Chapitre 26: Le Résultat de sa Bonté

Ecrit par Plume Inspirée

Chapitre 26: Le résultat de sa bonté


- Big boss!


- Hum Romain de toi à moi c’est qui le big boss?


C’était aux environs de 10h que Romain était arrivé à BTL, nous étions installés dans mon bureau et j’avais pris les nouvelles de sa femme et de ses deux fils d’abord. Ils allaient bien, m’avait-il rassuré.


- J’ai essayé de contacter des amis à moi et l’un d’eux m’a dit qu’il a sa tante qui peut avoir besoin d’un gardien mais ce n’est pas à la maison c’est plutôt pour garder une boutique.  Je dois chercher à voir d’abord si la boutique est entourée d’autres boutiques parce que ça peut être très dangereux de garder une boutique qui n’est pas entourée je pense. Par contre si aux alentours il y a d’autres boutiques ça voudra dire qu’il y aura d’autres gardiens autour et ça te met un peu plus en sécurité tu vois?


- Oui oui je vois! Hier après ton appel je disais même encore à ma femme que je n’ai jamais compris comment tu fais pour être tant concerné par les problèmes des autres. Elle me rappelait même la fois où tu es venu me voir à la maison et que tu as mangé avec nous. Vraiment je sais que Dieu va t’élever pour toute cette humilité et bonté de cœur.


- Amen! Tu sais la famille c’est toutes ces personnes qui vivent autour de nous. En tout cas pour moi c’est ça la notion de la famille. Et franchement je te considère comme un membre de ma famille du coup je continue à être sûr que tu es parti pour une raison lourde. En plus connaissant maman!


Il avait sourit avant de me rassurer


- J’étais habitué avec les humeurs de madame et déjà je peux te rassurer qu’elle ne s’est pas comporté de façon dure avec moi. Bon disons qu’elle se comporte comme toujours, elle n’a pas de temps pour faire attention à ceux qui sont là et tu vois le genre? D’ailleurs toi même tu connais madame. Donc ce n’est pas directement son comportement qui m’a fait partir de là.


- Mais qu’est ce qui s’est passé? Attends tu es quand même au chômage! Moi je pense qu’on ne quitte pas son lieu de travail sans raison valable alors que nous n’avons même pas la garantie d’en avoir un autre. Attends Romain ça n’a pas de sens.


Je sentais qu’il hésitait, mais il voulait me dire quelque chose. Romain et moi étions proches du temps où je venais en vacance à la maison. Il nous arrivait même de rester dehors tard jusqu’à 2h du matin à parler et faire des débats. J’aimais ça, parce que chez nous à la maison j’étais entourée que de femmes. Il y avait ma cousine Alberta, la sœur à Cesar mon cousin qui m’avait accompagné à l’hôpital à la mort de Junior, puis il y avait ma mère et mes sœurs. J’étais le seul garçon de la maison. C’était comme ça que j’étais devenu proche de notre gardien. Chaque nuit je sortais papoter avec lui.


- Romain tu sais que tu peux me dire ce qui ne va pas? En fait je te sens hésitant mais je sais qu’il y a quelque chose que tu ne me dis pas.


Il était resté un moment silencieux avant de répondre


- Oui je sais, je sais! Mais en fait il n y a pas vraiment un truc important tu sais je pense que j’étais devenu fatigué du manque de considération de madame peut être.


J’aurais pu le croire quand il me disait, avoir fini par se lasser du manque de considération de ma mère, car je savais que ma mère était vraiment loin d’être sociale avec ses travailleurs mais pourtant je me disais que c’était autre chose. Son ‘peut-être’ à la fin de sa phrase m’avait laissé comprendre que ce n’était pas ça la raison.


D’ailleurs je savais même que Romain se moquait pas mal des sautes d’humeur de ma mère, il arrivait même qu’il en rit. Une fois il m’avait dit que s’il était aussi à l’aise avec ma mère c’était parce que sa grand mère chez qui il aurait grandi était du même genre, un peu hautaine et difficile.


Mais malgré son refus de partager avec moi la vrai raison de son départ de chez ma mère, je n’avais plus insisté. Il était resté une trentaine de minutes de plus avant de prendre congé. Je lui avais promis revenir vers lui avec une suite pour le job chez la tante de mon ami.


