Chapitre 23 : Charles OGOWET

Ecrit par kaynaliah

*****Charles*****

Je n’aurai jamais pensé qu’Annick puisse me laisser dehors sous cette pluie. Je n’aurai jamais pensé qu’elle puisse me claquer la porte au nez ainsi et ne pas chercher à savoir si je vais bien. Je n’aurai jamais pensé qu’elle puisse tout simplement tirer un trait sur moi comme ça. Comme si je n’avais jamais existé. Mais à quoi donc je m’attendais. Qu’espérais-je donc ? Qu’elle m’accueille les bras grands ouverts 18 ans plus tard ? 18 années de retard. Les choses ne sont plus les mêmes et ont vraiment changé. Quand je comprends qu’Annick ne reviendra pas ouvrir la porte, je retourne dans ma voiture en colère et roule jusqu’à mon domicile sans penser à quoi que ce soit ou piper un mot tellement je suis énervé. Je trouve Irène assise au salon et les yeux plantés sur l’écran du téléviseur éteint. Elle se lève et veut me poser une question mais je l’arrête immédiatement d’un geste en lui signifiant que je ne veux rien savoir ni entendre. Je suis à bout. Je rejoins la chambre d’amis que j’occupe depuis quelques jours déjà et m’y enferme. Je vais prendre une douche et en ressors quelques minutes plus tard. Je sors de la chambre que je referme à clé derrière moi et me rends à la cuisine où je me fais cuire des œufs sous le regard d’Irène.

-« J’ai fait à manger pour toi Charles »
-« Tu es sûr que c’est comestible ou c’est juste pour m’expédier plus rapidement dans la tombe ? »
-« Charles »
-« Quoi Irène ? Tu veux qu’on parle de tes antécédents ici et maintenant ? Tu veux vraiment que je fasse sortir ton CV de folle hystérique ? Tu veux vraiment qu’on discute ? On va le faire »
-« Tu n’es pas obligé d’en arriver là »
-« Quoi ? Que veux-tu encore cacher ? Tout le monde dans cette maison connaît tes numéros à deux balles. Tu me fais chier Irène. Toute cette maison me fait chier. J’ai toujours fit ce que tu as voulu et tu sais bien ce qui m’a retenu à tes côtés »
-« Charles on a tout de même une famille ensemble »
-« Je n’ai juste que ma fille Naomie avec toi et notre fils Marc avec toi. Je te rappelle que Kyllian n’est pas mon fils »
-« …. »
-« Tu n’es pas obligé de me le rappeler tout le temps »
-« Si tu en as besoin »
-« Tu oses être infidèle et tu rentres enceinte de surcroît. Tu m’attribues une paternité qui n’est pas la mienne et je le découvre des mois après. J’élève cet enfant comme le mien mais je reste frustré car il aurait dû être le mien. »
-« ….. »
-« Tu n’en as pas marre de jouer à l’épouse exemplaire. Tu n’en as pas marre de faire croire que tout va bien alors que toute notre vie est bâtie sur des mensonges »
-« je ne regrette pas tout ce que j’ai fait car aujourd’hui nous sommes là et mariés »
-« Ah bon ? Tu appelles ça le mariage toi ? Vivre comme des inconnus depuis des années. Je n’ai même pas envie de te toucher tellement tu m’effraies »
-« Arrête ce que tu fais Charles sinon je vais m’énerver »
-« Mais fâche-toi madame puisque tu as le monopole de la contrariété. Tu crois que je ne sais pas ou ne peux pas me fâcher ? Détrompe-toi Madame. Tu as atteint ton objectif, j’ai aussi atteint le mien. On est quitte »
-« Charles je te jure que si tu me quittes je brûle cette maison avec nos enfants à l’intérieur »
-« Tu ne feras rien »
-« Mmmh »
-« Tu sais pourquoi ? »
-« …. »
-« Ils sont ton unique moyen de recevoir une pension alimentaire de ma part. »
-« ….. »
-« Je suis une personne ambitieuse et je l’ai toujours été »
-« …. »
-« Quand je t’ai rencontrée, tu étais une personne bien et fréquentable. Je ne sais pas à quel moment tu t’’es transformée en cette personne aigrie et mauvaise »
-« Depuis que j’ai su que tu aimais cette traînée d’Annick »
-« Si elle est une traînée toi tu n’es rien du tout. Je t’aimais pourtant Irène. Tu étais la femme que j’aimais. Je ne me contentais que de l’apparence en oubliant que le contenu est bien plus important. Je t’ai mis sur un piédestal et qu’ai-je reçu à la place ? Une trahison de ta part. J’ai rencontré Annick et me suis rapprochée d’elle au point de l’aimer. Je te rappelle que tu étais partie avec un autre et que je ne pensais plus te revoir. Ma raison me répétait sans cesse que tu n’en valais pas la peine et mon cœur aussi. J’étais en couple avec Annick et je m’apprêtais à me rendre chez ses parents pour officialiser notre relation quand tu es revenu dans ma vie et que tu y as foutu le bordel. Je t’ai laissée faire car j’ai été faible au point de laisser la femme que j’aime de tout mon cœur presqu’entre la vie et la mort car tu me menaçais sur les personnes que j’aimais au plus le monde. Mon entreprise que tu m’avais aidée à monter et dont tu étais actionnaire majoritaire et la vie de ma fille Annaelle et de sa mère »
-« …. »
-« J’aurai pu refuser mais j’ai accepté pour les protéger de ta folie meurtrière »
-« Qu’essayes-tu de me dire Charles exactement ? »
-« Le jeu est terminé Irène NGAKO épouse OGOWET »
-« Ah non mon cher. Il se terminera lorsque je l’aurai décidé »
-« Tu crois vraiment cela ? Laisse-moi t’annoncer que j’ai racheté tes parts et que tu n’es plus actionnaire de mon entreprise. Tu ne peux plus me menacer de me faire couler. J’ai demandé la garde des enfants car tu es instable psychologiquement »
-« Comment peux-tu faire ça ? »
-« Je te rappelle que tu m’as menacé, empoisonné et tenté de me faire tuer »
-« Quoi ? Comment ? »
-« Comment je sais cela ? Je me suis penché sur tout ce qui m’arrivait pile au moment où je demandais le divorce »
-« … »
-« Tu ne parles plus Irène ? C’est vraiment étonnant toi qui a plutôt réponse à tout avec ta bouche »
-« Que veux-tu ? »
-« Le divorce pour différends irréconciliables et la garde exclusive des enfants »
-« Sinon ? »
-« Je t’envoie en prison et tu peux dire au revoir à ta réputation »
-« Je ne peux pas faire ça »
-« De la même façon que tu m’as éloigné volontairement de ma fille, de la même façon je ne veux plus que tu sois en contact avec mes enfants »
-« Ce sont les miens aussi »
-« Tu as 24 heures exactement pour me répondre
-« Tu es un salopard Charles »
-« Et toi une criminelle. Après 24 heures, cette offre ne sera plus négociable »

