Chapitre 23 : Accorde-moi une chance.

Ecrit par Les Histoires de Laya

***Avril

***Tia***

Moi (au téléphone) : Joyeux anniversaire ma Nala. Je te souhaite tout le bonheur du monde, tu es une femme formidable et je souhaite que cette vingt-neuvième année soit parfaite sur tous les plans et que tous les désirs de ton cœur se réalisent.

Elle : Merci ma chérie, merci beaucoup. Que tous ces souhaits à mon égard se réalisent.

Moi : Tu comptes faire quoi ?

Elle : M. MAYE m’a offert une journée spa et Mme MAYE m’a demandé de lui réserver toute ma soirée. Donc à vrai dire, je n’ai rien prévu, je les laisse tout gérer.

Moi : D’accord. Dis-moi, quel est le plat préféré de ton frère ?

Elle (surprise) : Tu me caches quoi ?

Moi : Rien du tout Nala, juste que je suis tellement reconnaissante pour ce qu’il a fait pour moi… Je veux lui faire plaisir pour aujourd’hui et le remercier une fois de plus. Car je t’avoue que depuis ce qui m’est arrivé, il est toujours là pour moi et je me sens redevable.

Elle : Je comprends, mais il ne le fait pas en attendant quelque chose en retour, il le fait parce qu’il veut te protéger Tia, il faut que tu mettes ça dans ta tête Mlle. Bon, tout comme son père, un plat d’aubergines, crevettes, poisson fumé avec la banane bouillie et du manioc. Avec ça, tu es sûre qu’il sera content.

Moi : D’accord, merci Nala. Bon je vais acheter de quoi lui faire ce plat, bisou.

Je raccroche et je sors de la maison. Je fais un tour à Tilène (marché) pour prendre tous les ingrédients.

Quand je reviens à la maison, je décide de l’appeler d’abord.

Lui (décrochant) : Oui ma Tia

Moi : Bonjour, tu peux passer chez moi à 13h ?

Lui : Oui oui, si tu le veux !

Moi : D’accord, je t’attends à 13h !

Lui : Et tu ne me dis même pas joyeux anniversaire ?

Moi (éclatant de rire) : Viens seulement, bye. Clic

 Je me suis affairée en cuisine, à 12h30 tout était prêt.

J’ai profité à prendre ma douche et mettre une robe simple.

À 13h00, ding dong.

Moi (ouvrant) : Très à l’heure, entre (ce qu’il fait)

Lui : L’heure c’est l’heure.

Moi : On passe à table.

Lui (surpris) : Tu m’as fait à manger ?

Moi : Oui oui !

Lui (ravi) : Alors là, j’ai de la chance !

Moi : Je ne te le fais pas dire !

Il s’assoit face à moi, je lui sers à manger et dès la première bouchée

Lui : Délicieux !

Moi (contente) : Merci

Lui : Ma mère a de la concurrence là, c’est très bon Tia.

Moi : Merci Neal.

On mange et quand on termine

Moi : Neal, je tenais à te dire merci une fois de plus pour tout ce que tu fais pour moi ces derniers temps, ça me permet de remonter la pente et à vrai dire je me sens parfois bien grâce à toi ! Joyeux Anniversaire Neal.

Neal : Regarde-moi stp (ce que je fais). Je serai toujours là pour toi ! Je ne romps jamais mes promesses Tia.

Moi (touchée) : Merci !

Lui : Pas de tristesse aujourd’hui, c’est un jour joyeux ok ?

Moi : D’accord !

Il a passé l’après-midi avec moi.

Neal : Tu ne veux pas faire ton permis ?

Moi : Ce n’est pas encore dans mes projets. Et même si je fais, je ne pourrai pas m’acheter une voiture maintenant, chaque chose en son temps.

Neal : J’aime bien ta philosophie de vie Tia, et je t’avoue que c’est admirable. Généralement, les femmes de ton âge souhaitent avoir une grosse voiture dès qu’elles trouvent du boulot, elles veulent voyager, porter de grandes marques…

Moi : Wep, mais bon, nous ne vivons pas tous les mêmes réalités.

Neal : Effectivement ! Dis-moi, tu comptes me parler de ta famille ?

Moi (regardant droit devant moi) : Je n’en ai pas !

Lui : C’est-à-dire ?

Moi : Que je n’en ai pas. (Soufflant) On a dit que c’était un jour joyeux alors évitons les sujets tristes.

Lui : Je suis désolé d’en avoir parlé.

