Chapitre 3 : L'incompréhension

Ecrit par Fleurie

°°° Mike KOÏ °°°



Je me suis levé d’un bond, ayant entendu la sonnerie de l’alarme au chevet. Merde, je suis presque en retard. Je suis rapidement allé à la douche pour me débarbouiller. J’ai ensuite enfilé ma tenue de sport. Il faut que je reste en forme. C’est l’une de mes priorités ces jours-ci. Ma femme se plaint tout le temps de mon physique. Mes écouteurs à l’oreille, j’ai fermé le portail avant de quitter la maison. 


Ce beau soleil qu’il fait, est simplement idéal pour se rendre à la plage. Une demie heure plus tard, j’ai garé ma voiture sur un côté. 



Je cours au bord de la mer. J’adore faire ma petite course matinale dans ces parages. On a la sensation d’une tranquillité de l’esprit. Après une quinzaine de minutes, je me suis enfin arrêté, éssouflé. J’ai pris une position, dans l’intention de commencer mes mouvements, lorsqu’une foule a capté toute mon attention. Les cris de peur de cette dernière, m’ont alertés. Ils sont entrain de crier au secours. Rapidement, j’ai couru aussi vite que j’ai pu pour me retrouver à leur niveau.



Il s’agit d’une tentative de suicide. Ayant eu des expériences en sauvetage, j’ai immédiatement plongé dans l’eau. Il m’a fallu beaucoup d’efforts pour l’amener à la surface. Avec l’aide d’un monsieur, nous l’avons porté sur la rive. Ce n’est qu’à ce moment, que j’ai réalisé qu’il s’agit de mon pote Yannaël. J’ai commencé par appliquer les premiers soins. S’en est suivi d’une bouche à bouche. Après deux minutes il s’est mis à tousser, et je l’ai tourné sur le côté. L’eau sort de sa bouche. Il l’a échappé belle. Une fois hors de danger, j’ai pensé à l’hôpital. Je lui réserve mon interrogatoire pour plus tard. 



[ … ] 



Mike KOÏ est mon nom. Je suis un digne fils du Dahomey. Je vous épargne mon âge, on ne sait pas qui est qui ici, rires. Je suis un homme d’affaire très puissant dans ce pays. Yannaël est un ami d’enfance. Nous sommes comme des frères inséparables. Mais nous nous sommes perdus de vue depuis des années. Je sais qu’il a besoin d’un boulot. C’est la raison pour laquelle, je l’avais recommandé à un ami. J’ai peur de le laisser travailler avec moi. Vous vous demandez sûrement pourquoi je ne l’aide pas, compte tenu de mon rang social. Mais vous savez j’ai mes raisons. Il ne faut pas jouer dans la cour des grands. Vous risquez de vous brûler, et croyez moi, je vous le déconseille vivement. Je vous aurais prévenu…



Mes vêtements mouillés, je me tiens sur le seuil de la porte. Ils l’ont pris en charge depuis une heure il est endormi. J’ai tenu à ce qu’il se réveille avant de rentrer me changer. J’étais entrain de jouer avec mes écouteurs quand il s’est mis à tousser. Je me suis approché de lui. Je lui ai tendu un verre d’eau.



°°° Yannaël °°°



J’ai douloureusement ouvert les yeux, pour faire face à cette lumière. Je jette un regard furtif autour de moi. Je remarque que je suis alité dans une chambre d’hôpital. À ma grande surprise, j’aperçois Mike qui est trempé jusqu’aux os.



-Je parie que tu ne comprends rien Yann. Dit-il.


-Qu’est-ce qui m’est arrivé ? Questionnai-je soudainement.


-Bienvenue à la vie mon frère de sang.



Ce n’est qu’à cet instant, que je me suis rappelé de mon acte de tout à l’heure. 



-Peux tu me dire ce qui t’as pris d’en prendre à ta vie ? Lança-t-il en fronçant les sourcils.


-J’en ai marre de vivre Mike. Tu comprends. Personne ne veut de moi dans son entreprise. Ils me prennent tous pour un criminel. Mais tu sais très bien que je ne le suis pas. Pourquoi m’as-tu sauvé ? 

 

-Ce n’est ni le moment, ni l’endroit adéquat pour en parler. Repose toi maintenant. 


-Laisse tomber, glissai-je en fuyant son regard. 


-Je le sais Yann, dit-il au bout des lèvres. Et si tu me parlais de ton problème ? 


