Chapitre 24 : Une amie en or

Ecrit par Sandy BOMAS



VANESSA

Le commissaire avait tenu à donner une « petite leçon à Olivier en lui faisant passer vingt- quatre heures en garde à vue. Le lendemain, il avait quitté notre domicile sous ordonnance du juge. Mes voisins et ma frangine Cynthia étaient venus rester avec moi au cas où la situation dégénérerait. Il avait proféré toutes sortes d’injures à mon égard avant de prendre une grande partie de ses affaires puis s’était volatilisé dans je ne sais quel coin de Libreville. On aurait dit qu’il attendait ce moment depuis longtemps. « Il n’a même pas essayé de négocier avec moi… » 
De trois jours d’arrêt de travail, j’en étais passé à quinze, puis à trente. J’avais sombré dans une dépression de laquelle j’avais du mal à sortir. J’avais voulu qu’Olivier s’en aille, mais maintenant qu’il n’était plus là j’étais à ramasser à la petite cuillère.
A cause de mon arrêt de travail prolongé, Victoria avait fini par être au courant de la situation. Je n’avais pas eu d’autre choix que celui de tout lui raconter en lui faisant promettre de ne rien révéler à la famille.
J’avais décidé de ne rien dire aux parents, du moins pas pour le moment. Il me fallait du temps pour trouver une explication qui tiendrait la route. Vu comment j’avais damé le corps* (je m’étais démenée) pour qu’Olivier soit intégré dans la famille et pour que ma mère aille plaider au près de mon père pour que nos fiançailles se fassent, je n’allais pas venir leur dire la bouche en cœur qu’on avait tout fait foiré en moins de deux ans ! 
Cynthia et Victoria me conseillaient de me battre pour récupérer mon homme « Mais à quoi bon se battre à garder quelqu’un qui ne veut plus rester avec vous ? L’amour ne se force pas. C’est triste mais c’est comme ça. Si Olivier est réellement celui dont on a retiré la côte pour me créer, on se retrouvera plus tard, dans la vie…»

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CYNTHIA

L’état de santé de Vanessa m’inquiétait beaucoup. J’avais donc décidé de passer le week-end avec elle, j’espérais du fond du cœur que ma présence lui fasse grand bien. 
La veille j’avais aperçu Olivier à au Port Môle qui jouait à la famille parfaite avec sa tuée et leur enfant pendant que Vanessa était en train de sombrer vertigineusement dans une dépression nerveuse. J’ai failli faire ma sauvage et bien les ramasser* (insulter) en plein monde mais une petite voix m’a conseillé de me calmer, de toutes les façons ça ne servirait à rien. Mais une idée beaucoup plus folle venait de faire tilt dans ma tête. Un peu plus tard on s’était retrouvé dans le magasin San gel il fallait voir comment le bon monsieur se faufilait dans les rayons pour ne pas me se retrouver à côté de moi. Grande fût ma joie, quand, à la caisse je me mis exprès derrière eux. Ils ne savaient plus dans quel trou aller se terrer. Olivier avait certainement murmuré quelque chose à sa connasse vu comment elle n’arrêtait pas de se la jouer avec son tissage qui ressemblait aux épines d’un porc épique sur un étalage du marché de Nkembo. Je jubilais intérieurement, surtout en m’imaginant la tête qu’il ferait quand il verrait la surprise qui l’attendait dehors. J’avais soudoyé un des nombreux gamins qui se proposent de garder les voitures pendant que les propriétaires font les courses moyennant un petit billet mille franc, pour qu’il raye discrètement la voiture d’Olivier en y écrivant « Mon propriétaire est un vrai con ! » 
J’étais encore à la caisse quand je l’entendais vociférer un tas de je ne sais quoi en cherchant désespérément le coupable à qui il avait visiblement envie de tordre le cou.
« Tu as eu ! Et ce n’est que le début ! Vanessa n’aurait pas été d’accord avec ce genre d’agissements, mais ça c’est Vanessa trop sage, trop gentille, trop tout… Elle n’a pas encore compris qu’ici on est à Hellbev… »
L’œil au beurre noir de ma combi n’était désormais plus qu’un mauvais souvenir, mais sa perte de poids en un mois était alarmante. « Il faut vraiment que je fasse quelque chose pour la sortir de cet état »
Je m’étais levé un peu plus tôt qu’elle j’étais allé acheter du pain et des croissants à Moulin Pélisson, et je lui avais préparé un petit déjeuner copieux.
-Tu es déjà debout ?
-Je me suis levée tôt tu as vu ? 
-Tu as préparé tout ça à quelle heure ?
-Quand tu dormais 
-C’est vraiment gentil, mais je n’ai pas faim….
- Tchouooo Vanou ! Mange quand même un croissant et juste un bout d’omelette en plus je l’ai faite comme tu aimes avec du jambon et du fromage râpé.
-Je n’ai vraiment pas faim….
-Fais un effort ma co, tu ne peux pas continuer comme ça….Tu sais, commençai-hésitante…Olivier continue sa vie comme si de rien n’était…Je sais que ça te fait mal que je te le dise mais toi et moi nous savons que c’est la vérité. De deux chose l’une soit tu te bats pour le récupérer puisque tu n’arrives pas à te remettre de son départ soit tu prends sur toi et tu arrêtes ton opération d’auto destruction parce que crois- moi ma chérie ce n’est pas en ayant la peau sur les os que tu pourras le séduire à nouveau….
-Je pense que je devrais voir un psy…Je suis en train de toucher le fond….
-Tu veux dépenser de l’argent et parler pendant des heures à quelqu’un qui ne te dira rien ? Ou t’a envie qu’on te prescrive des trucs qui vont te rendre molle gluante comme du gombo en sauce ? Tu ne verras aucun psy ! S tu veux tu n’as qu’à me parler à moi, vide ton sac crie pleur si ça peut te soulager. Je ferai un effort de rester muette pour une fois. 
-Toi muette ? Ne me fais pas rire Cynthia tu ne sais pas te taire pardon tout sauf ça cherche autre chose. 
-Bon je vois que j’arrive encore à te faire rire, c’est déjà bon signe. Au fait il faut que je te raconte un truc que j’ai fait à Olivier hier
-Comment ça ? 
-Je l’ai rencontré hier quand je suis allez faire les courses guéééé
Vanessa était pliée de rire quand je lui raconté comment j’ai fait rayer sa voiture. Ça faisait plaisir à voir.
-Tu es définitivement bectée ma co je jure ! Tu es sûre que tu as fini avec tous les sorciers de ta famille ? Bon finalement j’ai faim….
-Ah quand même !
-Mais pourquoi toi tu manges les coupés-coupés* (viande de mouton braisé et coupée en petit morceaux) et tu me laisses l’omelette ?
-Mais c’est parce que c’est toi la mbenguiste aka ?
-Mbenguiste de quoi ? Donne-moi le vrai becto ! Tchiipppp


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MISS CHOCO NOIR