 Après son départ, je m’étais plongé dans mon travail.


** Dans la tête de Romain**


Assis dans le bus, alors que le receveur du bus, criait très fort, ‘Moukondo Mazala’ je semblais écouter sa voix de loin, car j’étais perdu dans mes pensées! Comment dire ces choses à Brice? Il s’agissait tout de même de sa mère! Allait-il une seule minute me croire? Brice était un homme qui m’aidait parfois quand ça n’allait pas. Et j’avais peur de créer une distance entre nous en lui racontant la raison qui m’avait fait quitter le boulot chez sa mère.


S’il arrivait qu’il ne me croit pas je restais sûr qu’il n’allait plus avoir la même considération pour moi.


Quand le bus avait démarré, je ne m’étais même pas vraiment rendu compte, tellement ma tête était ailleurs. Au bout de plusieurs minutes, nous étions arrivés au terminus des arrêts de bus, heureusement pour moi que j’arrivais jusqu’au terminus, sinon je me serais trompé d’arrêt tellement j’étais ailleurs.


- Monsieur nous sommes arrivés au terminus là!


C’est là que je me rendais compte que tout le monde était descendu sauf moi. J’étais gêné, en tendant son argent au receveur.


- Désolé je réfléchissais


En tournant les talons, j’écoutais le chauffeur et son receveur éclater de rire.


- Kiekiekiekiekiekiekiekiekiekie


Arrivé à la maison, je trouvais ma femme en train de faire la vaisselle dehors


- Tu n’es pas encore parti?


Ma femme vendait des légumes au marché,


- Ah ma copine à qui j’avais demandé de prendre des légumes pour moi n’a pas pu en trouver. Ça m’énerve même


- Mais toi aussi tu aurais du y aller toi même pourtant!


- Ah tu penses que c’est facile de se lever à 4 h du matin tous les jours hein!  Tu as vu papa Brice comment il va?


- Il va bien, il m’a apparemment trouvé une place pour assurer la sécurité de nuit d’une boutique.


- Ah Dieu soit loué vraiment cet homme est exceptionnel! Dis moi comment il a pris tout ce que tu lui a raconté ?


Ma femme avait laissé la vaisselle qu’elle faisait pour venir s’asseoir sur un petit tabouret à côté de moi.


- Je n’ai pas pu lui dire, imagine qu’il ne me croit pas?


- Eh Romain vraiment ton problème c’est qu’il te croit ou bien de rendre le bien que cet homme n’a jamais cessé de te faire! Papa Brice t’aide tout le temps avec l’argent et toi même tu disais que c’était le seul de cette maison qui te considérait avec beaucoup de respect suivi de la petite Cathy. Et toi tu as des informations qui peuvent l’aider tu les caches? Ce n’est pas gentil de ta part Romain!


- Mais chérie, je suis persuadé qu’il ne va pas me croire. Et qu’il va arrêter de m’aider après ça.


- Si c’est parce que tu penses faire le bien qu’il va arrêter de t’aider alors tant mieux qu’il arrête de t’aider. Dieu va toujours susciter quelqu’un qui va un jour t’aider aussi. Romain tu dois lui dire ce que tu as vu dès ce soir, ça peut l’aider à pendre ses distances ou même à se protéger en Dieu.


Les paroles de ma femme raisonnaient dans mon cœur et dans ma tête toute la journée...


** Dans la tête de Camille**


Après le boulot j’avais fait l’effort de me rendre au culte d’enseignement, bien que fatiguée. On avait été enseigné par le pasteur lui même. Et comme toujours c’était très bien. À la fin du culte, j’avais causé avec quelques membres de mon département avant de rejoindre le pasteur.


- Maman Camille comment vas tu?


- Je vais bien pasteur, je n’ai pas vu maman aujourd’hui


- Maman à fait un tour rapide à Pointe-Noire, elle rentre avant dimanche


- Ah d’accord papa!


