
Chapitre 25
Ecrit par Spice light
– Anael NAWEJ –
38 ans, mère d’un garçon de 10 ans.
J’ai rencontré Victor quand je faisais mes premiers pas dans la vie professionnelle. J’avais 25 ans à ce moment-là. J’étais en stage au ministère où il travaillait. N’ayant pas été retenue, il m’a recommandée dans une entreprise privée de la place. C’est là qu’est née notre idylle.
Achael est un enfant voulu, et je l’ai tellement désiré que Victor a fini par me le donner, enfin. Victor s’était ouvert à moi sur sa vie.
On menait une relation tranquille. Je n’ai jamais vu sa femme, ni en face ni même son ombre. Je savais rester à ma place.
Lors de la naissance du petit, il l’a reconnu, mais il porte le nom de mon père : NAWEJ YAV Achael, fils de Foke Lomomo Victor et de Nawej Yav Marine Anael.
Mes frères et moi portons tous le nom de notre père, sauf le prénom qui diffère.
Les années ont passé, et rester dans l’ombre ne me convenait plus.
Je voulais, moi aussi, être appelée Madame X. Alors, j’ai pris la ferme résolution de mettre un terme à notre relation.
C’était difficile, dur, mais c’était la seule chose à faire après dix ans de relation.
Mais je ne l’ai jamais empêché de voir son fils.
J’étais choquée à l’annonce de sa mort à la télé.
Le plus dur a été de l’expliquer à mon fils.
Je partais lorsque je pouvais aux veillées. Je crois que certains m’ont remarquée, et le jour de la levée du corps, j’ai emmené son fils lui dire adieu. Il n’a pas trop compris… l’enfance, sûrement.
Ce même jour, Franck m’a abordée et je lui ai tout dit. Il passe voir le petit, qui s’est vite attaché à lui.
Aujourd’hui, il amène l’aîné voir le benjamin. Le geste me touche énormément.
Je n’attends rien de la famille de Victor, et je m’y suis préparée depuis toujours.
Mais si, au moins, Achael peut en côtoyer certains — de préférence les enfants de son père (chose qui, selon moi, ne risque pas d’arriver) — ce serait mieux.
– Anael, tu viens quelques minutes ? me demande Franck alors que le petit reste avec son aîné.
– Oui, allons dehors. Madame Agathe, apporte-nous deux chaises.
…
– Tu sais, Anael, jusqu’à récemment je n’étais pas au courant de ton existence.
J’étais proche de mon oncle, mais jamais il ne t’avait mentionnée. Je suis ravi que tu aies déjà pris des dispositions pour Achael.
Je viens d’en parler à tous ses frères, et ils ne sont pas ouverts à la discussion.
Donc, ça prendra énormément de temps.
Je verrai le petit de temps à autre lorsque je pourrai, mais je ne promets rien. Et je ferai un geste selon mes moyens.
J’ai déjà trois enfants, ainsi que plus d’une vingtaine de personnes à charge, que ce soit au village ou ici.
Au moins six sont à l’université, sans compter les autres charges.
Donc je ne peux rien te promettre.
– Tu n’as pas à t’inquiéter pour cela. Le petit est assuré et a un compte épargne que son père lui avait ouvert, et j’ai pris le relais lors de notre séparation.
Je m’en sors parfaitement avec lui.
Mais si je me sens limitée, je pourrai toujours te mettre au courant.
Et je suis ravie que tu aies ramené son aîné pour le rencontrer.
– D’accord. Je vais donc rentrer me reposer. Demain, je dois prendre la route.
– Ok, allons-y.
– Franck LOLENGE –
Je suis sur le chemin du retour avec Rolls.
Je voulais à tout prix qu’il voie son petit frère. Et j’espère avoir fait ma part.
Le reste est entre leurs mains.
Achael est un enfant, il n’a pas conscience de bien des choses, contrairement aux autres…
Le lendemain de mon retour chez moi, j’envoie ma femme accompagner Rolls chez le spécialiste.
Toute la semaine, je suis dans mon travail, et c’est Mélia qui accompagne Rolls à tous ses rendez-vous médicaux.
Deux semaines plus tard, a lieu le retrait de deuil.
Ivy et Joan restent aider leur mère à déménager.
La vie peut maintenant reprendre son cours, et je peux enfin me reposer comme il se doit.
– Rolls FOKE –
En retournant chez elle, Mine a laissé 200 000 FC à Ivy pour me prendre un bon téléphone Android.
La petite m’a ramené un téléphone là… (je bouge la tête, amusé) : un téléphone qui a WhatsApp et Facebook, oui, mais… pardon, mieux vaut que je me taise.
Chez Franck, il y a moi et ma fille Elisa, lui-même, le propriétaire de la maison, et sa femme, sa benjamine Nelly, 17 ans, le petit-fils de sa femme Adam, 8 ans, notre nièce Marthe, Sylvain le neveu, son grand frère du côté de son père Damas, et un grand frère du village en visite.
En tout, nous sommes 10 personnes.
La maison a quatre chambres à l’intérieur, plus une cuisine, et deux chambres à l’extérieur.
En plus, il y a deux dépôts de vente de bières, munis d’une terrasse pour les clients, et la cour est parfois occupée lors de grandes manifestations.
Un hôtel un peu plus loin, en plus de cela, et il est fournisseur de fournitures de bureau et de matériaux dans une grande entreprise de la place.
C’est dans l’hôpital de cette entreprise que je fais mes examens médicaux.
En plus de tout cela, son fils est à l’université, tout comme le fils de son grand frère décédé et la fille d’un de nos cousins, également décédé, qui reviennent pour les vacances.
Son aînée (la fille de sa femme) vit dans la même ville que nous, mais travaille dans la société où Franck est fournisseur.
Elle est logée par son employeur. Deux autres neveux à Kinshasa, universitaires eux aussi, sont à sa charge.
Son défunt petit frère a laissé onze enfants.
En plus de cela, il porte la charge de la famille.
Franck, c’est un homme. Et quand il dit qu’il a des charges, c’est vrai.
Un chauffeur et un blanchisseur l’assistent.
Les dépôts sont gérés par sa fille de 17 ans.
L’hôtel est encore à ses débuts, avec seulement un gérant et un gardien.
Je l’admire beaucoup.
J’ai espoir que Mine fera appel à Elisa comme promis.
C’est son homonyme, après tout : Foke Liyongo Élisabeth (elle dit qu’Élisabeth, c’est trop long, donc on l’appelle Elisa… cette enfant est un cas).
M’occuper d’eux me coûte énormément. Leur grande sœur est à l’université à Mbandaka, chez sa mère, et c’est elle qui s’en occupe.
Moi, je le fais à titre participatif, par manque de moyens.
Elle m’avait parlé d’un ordinateur, et l’ordinateur que papa utilisait m’a été donné, ainsi que la télé de 55 pouces, le congélateur de 400 litres, deux valises remplies d’habits, et quelques chaussures.
Il me reste le dernier examen à passer avant la programmation de mon opération.