Chapitre 26 : Confrontation
Ecrit par Moktar91
Chapitre 26 : Confrontation
Godomey
Naimath se réveilla ce matin avec une affreuse migraine. Elle chauffait presque. En jetant un coup d'oeil à son portable, elle ne put que se rendre à l'évidence. Il était 7h49. Elle serait en retard au cours de Philosophie. Comment a-t-elle put dormir autant ?
Elle se connecta aux réseaux sociaux et lut les quelques messages qu'elle avait reçu. Elle avait des notifications d'appels en absence. Trois exactement. Toutes de Moriane sa grande sœur. Naimath essaya de la rappeler mais son portable sonnait dans le vide. À ses côtés, sa mère dormait encore... Bizarre ! Cette dame ne restait jamais au lit au delà de 5h du matin. Cette dame qui est sa mère et qui depuis bien longtemps s'est assagie. Elle la contempla un instant et voulut se lever de sa natte. Mais elle fut retenue par l'atroce douleur qui lui emplit l'entrejambe. Elle émit un grand cri qui fit réveiller sa mère. Cette dernière sursauta presque du lit en entendant sa prunelle crier. Que Diable pouvait bien se passer ? Le regard de sa mère sur elle l'obligea à lui repondre. Mais elle ne put parler, tellement assaillie par la douleur qui circulait en elle. Elle essaya de se relever à nouveau. La douleur fut plus forte que la première forte. Naimath coula de grosses larmes. Non... Elle ne devait pas pleurer. Elle, la fille aux divers pouvoirs. Elle se toucha son entrejambe à nouveau quand sa mère enleva le pagne d'un seul trait. Elle ne put que mettre sa main sur sa bouche en signe de désolation. Elle put remarquer une mince ligne de spermes séchées sur les cuisses oranges pamplemousses de sa fille et qui descends jusqu'au creux de son entrejambe. Elle écarta brusquement les jambes de sa fille et se mit à l'inspecter. Elle farfouilla en sa fille qui criait de plus belle. Le petite avait mal. Elle avait atrocement mal et cela se ressentait. Sa mère, quelques secondes après, fixa sa fille. La petite ne comprenait rien... Elle était encore une petite adolescente et les premières notions de sexualités qu'elle avait connu remontait en classe de troisième quand son professeur de sciences de la vie et de la terre déroulait son cours sur la reproduction. Sa mère détourna son regard de sa fille et enfonça son doigt en elle... Elle donna un bon coup de poings au mur et se retint de pleurer ni de crier. Sa mère se retira quelques secondes avant de lui dire : <<Tu es encore vierge.>>
Son regard sombre et grave laissait entrevoir toutefois une partie de la vérité qui était encore absente. Naimath l'interrogea du regard avant de se rendre à l'évidence. Si elle était encore vierge, d'où provenait ce liquide séché sur ses cuisses ? Car il faut le dire, c'était bien du sperme d'homme.
-<<Tu ne dormiras plus nue, repris sa mère, la main à la hanche, je crois que tu as un mari de nuit.>>
La surprise qui se fit lire sur le visage de la petite pouvait voir à quelle point elle n'y croyait pas du tout.
Elle savait le monde dangereux, et parfois elle en faisait l'expérience. Mais de là à se faire violer par un incube au cours de sa nuit ? Elle ne pouvait en revenir... Mais cela paraîssait très probable. Sinon pourquoi ne pas se rappeler de cet évènement même si des bribes de souvenirs commençait par défiler dans sa tête...
Un visage inconnu,
Un homme nu,
Des paroles incantatoires...
Cela ne pouvait être qu'on incube.
En se levant difficilement de sa natte, sa première réaction fut de sécher les cours de la journée. Elle avait besoin de l'hysope et du sel béni pour se protéger pour les autres nuits.
Sa mère vint à elle en lui tendant sa serviette.
Alors qu'elle s'en allait se délecter de la mielleuse eau matinale qui ne lui fera que du bien, son portable sonna à nouveau.
Sa mère, raccrocha quelques instants après avoir parlé avec l'interlocuteur. Il s'agissait de Moriane.
-<<Ta grande sœur dit qu'un chauffeur viendra te chercher tout à l'heure. Tu es attendue à la réunion de l'entreprise.>>
Elle laissa sa mère et s'engagea sous la douche de circonstance qui trônait quelques part au dans un angle mort de la cour.
À son retour, sa voisine était assise à sa porte et la dévisageait... Naimath fit une génuflexion pour la saluer. Elle lui répondit par un long soupir avant de se lever et de refermer sa porte derrière elle.
La petite secoua la tête et s'engouffra dans sa chambre...
Elle se servait d'être belle pour cette première réunion.
Cotonou
Commissariat Central de Cotonou
Bureau de l'IPJ Amos Zinsou
Amos referma son bureau derrière lui. Il regarda partir les trois individus avant d'enlever sa veste qu'il va accrocher à son fauteuil. C'était trois heures de longs entretiens.
Quelques heures auparavant, le Père Florent fit son entrée dans le commissariat avec à ses côtés son avocat. L'homme portait toujours sa soutane et tenait à la main son avocat tel un couple vieux de quelques années.