Moi : Oh t’inquiète, c’est tout à fait normal, d’autant plus que tu m’as parlé de la tienne.

Lui : De toutes les façons, on fera la nôtre un jour Tia.

Je me suis crispée.

Lui (voyant ma réaction) : Excuse-moi

Moi (voix tremblante) : Que penses-tu des pères démissionnaires ?

Lui (me fixant) : Que ce sont des cons ! Et j’espère qu’ils finiront leurs vies livrés à eux-mêmes.

Moi : Et si tu en deviens un, tu seras toujours aussi radical ?

Lui : Je ne le serai jamais Tia ! Enceinter une femme et quand l’enfant arrive, tu démissionnes ? Je ne vais jamais le faire.

Moi : Et les pères violeurs ?

Il écarquille ses yeux

Lui : Tia ! Je hais tout ce qui consiste à faire du mal à quelqu’un & je hais encore plus les personnes qui font ce genre de choses. Un père violeur ne mérite pas d’etre en liberté, je vais même plus loin en disant qu’il mérite de mourir pour avoir brisé une vie. Un homme doit protéger son enfant et non pas briser l’innocence de celui-ci, un père ne peut pas transformer son enfant en son objet sexuel (je commence à trembler) Tia ?

Moi (craquant) : Neal, je suis perturbé, je ne vais pas bien ! J’ai tout essayé, j’essaie d’oublier mais ce qui s’est passé en janvier a tout remis dans ma tête. Je suis brisée intérieurement Neal, mon cœur saigne, quand je crois aller bien, un mot, une image, va toujours me ramener dans ces souvenirs sombres.

Lui : Et si tu me disais ce qui se passe Tia, une bonne fois pour toutes ?

Moi : Une partie de moi a peur que tu l’utilises contre moi, j’ai peur que tu te serves de ma faiblesse.

Lui (touchant ma main) : Tu as compris ce que je t’ai dit précédemment ? Je suis là pour te protéger Tia, je suis là pour toi, pour t’aider et non pas pour te faire encore plus de mal.

Je me contente de coller ma tête contre mes genoux et basculer d’avant en arrière.

Je ne sais pas si vous comprenez à quel point je suis désemparée, à quel point je suis traumatisée.

Je me trouve même parano, mais comment ne pas l’etre ?

Comment on fait pour effacer partiellement sa mémoire s’il vous plait ? Dites-moi, parce que je sens que toute ma vie, je vais avoir cette plaie non cicatrisée à l’intérieur de moi.

Neal : Je veux qu’on aille chez un psy.

Moi : Il va me guérir ?

Neal : Il va t’aider à le faire. Tia, il faut que tu comprennes que tu es la seule à pouvoir enclencher ton processus de guérison, puis, moi je vais t’accompagner sur ce long chemin mais il faut d’abord que tu décides et que tu sois déterminée à guérir. Je te propose un psy car tu as surement besoin d’une personne extérieure. Je crois que tu t’es tellement forgé un tempérament de lionne, une image de femme forte, que tu as peur que les gens proches de toi te prennent en pitié alors peut-être que la réelle solution est de t’ouvrir à une personne neutre et spécialiste, et peut-être que là, le déclic sera vraiment à 100%.

Moi (après 10minutes) :  Ok.

C’est ainsi que la semaine d’après, on a trouvé une psy qui a très bonne renommée. J’allais la voir 2 fois par mois, au début, je ne parlais pas beaucoup, je passais mon temps à pleurer. Et au final, je n’avançais pas, ça a duré 6 mois et un soir, j’ai eu un déclic suite à un message qui m’a donné toute la force dont j’avais besoin.

Neal (message) : Peu importe ce qui s’est passé, je ne te jugerai jamais Tia, je ne te laisserai pas tomber, si tu pouvais voir dans mon cœur, tu y verrais la profondeur de l’amour et de la bienveillance que je ressens vis-à-vis de toi. Je t’aime et je te soutiendrai dans toutes les étapes de ta guérison.

Ça a été le déclic, le lendemain, je me suis rendue au cabinet de ma psy, j’ai demandé à Neal de venir assister à cette séance.

Il est venu, il s’est assis à coté du fauteuil sur lequel j’étais allongée.

La psy : Vous allez d’abord stabiliser votre respiration (ce que je fais) et ensuite, il faut que vous compreniez que dans cette pièce, nous voulons tous les deux votre guérison, alors n’ayez aucune crainte.

 Je suis allongée et quand je suis prête, je ferme les yeux et je me lance en replongeant dans mes souvenirs les plus sombres.