- Comment va Brice? Le dimanche passé je m’attendais à ce que vous veniez me voir après le culte mais vous êtes parti très vite


- Oui c’est vrai, Brice avait une course urgente à faire c’est pourquoi nous sommes partis sans traîner. Il va bien même si pour lui déjà venir à l’église c’est beaucoup et donc il ne se donne pas vraiment à fond j’ai beau parler mais rien de concret


- Camille c’est déjà une grâce qu’il soit venu et qu’il continue à venir jusqu’ici. Jamais je n’ai vu quelqu’un ouvrir sa vie et son cœur à Jésus sans que sa vie ne soit radicalement transformée. C’est un processus, déjà en acceptant Christ, le Saint-Esprit a déjà trouvé sa place dans son cœur, pour le moment c’est encore qu’une graine mais elle va pousser jusqu’à devenir un grand arbre qui produit un fruit


J’avais sourit, mon pasteur avait une façon simple et direct d’expliquer la parole de Dieu, d’ailleurs c’était ce qui m’avait fait grandir rapidement, le fait qu’il n’employait pas des illustrations compliquées pendant ses prédications, chaque fois que je l’écoutais les choses avaient un sens plus précis dans ma tête.


Je souriait avant d’ajouter


- Le fruit du Saint-Esprit


- Voilà Camille. Accorde lui le temps, Dieu a été patient avec tout un chacun de nous, nous aussi faisons preuve de patience avec les nouveaux convertis. Mais continue surtout à rester dans la prière. Maintiens ton jour de jeûne et pas de distraction surtout.


- D’accord papa. Et les rêves tu en fais toujours?


- Toujours! dernièrement c’était à l’hôpital, il y avait un monsieur je ne voyais que sa silhouette, il venait m’arracher le bébé, j’ai sursauté et je me suis mise dans la prière papa.


- Continuons dans la prière, nous avons déjà la victoire. Tu es dans l’alliance ma fille. Mais tu dois aller voir ta belle mère, tu sais l’amour est très important dans le cœur d’un enfant de Dieu car c’est à cela que nous sommes reconnu avoir la même nature que Dieu. Dieu est amour ma fille.


- Papa je ne veux pas mettre mon enfant en danger.


- Non tu ne le mettras pas en danger! En fait les relations humaines, les relations de famille sont sacrées. C’est ce que beaucoup de serviteurs de Dieu échouent d’enseigner dans le combat spirituel. Et voilà aujourd’hui des familles se divisent. Tu as la grâce, Dieu t’a ouvert les yeux, désormais tu sais orienter tes prières et tu sais être prudente. Nous continuons à prier que Dieu ouvre les yeux à Brice aussi. Peut être que s’il comprend il va prendre plus au sérieux sa relation avec le Seigneur.


- C’est vrai papa


- La fin de l’année approche c’est le moment où les enfants peuvent profiter de faire un petit geste aux parents tu vas en profiter pour rendre visite à ta belle mère. Demander des excuses pour la manière dont a été votre première rencontre et solliciter une relation normale pour le bien de Brice et de l’enfant. Avant de le faire nous allons faire des séances de prière. Une bonne femme c’est aussi celle qui ne vient pas dans la vie d’un homme pour briser les ponts qui le lient à sa famille. Une femme vertueuse est source de paix. Le spirituel est du domaine du spirituel, Dieu n’est pas fou pour avoir permis que cette femme soit la mère de Brice. Elle l’a allaité, elle lui a mis à l’école, nourri, pris soin de lui. Chacun a fait son choix dans le spirituel c’est vrai mais n’empêche qu’ils restent une famille. La famille est sacrée ma fille Camille.


- Papa je vous fait confiance, je sais que vous savez ce que vous dites alors je vais me préparer à tout ça aussi. Merci beaucoup papa pour tout


- C'est mon devoir ma fille


Je m’étais séparée du pasteur et j’avais pris un taxi. Cette histoire d’aller voir la mère de Brice, il ne fallait surtout pas que j’en parle avec ma mère, elle allait crier au scandale la connaissant. En pensant à elle dans le taxi je souriais seule, ‘Hum sacrée maman!’


J’avais pris mon téléphone pour lui passer un coup de fil ça faisait quelque jours que je n’avais pas de ses nouvelles. La dernière fois elle était passée à la maison avec son pasteur on avait passé des moments dans la prière .