Je me lève et sors de la pièce. Je monte à l’étage où je fais la tournée dans les chambres des enfants qui dorment à poings fermés sauf Naomie qui a apparemment entendu toute notre conversation. Elle a les yeux larmoyants et se jette dans mes bras en me voyant. J’aurai aimé avoir cette relation aussi avec Anaelle. Je veux récupérer le cœur de ma fille et de celle que j’aime. Peut-être que je pourrai retrouver ma fille mais avec Annick je pense que c’est perdu d’avance.

Le lendemain matin, en me levant, j’apprête le petit-déjeuner des enfants car je ne veux pas qu’il touche une seule chose que leur mère aurait pu leur préparer. Je les dépose à l’école avant de continuer au bureau. J’appelle mon avocat pour le prévenir qu’il doit lancer la procédure de divorce dans l’immédiat. Irène m’a eu il y a quelques temps mais il faut croire que le professeur s’est fait dépasser par son élève. Elle pensait que j’avais fini par l’aimer alors que ce n’est pas le cas du tout. L’heure est venue de reprendre ma liberté et de m’occuper des miens. Je reçois un message dans la journée de la part d’Irène.

-« J’accepte mais je veux voir les enfants »
-« Il n’en est pas question que tu les vois seule. Une tierce personne sera là pour te surveiller car tu es capable de tuer nos enfants rien que pour te venger »

Il est 11h50 et je descends du bureau. J’ai fait une enquête sur Annick et je sais où elle travaille. Je ne tarde pas à y arriver et je me fais annoncer par la réceptionniste. Je ne sais pas ce qu’Annick lui a dit mais elle me demande de quitter les lieux avant que la sécurité ne s’en charge.

J’ai vraiment du pain sur la planche avec Annick. Il faut que je lui dise au moins ce qui s’est passé et que je n’ai jamais voulu lui faire du tort ni à notre fille. Je voulais juste les protéger. J’ai agi par amour et même s’il est trop tard pour notre histoire d’amour, je veux au moins jouer mon rôle de père avec notre fille. Quelques heures plus tard, après avoir déposé mes enfants chez leur tante car j’ai le cœur plus en sécurité en les sachant là-bas, je me rends chez Annick en espérant y être mieux accueili que la veille.

Amina: Ma belle-mère...