Chapitre 3

Ecrit par Mareme Soda Thioune


Debout devant le miroir, je vois un reflet de moi qui me rappelle à tel point je me suis négligée ces temps-ci. Mes long cheveux en bataille, mon visage pâle , mes cernes dû à mes insomnies . J'ai l'impression que tout va mal, l'absence de mon père pèse dans ma conscience . Je ne cesse de me sentir coupable d'être si impuissante, je n'ai pas pu donner le sauver de cette maudite maladie qui lui a coûté la vie.

La maison n'est plus comme avant, chaque jour qui passe je vois ma mère dans une tristesse et mon coeur est meurtrie , malgré qu'elle fait tout pour nous montrer que tout va bien.
On ne ressent plus la gaité dans cette maison.

-Hey vielle fille répond à maman .dit ma soeur en mettant fin à mes cogitations.

-Mame Fatim respecte moi !

-Oui c'est ça bref répond elle t'attend

-Ok dit lui que j'arrive

Je me précipite vite pour porter mes habits et aller retrouver ma mère.

-Oui maman, tu m'as appelé ? dis-je en m'installant à côté de mon frère.

-Oumou Khaïry, c'est bien que tu sois là ! Tu te souviens de mon amie que l'on avait rencontré une fois en allant à l'hôpital ?

-Oui oui, je me souviens d'elle, Tata Rokhaya . pourquoi ?

-Elle va venir nous rendre visite demain , et j'aimerais avant qu'elle vienne te parler d'une chose

-Maman, tu me fais peur là, il y'a un problème ?

-Non ! Rassure toi ! Bon je veux juste que tu comprennes que si je fais ça c'est pour ton bien, tu dois faire la terminale cette année et tu dois être dans de très bonnes conditions.

-Je vois maman, c'est quoi le rapport, car je me perds là !

-j'ai décidé de vendre l'appartement et d'aller m'installer à Saint-Louis, il y'a trop de mauvais souvenirs et comme maintenant il n'y a rien qui me retient ici, le plus préférable c'est que je retourne là-bas près de ma famille, ma mère prend de l'âge et je me dois d'être là-bas pour elle.

-Mais maman ! Pourquoi cette subite décision ? Alors tu étais sérieuse quand tu disais que tu comptais rentrer à Saint-Louis ? Mais une fois là-bas où compte tu habiter ?

-N'oublie pas que j'ai un appartement là-bas que j'ai reçu de l'héritage de mon père . Et oui j'étais sérieuse quand je te disais que j'allais rentrer et je comptes le faire après demain. Mais toi tu reste ici

-Comment ça, je reste ici avec qui ? Et pourquoi ?

-C'est pour ton bien Oumou Khaïry, ça ne sera que pour cette année après tu pourras venir nous rejoindre à Saint-Louis.

- Comment ça après je pourrais vous rejoindre, tu veux dire que tu comptes me laisser ici et partir avec les jumeaux c'est ça maman ?

-Ma chérie ,Quand ta tante Rokhaya m'a appelé la dernière fois, je lui ai parlé de mon souhait de déménager à Saint-Louis et je t'assure que je comptais partir avec vous trois, mais après elle m'a suggéré de te laisser ici continuer cette année et après l'examen tu me retrouveras là-bas. Au début j'étais réticente mais par la suite , j'ai dû me rendre à l'évidence parce que les lycées que ton oncle a contacté pour ton transfert, ils n'ont pas accepter de te laisser intégré les leurs à cause de ton retard et le temps d'attendre la réponse des autres tu risques vraiment de rater beaucoup de cours.
Si j'avais les moyens pour te payer dans les écoles privées je l'aurais fait tu sais mais toi même tu connais notre situation même si j'ai vendu cette appartement , l'argent n'a servi que pour payer les dettes .

- Je comprends maman mais on a pas une autre solution

-Non ma chérie à part que ta tante m'a proposé de te laisser vivre chez elle

- Mais maman, tu sais bien que je ne peux vivre ailleurs sans vous et je vais me sentir mal à l'aise en étant chez des inconnus

-Ils ne sont pas des inconnus pour toi, Rokhaya est mon amie d'enfance , de surcroît nos grands pères sont des cousins germains, alors considère la comme ta tante et non une inconnue.
C'est vrai que avec ces dix longues on s'est perdu de vue mais c'est parce qu'elle ne vivait plus au Sénégal. Mais je peux te rassurer que c'est une bonne personne, je la fais entièrement confiance et je sais qu'elle prendra bien soin de ma fille adorée.

-Maman !