Y'a Rockyath fit son entrée...
Amos se tint devant le trio. Il observa chacun des personnages...
Les discussions furent longues et rudes... Discussions au cours desquelles, pendant plus d'une heure, l'avocat prit la parole et balaya du revers de la main toutes les déclarations et accusations faites par y'a Rockyath. Par moment, Florent pressait la jambe gauche de l'avocat en signe de soutien. Le discours aurait pu s'en arrêter là si Amos n'avait pas décidé de sortir son atout majeur. Quelles heures avant cette confrontation, il avait pris le soin de fouiller à plusieurs reprises les documents mis à sa disposition par y'a Rockyath. Le temps filait et les espoirs se faisaient minces jusqu'au moment où un simple reçu se fit voir entre deux feuillets... Un reçu de couteau italien payé dans un magasin ésotérique. Celui même situé au niveau du boulevard Tokpa hoho.
Quand il alla voir le Vendeur, ce dernier lui avait confirmé que c'était bien le prêtre qui s'était procuré le couteau. La vue de la photo de l'homme en blanc finit par convaincre le vendeur, qui confirma par son registre que c'était bien le père Florent, un habitué de nos services, avait-il dit en limant ses miniatures de moustaches...
Fort heureux, Amos s'en alla, déjà que le couteau qui avait servi à vouloir égorger y'a Rockyath fut retrouvé et correspondait avec toutes les précisions à ce modele. C'était un exemplaire unique, rare et qui devait au XVIIIeme siècle au rituel servant à sacrifier de jeunes vierges pré pubères au dieu de la terre dans la Galicie ancienne... Depuis, il fut jeté aux oubliettes avec la présence effective de l'Eglise à travers les croisades...
Aujourd'hui, un de ces exemplaires se retrouvait dans les mains de l'inspecteur comme pièce à conviction d'une affaire de tentative de meurtre par un homme d'Eglise. Comme quoi l'histoire pouvait être vache si elle le voulait.
Amos s'enfonça dans son fauteuil. Nul ne savait encore que l'arme blanche avait été retrouvée. Pas même y'a Rockyath qui n'était pas présente lors de la perquisition.
Quand enfin l'avocat mit fin à son long monologue, un léger vent souffla dans la salle... C'était celui que diffusait par moment le climatiseur. Le silence tomba à nouveau dans la salle.
Amos se leva et vint placer devant le trio le sachet contenant le couteau, la dague. L'homme en blanc blêmit un instant avant de se reprendre alors que l'homme en noir retira ses lunettes comme pour mieux voir le contenu du sachet. La déposition du médecin traitant de Y'a Rockyath était ajoutée. Amos les regarda longuement avant de leur dire avec le plus grand calme : <<Vos empreintes ont été retrouvés sur ce couteau dans l'appartement qu'occupait dame Assouma ici présente. Le dit appartement qui est en votre nom et le couteau je tiens à le préciser porte largement vis empreintes. Les tests ont prouvés que c'est ce couteau qui a servi à attenté à la vie de Madame ici présente. Par ailleurs, le responsable de la boutique a reconnu et certifié que vous êtes l'acheteur. Le reçu de caisse et le registre nous l'ont confirmé. À dire vrai, toutes les preuves sont contre vous.>>
Amos croisa ses bras attendant la réponse.
Le prêtre regarda son avocat qui essaye de chasser un semblant de mouche. Au même instant, Moriane frappa et fit son entrée dans le bureau.
Elle avait été informée plus tôt et tenait à suivre de près l'évolution de la situation.
Florent se mit à balbutier un semblant de phrases... Son avocat indiqua le vice de procédure.
À cet instant, le brigadier venait de faire son entrée. Il avait été sonné par l'inspecteur quelques secondes plus tôt.
-<<Monsieur Florent Hessou, Prêtre de l'Eglise catholique Romaine, vous êtes en état d'arrestation pour la tentative de meurtre sur la personne de Madame Rockyath Assouma. Vous avez le droit de garder le silence. Tout ce que vous direz sera retenu contre vous et utilisé lors du procès. Vous avez le droit de faire appel à un avocat. Si vous n'en avez pas les moyens, vous pouvez en solliciter un auprès de l'état béninois à votre titre de citoyen béninois. Dit-il d'un trait avant de se tourner vers le brigadier et d'enchaîner. Brigadier, amenez le.>>
Le père se leva et se vit passer les menottes sous le regard inquiet et impuissant de son avocat et de Moriane. Un sourire d'espoir se fit lire sur le visage de Y'a Rockyath qui commença à couler des larmes...
De longues minutes s'egrenaient et après, ils s'en allèrent... Le trio, Moriane, y'a Rockyath et l'avocat s'en allaient.
Pour la première fois, le prêtre passera la nuit en garde à vue.
Cette confrontation lui fut fatale...
Sa déchéance commençait déjà...
Le soleil pourrait alors se permettre de luire à nouveau...
Derrière les barreaux, l'homme ruminait sa haine contre cet inspecteur. Il n'avait pas dit son dernier mot. C'en était sûr...
Demain est un autre jour..
Assurément...