Chapitre 28

Ecrit par EdnaYamba

Raissa MAVOUNGOU


Je m’apprête à sortir moi aussi de la salle de réunion dans laquelle nous venons de tenir une réunion sur les nouveaux marchés exploitables quand Innocent m’interpelle.

Tous les autres sont déjà sortis et nous restons tous les deux.

- Alors Raïssa, est-ce que je peux laisser mon épouse programmer nos vacances à New York ?

- Oui, j’ai réglé les détails encombrants.

La veille accompagnée de Roger, je me suis rendu dans un entrepôt aux ACAE où se cachait James et on l’a simplement éliminé.

Je revois son expression ahurie quand ROGER l’a bloqué et a pointé le silencieux entre ses deux yeux.

Rentrée, j’ai eu du mal à dormir. J’ai commandité le meurtre de Damien mais ce n’était pas moi qui étais au front.

Pour la première fois de ma vie, je voyais un homme s’écrouler devant mes yeux. Cet homme qui autrefois avait à sa manière pourvu à nos besoins mais je n’avais pas d’autres solutions. J’avais réfléchi mais une seule chose m’apparaissait évidente pour conserver mon idéal que j’avais si durement bâtit.

Blandine est si bête qu’elle ne se doutera jamais que c’est moi. après tout James n’était pas un saint, il trempait dans des affaires louches, n’importe qui aurait pu attenter à sa vie.

Pour toute réponse, Innocent hoche la tête. 

Je me retire ensuite et ma secrétaire m’annonce : 

- Madame MAVOUNGOU,  Monsieur Sima vous attend dans votre bureau !

Peter ?

Je ne m’y attendais pas !

Quand j’entre dans mon bureau, il est effectivement là, assis et il m’offre un sourire charmeur à mon entrée.

- Je ne m’attendais pas à te voir, bonjour Peter !

- Bonjour, Raïssa. Tu es ravissante comme toujours !

- Merci ! souris-je en avançant, que me vaut l’honneur de ta visite ?

Il affiche un sourire gêné. 

- Disons que je viens te présenter des excuses !

- À quel propos ? fais-je en prenant place en face de lui.

- J’ai lu le document que tu m’as remis, tout est clair !  Tia fait une fixation sur toi et j’en suis le seul responsable parce que je lui ai parlé de notre histoire à tous les deux.

- Tu aurais dû lui dire que tu l’as choisi elle !

- Je crois que je n’aurais pas dû, fait-il la voix pleine de regrets.

- Qu’est-ce qu’il y a ? demandé-je intéressée.

- Nous avons rompu ! 

J’esquisse des pas de danse  de victoire dans mon esprit, satisfaite.

- …. maintenant elle prétend que tu es la cause de son agression, complète-t-il

- Elle a été agressée ?

- Oui, mais je pense qu’elle cherche juste des prétextes pour passer du temps avec son inspecteur !

- Ce ne serait pas un homme au crase rasé, assez charmant, décris-je pour enfoncer le clou.

- C’est lui, tu le connais ? m’interroge-t-il curieux.

- Oui ils sont venus ici ensemble ! 

- Bref , tout ça ne me regarde plus !  Ce ne seront pas les premières fiançailles que je romps ! en plus, je m’ennuyais avec elle déjà, je préfère les femmes sensuelles,

Il me fait un clin d’œil.

- Tu ne voudrais pas qu’on reprenne là où on s’est arrêté toi et moi ?

- Je ne suis pas une roue de secours Peter, lui dis-je en le fixant dans les yeux.

- Non tu ne l’es pas, que je suis bête ! j’aurais au moins essayé de te reconquérir ! dit-il en se levant.

- Et tu te décourages bien vite ! 

- Alors va pour un diner ce soir ?

- 20h, acquiescé-je 

- 20h alors ! sourit-il satisfait en sortant de mon bureau.

Rien , ne pouvait plus illuminer ma journée.

Tout devenait parfait. J’avais réglé le problème de James et de tout ce qui pouvait me lier de près ou de loin à une quelconque agression et j’avais par la même occasion, réussi à me débarrasser de cette emmerdeuse d’avocate et de reprendre Peter dans mon lit bientôt !

Et cette fois ci, ce sera moi qu’il emmènera devant le maire.

J’aurais tout réussi !


Peter SIMA

Quand je sors de son bureau, je me dirige vers celui de sa secrétaire qui me tend la véritable raison de ma présence et de ce cinéma.