- Allô mère des mères!


- Ah Camille je pensais même à toi


...


——-Pendant ce temps ——


** Dans la tête de Brice**


J’en étais sûr! Romain ne m’avait pas tout dit. Ce soir vers 17h quand j’avais reçu le message de ce dernier, j’étais encore au bureau et je traitais un dossier important. Je lui avais alors rappelé quelques minutes après son message pour lui dire qu’on pouvait se voir tout à l’heure vers 19h.


J’étais de retour à la maison aux environs de 18h, j’avais pris une douche et je m’apprêtais à ressortir pour voir Romain. J’avais peur de mes crises, chaque fois que je m’apprêtais à sortir je n’avais qu’un seul désir au fond de moi: ‘Seigneur épargne moi d’une autre crise aujourd’hui’. Je ne savais certainement pas prier comme toutes ces personnes à l’église, je ne faisais même pas cinq minutes en priant que je manquais déjà les mots. Mais ce soir avant de sortir rejoindre Romain je m’étais assis au lit et j’avais tout de même prier


- Seigneur s’il te plaît je ne veux pas faire l’une de ces crises ce soir. Je sors et ça ne sera pas bien que je fasse une crise devant des gens. Merci amen!


Moi même parfois je trouvais ça bizarre de se parler à sois même et appeler ça prier, mais bon je le faisais quand même. Parfois ça me rassurait de l’avoir fait et ce soir aussi je m’étais senti rassuré d’avoir prié. Puis j’étais sorti.


- Je sors manger un truc dehors avec un frère à moi.


- Ok yaya mais il y a la nourriture que Ya Camille avait fait ici hein!


- Oui je sais gardez ma part au congélateur. Mais il est où Pitsou?


- Il disait qu’il avait fait un tour chez l’une de ses tantes en fait.


- Ah ok. Bah je ne vais pas trop traîner puis que je suis à pieds


- D’accord yaya pas de problèmes.


Je n’avais pas dit aux garçons concernant mon accident de l’autre fois. Pour être crédible je leur avais sorti la même raison que celle que j’avais avancé à Camille la veille.


Je n’avais pas traîné pour trouver un taxi, je m’étais convenu avec Romain qu’on allait se voir au terminus de Mazala, le quartier où vivait Romain et de là chercher un coin tranquille pour manger et parler.  Dans le taxi j’appelais encore Romain pour m’assurer qu’il se souvenait de notre rendez vous. - Je suis même déjà au terminus big boss! M’avait-il répondu.


Une fois au terminus, j’apercevais Romain debout devant une cabine téléphonique. J’avais alors demandé au chauffeur de me laisser là.


-Tu m’as attendu longtemps?


- Non pas vraiment en fait je venais d’arriver au terminus quand j’ai reçu ton appel. Je suis vraiment désolé de devoir te faire faire un déplacement inutile j’aurais pu tout te dire ce matin mais comprends moi c’est un peu délicat


- Pas de problème. On va en profiter pour manger ensemble. Tu connais un coin?


- Hum moi je ne connais pas les coins des bosses comme toi hein!


- Ahahahahah bon on va devoir monter du côté de Moungali on peut facilement trouver un resto par là bas.


On avait pris un autre taxi pour nous rendre à Moungali, dans ce secteur là, il y’avait assez de commerce et il était assez facile de trouver où s’asseoir pour manger et parler au calme. On s’était installé dans un coin pas aussi classe que ça mais du moins pas du tout vulgaire.


On avait commandé des grillades et deux bières. On avait à peine commencer le repas que Romain avait commencé à m’expliquer des choses


- En fait depuis longtemps j’hésite de te faire part de tout ça, disons depuis deux semaines, depuis que j’ai demandé ma démission chez madame. J’hésite de tout te dire, mais ma femme ne cesse de me convaincre de le faire. J’ai peur de te partager ces choses parce que je tiens beaucoup à toi et je ne veux pas que tu le prennes mal.


- Comment ça? Tu commences à me faire peur là, à force de tourner autour du pot, dis moi ce qu’il en est.