-C’est trop dur Mike, si tu savais. J’ai tout perdu. Je ne vaux plus rien aux yeux des gens. Ma femme est devenue l’homme de la maison. Elle effectue toutes les dépenses.


-Ce n’est pas une raison pour mettre fin à ta vie. Il y a toujours de l’espoir mon cher.


-Hum 


-Tu peux toujours me le dire. Tu aurais du m’en parler, au lieu de faire ce cette betise Yann. Mais où est passé ce brave homme que j’ai connu ?



Je me suis juste tu, en tournant mon regard de l’autre côté. Je n’ai pas envie de lui étaler ma vie. Mieux je change de sujet. 



-Pendant que j’y pense dis moi pourquoi tu ne me recrutes pas ? Grondai-je d’une voix tonnonante. 



Il a paru surpris par ma question. J’ai lu de la gêne dans ses yeux.



-Écoute, je…


-Assez Mike, j’ai compris. Le coupai-je froidement.


-Ce n’est pas ce que tu crois. Je suis prêt à te donner une opportunité de travailler avec moi. Mais, je n’aimerais pas que tu…


-Mais quoi, tu as peur que je te dérobe, comme le pensent les autres ?  Vas y dis le, tu as honte de moi, avoue le. Ajoutai-je tout énervé.


-J’ai mes raisons. Et crois cela te déplairait si jamais tu apprenais la vérité sur moi. Je te connais très bien, pour savoir ce qui est convenable pour toi.


-Avoue que tu ne veux pas m’aider, et je comprendrai.  Mais te chercher des excuses débiles, c’est complètement clair comme l’eau de roche, que tu ne veux pas Mike. Arrêtons de nous voiler la face.


-Je préfère ne plus te donner plus de détails. Je vais te donner une chance. Mais je t’aurais prévenu que tu n’aurais pas dû insister mon cher. Je vais rentrer et revenir te voir. Je dois me changer. Finit-il par dire en se référant à sa tenue toute mouillée. 



°°° Eddy ACAKPO  °°°



Je sens de petites mains sur mon torse. Je me suis mis à bouger mon corps, tout en riant.



-Aller hop, il est l’heure de se réveiller.


-Laisse moi dormir encore. Tu m’as carrément épuisée hier Ani.



-Le petit déjeuner est prêt.



Anissa est vêtue d’une de mes chemises. Elle est si sexy. Je l’ai attiré à moi, pour l’embrasser à en perdre haleine. Nous avons petit déjeuner dans une ambiance très gaie. Je m’appelle Eddy ACAKPO, j’ai 30 ans. Je suis un mélange de nationalités. Mon père est un togolais, et ma mère est une béninoise. Je suis né à Lomé. Juste après ma naissance, mon père a été affecté par son boulot au Bénin. C’est ainsi que depuis nous résidons dans la belle ville de Cotonou. J’exerce dans la médecine, et je suis spécialisé en gynécologie. Ce métier est mon rêve. Je le fais avec passion. 



[ Bip message ]



J’ai saisi le téléphone pour le lire.



《 Je suis en bas, mais ton salaud de gardien ne veut pas me laisser entrer. C’est comment ?  》



C’est la tigresse en personne qui vient d’arriver. J’ai immédiatement laissé mon plat.  



-Mais où vas-tu en plein milieu du repas ? Demanda Anissa ? 


-Je reviens chérie.



J’ai dévalé les escaliers. En un rien de temps, je me suis retrouvé au portail. 



-Peux tu me dire, ce que tu fouts chez moi à cette heure ? Dis-je fulminant de colère. 


-Je n’ai pas besoin de t’avertir avant de débarquer. Ici, c’est aussi chez moi. Alors laisse moi passer Eddy, tu nous perds le temps.


-C’est moi qui suis le propriétaire et c’est à moi de décider. Alors Teany vas t’en. Je vais t’appeler. 


-Je parie que tu couches une autre. Quand tu t’envoyais en l’air avec moi, ce n’était pas ces propos que tu tenais.


-Fais moi le plaisir de partir. Ce soir, je te rappelle et nous allons en discuter calmement.


-Ne pense pas que c’est fini. Je vais revenir.



Elle m’a tendu une enveloppe, avant de disparaître. Teany est une fille que j’ai rencontré lors d’une sortie à la boîte de nuit. Elle m’avait l’air si différente et mâture.  Je m’étais approché d’elle pour danser. Nous nous étions bien amusés ce soir là. Sans compter, qu’on a terminé la soirée au lit. Depuis ce jour, elle a été celle qui me met à l’aise quand l’adrénaline monte. Anissa est à des milliers de kilomètres, je ne vais quand même pas me contenter du virtuel.


