Chapitre 3 : Droit au but

Ecrit par Alexa KEAS

Cindy Nana Klénam Amponsah


Je me réveille à dix heures du matin et réalise que je suis seule dans la chambre. Je me demande où serait allée Djiédjom. Je vérifie que mon téléphone est toujours allumée et le mets en charge avant de me rendre dans la salle de bain. Je donne satisfaction aux besoins naturels de mon corps et prends une longue douche.

Je retrouve mon amie assise sur le lit, son téléphone en mains quand je regagne la chambre.

-Hi baby. Me dit-elle.

-Tu m’as laissé seule !

Elle éclate de rire devant mon air faussement outré.

-Tu n’es pas une petite fille hein Cindy.

-J’ai..

-Faim. Répondit-elle.

Nous éclatons de rire toutes les deux. Je m’habille et nous allons manger à la terrasse.

-Que penses-tu de l’homme d’hier ?

-Je n’arrive pas à croire que tu aies pu lui demander son numéro. Fit Djiédjom en secouant la tête. Je n’ai pas reconnu mon amie qui envoie balader tous les hommes qui lui courent après depuis ces trois dernières années.

-J’ai rêvé de lui.

-Le coup de foudre ?

-Je crois bien.

-Il est très beau, je l’avoue.

Je me lève sous le regard inquisiteur de Djiédjom et file à l’intérieur récupérer mon téléphone. Je recherche le numéro de Noah et le retrouve. Le courage qui m’a animé hier semble m’avoir faussé compagnie car je n’arrive pas à lancer l’appel.

Je demande à Djiédjom de l’appeler à ma place mais elle refuse.

-Il le saura en plus, dit-elle.

-Et comment ?

-L’accent.

‘’Ah oui, c’est vrai’’.

-As-tu vérifié s’il était sur whatsapp ?

-Oh no, let me check.

Je retrouve le profil whatsapp de Noah et lui envoie un message.

« Hi, c’est Cindy. J’ai pris ton numéro hier, enfin ce matin. J’espère que tu étais bien rentré».

Je n’ai eu de réponse qu’à la fin de la journée quand je commençais par désespérer. Djiédjom se moquait tellement de moi, encore sous le choc que je sois en train de faire la cour à un homme.

« Salut Cindy, ça te dit qu’on se voit ? »

Je réponds par un « oui » sans hésiter et me mets à sauter de joie.

-Que vais-je mettre Djiédjom ?

-Calme-toi. Ah ça, tu es sérieusement atteinte Cindy.

Finalement je m’habille simplement comme j’en ai l’habitude. Une robe moulante qui n’en dévoile pas trop, une touche de parfum et un maquillage léger.

J’ai dû glisser des billets à mon chauffeur pour qu’il accepte de me laisser conduire. Noah m’a donné rendez-vous dans un restaurant nommé ‘’Pure délice’’. Djiédjom à mes côtés, je sillonne les rues de Lomé avec extase et me gare devant ledit restaurant cinq minutes avant l’heure convenue avec Noah.

Djiédom rentrera avec la voiture et au besoin reviendra me chercher avec.

-Je n’arrive pas à croire que tu aies un rencard vingt-quatre heures à peine après notre arrivée à Lomé ! S’exclama-t-elle.

-C’est peut-être parce que je trouverai mon prince charmant ici que nous sommes devenus amies, qui sait ?

Nous nous étreignons et Djiédjom attends que je pénètre le restaurant avant de démarrer. Je balaie la salle du regard et le repère au loin, drapé dans un ensemble en Bazin brodé de couleur bleu ciel qui lui va à ravir. Mon cœur rate un battement et j’avance à pas non rassurés vers lui. Il se lève à ma vue et me fais deux bises sur mes joues, violentant ainsi mon odorat par l’odeur sublimable de son parfum.

