Chapitre 27 : Brisé

Ecrit par Moktar91

Chapitre 27 : Brisé


Cotonou


Commissariat Central de Cotonou


Le Père Florent se retourna pour voir celui qui venait de lui faire ça. Il toucha sa nuque, qu'il frotta de la main et alla vers langle droit de la chambre. L'homme assis dans ce coin portait une culotte de kaki et était torse nu, comme tous les hommes dans cette cellule d'ailleurs. Il avait une gourde d'eau minérale dans sa main et jouait avec.

Le prêtre s'arrêta devant lui. Il frottait toujours sa nuque, tellement le coup était violent. Il s'accroupit devant lui et lui asséna une gifle. Les autres gardés à vue eut un mouvement de recul. Personne depuis six jours n'avais osé s'approcher de cet homme qui était le plus ancien gardé à vue de cette cellule. Il attendait de se faire juger, ou plutôt de revoir le juge une seconde fois suite au report de son dossier. L'homme portait de lourdes charges. Meurtes au premier degré et abus sexuel d'un cadavre. Il était assez confiant piur un homme en vue d'être condamné et répétait sans cesse qu'il n'irait pas en prison. Il se disait qu'il sortirait libre. Cet homme recevait un respect des agents de police qu'il n'hésitait pas à soudoyer à volonté.

Son visage se promena sur l'ensemble de la vingtaine d'hommes qui était entassé tel des sardines dans cette cellule de 4m2. Ils baissaient à tour de rôle la tête, signe de soumission. 

Le père Florent se tenait toujours devant accroupi devant l'homme. D'un geste il lui cracha dessus comme pour signifier son mépris et son dédain face à cet homme pour lequel tout le monde voyait un culte. Il s'était gardé depuis hier de rester en retrait dans cette cellule sans pour autant se mêler de cette populasse qui puait la crasse. À quoi bon se mêler à eux et faire copain-copain alors qu'il n'était que de passage et sera bientôt libre ? 

Il toucha encore sa nuque, éveillant la douleur causée par le coup qu'il avait reçu quelques minutes plutôt. Il se dit alors que c'était l'occasion parfaite de devenir le nouveau chef de la cellule même si c'était pour quelques heures encore. N'est-il pas le père Florent ? L'un des hommes les plus craints du clergé béninois ? Alors pourquoi être un roi quand on peut être un dieu ? Même dans l'enfer, il se devait de s'imposer et cette gifle devrait rappeler à tous qui il était et qui désormais faisait la loi. 

Il se releva enfin, satisfait de ne point voir réagir son adversaire circonstanciel. 

Quand il voulut s'en aller, l'homme le retourna et se mit à le battre à grand coup. Le prêtre, pris au dépourvu, céda sousbla masse corporelle de l'homme en face de lui. Lui ne pouvait faire le poids. Il essayabde se protéger avec ses mains, évitant que son visage ne soit abîmé.

Les coups pleuvaient sous les cris à tue-tête des autres pénitenciers.

-<<Tu te rappelles de moi ? De ma femme ? >>, Lui demanda l'homme en lui adressant une droite qui lui fit perdre une dent.

-<<Tu te rappelles de comment tu baisais ma femme à quelques minutes de notre mariage que tu devrais célébrer ? Reprit l'homme. Je vais t'en faire passer l'envie, reprit il.>>


De plus belle, il se mit à rouer de coups l'insolent prêtre qui se retrouvait dans un état piteux.

C'est à ce moment que les gardes firent leurs entrées dans la cellule. Il réussirent à relever l'homme et l'enfermer en violon. Pendant ce temps, le père Florent fut conduit en infirmerie pour recevoir des soins. 


Il était sous sédatif et sonnait 16h23 quand l'avocat personnel du prêtre débarqua dans le commissariat. Il se dirigea vers le bureau du commissaire et entra quand ce dernier le lui permit. Sans plus attendre, il remit au commissaire une lettre qu'il tenait en main, et composa un numéro sur son téléphone. 

Au fur et à mesure que le commissaire lisait la lettre, son visage se décomposait et des sueurs froides lui coulaient malgré la climatisation. Pendant ce temps, l'avocat affichait un sourire radieux et triomphant. Quand enfin son interlocuteur finit par décrocher le téléphone, il le passa au commissaire. Ce dernier écouta d'une voix faible avant de raccrocher. C'était le ministre de l'intérieur, le sieur Trokpo Agossou en personne. Il confirmait la lettre de l'avocat qu'il avait co-signé avec son homologue de la justice et des droits de l'homme. Il exigeait simplement la libération du Prêtre et l'abandon de toutes charges pesant contre lui. Le commissaire fit mine alors de mettre la lettre dans sa poche. Mais l'avocat, vigilant, le lui reprit avant de se lever, signe qu'il n'attendait plus que la libération de son client.


Quand il boucla sa ceinture, le prêtre était frais et prêt à quitter cet enfer. Sans un regard un arrière, il sortit du commissariat et vint prendre place dans la voiture qui l'attendait. 


Il n'avait pas de temps à perdre, heureusement que les heures pouvaient encore se compter et que le soleil, n'était pas encore descendu dans sa cime. 

Ce soir était le troisième jour depuis cet événement où bilan avait possédé la petite Naimath. Il devrait reprendre l'opération aujourd'hui.