-S'il te plaît ma fille, c'est pour ton bien, tu verras l'année passera vite et tu pourras nous retrouver là-bas Inchallah (Si Dieu le veut) et même durant les fêtes pâque

-Maman, vous allez tellement me manquer

- À nous aussi ,tu vas nous manquer. Je te dis juste ma fille considère tante Rokhaya comme ta mère et sa famille comme la tienne et tout se passera bien. Inutile de te dire de bien te comporter car je sais que tu ne me décevra pas là dessus.

-Ne t'inquiètes pas maman, et les jumeaux ?

-j'en ai parlé avec eux ,ils l'avaient mal pris au début mais ils ont compris.

-C'est bien alors dis-je en me levant
-Ne soit pas triste mon bébé, ça finira bientôt, vient que je te sers dans mes bras.

***

Le lendemain je me suis levée très triste à l'idée de me séparer de ma famille. C'était la première fois que je devais me séparer d'eux aussi longtemps et c'était dure.
La nuit on est resté à discuter de tout et de rien dans la chambre de ma mère . Avec l'aide de cette dernière et des jumeaux j'ai pu ranger mes affaires dans la valise. Maintenant il ne restait qu'à partir, tante Rokhaya avait envoyé son chauffeur pour prendre mes affaires en promettant de venir le soir pour me chercher.

Le soir comme promise, elle est venue. Mon départ fut riche en émotions, maman m'a donné ses derniers conseils avant de me prendre dans ses bras. Et je n'ai pas pu m'empêcher de pleurer, je sentais dans sa voix qu'elle faisait ça malgré elle et que si ça ne tenait qu'à elle nous serons partis ensemble à Saint-Louis , mais c'est pour mon bonheur.

- Ma chérie arrête de pleurer s'il te plaît. Regarde tu me fais pleurer .Ne t'inquiètes pas, tout ira bien. Et n'oublie jamais que je serais toujours là pour toi, ta mère m'a été d'une bonne aide je ne pourrais jamais la remercier assez pour ce qu'elle avait fait à l'époque. La seule chose que je peux faire c'est d'être une bonne mère pour sa fille.

C'est la seule parole qu'elle a prononcé depuis qu'on est dans sa voiture. Je ne sais pas pourquoi mais avec elle je me sens protégé, sa douceur me rappelle ma mère, son côté maternel me donne envie de lui faire confiance.

Je lui répond juste un merci à peine audible, ma voix est cassée à cause de mes pleurs.

- Bon ma chérie, nous sommes arrivées à ton nouveau chez toi, je te laisse te reposer un peu. On dînera dans une heure, entre temps si tu as besoin de quoique ce soit n'hésite pas à m'appeler ou appeler la gouvernante celle que je t'ai présenté tout à l'heure.
J'espère que ta chambre te plaît, je ne savais pas quel genre de déco, tu préfères mais j'espère que celle ci te plaise. À plus tard.

- Merci Tata, c'est vraiment gentil tout ça et

- C'est bon, Oumou toi aussi c'est normal, t'es ma fille .

Ma mère avait raison quand elle me décrivait la bonne personne qu'est Tante Rokhaya. Je ne savais pas qu'il existait toujours ces genres de personnes à cause de ce qui nous a arrivé dernièrement. Je me rend compte qu'ils existent toujours des bonnes personnes qui n'hésite pas à aider leur prochain sans la moindre réticence.

- Alors Oumou, tu t'es bien installée j'espère ? Me dit ma tante .

Cela fait qu'un moment qu'on a dîné et je leur ai laissé seul là-bas . Je ne me sentais pas très à l'aise.

Rassure moi que tu va arrêter ça, tu as peu manger ! Ici c'est chez toi alors cesse de faire ta timide s'il te plaît renchérit-elle

- D'accord Tata, ne vous inquiétez pas

- D'abord tu vas commencer par arrêter de me vouvoyer, quand-même Oumou . Bon on avait pas pu se parler amplement, comme je te l'avais dit tout à l'heure, je vis ici avec mes trois enfants , Fadel, Fatou kiné et Ahmada Djamil .ce dernier est chez son grand père .tu auras l'occasion de faire connaissance avec lui à son retour

- Maman ! Tu n'as pas fini avec elle, tu ne vois pas que tu la fatigue !

- Fatou Kiné , laisse moi tranquille, je ne suis pas ton égal

-Maman, pour une fois, je suis d'accord avec Kiné ,laisse la se reposer jusqu'à demain vous aurez le temps de vous parler

- Bande de satan ! Vous voulez me mettre en mal avec ma fille ?

