CHAPITRE 3

Ecrit par Bobby21

Le combat entre les nuages et les rayons du soleil était engagé. Qui l’emportera, surtout en cette saison de soleil maigre ? Le jour s’était levé, les chants des oiseaux de son jardin agrémentait le réveil de la jeune demoiselle ! Après avoir eu ce qu’elle voulait, elle avait pu se rendormir comme un nourrisson qui a pris sa dose de lait. 

Sa maman vint la réveiller. Elle n’avait plus les yeux fermés mais elle avait encore une petite envie rester dans son lit bien qu’elle sache qu’une longue journée l’attendait. Elle devait en effet finaliser toutes les courses par rapport à son voyage, dont la confirmation de son billet qu’elle avait réservé il y a quelques jours.

         Elle se leva donc ; pris une bonne douche, se brossa les dents et s’apprêta avant de descendre rejoindre sa maman qui l’attendait dans la salle à manger. Après le petit déjeuner, si cela peut s’appeler ainsi même pris à onze heures, elles rejoignirent le garage où leur chauffeur les attendait.

         Avant d’arriver au garage, Mangbara fit un détour au jardin pour faire le coucou habituel à ses petits copains : loris, caïques, et ses adorés inséparables toujours inséparables. Ensuite, elle rejoint sa maman dans la luxueuse Fortuner grise et les courses commencèrent. Le plus important était la confirmation du billet. Premier arrêt donc, l’agence de voyage où elle confirma son billet par un paiement comptant non remboursable. Ce fut une grosse somme qui fut versée à l’agence, du fait qu’au prix du voyage, s’ajoutais les frais de traitement du dossier de voyage par l’agence.

 Ces agences d’ailleurs pour la plupart, sont juste là de décor car elles ne font rien de spécial. Une fois j’étais choqué de voir que pour une simple réservation, sans même assurance que le billet sera payé ou pas ; il fallait payer une grande somme. C’est-à-dire, pour le simple fait que l’agent aille sur le site de la compagnie désirée ; et vous fasse une réservation que vous auriez pu faire vous-même avec votre smartphone et une connexion internet, vous devez payer. Comme l’ignorance ou la paresse peut nous coûter parfois !

Magnouziba de son côté commençait par s’étirer sur son lit. Les quatre heures de sommeil étaient terminées pour lui. Il devait se rendre à la station-service et exercer l’une de ses activités qui constituent ses gagne-pains. Il y lavait motos et voitures des riverains moyennant quelques pièces d’argent qu’il économisait pour ses frais vitaux et ses études. D’ailleurs, la rentrée s’annonçait déjà et avec les frais élevés du nouveau cycle qu’il devait entamer, la poursuite de ses études était incertaine. Ajouté à cela, la crainte de la sélection.

Une sélection inéquitable qui ne se base, pour la plupart du temps, que sur les résultats académiques. D’un point de vue logique, cela passe aisément. Mais d’un point de vue social et moral, bref éthique, cela est très défavorisant. Sera-t-on vraiment équitable si l’on se base seulement sur les paramètres académiques pour comparer : d’une part, un étudiant ou élève interné, nourri et logé ou qui reçoit des mensualités ; ou encore qui vit avec ses parents sans aucun souci de vie ni de documents d’études ou d’accès à l’information… et d’autre part ; un étudiant sans soutiens, aux parents ‘’pauvres’’ ou même qui est son propre parent et son propre maître de maison ?

D’ailleurs, dans cette deuxième catégorie, les étudiants ou élèves sont dans la majorité des cas, les plus brillants mais une fois encore, l’injustice du monde les engloutit et les empêche d’évoluer à l’exception de quelques chanceux qui croisent sur leur route, des personnes aux cœurs d’ange. Mais qu’en est-il des autres ? Devront-ils subir éternellement ?

Tout au long du trajet entre l’agence de voyage à la galerie où elle devait acheter de nouvelles valises, Mangbara n’arrêtait pas de penser à ce cauchemar qu’elle avait fait la nuit d’avant. Cet air soucieux n’échappa pas à sa maman :

-         A quoi penses-tu mon bébé ?

-         Non, rien maman.

-         Tu en es sûre ?

-         Je suis juste triste à l’idée de partir loin de papa et toi, lui répondit-elle.

-         Mais non, ton oncle prendra soin de toi comme nous l’avons toujours fait. En plus, ton père et moi, nous viendrons te voir tous les semestres. Allez ma chérie, arrête d’y penser.