 

Moi (parlant) : Je vois un bébé qui a à peine 3 ans mais qui est déjà en manque d’amour maternel et paternel, je vois une jeune fille de 5 ans qui entend ses parents se disputer, une dispute où son père dit à sa mère qu’il n’a jamais voulu avoir un enfant, je vois une mère qui dit qu’elle aussi n’a jamais voulu avoir un enfant aussi vilain et en plus avec un rieneux. Je vois ses tantes qui la traitent de maigrichonne et batarde, je vois sa mère qui la repousse à chaque fois et qui l’appelle erreur, enfant non désiré. Puis, je vois une fillette de 8 ans qui connait l’inévitable rupture de ses parents, elle les entend hurler et s’insulter dans la maison, elle entend surtout que sa mère et elle doivent sortir de la maison de son père. Quand cette gamine se retrouve hors de cette maison avec sa maman sans rien dans les mains, elle est en pleurs à cause des propos tenus par sa mère et le fait qu’elle réalise que son père s’en fiche d’elle. Cette gamine se retrouve chez sa grand-mère, ah cette grand-mère la seule qui a bien voulu donner un peu d’amour à cette petite fille seule au monde. Lorsque cette petite a 10 ans, sa mère l’abandonne totalement avec sa grand-mère car elle a trouvé un mari, elle dit qu’elle veut vivre son mariage en paix et fonder sa famille sans enfants non désirés. Sauf qu’à 12 ans, la grand-mère décède et les tantes décident d’aller jeter cette gamine devant le portail de sa mère. La gamine entre alors dans ce qui deviendra son enfer sur terre. Dans cet enfer déguisé en maison luxueuse, elle s’attache à son beau-père car il la traite bien et il va jusqu’à lui dire de l’appeler papa, ce qu’elle fait, vu qu’elle croit avoir trouvé une figure paternelle en son beau père Bernard. Sauf qu’elle ne s’imaginait pas que c’était un gros porc, sale violeur. (Voix tremblante) à 13ans, il commence à lui faire des attouchements et tient des propos très bizarres « tu deviens femme », la petite fille prend peur mais que pouvait-elle faire face à cet homme qui lui avait dit de l’appeler papa ? Rien. C’est alors qu’un vendredi soir, la petite avait ses règles et quand son beau-père l’a su, il en était ravi. Étant seul dans la maison avec la petite car la maman était absente, il saute sur cette occasion pour assouvir ses désirs sombres. (Des larmes coulent) La petite fille dans un profond sommeil ressent des mains la caressant puis sa culotte quittant son corps, elle se réveille en sursaut et elle lui dit d’arrêter, car sa mamie a dit que personne ne doit toucher son corps avant le bac. (Pleurant) malgré les cris, il a mis ses doigts dans le vagin de la petite fille, puis il les a reniflés malgré qu’ils étaient pleins de sang, puis c’était autour de son gros pénis d’y entrer. La petite fille ne pouvait rien y faire car il l’avait installée les pieds bien écartés snif. Et c’est comme ça qu’il a forcé l’entrée, puis il a mis un lubrifiant et il a violé la petite fille toute la nuit. (Mon corps tremble)

Neal (posant sa main sur la mienne) : Vas-y Tia

Moi (craquant) : Elle avait mal, il venait de la briser, de briser son innocence ! le lendemain il n’a rien regretté, au contraire il a dit à la fille qu’elle allait faire le devoir conjugal de sa mère. La fille a dit à la maman, mais la maman l’a accusée de sorcellerie et de vouloir briser son ménage. Le violeur a donc réussi à violer la fille une deuxième fois snif. Et à la troisième fois, il n’a pas pu car la fille a mordu son pénis de toutes ses forces. C’est ainsi qu’il a chassé la fille, l’enfant que la mère avait poussé quelques mois auparavant et la mère elle-même. La mère a considéré dès cet instant que sa fille était la plus grosse malédiction de sa vie car à cause d’elle, elle venait de perdre sa vie de riche avec un homme haut placé. Les tantes de la famille ne voulant pas être emmerdées par les filles et leur mère ont décidé de leur donner la maison de la grand-mère au PK, en précisant qu’elles ne voulaient plus etre emmerdées, elles n’avaient pas que ça à faire. La fille s’est alors retrouvée livrée à elle-même, la seule chose qu’elle avait était une maison où dormir, elle partageait cette maison avec sa maman qui elle, vivait avec sa fille comme on vit avec sa pire ennemie. La fille a ainsi passé sa vie à enchainer les petits boulots pour avoir de quoi manger, se nourrir, se vêtir, s’inscrire à l’école. Et surtout, le drame qu’elle a vécu a fait en sorte qu’elle haïsse les hommes de tout son être. Elle les considère tous comme des porcs violeurs et démissionnaires (pleurant). Mais, elle rencontré un homme qui lui a tendu la main, auprès de qui elle se sent en sécurité et qui, elle l’espère, ne la violera pas et ne la brisera jamais. Elle espère au fond d’elle, qu’il tiendra ses promesses car elle en a marre de souffrir sur cette terre. Cette fille devenue femme est une femme brisée à l’intérieur et qui semble forte à l’extérieur.