Ce sera la deuxième fois. Il n'aura plus alors qu'à attendre le neuvième jour pour concrétiser cette emprise qu'il se faisait sur la petite.


Il avait encore le temps de rejoindre le presbytère pour tout disposer avant l'heure fatidique.


Quand la voiture démarra, le prêtre, se mirait dans le rétroviseur. Son visage, il y tenait comme la prunelle de ses yeux. Et cet affront ne restera pas impuni. Cet homme allait mourir...

C'en était une certitude.




Les entreprises Amoussou


Naimath prit place en face de sa sœur. Il sonnait 17h30. Plutôt dans la journée, la petite était au cours. Mais sa grande sœur avait exigé sa présence ce soir, et à ses côtés sa mère. C'était la première fois qu'elle remettait les pieds dans cette bâtisse. Le dernière fois, elle portait la grossesse de sa fille. C'était à une époque où elle n'avait encore nullement conscience de l'homme qu'était en fait ce Maurille. Elle se rappelait que ce jour, il avait abusé encore d'elle avant de le laisser partir. C'était des souvenirs douloureux qu'elle avaient enfouies au plus profond d'elle en espérant ne jamais les rouvrir. 

Mais aujourd'hui, sa fille se retrouvait mêlée à ce tourbillon familiale qui l'obligeait à siéger au conseil d'administration de l'entreprise.


La Veille, Naimath avait dû sécher les cours pour répondre à l'invitation de sa grande sœur. Elle avait pris possession de ses nouveaux locaux de vice présidente et avait participé à une série de réunion. Elle était sortie épuisée et vidée. Hier, elle avait serré beaucoup de mains, avait sourit à nombres de personnes dont les visages lui était inconnus. 

Sa grande sœur semblait tous les connaître. Et ces derniers lui vouaient un profond respect comme ils le lui devaient quand ils comprenaient qui elle était et qu'elle était son nouveau statut.

Dans son ensemble tailleur, Naimath ne faisait pas son âge. On lui aurait facilement attribué la vingtaine, loin du standard des seize années de vie qu'elle portait en elle.

18h30. C'était à cette sœur, qu'elle avait rejoint son domicile hier. Sa grande sœur avait tenue à l'y emmener et c'était la première fois qu'elle y venait. 

Quand le véhicule se gara devant la cour commune qu'occupait Naimath et sa mère, Moriane fronça les sourcils, déçue de voir le sang de son père vivre dans un endroit pareil. Elle déclina l'invitation de sa sœur à entrer. Elle était trop stylée pour un endroit pareil.


En rentrant dans la demeure familiale hier soir, Moriane s'était jurée de faire changer d'habitats à sa sœur. Même si elle ne portait pas cette petite en son cœur, elle était trop fière de laisser le nom de son père se fait bafouer de la sorte.


Son portable sonna, l'obligeant à de décrocher de son ordinateur. Quand elle fini avec son interlocuteur, Moriane porta son attention à ses invitées. Elle jeta un coup d'œil à sa montre avant de prendre son sac et de se lever. Ses invitées firent pareilles et elles s'en allèrent après avoir pris place dans sa voiture.


Des minutes après, le véhicule stationna devant une maison. Haie vive s'offrait aux dames. 

Moriane après avoir salué le gardien fit son entrée suivie de sa sœur et sa marâtre. Sans plus attendre, elle remit les clés à Naimath et lui signifia que c'était sa nouvelle demeure. Une des nombreuses maisons de leur père. La petite, bouche ouverte ne pouvait comprendre ce qui se passait. Moriane s'en alla après lui avoir assurée qu'elle devrait être au bureau le lendemain. Naimath et sa mère dit le tour de la maison. Trois grandes chambres avec salon cuisine s'offraienr aux femmes avec des douches personnelles. Au fur et à mesure qu'elles découvraient la propriété, la mère laissait dessiner un sourire sur son visage et ses yeux brillait de bonheur. Quand elles s'arrêtaienr au garage, deux voitures étaient stationnées. Une Toyota Yaris et une wolkswagen.

Sa vie prenait une autre dimension en quelques mois et elle ne pouvait en revenir.

Comment conduire ses voitures alors qu'elle n'avait pas de permis ?

Comme si elle lisait dans les pensées de sa fille, la maman lui répondit : <<Je vais me faire office de ton chauffeur. Même si il me faut un recyclage. J'ai mon permis de conduire tu sais... Ajouta-t-elle dans un sourire..>>


Naimath se retourna en secouant la tête... 

Elle se devrait d'avoir la tête sur les épaules. 

Du haut de ses 16 ans, s'il y avait une chose qu'elle avait fini par comprendre, c'est le pouvoir de l'argent. Elle ne devrait en aucun cas se laisser dominer par de vulgaires feuilles de papiers qui finiront par la détruire.

Alors que sa mère prenait déjà place dans le salon, Naimath lui intima l'ordre de se lever.

Il n'allait pas y passer la nuit tant qu'elle n'aurait pas purifier les lieux de ses ondes négatives qui lui effleurait parfois les tempes.

À contre cœur, sa mère la suivit.

Ce soir, on dort chez nous, se dit la petite.


La luxure ne nous aura pas...

Elle laissa le gardien refermer le portail derrière elle avant de hêler un taxi.

Ce soir, Naimath préférera sa natte.

Meurtres au paradis