CHAPITRE 30: TU EN ES SÛR.

Ecrit par L'UNIVERS DE JOLA

CHAPITRE 30 : TU EN ES SÛR ?

**LOYD MBAZOGHO**

Nous venons de sortir de l’église et nous montons dans le véhicule pour retournée à la maison. Nous sommes allés à l’église où nous avions passé le culte durant notre premier voyage avec Reb. Quand je suis tout seul, je vais à notre église ici et un rapport est fait au pasteur Lilian, on ne peut pas se permettre de découvrir que Reb est au Gabon présentement alors qu’elle est supposée être en Belgique. Oui je sais très bien que nous mentons mais on se repend et c’est passager. Ce n’est pas une partie de plaisir et tous ces mensonges nous pèsent souvent sur la conscience mais nous regardons l’aspect positif et nous avançons. Dieu merci, tout cela prendra fin cette année.

Marwane : L’église a une représentante ici n’est-ce pas ?

Lucrèce : Oui.

Marwane : Mais pourquoi nous n’y sommes pas allés ?

 Lucrèce : Je suis en Belgique.

Marwane : (Arquant un sourcil) 

Lucrèce : Je suis censée être en Belgique, si on me voit ici, on va justifier ça comment ?

Marwane : Je vois. C’est pour ça que l’on vous dit de vivre dans la vérité et la droiture. Beaucoup d’acrobaties pour cacher le péché. Vous n’êtes pas fatigués ?

Lucrèce : Cela ne durera plus. Nous allons tout dire quand je serai rentrée.

Marwane : Quand tu seras rentrée où ?

Lucrèce : Au Gabon.

Marwane : (Ironique)Ah oui, là tu es en Belgique.

Nos regards ce sont croisés dans le rétroviseur et il a bougé la tête avant de regarder par dehors pour observer le paysage.

Marwane : Votre ville là est petite hein.

Moi : Oui.

Marwane : Mais ça te ressemble, tu ressembles vraiment à quelqu’un qui pourrait vivre dans ce genre d’endroit.

Moi : C’est pour ça que j’y ai construit. 

Marwane : Sinon tu caches bien ton jeu, je te tire mon chapeau.

Moi : Je ne comprends pas.

Marwane : À te voir, on ne penserait jamais que tu aies autant d’argent. À Libreville tu vis comme quelqu’un d’ordinaire dans ton deux pièces alors que tu pourrais t’offrir beaucoup mieux.

Moi : Je n’ai rien à prouver à qui que ce soit.

Marwane : Tu sais au moins que la famille pense que tu ne fais rien de bon de ta vie ? On t’a surnommé le dormeur lunatique.

J’ai souri sans répondre car je sais que c’est ce que les gens pensent de moi, à tout du moins la famille. Cela ne me dérange pas car comme je l’ai dit, je n’ai rien à prouver à qui que ce soit. Ils savent déjà que j’ai un travail décent, un toit où dormir et quelques loyers à côtés qui me donnent de l’argent à Libreville. Les seules choses sur lesquelles je me justifierai c’est la présence d’une femme dans ma vie et les enfants que nous ferons dès l’année prochaine après le mariage si tout va bien. Pour le reste, je n’ai rien à dire. 

Nous sommes arrivés à la maison et nous avons trouvé les autres au bord de la piscine sur les transats en train de bronzer. 

Nous : Bonjour.

Eux : Bonjour.

Lucia : Ça a été l’église ?

Lucrèce : Oui. J’espère que vous avez su vous occuper en notre absence.

 Jérôme : Une chose est sûre, personne ne vous a cherchés.

Lucrèce : C’est ça.

Mélodie : Par contre je voulais boire une tasse de lait mais je n’ai pas pu.

Lucrèce : Pourquoi ?

Mélodie : Je n’ai pas vu le sucre ni le lait.

Lucrèce : Tu n’as pas vu le lait au frigo ? 

Mélodie : Le seul truc là-bas c’était écrit amende dessus.

Lucrèce : Oui, c’est ça. Lucia ne t’a pas dit qu’on utilisait le lait d’amende ?

Josué : La question même qu’il faut poser c’est est-ce que la Lucia là était encore sur terre ?

Ils ont éclaté de rire pendant que nous les regardions confus.