A peine j’avais fini ma phrase, ça y est je ressentais la sensation qui précédait toute mes crises, cette sensation de froid au niveau de ma tête et mes jambes qui se tétanisaient par la suite. J’avais chuchoté à Romain


- S’il te plaît serre moi la main


Il n’avait pas cherché à comprendre il m’avait serré la main. Ça m’avait aidé à supporter cette violente vague de douleur qui précédait généralement la paralysie de mes jambes.


Je serrais très fort la main de Romain et je serrais aussi mes dents très fort.


- Qu’est ce qui se passe Brice? Dis moi ce qui ne va pas.


Avant que la douleur ne passe je ne pouvais pas dire quoi que ce soit, je restais concentré à supporter cette violente douleur sans crier. Puis la douleur était passée puis mes pieds étaient cette fois immobiles, je ne pouvais pas les sentir, ni même les bouger. Mais ne ressentant plus aucune douleur je pouvais parler


- Ça va la douleur est passée tu peux me relâcher.


-Mais c’est quoi cette douleur?


- Depuis un moment je ressens une douleur terrible au niveau des pieds puis la douleur laisse place à une paralysie des pieds pour quelques minutes. Donc là pendant que je te parle je ne ressens pas mes pieds, je ne peux pas me lever de là où je suis.


- Mais comment on va faire?


- T’inquiète ça va passer après quelques minutes. Je dois aller voir le médecin demain. En fait j’allais le faire ce matin mais j’avais rendez vous avec toi.


- Écoute je pense que ça en est de trop ce que tu vis, tu vas certainement m’en vouloir le temps pour toi de réaliser que ce que je te dis n’est que pure vérité mais c’est ta mère qui te fait voir toutes ces difficultés j’en suis sûr. Je peux même te dire que c’est elle qui est à l’origine de la mort de ton fils. Quand je me suis rendu compte de tout ça j’ai commencé à voir des choses pas simples dans la parcelle et je n’ai pas pu supporter de rester. Toutes les nuits étaient terrifiantes pour moi je voyais des choses compliquées là bas. Mais chaque fois que j’essayais de sonder François pour savoir s’il remarquait la même chose il semblait ne pas le remarquer.


Je l’arrêtais tout de suite...


- Attends est ce que tu te rends compte que tu es entrain d’accuser ma mère d’avoir fait mourrir mon fils et d’être entrain de me jeter des sorts pour que je sois malade! Est ce que tu te rends compte de ce que tu avances Romain? Je ne sais pas mais j’ai comme l’impression que tu ne mesures pas l’ampleur de ce que tu dis


- Je savais que tu réagirais comme ça. Je l’avais bien dit à ma femme et je ne voulais pas devoir dire des choses qui allait attirer ta colère sur moi en fait mais voilà c’est fait et ça se passe exactement tel que je le craignais.


J’avais baissé d’un ton pour poursuivre


- Non je ne suis pas en colère contre toi mais je suis en fait en train de te demander si tu te rends compte de l’ampleur de ce que tu dis? Parce que ce n’est pas une nouvelle sur la pluie et le beau temps que tu m’annonce ici encore moins des atrocités sur la mère d’un de mes potes mais tu parles de ma mère? Est ce que tu pèses ce que tu dis je veux dire en es tu seulement sûr?


- Oui Brice. Écoute je gagnais 250.000 frs chez ta mère et je sais que même le job que tu vas me trouver ne me fera même pas gagner la moitié de ce que ta mère me payait. J’avais le salaire qui dépassait le salaire minimum d’un fonctionnaire. Tu me vois laisser ce poste pour des soupçons non fondés?


- J’avoue qu’apprendre que tu avais laissé ton poste m’a beaucoup fait réfléchir.


- Je ne soupçonnais madame de rien. Combien même après la mort de Junior les gens du quartier chuchotaient qu’elle était responsable je n’avais jamais considéré cela.


- Je te signale que certains aussi disent que c’est moi le coupable donc va comprendre comment les gens peuvent délirer parfois!