Kamal, c’est bon, arrêtes-toi là, nous sommes arrivés.

 

De son côté, Magnouziba était à la pause. Du pain et une bouteille d’eau, de quoi se refaire des forces.  Les yeux rivés sur son téléphone, il lisait et relisait ce message matinal que lui avait laissé son étoile. Était-ce un nouveau signe du destin. Était-elle en train de reconsidérer une nouvelle fois, sa décision vis-à-vis de sa demande ?  Était-elle en train de vouloir lui ouvrir une porte, lui accorder une chance pour une fois dans sa pauvre vie ? 

 

Une étoile, c’est ce que représentait Mangbara pour lui, il n’avait que d’yeux pour elle et ne jurait que par elle. C’était littéralement et vraiment sa seule raison de vivre après ses études qu’il fait pour rendre heureux depuis là-haut, ses proches partis trop tôt. Il n’a pas pu le faire de leur vivant. Il s’est donc fait la promesse de se battre pour qu’ils soient fiers de lui, depuis le ciel. Alors qu’il était au bord du gouffre, en plein dans sa solitude, le retour de cette fille qui l’avait recalé deux ans auparavant, lui avait donner une motivation inexprimable et un espoir à une vie meilleure, un nouvel élan. Mangbara était sa confidente, sa mère, sa sœur, sa famille, son bonheur, il ne manquait plus qu’elle lui dise oui, pour qu’elle soit enfin sa future épouse, sa femme. Il n’ose pas désormais imaginer sa vie sans elle.

 

Une fois les courses terminées, Mangbara et sa mère regagnèrent leur domicile. Elle avait encore deux jours pour profiter des derniers instants avec ses parents, elle, fille chouchoutée et gâtée ; avant de s’envoler pour l’étranger. Même si son cœur était déjà lourd à l’idée de se séparer de ses deux parents, il l’était encore plus à cause de Magnouziba. [Ce garçon qu’elle croyait n’être qu’un ami pour elle, va bientôt se révéler être plus qu’elle ne l’imaginait.]

Elle n’était pas du tout tranquille. Elle avait désormais deux possibilités en tête, ou lui dire qu’elle partait avant de partir ou le lui dire une fois arrivée à l’étranger. C’était ou l’une ou l’autre ; une idée intermédiaire était hors de question et inimaginable. Se référant à son cauchemar où elle était présente, elle opta donc pour la seconde solution ; certaine ainsi faire changer la donne. Mais, était-ce vraiment la bonne solution ?

Elle chatta donc avec ce dernier toute la nuit sans pour autant laisser entrevoir un imminent départ. Sa maman avait pris le soin de lui faire ses valises. Les mères africaines ont ce don inexplicable et ce sens de rangement inégalable. Elles sont capables de créer de l’espace là où il n’y en a pas. Mangbara devait se rendre le lendemain à la capitale où le jour suivant, elle avait le vol très tôt le matin.

         Le lendemain, sa maman vint s’assurer qu’elle était déjà debout. A sa grande surprise, elle était déjà prête ; toute bien coiffée et bien vêtue. Elle fut agréablement surprise de cette diligence de Mangbara. C’était sans savoir qu’elle avait fait une nuit blanche, à sans cesse penser et repenser. Après le petit déjeuner, la petite famille se mit en route. Le voyage allait durer quelques heures, sept ou huit en fonction du trafic et surtout de l’état de la route, voilà bien un paramètre paradoxal. 

         Je me suis toujours posé la question de savoir pourquoi les routes étaient telles qu’elles sont alors que certains de ceux qui les empruntent ont la capacité de les rendre meilleures sans attendre ce que l’on appelle l’Etat ? Ceci fera l’objet d’un autre livre.

 

         Quatre heures déjà, depuis qu’il s’est réveillé. Mais il n’a eu aucun signe de son étoile. Elle ne répondait pas non plus à ses messages bien qu’elle soit en ligne. Chose étrange, son numéro ne passait pas, problème de réseau. Elle était en ligne mais son numéro ne passait pas, comment était-ce possible ? Son numéro était-il désactivé ? Sa SIM était-elle retirée de son téléphone ? Et les questions s’enchaînaient dans sa tête… puis il se dit soudain, « sûrement qu’elle est en Mode Avion par fausse manipulation et qu’elle utilise le WiFi ». [Si seulement il savait…]

A SUIVRE…

Mais, il n'a que 23...