Il me tire la chaise en parfait gentleman et je prends place. Je suis intimidée d’un coup. Cet endroit n’a rien de spécial par rapport aux multiples endroits que j’ai déjà fréquenté dans ma vie. En réalité, ce serait mensonger de ma part d’affirmer que l’architecture des lieux était la cause de ma soudaine timidité. C’est l’être en face de moi qui en est l’objet. Je me perds en sa présence et pourtant je ne le connais que depuis une journée.

-Tu es très belle, dit-il.

-Thank you, répondis-je en baissant la tête.
*
*
Noah DJEVOU

L’habitude devient une seconde nature et j’ai du mal à me débarrasser de mon mode de vie de ces derniers mois. J’étais à fond sur les dossiers au boulot quand je reçus son message. J’ai attendu d’être dégagé pour lui répondre. Il est vrai qu’elle n’est pas mon genre à cause de son âge apparent mais je n’avais aucune envie de rentrer dans mon appartement tout froid et d’y passer la soirée jusqu’à demain où je me rendrai au boulot.
Nous sommes sur le lancement d’une nouvelle ligne de chaussures et travailler me permet de m’évader.
Seulement, les soirs en rentrant, ma réalité me rattrape et c’est plutôt dur à supporter.

Je l’ai invité sur un coup de tête et j’avoue qu’en la revoyant, je suis sous le charme. J’aime surtout son teint naturel et ce sourire timide qu’elle affiche. Je maitrise parfaitement l’anglais mais rien que pour me délecter de cet accent qui lui confère un petit air sexy, je parle le français avec elle et quand je vois qu’elle se perd, je reprends avec l’anglais.

Nous apprenons de nos vies, ce que chacun fait dans sa vie et les points de base quand on apprend à découvrir quelqu’un. Je réalise que ça faisait longtemps que je n’avais pas discuté avec une femme. J’échangeais à peine quelques phases avec toutes celles qui ont croisé mon chemin ces derniers mois.

Je découvre avec bonheur que tout comme moi, Cindy renferme une passion pour l’écriture. Elle ne s’offusque pas quand je lui dis que je tenais un journal intime. Je m’abstiens néanmoins de lui dire pourquoi je l’ai brûlé il y a deux ans.

Je garde toutefois quelque part au fond de mon armoire, un agenda dans lequel j’avais écrit plusieurs poèmes. Tout ça, inspiré pour la plupart par mon amour pour Julie… Cette femme a vraisemblablement plus de place dans mon corps que mon propre sang.

Avec Cindy, nous dinons dans une bonne ambiance. Elle mange avec appétit et je prends plaisir à la regarder faire. Elle rit de mes blagues et je me surpasse à fouiller dans mes souvenirs pour lui raconter toutes celles que je connaissais.

-Je vais appeler mon amie pour qu’elle vienne me chercher. Dit-elle alors que nous prenons le dessert, une glace au chocolat.

-Déjà pressée de me quitter ? Lui demandai-je en posant me coudes sur la table.

-Oh non, répondit-elle en souriant. C’est juste pour qu’elle puisse s’apprêter.

-Ne la dérange pas, je te déposerai. Tu ne pensais toute de même pas que j’allais te laisser rentrer seule.

Après le dessert et le règlement de l’addition, nous passons encore presque une heure dans le restaurant à parler de tout et de rien et à rigoler.

Finalement, Cindy a dû appeler son amie parce qu’elle se perdait dans les indications. Elle m’a passé le téléphone et cette dernière m’a mieux redirigé.

Cindy se met à applaudir quand je me gare devant la maison de son ami, comme une petite fille qui retrouvait le chemin de sa maison après s’être perdue dans les bois.

-My hero. S’exclama-t-elle.

-J’ai passé une belle soirée, lui dis-je.

-Me too. Répondit-elle.

Je me penche vers elle et dépose un bisou sur son front. Nous nous fixons quelques secondes avant que son amie Djiédjom ne vienne rompre la magie du moment par une tape sur la vitre.

Je descends lui faire la bise avant de prendre congé d’elles. Je rentre chez moi plutôt gai pour avoir passé une si belle soirée avec la belle ghanéenne.

