Chapitre 27
Ecrit par La Vie d'Ielle
Chapitre 27 : Je veux rentrer
**Lilian
Mon enfant...
Mon coeur s'est mis à battre tellement vite que je crois qu'en une minute j'ai décroché pour ne revenir à moi que lorsque j'ai vu Jérémie sortir avec Anne-Lily dans ses bras.
Tout se fait dans la précipitation devant les regards inquiets des voisins.
J'ai ouvert la portière pour l'aider à l'y installer à l'arrière avec Jeanne. Il est monté côté conducteur et moi je m'apprêtais à monter devant côté passager mais en mettant le pied j'ai marqué une pause.
Jeanne : LILIAN !!
Je me suis presque effondré.
Le temps que Jérémie descende pour me rattraper les voisins eux l'ont fait, heureusement d'ailleurs.
J'ai été pris de vertige, en plus de mon coeur qui va vite je sens que je tremble.
J'ai des palpitations.
Jérémie : Vous allez bien ?
Moi ( me dégageant ) : Anne-Lily, Allons-y.
Je suis monté malgré mon état et il a pu démarrer.
Je suis tensionnaire donc là je sais que je fais une hausse de tension. Je n'ai pas pris les médicaments depuis le matin, c'est là mon erreur.
Cela m'importe peu pour l'instant, j'ai mieux à gérer présentement.
Malgré la vitesse qu'il met j'ai l'impression qu'on prend du temps, que l'hôpital est très loin. Je ne cesse de regard derrière et de dire son prénom.
Mon enfant Seigneur, ne me la prend pas.
Je ne pourrai pas vivre sans elle, sauve la.
C'est la douleur qui a fait en sorte qu'elle ne réfléchisse pas et pense à se suicider mais je t'en prie, empêche cela. Pitié, mon enfant... Anne-Lily.
Elle t'a pas prié dernièrement mais tu connais pourquoi, tu connais sa peine. Pardonne lui... Elle est encore jeune et elle peut se reprendre, elle peut se relever de la situation qu'elle vit actuellement.
J'ai besoin de toi Seigneur, ma famille a besoin de toi. Apaise la, qu'elle retrouve un peu de joie... Un peu de lumière dans sa vie. Elle a assez souffert.
Sa souffrance est mienne, tout comme elle en peux plus... Je n'en peux plus.
Ça, c'est le paroxysme de la douleur.
Elle ne peut pas mourir. Je ne peux pas perdre mon petit fils et ma fille, je ne peux pas...
Quand on est arrivé elle a été immédiatement admise en soins. Je devrais normalement souffler mais j'ai peur, j'ai très peur parce qu'elle n'a pas bougé. elle n'a pas réagi et ça me fait peur, mon coeur ne peut pas supporter cela. L'attente qu'on nous demande d'observer sera affreux.
Moi : Je veux rentrer avec elle, emmenez moi avec elle.
Infirmière : Vous ne pouvez pas rentrer monsieur.
Moi : C'est ma fille.
Infirmière : Oui mais vous ne pouvez pas rentrer, on va s'occuper d'elle.
Moi ( en larmes ) : C'est ma fille, ramenez la voix je vous en prie.
Comment pas pleurer quand on vit ça ?
Toute la douleur que je retenais pour soutenir Anne-Lily est en train de s'exprimer présentement.
Infirmière : On va faire de notre mieux ( s'en allant ).
De notre mieux ?
Jeanne : Approche Lilian.
Moi : De leur mieux ? Tu as entendu ? De leur mieux ?
Jeanne : Il faut que tu te calme.
Moi : Ils ne doivent pas faire de leur mieux, ils doivent la sauver.
Jeanne : Et ils vont le faire. Viens t'asseoir s'il te plait, ta tension est haute là.
Moi : Je ne veux pas m'asseoir. JE VEUX QU'ON ME RAMENE MA FILLE.... Ma fille.
Jérémie : Ils vont la ramener, ayez confiance.
Pourquoi elle me fait ça Lily ?
Ma tension est trop haute et mon coeur bat trop vite.
Tout ce que Jeanne me dit je n'entends plus, je ne sais pas ce qu'elle me dit.
Je sais juste que je marche vers une chaise pour m'asseoir afin de mieux respirer. J'étouffe et je ne...
**Jeanne
Moi ( essayant de le retenir ) : Lilian !
Jérémie est venu m'aider pour éviter qu'il ne se cogne la tête sur le sol. Heureusement que nous sommes à l'hôpital, ils sont directement venu vers nous et l'ont aussi emmené.
Moi : Si seulement j'avais surveillé Luc, tout ceci ne serait jamais arrivé.
Jérémie : Ne dites pas ça maman.