- Je suis d’accord avec toi, madame n’est peut être pas le genre de patron facile mais ça c’est en fait son caractère rien à avoir avec les révélations que je viens de te faire. Madame est une femme qui aime la rigueur et moi j’ai toujours su comment vivre avec ça parce que j’ai grandi chez ma grand mère qui était stricte et pas toujours souriante exactement comme madame. Je ne suis pas entrain de te parler de son caractère mais je te parle de ses choix elle a fait le choix de coopérer avec le diable et crois moi ta mère est loin dans ces choses.


- Ok supposons que je te crois, dis moi tout ce qui te fait penser ça.


Cette conversation était tellement profonde que je ne me rendais même pas compte à quel moment ma crise était passée et que j’avais retrouvé l’usage de mes jambes.


- Une fois avant la mort de Junior, c’était la première fois que monsieur Alfred reste tard au delà de minuit à la maison. J’étais assis avec François du côté de la guérite. Puis comme à mon habitude j’avais décidé de contourner la maison, on le faisait toujours à tour de rôle à partir de minuit pour nous assurer que tout était normal, car un voleur pouvait sauter par le mur du derrière. Ce jour tu étais là dans la maison, car je me souviens que ta voiture était déjà garée. En faisant le tour j’étais presque sûr et certain d’avoir vu un éléphant dans cette parcelle du côté de la véranda du derrière. J’étais comme hypnotisé, j’avais perdu l’usage de mes jambes et je tremblais. Je m’étais assis à même le sol je regardais l’éléphant entrer à la véranda du derrière là, puis l’éléphant avait disparu et après quand je suis revenue à moi, j’ai entendu la voix de madame et de monsieur Alfred entrain de parler à la véranda. Je savais alors qu’il était assis à la véranda. Ce qui fait que je ne pouvais plus faire le tour j’avais fait demi tour. Je ne cessais de me dire que ce que j’avais vu n’était pas réel. A mon retour à la maison déjà que toute la nuit je ne savais pas comment j’avais même pu tenir tellement j’étais dans un état de frayeur terrible. Mais j’avais surtout tenu parce que Francois était là .


- Tu avais raconté cette histoire à François?


- Non je n’avais rien dit. Quand j’étais revenu rejoindre François à peu près trente minutes étaient passées avant que finalement madame ne raccompagne monsieur Alfred à sa voiture. Le lendemain j’avais expliqué ça à ma femme, elle ne cessait de me dire que c’était certainement mes parents genre les gens de ma famille qui me faisaient ça afin que je perdes mon job. Donc pour elle et moi c’étaient des attaques qui venaient de ma famille et si par exemple ce soir là j’avais crié, madame devait penser que je les espionnais et donc on allait me licencié . C’était logique dans ma tête. Nous sommes donc allés chez une femme avec qui on a l’habitude de prier elle a un groupe de prière et l’avons expliqué ça avec déjà notre hypothèse selon laquelle c’était du côté de ma famille et nous avons prié pour nous opposer à ça.


Quelques temps après madame est partie en France et cette nuit où vous aviez conduit Junior à l’hôpital avec Cathy, j’ai cru voir madame dans la maison aux environs de 4h quand je balayais la cour. Je me suis dit que c’était encore ma tête et les ruses de mes parents. Madame était en France comment je pouvais voir madame dans la maison!


Je l’écoutais, je ne savais ni douter, ni croire à ce qu’il disait. Mais je l’écoutais. Chaque fois que j’avais une question sur son récit je l’arrêtais pour poser la question


- Mais comment pouvais tu voir de l’intérieur avec nos rideaux occultants?


- Oui c’était aussi ce  qui m’avait poussé à croire que je me faisais des idées mais sinon que j’avais pu voir par un coin du rideau qui n’était pas bien baissé en fait. Je voyais madame entrain de ranger je ne sais quoi dans une mallette. Elle portait une longue robe à capuche, mais elle n’avait pas couvert sa tête avec la capuche alors je pouvais voir son visage. Elle était occupée à ranger des affaires dans une sorte de mallette. Je me suis dit que j’hallucinais alors j’ai fermé les yeux un instant, juste quelques secondes et quand je les ai ouverts à nouveau, elle n’était plus là. J’ai conclus que c’était encore ma tête qui me faisait des tours.  Tous ça se passait, et moi je me disais que ce c’étaient mes parents qui m’avaient lancé un sort pour que je sois licencié du boulot. Ce qui fait que j’évitais de raconter ces choses à François de peur qu’il ne les souffle à madame et que madame me licencie, car pour moi c’était un sort qu’on m’avait lancé pour que je perde mon boulot.


