Chapitre 25
Ecrit par Djelay
Ouf ! Il reste. Nous nous allongeons dans lit, adoptant la même position qu’il y a dix minutes. Apaisée, je m’endors au bout d’un moment. A mon réveil, Je suis seule dans le lit. Aucune trace de Mike nulle part dans la chambre. Le réveil indique neuf heures. Ah! Normal qu’il ne soit pas là. Sans doute qu’il est à son travail. Je lui téléphone pour m’en assurer. Il répond à la deuxième tonalité.
- Bonjour p’tite poupée. Dit-il d’une voix suave. Bien dormie ?
- Bonjour mon amour…
- Hummm ! Ton amour !
Le ton qu’il emploie est enjoué.
- Oui mon amour.
- C’est la première fois que tu m’appelles par un surnom affectueux.
- C’est vrai. Avoué-je. Dorénavant je le ferai plus souvent.
- J’espère bien. Alors, as-tu passé une bonne nuit ?
- Merveilleuse. Dis-je en repensant à nos ébats.
- Ce soir je voudrais t’emmener dîner dans un restaurant.
Je reste sans voix. Mike qui m’invite à sortir ? Jamais auparavant il ne l’avais fait. Peut-être que j’ai rêvé.
- Lili, tu es toujours là ?
- Euh…oui. Bredouillé-je encore sous l’effet de la surprise.
- Je sais… tu n’en reviens pas ! Moi-même d’ailleurs. Mais j’ai compris une chose hier.
- Ah bon quoi ? chuchoté-je en retenant mon souffle.
- Ton bonheur est ma priorité. Et je peux te promettre que dans un avenir proche, je serai un meilleur homme.
Des larmes me piquent les yeux. Mike a beaucoup changé en l’espace d’un soir. J’en suis tellement heureuse mais aussi curieuse de connaître la raison d’un tel changement.
- Je t’aime Mike. Parvins-je à dire d’un ton joyeux.
- Je t’aime aussi p’tite poupée mais je dois me remettre au travail.
- Ah oui. Excuse-moi de t’avoir dérangé. A ce soir. Bisou !
Je suis consciente d’avoir parlé trop volubilement mais je m’en fiche. C’est aussi une bonne chose qu’il sache que je suis aux anges. Je souris bêtement avant de me rappeler brusquement mon plâtre. Une moue se dessine sur mon visage. Je ne peux pas aller au restaurant avec ce truc. J’examine attentivement le plâtre. Et puis merde ! Si cela ne dérange pas Mike, je ne vois pas pourquoi je m’en soucierai. Je sors du lit, m’étire longuement puis file à la douche. Des minutes plus tard, je déborde d’énergie. J’enfile un jogging et un tee-shirt assez léger. Alors que je suis sur le point de franchir la porte, je reçois un appel de Stan. Qu’est-ce qu’il est chiant !
- Oui Stan.
- Bonjour Lili. Tu sembles agacée.
- Tu veux bien cesser de m’appeler à tout bout de champs s’il te plait.
Mon ‘’s’il te plait’’ sonne tellement faux. Il a dû percevoir mon sarcasme.
- Pourquoi ? Ça ne plait pas à ton petit copain ?
Un léger sentiment d’amertume se ressent dans le ton de sa voix.
- Eh bien figure-toi que oui. Ça ne lui plait pas !
- Et toi ? Quel est ton avis dans tout ça ?
- Je crois qu’il vaudrait mieux que nous ne nous voyions plus. Donc s’il te plait ne cherche plus à me voir.
- Où es-tu présentement ? Tu vis avec lui ?
- Oui.
- Bon sang Lili, ce type t’a abandonnée pendant deux mois et toi…
- Ce type comme tu dis, c’est mon petit ami. Ne te mêle plus de cette histoire s’il te plait.
- Comme tu veux. Je peux quand même t’appeler de temps à autres histoires de prendre des nouvelles ?
- Oui mais pas dans la nuit s’il te plait.
- Ok. Tiens ! Hier j’ai vu ta copine Emy sortir de chez toi.
- Ah bon ? Quelle heure était-il ?
- Sept heures je crois.
Elle a donc passé la nuit avec Tom. Pensé-je avec dégoût. J’espère qu’elle ne le regrettera pas.
- Je vois…excuse-moi Stan mais je dois te laisser.
- Tu me manques Lili ! Dit-il d’une voix désespérée.
- Stan, s’il te plait…
- Ok ok. J’ai compris. Me permets-tu de t’envoyer des textos ?