Je l'ai regardé amusée , on sent la complicité entre eux et cela me rend nostalgique .

***

Le lendemain je me suis levée le matin comme à mes habitudes pour la prière du matin, c'est avec surprise que j'entends des voix au sein de la maison, ce qui me fit savoir que la maisonnée s'est réveillée . Après avoir pris mon bain, je me suis vêtu de mon djellaba et sors pour aller les saluer .
On a prié ensemble après je suis retournée dans ma chambre pour dormir mais comme à chaque fois je peine à dormir.

- puis- je entrer ?

- Oui Fatou Kiné entre , ne reste pas là !

-J'espère que je ne dérange pas ?

-Non non, ne t'inquiètes pas ,je n'arrivais pas à dormir c'est pour cela je me suis mise à lire.

- Ah d'accord, je vois

- j'étais surprise de vous voir  vous réveiller à cette heure

- On a l'habitude de se lever à cette heure . La religion est  d'une importance capitale dans notre famille et papa ne badine pas avec .

- Je vois, c'est pareil chez moi

- Maman m'a expliqué pour ton père, je suis désolée pour toi !

- Mais non, tu n'as pas à l'être

- Tu sais, je suis contente que tu sois là. Depuis que ma soeur s'est mariée, je me sens seule ici, Fadel ne vit plus ici et mon frère Ahmada ,comme tu le vois, il passe la plupart du temps chez mes grands parents

- Ah d'accord, je vois

- Tu dois me trouver bavarde hein ? vue que l'on habite maintenant ensemble j'aimerais mieux te connaître. Ça te dirais de me parler un peu de toi

- Non non t'inquiètes j'aimerais mieux te connaître moi aussi. Bon, je ne crois pas qu'il y aura assez de choses à dire sur moi. J'aurai 18 ans dans deux mois, et j'ai un frère, Khalil Gaye et une soeur, Mame Fatim Gaye, ils sont des jumeaux. Le reste, je pense que ta mère vous en avez parlé

- Oui, bon c'est à moi de me présenter , Fatou kiné Ndoye mais tu peux m'appeler KiKi comme mes amis bref je suis la benjamine de la famille, j'ai deux grands frères , Fadel Ndoye, Ahmeda Djamil Ndoye et une grande soeur Safietou Ndoye ,cette dernière elle s'est mariée, ça fait maintenant deux ans , tu auras l'occasion de le connaître après.

- vous avez de jolis noms

- Merci , mais est-ce-que tu sais que tu seras dans la même classe que mon frère ?

- Ah Bon lequel ?

- Ahmada Djamil le narcissique !

- Rire ! Pourquoi tu le surnommes comme ça ?

- c'est mon frère mais le gars il est vraiment nombrilique ,attend de le voir, il est pire que moi. Prie juste Dieu de pouvoir le supporter durant l'année scolaire

- Lol ! Tu n'es pas sérieux Fatou Kiné !

- Toi attend seulement ! Mais tu m'as l'air trop timide Oumou ou tu fais semblant ?

- Non, pas du tout

- Tu sais ,j'étais comme toi avant , on venait de déménager ici, et je devais m'habituer au pays. je ne connaissais personne ici à part la famille de mon père .Mais par la suite j'ai commencé à m'ouvrir aux autres ...

- tu n'habitais pas dans ce pays ?

- Non, on vivait en France d'ailleurs je suis née là-bas , ainsi que mon frère Ahmada. Ça fait à peine deux ans qu'on est rentré ici au bercail. bon je m'arrête là avant que tu ne penses que damay wané wou (j'aime me faire voir)

- Rire ! Non ne t'inquiète pas, on fait juste connaissance .Mais ton wolof (langue sénégalaise)faudrait éviter de le parler quand tu es avec des gens pour t'épargner des moqueries

- Ne t'inquiète pas ma puce, je suis habituée maintenant. En plus ce n'est pas de ma faute hein

- Rire ! Une sénégalaise qui ne s'est même pas articulée quelques phrases en Wolof ,en plus tu es Lèbous (Ethnie )

- Oh Oumou laisse comme ça. tu es là maintenant, tu vas m'apprendre

- Rire ! Comment se fait-il que tu ne parle pas ta langue paternel ? Pourtant Fadel le parle plutôt bien

- C'est idem pour Ahmada et Safietou bref c'est une longue histoire, je te dirais le pourquoi du comment ! Bon Oumou on se dit à plus tard , je commence à avoir sommeil.

- OK à plus tard !


||SMT||✍️


Destin Inéluctable