Chapitre 22 : Le colis

Ecrit par kaynaliah

2 semaines plus tard

***Abbi****

Je suis assise à une table dans un café et je regarde ma sœur qui n’arrive pas à se décider sur ce qu’elle veut manger : crêpe ou gaufre ? Bienvenue dans le monde d’Emilie N’DA. A chaque fois que je pose mes yeux sur elle, je pense à tout ce qu’on a traversé suite au départ de maman de la maison. On en a bavé c’est vrai mais on a su se relever et aujourd’hui nous sommes des femmes épanouies. Emilie est mon premier bébé il faut l’avouer.

-« C’est bon j’ai fait mon choix ? »
-« Ce n’est pas trop tôt »
-« Tchip »
-« 15 minutes pour choisir une crêpe ou une gaufre. Je dois t’inscrire au guiness records 2016 »
-« Tu n’oserais jamais m’exposer ainsi »
-« Tu crois donc ça ? »
-« J’en suis convaincue »
-« Tchip. Passe ta commande pardon. J’ai la dalle. »
-« Moussonfi pardon. Tu vas manger. Ne te fâche pas »
-« Mmh »

Elle appelle le serveur et passe enfin sa commande. Je rêve des crêpes que j’ai commandées et que je vais garnir de glace vanille et chantilly.

-« Sinon quoi de neuf Abbi ? »
-« Je suis là Emilie. Et tes études ? »
-« Ca va ? Je veux entrer à Total pour faire un stage. Je verrai ça plus tard de toute façon car j’ai le temps »
-« Tu l’auras ce stage. C’est toi la meilleure. Tu n’es pas major de promo pour rien »
-« Lol ! Il faut dire aussi que j’ai de bons mentors avec papa et toi »
-« Pas faux ! Pas faux »
-« Ca me manque souvent ce genre de moments entre filles rien que toutes les deux »
-« Emilie la dernière fois c’était il y a 5 semaines »
-« Je te boude »
-« Bébé comme ça. Tu veux faire la concurrence avec tes neveux. Une grande fille comme ça. Tu n’as pas honte ? »
-« Ils sont si beaux et adorables que je ne peux leur en vouloir de s’accaparer l’attention de ma sœur »
-« Toi vraiment tu es irrécupérable. »
-« Je sais »
-J’ai revu maman »

Elle lâche sa fourchette qui tombe brusquement et bruyamment dans l’assiette.

-« Tu as dit quoi là ? »
-« J’ai vu maman il y a deux semaines »
-« Pourquoi tu me dis cela ? »
-« Pour t’informer tout simplement »
-« Ok. Tu sais que tout ce qui a un lien avec cette femme ne m’intéresse guère »
-« Je sais. J’ y suis allée pour qu’elle connaisse ses petits-enfants. Je me suis vraiment sentie mal à l’aise »
-« …. »
-« Elle a tout fait pour que je me sente bien mais c’était au-dessus de mes forces. Le pire est qu’elle est toujours avec cet homme. Je ne veux pas de lui dans la vie de maman ni dans celle de mes enfants. »
-« …. »
-« J’ai l’impression qu’il se passe quelque chose. »
-« Comment ça ? Pourquoi dis-tu cela ? »
-« Lorsque nous n’étions que toutes les deux, elle semblait normale e pleine de vie. Elle semblait heureuse. Mais lorsque cet homme est entré dans la pièce, elle semblait éteinte tout simplement. C’est comme si elle était passée du bonheur à la crainte »
-« Qu’essayes-tu de dire là ? Que cet homme lui fait du mal ? »
-« Je n’affirme rien mais je me pose des questions. Il a carrément voulu me saluer mais je l’ai repoussé. J’ai pété les plombs quand il a voulu prendre Liah »
-« Tu penses qu’elle est en danger »
-« Je ne sais pas Emilie. J’ai remis en discrétion à maman mon numéro de téléphone et qu’elle m’appelle en cas de besoin. »
-« Je vois »
-« J’ai un mauvais pressentiment sans te mentir. Je veux essayer de faire la paix avec elle. La vie est trop courte. Il est vrai que je déteste maman pour ce qu’elle nous a fait tout comme pour le mal infligé à papa. Mais je n’ai pas pour autant envie de la perdre comme ça e de le regretter toute ma vie. Je suis maman aujourd’hui et je sais qu’une mère qui aime ses enfants ne peut les abandonner ainsi du jour au lendemain »
-« Tu penses que cet homme y est pour quelque chose »
-« Bien sûr qu’il y ait pour quelque chose. Je veux surtout savoir ce qu’il lui a fait. Si tu l’avais vue, tu comprendrais mon inquiétude »

