Chapitre 3. SURPRISE !
Ecrit par Dja
Je suis donc devant le
portail quand je sens une main avec une douce pression sur mon épaule,
accompagnée de la voix que je reconnais :
_ Bonjour !
Je me retourne avec un
sourire plein le visage :
_ Ho ! Quelle belle surprise ! Bonjour Franck !
Vraiment, quel bonheur de
le voir. Depuis tous ces mois où nous nous sommes rencontrés, je n’aurais
jamais pu imaginer que nous nous reverrions. Aussi, comment je suis aux anges
de le voir aujourd’hui. Surtout avec la journée qui a commencé par la signature
de mon contrat. On dirait que ce garçon arrive dans ma vie à chaque fois qu’il
doit s’y passer quelque chose de bénéfique.
_ Comment va ma sauvageonne préférée ? Tu m’as l’air bien heureuse
cette après-midi ?
_
Hum ! Je ne suis plus aussi sauvageonne hein ! Et
je lui tire la langue en finissant ma phrase. Et oui, je suis très heureuse. Allez, viens je t’offre un verre dans
mon futur ex chez moi.
_
Futur ex chez toi ? Pourquoi ?
_
Viens et tu sauras ! Je vais tout t’expliquer. »
Nous entrons donc dans la
résidence, en direction de ma chambre.
_ Elle est belle ta résidence. Ça doit te coûter cher ou presque.
_
Bof ! Ça va, mes parents m’ont beaucoup aidé pendant quelques temps étant
donné que je n’avais pas de bourse d’étudiant.
_
Hé bein ! Tu en as eu de la chance. C’est cool quand on a des parents qui
prennent les études des enfants en charge.
_
Oui ! Je peux vraiment dire que j’ai eu de la chance. Parce que mes études
ont quand même coûté cher et pour trois ans. Heureusement que j’ai réussi à mes
examens.
J’ajoute cela en faisant mine de m’éponger le
front.
Nous arrivons dans
l’enceinte même de mon immeuble. Il y en a six en tout. J’aime beaucoup
l’espace extérieur partagé.
Souvent le soir, je vais
m’asseoir ou m’allonger sur les bancs sous les arbres quand le temps le permet.
Surtout en période estivale. Les lumières, les fleurs, les arbres étaient si
bien disposés que cela ne pouvait qu’inciter les étudiants et visiteurs à profiter
de la fraîcheur doucereuse en soirée ou dans l’après-midi.
Et, moi avec mon âme de
romantique cachée, j’appréciais encore plus de me retrouver seule le soir
assise pour rêvasser ou pour me rafraîchir les idées quand je suis soit
pensive, soit triste, ou simplement que je me sens seule. Mais, bientôt ça sera
fini. J’en ai un petit pincement au cœur en y pensant. Mais bon, c’est un mal
pour un bien. J’ai déjà contacté quelques agences immobilières pour ne pas me
retrouver à la rue à la fin de mon contrat de bail. Et, j’attends quelques réponses,
en particulier celle d’une agence qui m’a semblé plus intéressée par ma
demande. J’espère vraiment que je pourrais être rappelée très rapidement, car
il ne me reste plus que deux semaines avant de dire adieu à ma chambre.
Nous sommes devant
l’ascenseur et, Franck toujours aussi galant que lors de notre première
rencontre veut appuyer sur le bouton d’appel. Il se baisse. Mais, moi aussi
j’ai pensé à la même chose. Nos fronts se cognent à ce moment et nous reculons
pour nous frotter les parties endolories avec un sourire. Mais, comme si ça ne
nous avait pas suffi, une deuxième fois encore on recommence. Et là, je pars
dans un fou rire tellement intense que même lorsque l’ascenseur s’ouvre sur
deux personnes qui en sortent, je n’arrive pas à mettre un pied devant l’autre.
C’est que cette deuxième fois, sa main a frôlé une partie de mon épaule au
niveau de mon sein gauche. Il faut voir la tête qu’il fait, tellement il est
gêné.
_ Je suis vraiment
désolé ! Me dit-il.
_ Ho ! Ne t’inquiète
pas ! Il n’y a pas de problème.
_ Pfft ! Vraiment,
je suis gêné ! Bon, il est mieux que tu montes avant moi. Tu sais à quel
étage nous allons. J’ai peur de commettre un nouvel impair.
_ Non ! Pas de
souci, je te dis de ne pas t’inquiéter. Je sais que ce n’était pas fait exprès.
Allez ! Laisse tomber.
Je finis en lui donnant
un petit coup de coude pour qu’il comprenne que réellement je ne lui en veux
pas.
_ Hum ! Comme tu es
un peu sauvage là, je ne veux pas que tu penses que j’ai voulu profiter de la
situation.
_ Hé ! Je ne suis
plus comme ça hein. Hum ! Viens, c’est ici !
Nous sommes arrivés au troisième et dernier
étage et ma chambre est juste en face.