Au petit matin, je me réveille de bonne humeur et affronte ma journée dans la joie. Le soir, j’invite Cindy et son amie Djiédjom au ‘’festival des glaces’’. Nous passons un bon moment ensemble. Elles sont venues en voiture, me dispensant ainsi de la tâche de les ramener.

Les jours qui suivent, j’enchaine les sorties avec Cindy. Parfois ave elle toute seule et certaines fois avec son amie. Je ne suis pas bête, je sais qu’elle en pince pour moi. Elle me plait bien mais pas plus que ça alors je me retiens de toute tentative à son égard. Elle a vingt-quatre ans et je ne veux pas la blesser.

***
Ça fait deux semaines que nous nous fréquentons et Cindy a émis le désir de connaitre chez moi. Elle n’en avait que pour trois semaines à Lomé et vient d’écouler deux semaines plus trois jours. Selon ses dires, elle n’aura plus qu’une semaine à Accra avant de s’envoler pour Londres pour ensuite rentrer définitivement dans six mois.
Quand je vais la chercher chez Djiédjom, je suis ébloui par sa beauté naturelle. Comme j’ai pu le remarquer, elle adore les robes et en porte encore une qui lui va à merveille. La robe laisse la moitié de son dos nu et il y a une sorte de design à l’avant qui laisse entrevoir la naissance de ses seins.

Je ne suis qu’un homme et malgré mes bonnes résolutions, mon corps est envahi de désir pour elle. Nous prenons des pizzas et des boissons en route avant d’atterrir chez moi. J’avais d’idée d’une soirée devant la télévision alors nous installons nos deux cartons de pizzas, la bouteille de vin de les canettes de jus sur une petite natte déroulée sur la moquette. Bizarrement ce soir, Cindy n’est pas très bavarde et moi non plus.

Elle qui m’a dit ne pas vouloir boire du vin au départ se sert un verre qu’elle vide d’un trait comme si elle voulait se donner du courage.

-Noah, fit-elle.

Je me détourne mon regard de la télévision et le fixe sur elle.

-Ne suis-je pas belle ? Me demanda-t-elle.

-Tu es magnifique Cindy, pourquoi me poses-tu donc cette question ?
-Because, je t’envoie des signaux mais tu sembles ne pas le voir. I love you Noah.

Je suis forcé d’admirer son courage, jamais une femme ne m’avait déclaré sa flamme de cette manière.

-Cindy, tu ne peux pas m’aimer enfin ! On ne se connait que depuis dix-sept jours.

-Et selon toi, c’est insuffisant pour aime ?

Je baisse la tête, ne sachant pas quoi lui répondre. Je dois admettre qu’elle a raison. J’ai commencé par aimer Julie depuis le premier jour où mes yeux s’étaient posés sur elle et bien des années après, mon cœur bat encore pour elle.

Devant mon silence, Cindy se lève et va se placer devant la télévision.

-I want you Noah.

Je me mets debout à mon tour et la rejoins. Je me colle à elle et pose délicatement mes lèvres sur les siennes. Je prends son visage entre mes mains et l’embrasse. Le baiser est timide au départ et nous y mettons du feu ensuite.

Nous atterrissons sur le canapé sur lequel j’ose balader mes mains sur son corps. Je m’arrête pour ne pas aller plus loin, sous le regard déçu de Cindy.

-Pourquoi tu t’arrêtes ?

-Je ne pense pas que ça soit une bonne idée. Ecoutes, je ne peux rien te promettre. Je ne crois pas être prêt pour une relation en ce moment et tu n’es pas le genre de fille à se contenter d’une simple aventure avec moi.

Je vois des larmes mouiller ses yeux et s’écrouler sur ses joues. Je tente de les effacer mais elle recule.