J’ai laissé l’enveloppe chez le gardien. Je la prendrai plus tard. Je suis retourner auprès de ma reine.



°°° Nora °°°



Debout près du berceau, je contemple avec amour ma louloute. Elle est tellement mignonne. Je viens de lui donner son tété. Cette fille est une vraie gourmande. Elle s’est immédiatement endormie par la suite. C’est tout ce qu’elle sait faire. Elle a un mois aujourd’hui. J’ai senti des mains m’entourer la taille. Les effluves de son parfum m’ont délicieusement caressées les narines. 



-Elle est magnifique notre Emmy, tu ne trouves pas ? Déclara Dylan, posant son menton dans mon cou.



Je l’ai plus attiré à moi par ses bras.



-Oui mon cœur, depuis quand es tu rentré. Je ne t’ai pas entendu venir.


-C’est l’heure de ma pause. Je suis passé faire un coucou aux femmes de ma vie. Dit-il tout souriant.



Si on me disait que je serais très heureuse comme aujourd’hui, bah j’allais envoyer cette personne se faire voir. Mais Dieu est vraiment miséricordieux et amour.



-Descendons le déjeuner est déjà prêt. 



Nous nous sommes attablés. Après le déjeuner, Dylan a pris congé de nous. Et c’est notre routine quotidienne, depuis la naissance de ma louloute. J’en ai profité pour recevoir la visite d’une amie de longue date.



°°°Charlotte °°°



J’ai reçu un appel de l’hôpital. Je n’ai pas cru mes oreilles. Je suis sortie de la maison en tenue traditionnelle boumba sans mettre mes dessous, je vous dis. Je l’ai trouvé tout pâle dans ce lit. J’ai rencontré son ami dont il m’avait parlé et qui l’a sauvé. Après l’avoir remercié, il s’est en aller. J’ai tiré une chaise pour m’asseoir. J’ai pris sa main, que je caresse tendrement.



-Bébé ça va, comment te sens tu ? 


-Mieux maintenant que tu es là, tout près de moi. Dit-il pensant me rassurer.


-Tu voulais partir pour nous laisser à qui Yann ? Tu as pensé aux filles ? À moi, à nous ?


-Pardonne moi Lolo, je n’aurais pas dû. 


-Shutttt, tu as besoin de te reposer.



Je maudis ce jour où il a été arrêté. Les scènes sont dans mes pensées, toujours présentes.



Deux ans en arrière 



Il m’a fallu plus d’une heure pour tout préparer.  Yannaël et les enfants étaient partis acheter des sucreries. Ils n’allaient pas tarder à revenir. J’ai donné un congé d’une semaine  à tous nos employés. J’ai supplié Yannaël pour qu’il passe du temps avec nous. Aujourd’hui, j’ai envie de prendre soin de ma petite famille. 



J’ai mis le nécessaire, et j’ai tout rangé dans le panier, pour notre pique nique. Le soleil était si beau au dehors, pour ne pas en profiter. J’étais montée prendre une douche rapide avant leur retour. Vous nous connaissez, nous les femmes.



Trente minutes plus tard,  j’étais enfin prête. J’ai mis un débardeur blanc et un short noir, le tout accompagné de mes sandales addidas. J’ai jeté un coup furtif dans la glace et j’ai adoré ce que j’ai vu. J’ai  fait un maquillage léger et le tour était joué. 



Sans me retourner, j’ai senti son regard dans ma direction.  J’ai levé la tête pour croiser le regard dévorateur de mon mari.



-Nous t’attendons depuis chérie, waouh tu es trop sexy. Déclarat-t-il sur le seuil de la porte.


-Merci, j’ai presque fini, je descend dans deux minutes. Finis-je par dire en ajustant mon haut.


-Tes deux minutes ne finiront jamais. Viens là ma belle, fit-il m’attirant vers lui.


-On doit y aller, nous serons en retard Yannaël. 



J’ai fini cette phrase, en me dégageant lentement de lui.



-Tu sens si bon, pensa-t-il, sortant un de mes seins de leur prison. 



Ce geste ne n’étant pas assez, il a enfoui son nez dans mon cou. 