Il m’a fallu faire preuve de beaucoup de patiente,  sachant qu’elle  est certainement impliquée dans la mort de Damien et dans l’accident de Tia.

Dire que j’ai entretenu une relation avec cette criminelle !

Les informations sur les équipes qui ont travaillé sur le projet. Je n’ai pas eu besoin de beaucoup m’expliquer, elle sait que je suis un associé et que j’ai le droit à ses informations.

Une fois dans la voiture, je parcoure le document pour découvrir les données du DR IVALA.

Je m’empresse de composer le numéro inscrit, espérant  qu’il soit actif à nouveau.

Après deux sonneries, quelqu’un décroche.

C’est une voix masculine.

- Allo 

- Allo, bonjour pourrais-je parler au docteur IVALA ?

- C’est lui ! qui êtes-vous ?

- Docteur IVALA, je suis Peter SIMA, le frère de Damien SIMA !

- Je ne veux pas de problème ! me dit-il la voix modifiée par l’angoisse.

- Je vous en prie, ne raccrochez pas ! supplié-je. Je veux juste vous parler, je vous en prie !

Une demi-heure plus tard c’est dans un coin à l’abri des regards que je rencontre le cinquantenaire aux cheveux grisâtres. Il se tient là, regardant de gauche à droite comme s’il avait peur d’être observé.  Ça n’a pas été facile de le convaincre à me rencontrer et maintenant qu’il me parle, je comprends pourquoi.

- Votre frère était un type bien qui s’est associée à une bande de malfaiteurs !

Son regard tourne encore autour de nous.

- De quoi avez-vous peur  Dr IVALA !

- D’eux bien sûr, j’ai eu de la chance que votre frère n’évoque pas mon nom, sinon j’aurais subi le même sort que lui !

Un frisson me parcourt.

- Ils sont dangereux !

- Mais comment ave vous fait pour partir de là ?

- J’ai une conscience Mr SIMA qui m’empêche de vendre mon âme pour de l’argent. Après le décès de votre frère, l’entreprise a marqué une pause. J’ai cru qu’ils allaient améliorer le produit pendant ce temps mais, ils prétendaient qu’ils n’avaient plus de moyens pour  ça  


Tia Jackson

Être confiné, me rend folle avec une gardienne comme maman qui veille au grain.

Je n’ai qu’une seule envie reprendre du service mais l’inconvénient est que mon patron est également mon père et que j’ai interdiction de mettre les pieds au travail pour l’instant. Voilà les inconvénients liés au fait de travailler avec sa famille.

Il a refilé mes dossiers les plus urgents à Harry.

Ils devraient comprendre que travailler m’occupe mon esprit et  m’empêche de penser à Peter.

Avec tout ce temps à revendre, j’ai le temps d’occuper mon esprit à la réflexion et la question qui apparait à chaque fois est celle-là :

S’il n’avait pas orchestré tout ce scénario, serais-je tombée amoureuse de lui ?

Je ne sais pas.

Maintenant j’ai juste l’impression que tout ce qu’on a vécu était faux.

La colère a eu le temps de redescendre, je ne l’en veux plus mais je refuse de l’aimer. 

Je me rallonge sur le lit posant ma main sur mon ventre.

- J’espère que tu n’auras pas le sale caractère de ton père ! 

Même si je l’imagine bien fille ou garçon avec le charme de Peter.

D’ailleurs, depuis l’hôpital on ne s’est ni reparlés ni vus.

Les pas au couloir qui se rapproche de mon ancienne chambre dans laquelle j’ai aménagé depuis ma sortie de l’hôpital m’indiquent que ma mère ne tardera pas à apparaitre. Ce qui se confirme la minute qui suit.

- Tia, me sourit-elle. Peter est là !

Elle ressort me laissant reprendre mes esprits.

C’est au salon que je le retrouve. Il dégage toujours ce charisme naturel et je ne peux pas empêcher mon cœur de battre d’excitation devant lui. Son regard perçant familier croise le mien. Il esquisse un léger sourire alors que je m’efforce de garder une expression neutre.

- Bonjour Tia, dit-il en s’approchant pour me donner une bise.

- Bonjour !

J’empêche ma voix de tressaillir et de montrer les sentiments que je tente de dissimuler.

Maintenant qu’il est là, je me rends à quel point j’en suis toujours amoureuse.

Son odeur m’a tellement manquée.

Ce n’est pas du tout gagné pour moi !

- Vous allez bien ? me demande-t-il alors que son regard se porte sur mon ventre.

Cette référence au bébé me fait sourire immédiatement.