Moi : Comment ne pas ? Il était sous ma surveillance, je devais veiller sur lui parce que sa mère était en train de travailler. Je l'ai laissé seulement une minute, le temps d'aller lui préparer sa nourriture... Est-ce que j'ai mal fait ( en larmes ) ?
Jérémie ( prenant mes mains ) : Non, vous n'avez pas mal fait et ce n'est pas de votre faute. Ce genre de chose on ne prévoit pas, on fait simplement tout ce que l'on peut pour avertir. Personne n'a voulu que cela se passe, personne n'aurait souhaité une telle chose d'ailleurs. C'est arrivé, c'est horriblement douloureux mais on n'y peut rien maintenant. Vous devez apprendre à vivre avec et surtout Anne-Lily. Vous devez surmonter ça, vous d'abord pour ensuite aider Anne-Lily à surmonter cela. Elle a vraiment besoin de ça, de votre soutien, de vous. Elle a besoin que vous soyez tous là pour elle. Présentement, l'heure n'est plus aux lamentations. On doit prier pour qu'elle s'en sorte de ce qu'elle a eu à poser comme acte, c'est cela notre priorité.
Il a raison.
Ce qui est fait est fait.
On a pas voulu cela mais c'est arrivé. Le malheur a frappé dans notre famille et nous a pris un être cher et maintenant nous devons apprendre à vivre avec cela.
J'ai mal pour Anne-Lily, je ne souhaiterai jamais cela à quelqu'un même pas à mon pire ennemi. Un enfant c'est sacré, qui pourrai souhaiter la mort d'un enfant ?
Je me suis mise à prier intérieurement pour Lily, pour qu'elle sorte de cette salle en vie.
Ne nous la prends pas aussi je t'en prie, elle a posé un mauvais acte mais c'est sous l'effet de la douleur.
Montre lui que malgré son reniement de ta personne tu demeure avec elle et que tu vas l'aider, la réconforter plus que nous le faisons.
Lilian s'est réveillé. Il avait fait une hausse de tension, comme il n'avait pas pris ses médicaments et vu la situation, son organisme n'a pas supporté. Pour Anne-Lily On a attendu pendant plusieurs minutes, ça m'a paru être une éternité. C'est dans la chambre de Lilian que le médecin est venu nous trouver.
Lilian ( se redressant ) : Pitié, dites moi qu'elle va bien. Je vous en prie.
Docteur : Calmez vous, on vous stabilise à peine donc il faut rester calme.
Lilian : Répondez nous s'il vous plaît.
Je n'ai même pas la force de parler, mon coeur bat trop vite que j'ai l'impression que je vais m'écrouler tellement j'ai peur de ce qu'il va nous dire.
Docteur : Elle a pris une grande quantité de médicaments de toute sorte. On a dû faire ce que l'on a pu pour la ramener quoique l'espoir n'y était plus. On lui a fait un lavage d'estomac et grâce à Dieu, on a pu la ramener.
Nous : Merci Seigneur !!
Moi : Elle va bien, on peut la voir ?
Docteur : Elle va bien mais ce n'est pas possible de la voir maintenant, elle doit se reposer un peu. Vous la verrez plus tard.
Merci Seigneur !!
**Cynthia
On vient d'arriver à Putu.
Quand on m'a appelé pour me dire que Anne-Lily avait disparu et que des gens l'ont ramené à la maison j'ai failli faire une crise. Malgré le fait qu'on l'ait j'ai eu peur, imaginons que ces jeunes ne l'avaient pas vu ?
On ne l'aurait pas vu alors ? On serait actuellement en train de la chercher.
Ce n'est pas faute d'avoir voulu qu'elle remonte avec nous en ville après l'enterrement de Luc. Elle s'y est catégoriquement opposée, je n'ai pas voulu forcer au risque de la brusquer encore plus mais là je pense qu'il faut vraiment qu'elle quitte cet endroit. Elle est trop dans le déni et je ne pense pas que rester ici va l'aider à surmonter cette situation.
Rester ici c'est rester au contact de la douleur et du caractère horrible de la situation. Je ne sais pas comment je vais faire mais il faut vraiment que je fasse en sorte qu'elle rentre avec nous, je veux l'enlever de ce tourment quotidien. Je n'en peux vraiment plus de la voir ainsi souffrir.
Carl : Je n'ai pas l'impression qu'il y a quelqu'un à la maison.
Moi ( ouvrant la portière ) : Certainement ils dorment. Allons pour voir.
On est descendu.
J'ai frappé à la porte mais personne n'a répondu.
Moi : Ah maman Henriette ( l'arrêtant ).
Maman Henriette : Eeh ma fille, comment là-bas ? Elle va bien ?
Moi ( la regardant / ne comprenant ) : ...
Maman Henriette : Eeeeh ne me dis pas qu'elle est morte ? Eeh Lily eeh ( les mains sur la tête ) !!