Il est vrai que j’ai du mal à pardonner ma mère pour la douleur qu’elle nous a infligée mais je sais aussi qu’on a qu’une seule maman. Je sais que je n’arriverai pas dans un futur proche à oublier tout ce qui s’est passé mais je veux bien faire des efforts pour mes enfants. Je veux faire l’effort d’aller de l’avant et de l’inclure dans ma vie. Je me souviens de quelques souvenirs de mon enfance heureuse avec elle et ma mère a toujours été là. Je sais que nous sommes en Afrique et que certains me prendraient pour une folle mais je crois que mon géniteur a usé du mysticisme pour avoir ma mère et diviser notre famille. Je compte passer la voir de toute façon samedi prochain pour qu’on discute toutes les deux en tête-à-tête.
Je viens d’arriver à la maison et je retrouve Serge et les enfants qui ont passé la journée ici. Je fais de gros bisous à mes mini-moi. Ils m’ont trop manqué. Serge s’est chargé du dîner comme d’ailleurs depuis ces deux derniers week-ends à beau lui dire de ne pas le faire car ce n’est pas son rôle même si c’est mignon. Je monte prendre une douche froide avant de retrouver ma petite tribu : Serge à table et les deux fous en train de jouer avec des pans de la nappe de table. A peine on termine la bénédiction du repas que j’entends des coups donnés à la porte. Je me lève et vais ouvrir pour faire face au gardien qui semble embêté.

-« Excusez-moi Madame de vous déranger mais il y a un problème au portail »
-« Que se passe-t-il ? » dis-je en refermant la porte
-« J’étais devant la maison lorsqu’une voiture s’est arrêtée et une dame est descendue. Elle m’a demandé si c’est bien ici la maison de Monsieur OBERDENO »
-« Oui ? »
-« Je lui ai dit que oui et elle m’a dit qu’elle a un colis pour lui »
-« Il est où le colis ? »
-« Vaut mieux que vous veniez voir à la guérite de vous-même car je l’ai laissé là-bas »
Je ne comprenais vraiment pas où il voulait en venir. Je me disais que c’était certainement un colis volumineux qu’il ne pouvait pas soulever. J’avance avec lui jusqu’à la guérite et je me fige lorsque mes yeux rencontre un bébé installée dans un siège auto et qui tient fermement sa peluche.

Koum koum koum

-« Il est où le colis tu disais »
-« Ah Madame c’est cet enfant là »

Koum koum koum

-« Tu peux me décrire la dame qui te l’a donné ? »
-« C’était une femme bien habillée qui conduisait une prado. Elle m’a dit aussi de vous remettre ceci »

Je récupère l’enveloppe qu’il me tient et l’ouvre rapidement en sachant que c’est une déception énorme qui m’attend.

-« Serge, je sais que je te prends de court mais Serge Junior est ton fils. J’ai fait un déni de grossesse et ai découvert mon état à sept mois de grossesse. J’ai mis au monde ton fils et un mois après j’ai rencontré une personne qui est prête à se marier avec moi mais sans mon enfant. Je ne peux pas rater la chance de ma vie en allant vivre avec mon futur époux au Maroc. Le problème est qu’il ne veut pas de Junior. Je suis contrainte de te le laisser pour que tu t’en occupes. J’espère que ta femme sera compréhensive et acceptera de s’occuper de Junior comme s’il était le sien. Je suis désolée de te prendre ainsi de cours mais je n’ai pas le choix. Parle-lui de moi si tu veux mais promets-moi de le rendre heureux. Tu trouveras sous le siège de Junior tous ses papiers et tu as mon accord pour que ta femme l’adopte.Merci pour tout. Laura DUBERDEL»

Je crois que j’ai besoin d’air en fait. Je soulève le siège-auto et pars dans la maison. Je retrouve Serge à table et dépose le siège à côté de son assiette.

-« Il sort d’où cet enfant ? »
-« Du tuyau que tu as été les jambes et qui ne reste jamais tranquille »
-« Quoi ? » dit-il en se levant
-« Je sature avec toi. Tu pends tes affaires et tu sors de cette maison tout de suite »
-« Quoi ? »
-« Si tu restes ici tu risques de ne pas vois le prochain lever du jour. Tu déguerpis et tu vas trouver cette Laura qui ose abandonner son enfant comme si c’était une marchandise »

Serge: Célibataire e...