-J’ai envie de toi chérie.  Les enfants peuvent nous attendre. S’exprima-t-il le regard plein d’envie. 


-Tu aimes trop ça, avoue que ça te plaît.



Je l’ai lentement repoussé. Mais borné qu’il était, il a introduit sa main dans ma culotte. 



-Mmhhhh arrêteuuuuuhhhhhh ! Dis-je en gémissant.



[ Bruit de porte qu’on cogne ]



-Qui est-ce ? Demanda Yann.



J’ai passé la tête par l’entrebâillement de la porte. Ariane se trouvait sur cette dernière. Je m’étais abaissée pour lui faire un bisou. 



-On arrive. Murmurai-je à son oreille. 



Je m’étais empressé d’arranger mes vêtements.  



-Allons y, les enfants s’impatientent. Tu as promis passer du temps avec nous aujourd’hui. Ne les fais pas trop attendre. Tu n’es souvent pas là.


-Tu as gagné. Mais sache que ce n’est que partie remise. Prometta-t-il dans un clin d’œil.


-Petit coquin, je t’aime aussi.



Sur ces mots, j’étais sortie, le laissant. Nous étions tous à  présent en bas,  attendant mon mari.



-Mais Yannaël descend, nous n’avons pas toute la journée. Hurlai-je.


-Je suis là.



Il était descendu et au moment de fermer la porte, la sonnette a retentie.



J’ai vu le gardien se diriger vers le portail pour l’ouvrir.  

Deux hommes en uniforme de police ont fait leur entrée dans notre demeure.  Ariane était venue se mettre derrière moi. Elle a toujours eu peur des étrangers.



-Nous sommes à la recherche de Monsieur Yannaël  ABIOLA. Lança le premier policier 


-Que puis-je faire pour vous ? Demanda Yannaël, en cachant sa surprise.

 

-Vous êtes en état d’arrestation pour un détournement de la somme de près de 50.000.000 de francs CFA. Continua le policier.


-Je crois que vous vous êtes trompés de suspect. 


-Nous sommes bien dans la maison de la famille ABIOLA ? Questionna le policier.


-Monsieur mon mari n’a rien fait, il est innocent. Glissai-je d’un coup.



-Madame laissez nous faire notre travail. Nous avons toutes les preuves, nous avons un mandat d’arrêt. Intervint le second policier avec sa longue tronche.


-Je suis innocent. Je veux parler à mon avocat.


-Vous aurez droit à un avocat lorsque vous serez au commissariat. Vous avez le droit de garder le silence.  Tout ce que vous allez dire serait utiliser contre vous. Dit froidement le second policier, en lui mettant les menottes.


-Mon mari est innocent, dis-je pendant que les larmes se sont mises à couler.



Je m’étais tourner vers mon mari, pour le reconforter. 



-Chéri ce n’est qu’un malentendu. Nous allons te sortir de là. 



Mes enfants étant inquiètes,  se sont mises à pleurer. 


-Votre papa reviendra bientôt, calmez vous.



Les jumelles Ne comprenant rien à ce qui se passait, ont éclaté en sanglots. Je les ai prises dans mes bras, pour les calmer.



Ils l’ont entraîné jusqu’au portail. D’un geste rapide, ils l’ont embarqué à bord de leur voiture comme un moins que rien. Impuissante à ce qui vient de se passer, je me suis laissée écrouler au sol, avec les filles.



Retour à la réalité 



J’ai du prendre congé de Yannaël, pour aller chercher les enfants.



[ … ] 



-Calmez vous madame. Supplia la directrice.


-Vous me demandez de me calmer pendant que mes filles ont disparues ? 


-La dame qui est passée s’est présentée en tant que leur tante.  Et ce n’est pas la première fois qu’elle vient ici. Et à voir vos filles, elles s’amusent bien avec elles. Je n’aurais jamais cru qu’elle partirais  avec les filles.


-Je vous jure que si quelque chose arrive à mes enfants, vous allez me le payer. Il suffit qu’on offre une friandise à un enfant pour l’avoir. Comment pouvez vous laisser mes filles à une inconnue. Vous êtes consciente des sacrifices humains que font les gens de mauvaise foi. Je vais vous tuer, si je ne retrouve pas mes enfants.


-Allons au commissariat madame ABIOLA. Proposa-t-elle désespérée. 



Arrivée au niveau du portail, j’ai ressenti un malaise. Je me suis laisser tomber au sol, je n’entendais plus rien, trou noir…




Hantise