Moi ( le coeur battant ) : Lily ? Elle a quel problème ?
Junior : Maman toi aussi... Tu agis déjà comme ça alors que tu n'as pas de nouvelles ? Tu exagère.
Moi : Qu'est-ce qu'elle a ? Où Est-elle ?
Junior : Tu viens d'arriver ?
Carl : Oui, on arrive à peine mais s'il te plaît dis ce qui se passe.
Junior : Anne-Lily a avalé les comprimés. On l'a emme...
Je n'ai pas entendu la fin de sa phrase que j'étais déjà devant la portière de la voiture. Carl m'a rejoint et c'est seulement à ce moment qu'on a pu prendre le chemin de l'hôpital.
C'est quelle histoire encore ?
Anne-Lily a voulu se suicider ?
Seigneur protège la s'il te plaît, pas un autre drame dans la famille. Pas un autre choc, mon coeur n'est pas déjà pansé de la disparition de Luc... Pitié !
A l'hôpital j'ai demandé qu'on me renseigne mais comme au Gabon c'est toujours le désordre il n'y avait personne pour me donner des nouvelles.
Je me suis mise à crier jusqu'à ce que, agacés certainement, il y'a quelqu'un qui a fini par me renseigner et m'emmener dans une chambre.
Maman, papa et Jérémie y sont.
Moi : Maman qu'est-ce qui se passe ?
Maman Jeanne : Calme toi d'abord.
Moi : Elle a quoi Lily ? Elle va bien ?
Maman Jeanne : Oui, il va mieux.
Papa Lilian : Ta soeur a tenté de se suicider. Dieu merci les médecins ont réussi à empêcher que le pire n'arrive.
Carl : Merci Seigneur !
Moi ( soupirant d'aise ) : Ah seigneur aide moi... Merci , merci !!
Carl : Elle est vraiment hors de danger ?
Maman Jeanne : Ne t'inquiète pas, ils nous ont rassuré qu'elle est totalement hors de danger maintenant.
Moi : Elle est où ? Je veux la voir.
Papa Lilian : Nous aussi mais on nous a demandé d'attendre un peu avant d'aller la voir, on viendra nous faire signe.
Carl : Tu vas bien aussi ( à papa Lilian ) ? Tu m'as l'air pâle.
Maman Jeanne : Il a fait une hausse de tension et s'est évanoui.
Moi : Toi aussi tu veux t'y mettre ? On a même pas encore repris nos forces papa.
Papa Lilian : Pauvre de moi. C'est mon corps qui n'a pas tenu le choc de la journée.
Carl : Tu as pris tes médicaments ?
Papa Lilian : On m'en a donné ici vu que je n'avais pas pris avant de quitter la maison.
Carl : Ok. Excuse nous Jérémie, dans l'euphorie on t'a oublié. Tu vas bien ?
Jérémie : Pas besoin de t'excuser, je vais bien maintenant que tout va mieux pour elle.
Maman Jeanne : C'est lui qui nous a emmené ici. Heureusement qu'il venait la voir sinon je ne sais pas où nous serions aujourd'hui.
Jérémie : N'en parlons plus, elle est hors zone rouge. C'est cela qu'on voulait.
**Anne-Lily
Moi ( ouvrant ) : JESUS !!!
Ce que je vois, la douleur qui me prend soudainement me fait poser les genoux au sol.
C'est une horreur !!
Moi : LUC !!! NON !! Pas toi.. Pas ça... Luc... ( le prenant ) Dis quelque chose s'il te plait... Parle à maman... Il faut... Il faut l'emmener à l'hôpital ( essayant de me lever ).
Quand je l'ai pris j'ai entendu des gens crier puis papa est immédiatement venu vers moi essayant de le prendre de mes mains.
Papa : Ne fais pas ça Lily, donne le moi.
Moi : Il faut qu'on l'emmène à l'hôpital papa.
Papa : Anne-Lily ...
Moi : Si personne ne veut m'aider j'irai toute seule ( essayant de passer ).
Papa ( m'arrêtant ) : Lily Regarde moi... Regarde moi... Ne fais pas ça s'il te plait... Il... Il n'est plus, il faut le laisser maintenant.
Moi : On peut faire quelque chose, aide moi je t'en prie.
Cynthia : AL donne le à papa , s'il te plait.
Papa : On ne peut rien faire Lily, c'est fini... Donne le moi.
Moi ( les larmes pleins les yeux ) : Non... Non... Non... Non... Non... Non... NON !!
Infirmière : Doucement ! Calmez vous s'il vous plaît.
Moi : Où suis-je ? Que fais-je ici ?
Infirmière : Vous avez été admise ici. Vos parents vous ont emmené ici parce que vous avez tenté de vous suicider.
Moi : Me suicider ? Quand ?
Infirmière : Aujourd'hui.