Lorsque j’ouvre la porte,
je me rends compte au dernier moment seulement qu’elle est en désordre à cause
des cartons. Mais bon, il comprendra bien hein. Mon appartement est composé
d’un salon avec une petite cuisine qui est fermée sur le salon, plus une
chambre. Une salle de bain et un grand dressing où je jette mes affaires parfois
sous l’effet de la fatigue. Effectivement, les appartements de la résidence ont
de bonnes proportions, d’où les prix assez élevés, sans oublier que nous sommes
situés à Paris-même.
Je lui propose de se
servir à boire directement dans le frigo et nous nous asseyons l’un en face de
l’autre sur les chaises qui sont libres. Je lui demande alors ce qu’il faisait
là pendant qu’il sirote son verre de Fanta. Oui, j’avais décidé depuis le
dernier jour de mes examens de ne plus boire une seule goutte d’alcool. Et
malgré les multiples propositions de mes copines, je n’avais plus succombé au
charme tentant de ces boissons attrayantes, mais trompeuses.
Je demande donc :
_ Alors, que me vaut l’honneur de ta visite ? Ou bien tu passais là
par hasard et tu m’as vue ?
_
Non, j’avoue que je t’attendais depuis longtemps. Peut-être même une heure ou
plus, je ne sais plus. J’en ai profité pour travailler sur mon ordinateur.
_
Han !? Mais pourquoi ? Et comment tu as su que je réside ici ?
A
ce moment, il sort de sa poche une feuille de papier et l’agite devant mes yeux.
C’est ma convocation ! Wouah ! Je reste la bouche ouverte, tellement
je suis étonnée.
_
Hein !? Tu as eu ça où ? Ne me dis pas que c’est depuis la dernière
fois…
_
Bon, si je ne te dis pas ça, je vais te dire quoi d’autre ?
_
Han ? Mais, pourquoi c’est aujourd’hui seulement que tu…
_
… et, quand tu auras fini avec tes questions, je t’expliquerais.
_
C’est bon ! Je me tais.
_
Alors, en fait en descendant ce jour-là de ma voiture, tu as laissé tomber ta
convocation. J’étais mal garé et je ne pouvais donc pas te poursuivre dans le
métro. Et puis, j’ai voulu t’appeler comme ton numéro de téléphone est marqué
dessus, mais j’ai laissé passer des jours et, finalement abandonné l’idée. Et
puis, j’ai voyagé pour des raisons familiales. Mais, il y a quelques jours,
j’ai repensé à toi et je me suis dit que je devais te revoir. Sauf que j’ai
beaucoup hésité. Je ne savais même pas si tu étais encore ici.
_
Hum ! Tu pouvais m’appeler quand même.
_
Et, continue
Franck comme s’il n’avait rien entendu,
je ne voulais pas t’importuner. Mais, il y a deux jours, je passais par là et
je me suis souvenu que tu y résidais. Je t’ai aperçue, mais tu discutais avec
d’autres personnes et je me suis dit que je repasserais une autre fois. Alors,
me voici !
_
Tu es étrange quand même ! Cela fait plus de deux mois que tu sais où je
vis, que tu as mon contact et tu ne me fais pas signe ? Je pensais
pourtant qu’on s’était séparés sur une bonne note la dernière fois ?
_
Oui, mais tu ne m’avais pas laissé de numéro et comme je te l’ai dit, je ne
voulais pas t’importuner. Et si je tombais sur ton mec un jour ?
_
Hum ! Quel mec ? Je n’en n’ai pas !
_
C’est ça ! Une jolie plante comme toi ? Arrête !
_
Ho ! Si je te le dis ! Pendant des mois, je n’ai pensé qu’à mes
études et je me suis plongée dans les révisions. Ensuite, j’étais obsédée par
la recherche d’emploi. Je n’avais donc pas le temps pour ça.
_
Donc, tu veux me dire que tu es seule ? Personne dans ta vie ?
_
Non, personne !
_
Hé bien ! Ou plutôt, je vais faire comme toi, han !?
Il ouvre des yeux
tellement grands de façon ironique en le disant que je repars dans un éclat de
rire. Il m’amuse beaucoup lui. Mais, je reste quand même quelque peu vexée du
fait qu’il n’ait pas essayé de me rencontrer ou même appelée depuis.
Comme s’il entendait mes
pensées, il rapproche sa chaise de moi avec les yeux mi-clos. Puis il me
dit :
« _ Ecoute ! Mets-toi à ma place. On ne se
connaît pas et si tu avais quelqu’un dans ta vie, je serais passé pour
quoi ?
_
Je ne sais pas ! Pour une personne qui voulait prendre de mes nouvelles.
_
Hum ! Tu penses que c’est aussi facile. Je suis un homme, ne l’oublie pas.
Et pour tout te dire, depuis que je t’ai déposé l’autre jour, je n’ai cessé de
penser à toi. Mais, j’étais bloqué par l’idée que tu sois déjà en couple.
_
Hé bien, tu ne te bats pas beaucoup pour ce que tu veux on dirait.
_
Comment ça ? Tu sembles avoir oublié que je ne savais pas que je
partageais mon ex avec celui que je considérais comme mon ami.
_
C’est vrai !