Je lui dis que ça va mais que le bébé me fera certainement prendre des kilos en plus à l’allure où je mange comme si je me rattrapais de plusieurs années de famine.

- Avec ou sans kilos en trop, tu seras toujours sublime ! 

J’ignore le compliment.

- Je ne compte pas t’empêcher de vivre tous ces moments qu’un père doit vivre durant la grossesse de son enfant.

Il soupire.

- Tia ! tu m’en veux toujours ?

- Non, plus maintenant mais ça ne change rien à ce que je t’ai déjà dit, je ne peux plus te faire confiance !

- Pourtant tu m’aimes, réplique-t-il 

- Oui, parce que je n’ai pas un interrupteur à sentiments sur lequel je pourrais virevolter en off te concernant ! 

Ce n’est pas une question d’amour, l’amour ne disparait pas comme une flamme de tige d’allumette sur laquelle on aurait soufflé. On n’oublie pas aussi rapidement quelqu’un dont on est amoureux par contre il est difficile de rebâtir une confiance brisée.

Peter grogne en se frottant le front.

Puis un silence s’installe entre nous. S’il croyait que quelques jours à distance loin de l’autre suffiraient à me faire tout oublier et pardonner, il s’est trompé. Je l’avais tellement habitué à avoir le contrôle qu’il devait penser que c’est facile.

La morsure de la déception était encore bien présente. Il devait comprendre qu’on ne joue pas impunément avec les sentiments d’autrui.

- Il n’est pas question que je te perde Tia, dit-il enfin en rompant le silence devenu pesant entre nous. Ça prendra le temps que ça prendra mais je vais reconquérir ta confiance vu que ton cœur je l’ai ! 

Il change ensuite de sujet.

- Les parents pourront voir Nicolas ce week-end, m’annonce-t-il.

Ce qui me réjouit, je sais que cet enfant ne remplacera jamais celui qu’ils ont perdu mais le voir les aidera à combler le vide. On a toujours besoin d’une ancre sur laquelle prendre appui quand on est frappé par une disparition comme celle d’un enfant. 

- Il se pourrait que la mort de Damien et Olivia ne soit pas accidentelle, me dit-il alors que sa voix soudainement se brise.

- Comment ça ? dis-je en me radoucissant alors que je perçois une pointe de vulnérabilité.

J’ai une sœur, Linda, casse-pieds pourtant je n’imagine pas ma vie sans elle. Évoquer cette pensée m’est à l’instant pénible à supporter alors je peux saisir ce qu’il vit !

- Je ne veux pas que tu croies que je joue la carte de la sensibilité ! dit-il avant de marquer une pause. J’ai déjà un passé de manipulateur que je ne veux pas amplifier.

Il arbore un sourire crispé.

- Je vais y aller ! me dit-il en se levant !

Je le suis du regard jusqu’à ce qu’il arrive vers moi et dépose un baiser sur mon front comme à son habitude. Puis il me murmure en partant.

- Je t’aime Mlle Jackson !

Quand il s’en va, maman apparait au salon. Elle prend place à côté de moi.

- Quelque soit le problème qui vous fâche s’il n’est pas plus grand que l’amour qui vous lie, vous pouvez bien trouver une solution ! il ne tient qu’à vous ! mais j’ai plus l’impression que c’est toi qui fait la tête. 

- Il m’a un peu déçue et j’avoue que j’ai dû mal, me confié-je.

- L’amour n’est pas toujours Rose, Tia. Il peut prendre différentes couleurs selon les situations c’est justement ce qui en fait sa beauté et c’est à vous d’être des artistes et d’en faire ressortir le meilleur !  Personne n’est parfait ! en plus, je te croyais battante, si à la moindre déception tu jettes les armes bon DIEU, on n’est pas sorti de l’auberge !

Aaron MEVIANE

- Inspecteur, me dit un agent en entrant dans mon bureau.  On nous signale la présence d’un corps sans vie retrouvé à ACAE et il correspond à la signalisation que vous avez donnée de James  ODJEBUKA.

 Dans un vieil entrepôt d’Acae , nous retrouvons le corps inanimé de James ODJEBUKA gisant au sol dans une mare de sang. 

Il a été tué ! 

Et je n’ai pas 36 suspects dans ma tête.

- Eh, toi ! appelé-je un agent ! 

Il s’approche.

- Fais le tour  et demande aux gens aux alentours s’ils n’ont rien vu, ni entendu de suspect !

Je vais me charger d’annoncer la nouvelle à Blandine MAVOUNGOU




Justice et Amour