Quand il avait parlé de la robe avec une capuche et de la mallette je revoyais les délires de Junior. Une fois arrivés à l’hôpital, Junior ne cessait de nous dire qu’il y avait une femme dans la salle avec une robe et un genre de foulard qui couvrait son visage, la femme dont parlait Junior avec une mallette, pouvait être ma mère? Romain n’avait jamais eu ce détail sur la mort de mon fils! À moins que mon cousin Cesar ou Nadia ou même Cathy ait eu à raconter ce détail à quelqu’un à la veillée. Je tremblais mais je ne voulais pas montrer ce trouble à Romain, il fallait que je lui laisse terminer son récit.


- Tout ça je le mettais dans le compte de ma tête. Pendant la veillée alors que tout le monde accusait madame, je ne pouvais pas y croire pas après avoir vu comment madame se battait pour vous et même comment elle avait été une mère pour Junior. Je me disais que les gens aiment parler. Un jour après que tout ceci soit passé, après la veillée au retour de madame, je dirais la nuit où madame était rentrée avec ta sœur Dominique. J’ai bien entendu madame dire à monsieur Alfred qu’elle n’allait pas arriver à dormir dans cette maison tant que Junior y rôdait encore. Je vous jure avoir entendu ça. Monsieur Alfred lui avait répondu ça ne va durer que quelques jours avant que le maître ne vienne le chercher définitivement.


Alors qu’il le disait je m’étais souvenu de la raison pour la quelle Dominique était obligée de voir un psy, elle m’avait raconté qu’une fois elle avait cru voir Junior dans la maison. Pour Dominique tout comme pour moi c’étaient des hallucinations, dues aux traumatismes de la mort de son neveu comme le lui avait dit le psy. Et si ce n’étaient pas des hallucinations? J’étais perdu, ma tête pesait, mais en même temps je n’arrivais pas à faire le lien entre ma mère qui était si prévenante avec nous, celle qui était prête à tout pour nous voir réussir et ma mère qui aurait pu avoir sacrifié mon fils. Je ne trouvais pas de logique!


- J’avais surpris cette conversation, ils étaient dehors devant le portail monsieur Alfred s’apprêtait à rentrer chez lui en fait. Et moi j étais dans la guérite. Là j’avais commencé à avoir des soupçons en faisant le lien avec les accusations des gens à la veillée et les histoires que racontaient Alberta pendant la veillée.


- Alberta racontait quoi? Romain dit moi tout ce que tu sais!


- Alberta racontait à tout le monde que quand elle vivait là, elle voyait des choses étranges, au début elle le disait à ta mère et celle ci lui disait qu’elle devait arrêter de suivre des films d’horreur mais un jour ça en était de trop, elle avait raconté ça à Nadia la mère de Junior, et là Nadia lui avait dit qu’elle avait parfois les mêmes sensations alors qu’elle vivait là et c’était même la raison qui avait fait qu’elle quitte la maison de ta mère selon Alberta. Et donc Alberta était allée raconter ces choses à sa mère et son frère et ils lui avaient demandé de quitter la maison et de faire comme si elle le faisait sans que sa mère ne soit au courant pour que ça n’entraîne pas de malentendu entre vos deux mamans . Mais je n’ai jamais entendu précisément ce qu’Alberta voyait où sentait.


Pourquoi je voyais une part de vérité dans ce que disait Romain? Pourquoi? Pourquoi ça ne sonnait pas faux dans ma tête. J’avais des larmes aux yeux.