J’éclate en sanglots et je pleure toutes les larmes de mon corps allongé sur ce fauteuil.

Neal attrape ma main et je sens sa larme s’écraser sur celle-ci, je le regarde et je peux voir de la peine mélangée à de la colère dans ses yeux qui versent des larmes pour moi.

Neal (voix tremblante) : Tu ne méritais pas tout ça Tia, et j’espère qu’ils paieront.

Je pleure jusqu’à ce que je me sente totalement légère.

 

La psy (me regardant) : Comment vous sentez-vous ?

Moi : Bien, légère.

La psy : C’est un excellent début. Vous avez eu le déclic, vous avez exprimé votre chagrin, maintenant, guérissez !

Neal : On va le faire, je vais t’aider.

Moi : Merci !

Quand nous sommes sortis de là, je me sentais mieux par rapport à quand je suis rentrée, je progresse.

 

Les mois qui ont suivis, comme convenu, Neal a été là pour moi et ça m’a vraiment aidé.

***Décembre

Neal : Ça te dit de m’accompagner sur Libreville pour les fêtes ?

Moi : Je ne sais pas trop si j’ai envie d’y retourner.

Neal : Tu seras avec moi et ma famille et ce sera l’occasion de retrouver ta copine Nala

Moi : Et tu diras quoi aux autres membres de ta famille ? Je suis qui pour toi ?

Neal (sans réfléchir) : Que tu es la femme de ma vie, c’est simple non ?

Moi : Neal, je ne suis pas faite pour être en couple.

Neal : Et pourquoi le dis-tu ?

Moi : Bah je le sais, et je te le dis.

Neal : Tu veux te convaincre mais je t’annonce que c’est faux.

Moi : Tu seras déçu Neal

Neal : Je veux alors prendre le risque

Moi : Non

Neal : Tia, qu’est-ce qui t’empêche de voir que tu mérites d’etre aimée ? Qu’est-ce-qui te fait dire que l’amour c’est pour les autres ?

Moi : La vie me l’a montré et j’ai accepté cette réalité.

Neal : Laisse-moi alors te montrer une autre réalité.

On se fixe et un silence total s’installe.

Neal : J’aurai 30 ans dans 4 mois Tia, depuis que j’ai 22 ans, je n’aime que toi, tu crois vraiment que c’est pour te faire du mal que j’ai autant attendu ? Non ! J’ai attendu parce que je veux que tu sois mienne et j’ai décidé que j’allais attendre le temps qu’il faut. Et même là, je suis encore prêt à attendre, mais je veux être avec toi Tia, je veux fonder ma famille avec toi, je veux vivre toute ma vie avec toi, tu veux que je te parle dans quelle langue ?

Moi : Wolof

Neal : Je suis sérieux. Tu peux même prendre à témoin mes sœurs qui commentent notre histoire-là. Tu ne vois pas comment elles disent que je suis « Neal de Tia » ? C’est parce qu’elles savent que je suis sincère dans mes intentions. Je veux avancer avec toi Tia, tu es le seul élément qui manque à ma vie.

Je sais qu’il y’a en toi un sentiment que tu n’acceptes peut-être pas, donne-moi une chance s’il te plait de t’aider à l’accepter et le vivre !

 

Note de Laya : En écrivant ce chapitre, je suis heureuse pour Tia car elle a vraiment fait un énorme pas.  Les sœurs de Neal, il faut venir dire à Tia ohhhhh, il ne faut pas qu’elle rate le vrai gars. Surtout que Melvina rode ! (rire)

Quoi vous pensez que Melvina va laisser ? Donc quand elle vous parle ici, vous pensez que c’est la blague ? (rire)

En tout cas, parlez à Tia oh !

Tatiana : Une âme so...