Me suicider ?
J'ai tenté de me suicider ?
J'ai vraiment fait ça ?
Je ne me souviens pas avoir tenter de faire ça.
Je me suis réveillée, je suis restée dans le lit avec mes pensées qui me tourmentaient... Rien de plus.
Je ne peux avoir fait une telle chose quand même.
A quoi je pensais ?
Certainement à retrouver Luc.
Ai-je trouvé de l'apaisement dans cet acte ?
Certainement j'avais envie de retrouver mon fils tellement il me manque.
Infirmière : Comment vous vous sentez ?
Moi : Vide, très vide.
Infirmière : C'est peu de le dire.
Moi : Mes parents, ils sont où ?
Infirmière : Dans une chambre. Ils attendaient votre réveil. Je vais aller les appeler.
Elle m'a laissé.
Je suis restée dans mon lit le regard dans le vide
J'ai encore fait ce rêve, je ne supporte plus de faire le même rêve. L'inconscient n'est pas obligé de me rappeler ce que que je vis comme situation, c'est déjà assez pénible d'affronter cela chaque jour qui passe.
Je suis restée longtemps ainsi, jusqu'à ce que j'entende une voix dans ma tête.
Voix : Laisse le partir.
Cette phrase a raisonné très fort que j'ai eu l'impression que c'est quelqu'un qui criait à mes oreilles.
'' laisse le partir ''... Encore et encore cette phrase raisonne à nouveau dans ma tête sans interruption.
Moi ( bouchant mes oreilles / tête baissée ) : Non... Non... Non... Non...
J'ai senti des mains sur les miennes et en ouvrant les yeux je suis tombé sur ceux de Luc
Luc : Maman.
Moi : Mon trésor... Toi aussi tu veux que je te laisse partir ? Tu veux que je te laisse ? Que l'on ne se voit plus ? Je veux bien mais j'ai peur de ne pas pouvoir vivre sans ton visage... J'ai peur de t'oublier et d'oublier ton sourire. J'ai peur de perdre mes repères, de ne pas me retrouver dans toi. Aide moi... Aide maman à s'en sortir s'il te plait, j'ai besoin de toi et de ta présence.
Infirmière : Pourtant il n'est plus là Anne-Lily... Il demeure dans ton coeur même si tu ne le vois plus, il sera toujours ton fils et jamais tu ne l'oublieras. Garde en mémoire vos heureux souvenirs ( touchant ma tête ), son sourire et sa belle voix quand il t'appelle
Garde ces moments et reconstruis ton coeur grâce à cela. Utilise vos heureux souvenirs pour rebâtir ton coeur plus solide et vivant qu'il ne l'a été auparavant car désormais Luc est ton ange. Regarde le, regarde le sourire qui illumine son visage et dis toi bien que c'est ce même sourire qu'il veut voir sur ton visage.
Dieu veille sur toi, il va panser tes blessures mais ce qu'il veut c'est que tu retrouve la chaleur de ses bras ( s'en allant ).
Moi : Vous le voyez ? Attendez... Attendez... Attendez...
Infirmière : Doucement ! Calmez vous s'il vous plaît.
Moi : Où suis-je ? Que fais-je ici ?
Infirmière : Vous avez été admise ici. Vos parents vous ont emmené ici parce que vous avez tenté de vous suicider.
Moi : Me suicider ?
Qu'est-ce que...
Pourquoi ai-je l'impression d'avoir déjà vécu cette scène ?
Sauf que son visage, ce n'était pas elle.
Infirmière : Comment nous vous sentez ?
Moi : Elle est où votre collègue qui était là ?
Infirmière : Ma collègue ?
Moi : Oui, celle qui était là avant vous.
Infirmière : Il n'y avait personne avant moi.
Il n'y avait personne ?
Pourtant je suis sûre et certaine d'avoir parler avec quelqu'un. Ça ne peut être un rêve, c'était trop réel.
Infirmière : Je vais avertir vos parents.
Elle est sorti et peu de minutes après la chambre était envahie par papa, maman, Jérémie, Carl et Cynthia qui est directement venu me prendre dans ses bras.
Cynthia : Ne fais plus jamais ça, Plus jamais tu as compris ?
Moi ( la voix tremblante ) : Je veux rentrer.
Papa : On va rentrer plus tard, tu dois encore rester ici un peu.
Moi : Je veux rentrer, retourner à Libreville ou aller quelque part. Peu m'importe, je ne veux plus rester ici... Je ne peux plus rester ici, il me faut changer d'air et sortir ma tête de l'eau. Je veux être ailleurs qu'ici afin de dépasser tout ça, vider mon coeur et ma tête de l'étouffement que me procure cette maison et cet endroit. Je veux me relever et... Et... Et laisser partir Luc ( en larmes )... Je veux rentrer.