Je ne réponds pas tout de suite. Stan est adorable. Il s’est bien comporté avec moi durant les jours d’absence de Mike. Il venait me voir à la maison, me remontait le moral chaque fois que j’étais triste. Parfois il m’emmenait faire des promenades au bord de la plage. Et j’appréciais ces moments mais c’était tout. Je ne l’aime pas et il le sait. Lorsqu’il m’a fait part de ses sentiments, je lui ai expliqué sans détour que je ne les partageais pas. Sa déception m’a fait de la peine mais que pouvais-je faire ?
- Oui, tu peux. Finis-je par céder.
- Bonne journée poupée.
- Ne m’appelle pas comme ça. lâché-je un peu trop agressivement.
Son silence traduit son étonnement.
- Désolé ! Je ne voulais pas te blesser.
- Bonne journée Stan !
Je raccroche sans lui laisser le temps de répliquer. Je me rends ensuite dans la chambre de Kevin pour prendre de ses nouvelles. Ce dernier m’autorise à entrer lorsque je toque. Hésitante, Je mets la tête dans l’embrasure de la porte.
- Vous pouvez entrer mademoiselle. M’encourage-t-il.
- Euh… Bonjour…Kevin.
Je m’approche du lit en prenant toutefois le soin de mettre de la distance entre nous.
- Comment allez-vous ?
- Très bien. Merci de vous en préoccuper.
Il me gratifie d’un faible sourire avant de grimacer. Il doit encore avoir mal.
- Je suis désolée pour…
- Ne le soyez pas. Le boss est passé me voir ce matin. Si en plus de lui vous aussi devez-vous excusez, je me sentirai plus mal que je ne le suis.
Ah ! Mike s’est excusé auprès de Kevin ? Je ne cache pas ma surprise.
- Monsieur Ibara s’en veut déjà pour que vous n’en rajoutiez. Alors je vais vous répéter ce que je lui ai dit : Ce n’est pas sa faute. Nous combattions à la loyale.
- Mais…
- J’ai perdu c’est tout.
Je l’observe avec tant d’admiration. Ça se voit qu’il aime énormément Mike. Le lien entre eux doit être très spécial. Je me demande si Kevin a une idée de ce qui arrive à Mike. Il doit forcément le savoir.
- Puis-je vous poser une question ?
Il acquiesce de la tête.
- Que se passe-t-il avec Mike ?
Il semble dérouté, vu la mine qu’il affiche. Je tente d’être plus claire.
- Hier, je l’ai trouvé… (je cherche mes mots)…brisé. Il a dû se passer un truc alors je me disais que vous en saviez quelque chose.
A voir l’expression de son visage, il a lui aussi compris qu’il y avait un truc pas net qui c’était passé. Quoi que, il n’en sait pas plus que moi. Je peux le voir à travers ce regard désolé qu’il darde sur moi. Même si je ne suis pas sûre qu’il aurait vendu la mèche.
- Non...
Je l’interromps avant qu’il ne parle.
- Inutile de dire quoi que ce soit. Dis-je avec un sourire.
Un lourd silence s’installe entre nous.
- Euh… portez-vous bien.
- Merci mademoiselle.
- Vous pouvez m’appeler Lili.
Il me sourit pour seule réponse. Je lui rends son sourire avant de quitter la chambre. Dans la cuisine, je faillis avoir une attaque en percutant une femme que je n’avais encore jamais vue.
- Oh mon Dieu ! Excusez-moi mademoiselle. Dit-elle en panique en m’aidant à me relever.
- Qui êtes-vous ? Lui demandé-je méfiante.
- Awa mademoiselle. La nouvelle servante.
Je la détaille attentivement. Plutôt jolie. Un peu maigrichonne mais pas mal. Elle doit tourner autour de la trentaine. Je lui pose directement la question pour m’en assurer.
- Quel âge avez-vous ?
Ma question semble la prendre au dépourvu.
- Euh… trente-cinq ans.
Ah quand même ! Je réalise tout d’un coup que c’était mal poli de ma part de lui avoir demandé son âge.
- Je vous prie d’excuser mon indiscrétion.
- Oh !... Euh… Sans façon. Bredouille-t-elle un peu déconcertée.
Son embarras est contagieux. Je romps la gêne en abordant un sujet banal.
- Vous avez commencé ce matin ?
Je prends place à la petite table à manger.
- Oui mademoiselle. Voulez-vous que je vous serve votre petit déjeuner ?
- Je veux bien merci.
- Café? Ou quelque chose en particulier ?
- Du pain et du café me conviendraient. Merci.
Awa prépare mon plateau pendant que je l’observe. J’ai l’impression de la mettre mal à l’aise. Je ferais mieux de la laisser tranquille même si j’avais prévu manger ici. Lorsqu’elle a terminé, elle emmène le plateau à la salle à manger. Je suis sur le point d’entamer mon repas lorsque la sonnerie de mon téléphone résonne.