- Brice tu es mon petit frère crois moi ta mère n’est pas une bonne personne. La veille de la fête que vous aviez donné chez vous pour fêter les 45 jours de la mort de Junior, ta mère a reçu tard dans la nuit vers 23h un couple, monsieur Alfred y était déjà avant. Et vers 23 h un couple est arrivé dans une voiture grise je me souviens bien, le monsieur était un blanc et la femme une noire. Madame est venu nous dire d’ouvrir le portail ses amis seraient rentrés de la France. Nous avions ouverts, ce qui avait attiré mon attention c’est qu’ils étaient déjà dans leur propre voiture, en fait je m’attendais à ce que quelqu’un les accompagne. Logiquement s’ils rentraient d’un voyage, mais non! Ils avaient traînés au salon jusqu’aux environs de 4h. Ce jour là pour François et moi c’étaient des amis qui revenaient d’un voyage et qui certainement avaient beaucoup de chose à se dire. Mais je doute fort que ce soit le cas aujourd’hui. Le lendemain, j’étais arrivé à la maison là bas vers 16h puis qu’il y avait la fête j’avais fait attention à chaque invité qui sortait après la fête, je n’avais cependant pas vu le couple de la nuit. D’ailleurs leur voiture n’y était pas. Comment des amis qui reviennent de la France, et arrivent chez vous disparaissent le jour d’après. Aucune trace d’eux, on entend plus jamais parler d’eux? Ces choses mises ensemble m’ont fait peur et quand j’en ai parlé à ma femme, elle m’a dit qu’elle me préférait vivant sans boulot. Et elle m’a conseillé de démissionner. Je l’ai fait. Mais le jour où je l’ai annoncé à madame et j’ai bien sure avancé des raisons banales, son regard me laissait croire qu’elle avait compris que je me doutais de quelque chose. J’avais alors passé une semaine compliquée. Je voyais ta mère en rêve tout le temps, au début elle n’avait pas de visage mais comme ma femme et moi étions en jeûne et prières , les jours d’après c’était bien le visage de ta mère dans mes rêves. Mais maintenant ça va. Nous sommes en prière continuellement.


J’avais fait signe à la serveuse, elle s’était approchée avec la facture que j’avais payée et je m’étais levé aussitôt. Je ne savais pas quoi dire à Romain. Avais je la rage? Était je triste? Doutais-Je? Est ce que je croyais à tout ça? Je ne savais pas où me placer face à toutes ces questions. Romains s’était levé, on sortait du restaurant sans rien dire. Arrivé dehors, il avait ajouté


- Un autre détail qui me revient, le couple qui était revenu soit disant de la France la veille de la fête des 45 jours de Junior avait amené avec eux un oiseau dans une cage, c’était la dame qui transportait l’oiseau. Je me souviens même que François et moi, ça nous avait fait rire, c’est François qui avait remarqué et il m’avait dit les blancs sont comme des idiots hein comment il peut voyager avec son oiseau et là on avait rigolé.


Je ne savais pas ce qui m’arrivait, je n’écoutais plus ce que Romain me disait après ça, je n’avais pas répondu et même pas pris congé je faisais un signe de la main au taxi qui arrivait, il avait garé devant, je lui avais donné mon adresse et j’étais monté, sans oser poser un seul regard sur Romain, sans même lui payer son déplacement, sans même lui dire au revoir.


Dans le taxi, j’avais fait le lien avec beaucoup de choses, dans la chambre de ma mère, il y’avait un chef d’œuvre de peinture, un genre de tableau où était peint un éléphant, ce tableau était pour nous qu’un chef d’œuvre, cet éléphant! Je me souvenais aussi, ce rêve que j’avais fait cette nuit, cette nuit là mon fils par contre avait semble t-il rêvé d’une pseudo super héros qui en fait était une génie du mal, la voix et les gestes de Junior me revenait, mais moi la même nuit j’avais rêvé d’un oiseau dans une cage dans un coin isolé. À mon réveil, j’avais trouvé que ce rêve n’était pas banal mais en même temps je n’avais aucune explication à un tel rêve. Mais je me rappelle que ce matin je m’étais retrouvé à ressasser le rêve tout le temps.


Assez tout était évident, ma mère était une sorcière ou je ne sais quoi mais en tout cas elle avait sacrifié mon fils.


- Euh chauffeur en fait je change de destination


J’avais donné ma nouvelle destination au chauffeur, la rage que j’avais, il fallait que je mette cette histoire au clair une bonne fois pour toute!

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