le taquiné-je.

Je presse mes lèvres contre son cou puis essaie de lui montrer que c'est à mon tour de diriger les choses. Mais dès que ses mains expertes s'aventurent sur un de mes seins qu'il tient comme un fruit, je perds de nouveau la raison. Puis doucement, dans l'ombre de notre nuit à deux, mes gémissements mêlés à ses grognements témoignent du fait que, quelque part dans Londres, deux âmes se rencontrent encore et encore.

 Mais à côté, nous savons tous deux que ce n'est pas que ça, puisqu'outre le plaisir et la passion, l'un de nous fait toujours une gaffe. Cette fois-ci, c'est le jean d'Harry qui a eu du mal à passer ses chevilles. J'ai éclaté de rire alors que je consumais encore de désir de l'intérieur, un désir douloureux. 

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Le prochain chapitre sera une surprise. 

Au maximum de kiff, je le publie. Héhé. 





Merci de lire, voter et commenter. 


Lalie


Tentation en édition