-Je ne sais pas ce qui m’arrive, c’est à la fois fou et surprenant. Dit-elle. Oui, je ne te connais que depuis quelques jours mais mon cœur semble te connaitre depuis belle lurette. Je veux que tu m’aimes Noah, je prendrai ce que tu m’offriras, je me contenterai d’une nuit dans tes bras. Après tout, dans quatre jours je m’en vais et peut-être que je ne reviendrai jamais par ici. Mon amie Djiédjom compte s’installe à Londres alors que moi je vais rentrer au Ghana.

-Je ne veux pas profiter de toi… lui dis-je.

-Cesse de me considérer comme une petite fille ! S’énerva-t-elle. Kiss me Noah, poursuivit-elle d’une voix radoucit.

Je me jette sur elle et capture ses lèvres une fois de plus. Oui, elle s’en va, aucune promesse, aucun engagement… Juste une nuit d’amour. Je la désire alors je décide de combler son attente.
Je la porte jusque dans ma chambre et la dépose sur le lit. Je lui ôte sa robe et admire son corps quelques instants. Je le parsème tout entièrement de baiser, faisant frissonner Cindy.

Ce ne sera qu’une seule nuit alors je m’applique à la rendre spéciale. De ses cheveux à ses orteils, je livre à chaque partie de son corps mes caresses. Elle hurle de plaisir quand je colle mes lèvres à son intimité. Je la sens plutôt réservée au lit mais ses gémissements m’incitent à poursuivre. Après de longues minutes de caresses et d’embrassades, avec mon sexe couvert d’un préservatif, je me positionne entre ses jambes. Je les relève sur mes épaules de sorte à pouvoir la posséder entièrement.

Je veux la pénétrer quand je sens s’opposer à moi une résistance. J’espère que ce n’est pas ce que je pense. Je tente l’action une deuxième fois mais la barrière est toujours là bien qu’elle soit suffisamment naturellement lubrifiée.
-Es-tu vierge ? Lui demandai-je sans vraiment y croire.

-Non, me dit-elle d’une voix enrouée de plaisir. Juste que ça fait trois ans que je n’ai pas fait l’amour.

Je me détends et force le passage cette fois mais en y allant en douceur. Cindy tourne sa tête sur le côté et mord le drap.

-Tu as mal ?

Elle me répond en secouant la tête.

Je me retiens de ne pas jouir aussitôt, tellement elle est étroite. Je me mets à bouger en elle sans y mettre de la vigueur. Je lui fais l’amour avec toute la tendresse dont regorge mon être, lui offrant du plaisir à outrance.

Au moment d’atteindre l’orgasme, Cindy prend mon visage entre ses mains et ses yeux plongés dans les miens, elle me dit de mémoriser cet instant. Son corps se met à trembler par la suite et je capture ses lèvres pour étouffer ses cris.

Après l’acte, je la prends dans mes bras et nous demeurons dans cette position dix minutes environ dans un silence absolu. Je me redresse quand je sens ses larmes mouiller mon torse nu.

-Pourquoi pleures-tu Cindy ?

-Parce que je suis trop heureuse Noah. J’ai adoré faire l’amour avec toi.

Pour toute réponse, je l’embrasse encore. Je propose que nous allions prendre une douche et nous nous levons toutes les deux.

-Oh ! Criai-je en voyant le sang sur le lit. Mon regard inquisiteur passe de Cindy à la tâche de sang sur le lit. Elle baisse la tête, fuyant mon regard.

-What is this Cindy ? Ne m’as-tu pas dit que tu n’étais pas vierge ?

-I’m sorry. Souffla-t-elle.

Je me laisse choir sur le lit, me sentant pris dans un piège et je n’aime pas ça du tout. Pourquoi m’a-t-elle menti ? Je ne réfute pas ma colère et l’exprime en criant sur Cindy qui éclate en sanglot.

Sans plus prendre de douche, elle se rhabille en vitesse et me demande de la ramener chez elle.
*
*
Djiedjom NAYO

-Comment as-tu pu faire ça Cindy ? As-tu oublié celle que tu étais et la mission qui t’attend à tes vingt-cinq ans ? oh my GOD !
*
*
Alexa KEAS

A la conquête du cœu...