- Salut. Lance Emy à l’autre bout du fil.
- Salut.
- Comment vas-tu ?
- Bien merci.
La conversation est tendue. Je l’entends expirer un bon coup.
- Tom a besoin de toi. Lâche-t-elle.
Pardon ? Elle m’appelle pour me dire ça ! Mais quel culot.
- C’est tout ce que tu avais à me dire?
- Ça suffit Lili. S’emporte-t-elle. Ton sauvage de petit ami a failli le tuer et toi tu vis avec lui comme de rien n’était.
Je suis folle de rage en entendant ses reproches. Pour qui se prend-elle pour me faire la morale ?
- Te répondre serait t’accorder de l’importance.
Je raccroche sans rien ajouter. Non mais je n’arrive pas à le croire. Bordel ! Elle m’a coupé mon appétit. Je suis quand même malade d’apprendre que Mike s’en est encore pris à Tom. Quand je pense qu’il ne m’a rien dit à ce sujet. C’est vrai que Tom est un salaud mais il reste mon frère. Je suis soudainement prise d’une envie de lui téléphoner. Mais ma fierté chasse cette idée de ma tête. Les paroles d’Emy me reviennent : « Tom a besoin de toi ». Je secoue la tête avant de me lever d’un bond. Qu’il me le dise lui-même !
Mike,
Je croyais regretter cette décision au petit matin mais non, je suis plus déterminé que jamais. J’ai tout de suite compris ce qu’il fallait faire après avoir réalisé l’étendue de l’amour de Lili pour moi. Toutes ces choses qu’elle m’a dites hier. J’y repense et les battements de mon cœur s’accélèrent. Comment peut-elle m’aimer après toutes les horreurs que je lui ai fait subir ? Depuis ce matin ses mots ne cessent de se répéter en boucle dans ma tête. ‘’ Si tu venais à m’abandonner de quelque manière que ce soit, je te jure que met fin à mes jours ‘’. Ce n’était pas des paroles en l’air. La lueur dans ses yeux le montrait clairement. Putain ! Je suis même allé jusqu’à lui avouer que je l’aimais. Qui suis-je devenu ? J’arbore un sourire en appuyant sur la touche ‘’appel’’ de mon téléphone.
- Monsieur Diaby, ça y est. J’ai pris ma décision.
- Etes-vous à votre bureau ?
- Oui.
- Je serai là dans une heure.
Mon entrevue avec Hamed n’a duré qu’une trentaine de minutes. Je lui ai fait part de ma volonté de collaborer avec la brigade et nous avons convenu de lui trouver un poste dans l’entreprise afin de ne pas éveiller les soupçons. Il n’était pas très surpris lorsque je lui ai dit que j’acceptais sa proposition. Je me demande ce qu’elle a bien pu lui raconter. A la fin de notre entrevue, Hamed m’a demandé si j’étais sûr de ma décision pace que je ne pourrais plus faire machine arrière une fois qu’il aurait franchi la porte de mon bureau. D’un regard déterminé je lui ai assuré que je ne reviendrai pas sur ma décision. Il m’a alors souri puis est parti. Cet épisode de ma journée a été libérateur. C’était comme si on m’enlevait un poids des épaules. Allongé dans le canapé, je pense à ma soirée avec Lili. Je me surprends à sourire comme un idiot. Je l’ai dans la peau, cette petite. En consultant ma montre, je me renfrogne. Encore deux heures avant que ne débute ma réunion avec de nouveaux clients. Il est dix-neuf-heure lorsque j’arrive à mon appartement. Je fonce immédiatement dans la chambre pressé de retrouver ma p’tite poupée. Mais je reste figé à l’entrée de la chambre après avoir ouvert la porte. Je suis conscient de ressembler à un idiot avec cette bouche que je suis incapable de refermer. Lili est sublime dans cette robe digne d’une reine. Longue, rouge, avec une fente qui laisse entrevoir sa cuisse, sa robe n’aurait pas pu être mieux portée. Je suis prêt à parier que celle-ci a été dessinée pour Lili. Mes yeux remontent jusqu’à son visage sans maquillage. Ce côté naturel me rend encore plus amoureux. Sa coiffure afro lui donne un air de chanteuse de soul américaine des années quatre-vingt. Alors que je suis complètement captivée par sa beauté, Lili fait la moue en indiquant son plâtre.
- C’est immonde n’est-ce pas ?
- Ah tiens ! Tu portes un plâtre ? Dis-je en feignant d’être étonné.