_
Donc, j’espère que tu comprends mon hésitation ?
_
Bon, et qu’est ce qui t’a décidé du contraire alors ?
_ Je
ne sais pas ! Tu commençais à trop hanter mes pensées.
_
Hum !
_
C’est vrai en plus ! Malgré ton côté ronchon du début, j’ai vraiment
apprécié la suite de notre journée.
_ Merci beaucoup, c’est gentil ! J’avoue avoir également pensé à toi
quelques fois, mais je n’avais pas la possibilité de te contacter.
_
Bon, ce n’est plus important, puisque nous sommes là. »
En même temps, Franck se dit pour lui-même qu’il avait laissé passer du temps
bêtement. (Si j’avais su ou ne serait-ce
qu’imaginé qu’elle était seule, je serais venu plus tôt. Mais bon, on va
rattraper le temps perdu.)
_ Bien, lui dis-je, en le faisant revenir sur terre. Je vais
vite fait me débarbouiller et je reviens. J’ai eu une journée excellente que je
veux aller fêter et donc avec toi si tu veux bien.
_
Pourquoi pas !? Tu me raconteras ce qui te met d’aussi bonne humeur.
_
Bien sûr ! Allez, fais comme chez toi. Je ne serais pas longue. Il y a des
choses à grignoter dans les placards et tu peux regarder la tv. Enfin, fais
comme tu veux et mets-toi à l’aise.
Je vais donc sous la
douche et le laisse piocher dans les placards. Il y a un match de basket sur
une chaîne de télé. Mais, il préfère allumer son ordinateur pour, dit-il, lire
les réponses de clients.
Il faut me voir sourire.
Moi qui aime bien ma solitude, je ne sais pas pourquoi le retour de Franck me
met d’aussi bonne humeur. J’aime bien sa compagnie, c’est vrai. Il me fait
beaucoup rire et il sait me mettre à l’aise. Pourtant, je ne comprends pas
pourquoi je me sens aussi bien parce qu’il est là.
Bof ! Sûrement parce
qu’il arrive au moment de la signature de mon contrat.
Bon, faisons vite !
Je prends une douche rapide, me maquille simplement mais avec une touche de
séduction. Je choisis un pantalon en lin blanc et un t-shirt qui moule mon
corps, mais pas trop. Et, je chausse des sandales faciles à ôter. Il fait
encore assez doux dehors, mais je préfère rajouter une veste légère au cas où.
Je ne voudrais pas tomber malade au moment même où la réussite professionnelle
commence à me sourire. Hihihihi !
Je finis de me préparer
en mettant une touche de parfum et une fleur rose dans mes cheveux. J’aime bien
les bijoux de tête, surtout les fantaisies.
Quand je vais retrouver
mon nouvel ami, bein dis donc. Il faut croire qu’il est beaucoup fatigué. Il
est assis sur le canapé, la tête tombée sur la poitrine et l’ordinateur ouvert
sur les genoux. Il s’est assoupi, le pauvre. Sa journée n’a pas dû être de tout
repos. Surtout de bosser non-stop sur son écran. Je pense que ça a dû
énormément l’épuiser. Je retire doucement l’ordinateur et le pose à côté sur la
table. L’écran de veille montre une photo d’une femme d’un âge mur. Elle est
belle avec son sourire. Cela se voit que c’est sa mère, la ressemblance est
bien frappante.
Bon, tant pis pour la
sortie. Je crois que le mieux serait que je le laisse se reposer tranquillement
et que j’aille prendre de quoi nous restaurer directement ici. Il est presque
dix-huit heures et demain une longue journée m’attend.
Je descends donc à la
superette du coin pour prendre un peu de poulet, du riz et d’autres aliments
qu’il manque dans ma cuisinette. Alors que je m’étais promis de ne pas durer,
me voici en train de flâner dans les allées et il est maintenant dix-neuf
heures quand je sors. J’espère que je vais trouver Franck. Je ne sais pas
pourquoi, mais je ressens un petit pincement en imaginant qu’il m’ait laissé un
mot pour excuser un départ soudain.
Là, je presse le pas et
c’est presqu’en courant que je prends l’ascenseur. Mais, il est là, toujours
endormi. Il ronfle presque. Ce qui me fait rire tout doucement. Je reste là,
mes courses dans les bras, à scruter son visage qu’il a relevé en posant le cou
sur le dessus du canapé. Il n’est pas mal du tout en fait. Plutôt beau gosse
même !
Je ferais mieux de me
dépêcher de mettre quelque chose au feu. Je ferme donc la porte de la cuisine
et me mets aux fourneaux. J’aime bien mettre un peu de musique quand je fais à
manger. Aussi, je mets en sourdine de la musique classique sortie tout droit de
mon i-pad. Et c’est avec les yeux brillants que je remue les spatules. En même
temps, cela me fait plaisir de faire à manger pour quelqu’un d’autre que moi.
Ce n’est pas tous les jours que je suis accompagnée.
Alors que je suis à fond
dans mes pensées, j’entends des voix masculines dans le salon.
« _ Ho non ! Pas eux ! Pas
eux ! »