Lili sourit avant de reprendre son air sérieux.
- Je ne veux pas te faire honte tu sais.
Je cours l’embrasser avant qu’elle ne rajoute une idiotie du même genre. Lorsque je libère ses lèvres, elle émet une petite plainte qui me fait sourire.
- Ne dis plus jamais une connerie pareille. Tu es belle même avec ce plâtre. Je dirais que tu encore plus belle avec ce plâtre.
Cette fois Lili éclate de rire et je me dis que c’est le son le plus beau qui m’a été donné d’entendre de toute ma vie. Plus je la regarde et plus j’ai envie que tout s’arrange au plus vite pour que nous soyons ensemble sans crainte. Poussé par je ne sais quel esprit, je l’enlace par la taille et l’attire contre moi, le regard rivé au sien. Je ne vois plus qu’elle, rien d’autre, plus rien n’existe à par elle. Possédé ! Oui c’est cela, je suis possédé par l’esprit du désir. Je n’ai qu’une seule envie, lui arracher cette robe. Des pensées salaces défilent dans mon esprit à l’instant même. Lili étendue sur lit, moi lui déchirant sa robe, moi la léchant à travers le tissu fin de sa petite culote, moi…
- Mike ?
Je retrouve mes esprits avec brusquerie. C’est à ce moment que je réalise que j’étais figé, Lili dans mes bras, hypnotisé par la fascination que j’ai pour elle.
- A quoi penses-tu ? Tout va bien ? Demande-t-elle inquiète.
- Non ! J’ai envie de te prendre là, maintenant.
Je la serre contre mon érection pour lui montrer l’intensité du désir qui me consume. Mais Lili, me sourit avant de me chuchoter à l’oreille :
- Allons diner et tu pourras me prendre de toutes les façons possibles à notre retour.
Bordel ! Je bande encore plus.
- Putain Lili, ne me dis pas des choses comme ça ! A moins que tu ne veuilles me tuer.
Pour seule réponse, Lili capture ma bouche. Son baiser est doux et rempli de promesses.
- D’accord ! Dis-je convaincu. Je me douche et on part.
- Bien mon cœur. Je t’attends au salon.
L’expression joyeuse d’Emy tout au long du trajet change lorsque je me gare devant le restaurant. Je fais mine de ne pas m’en soucier.
- C’est quoi tout ça Mike ?
L’irritation la rend encore plus belle mais je me retiens de le lui dire. Je ne voudrais surtout pas l’énerver d’avantage.
- Comment ça c’est quoi tout ça ? On vient dîner !
- Oui je vois bien ! Dans le restaurant de Stan !
Je feins d’être étonné ! Mais Lili ne marche pas.
- Ne me dis pas que tu ne le savais pas. Je ne te crois pas Mike.
- En fait je pensais qu’il était à son père !
- Merde Mike ! C’est pareil.
- Surveille ton langage p’tite poupée. Dis-je avec un clin d’œil avant de descendre.
Je m’attendais à ce que Lili sorte également mais elle reste dans la voiture. Je viens donc lui ouvrir et lui tend la main.
- Je refuse de dîner ici. Moi qui croyais que tu m’invitais pour de vrai.
La déception dans sa voix me pince le cœur. Bien sûr que je l’invite pour de vrai. Seulement, je veux montrer à cet imbécile que Lili est à moi. Cela peut paraître puéril mais j’en ressens le besoin.
- Je t’invite pour de vrai p’tite poupée.
- Dans ce cas pourquoi ici ? Qu’as-tu à prouver ?
Je reste muet face à elle, ne trouvant pas de réponse à sa question. En fin de compte, c’est Lili qui a raison. Qu’ai-je à prouver ? Qu’elle est entièrement à moi ? Putain ! Je réagis comme un gamin.
- Rien. On s’en va.
Je remonte dans la voiture sous le regard ébahi de Lili.
- Quoi ? Demandé-je alors qu’elle braque sur moi un regard réprobateur.
Soudain, elle sort de la voiture et se dirige vers l’entrée du restaurant. Je sors à la hâte à mon tour et cours presque pour la rattraper.
- Qu’est-ce que tu fais ?
- Puisqu’on est là, autant en profiter. En plus ils font les meilleurs steaks de la ville.
Son
sourire illumine l’obscurité de la nuit. La lune n’aurait pas pu faire mieux.
Lili lève les sourcils, attendant que je me décide. Evidemment que je viens. Je
lui tends le bras qu’elle accepte volontiers. A peine entrons nous que nous
sommes accueillis par Stan en personne. Son sourire s’évanouit lorsqu’il nous
aperçoit.
Fin du vingt cinquième chapitre. Bizbi.