Jérôme : (Riant)Elle était très occupée à crier son Ciel. On ne sait pas si c’était seulement les nuages oh ou le vent mais une chose est sûre elle était suspendue dans les airs.

Lucia : (Riant) Foutez moi la paix.

Ils se sont mis à rire moi y compris ayant compris de quoi ils étaient en train de parler. 

Mélodie : (Riant) Tout ça pour te dire que Lucia n’était pas là.

Lucrèce : Je vois. En tout cas c’est le lait d’amende qu’on utilise avec le miel.

Josué : Ah seigneur à quand ma victoire ? Les débout de ce pays boivent le café avec le lait d’amende et du miel. 

Jérôme : (Riant)Nous les territoires d’outre mer là rien

Josué : (Riant)On te dit bien les couchés-coulés, on ne va pas boire vache énervée avec la princesse Taty ( marque de sucre fabriquée au Gabon) ?

Jérôme : (Riant) Et comme si ça ne suffisait pas, ils diminuent et cachent encore même taty là jusqu’à on la cherche dans tout le Gabon sans la voir.

On éclate tous de rire, les gars là ne sont pas sérieux.

Jérôme : (Riant en tapant dans le bras de Josué) Laisse gars, Dieu ne pourra pas nous ignorer longtemps. Forcé pour nous aussi va sortir un jour et on sera debout.

Loyd : (Souriant) Je me souviendrai que vous deux là vous ne devez plus être au même endroit.

Josué : (Riant) Ennemi de gens de bien.

Jérôme : (Riant) Et du progrès. 

Marwane : (Soulevant une bouteille vide entre les deux) Je viens de découvrir le responsable de leurs états.

Nous avons une fois de plus éclatés de rire avant que je ne rentre avec Reb pour nous changer. Il est midi et nos invités doivent prendre la route à 17h. On leur a préparé à tous des colis de nourriture. J’ai parlé avec mes petits et la maman qui m’a trouvé le personnel de maison. Elle m’a dit que ce n’était pas la saison mais qu’elle allait tout faire pour me trouver la banane, les tubercules de manioc et les taros. Mes petits ont été ok pour le poisson et la viande de brousse. J’ai commandé pour ceux qui sont venus mais aussi pour mes parents et les deux familles de Lucrèce. Les autres iront avec pour eux ce soir et nous mercredi quand nous allons remonter. Ils nous ont bien aidés avec la maison, il ne reste plus grand-chose à faire. 

Lucrèce : Bébé stp, aide moi avec ma fermeture.

Je me suis exécuté avant de lui faire un bisou derrière la nuque.

Lucrèce : (Riant) Loyi ne commence pas, je dois aller en cuisine.

Moi : (La caressant) 

Lucrèce : (Souriante)Et je suis dans ma période.

Moi : (Cachant mon visage dans son cou) Argument d’autorité. (Elle rit) Ça va finir bientôt.

Lucrèce : (Caressant ma tête) Je sais. Sois fort.

Moi : (Souriant) Est-ce que j’ai le choix ?

Je lui ai fait un bisou sur l’épaule avant de m’éloigner. 

Lucrèce : Pour les colis c’est bon ?

Moi : Oui, ils ont tous confirmé ce matin pour 16h.

Lucrèce : Et l’agence ? 

Moi : C’est confirmé aussi. 

Lucrèce : Ok. 

Elle a troqué son ensemble contre une robe plus simple, m’a fait un bisou et est sortie. J’ai enfilé une culotte, un débardeur et un t-shirt avant de sortir. Je suis tombé sur Marwane aussi qui sortait de sa chambre changé. Je l’ai pris à part et nous sommes allés nous poser sur l’un des balcons supérieurs qui donne sur l’arrière de la maison.

Marwane : Alors ça y est, tu vas faire les choses bien ?

Moi : Oui. Tu sais contrairement à ce que tu penses, cette situation ne m’a jamais amusé. Je n’ai jamais voulu être dans une position où je devais me cacher et à chaque fois mentir à tout le monde pour vivre cette relation, ce sont les circonstances qui nous ont imposé ce choix de vie.

Marwane : Ce sont les mêmes circonstances qui ont fait en sorte que Lucrèce rentre avant le temps et mente sur sa vraie date de retour ?

Moi : Si on veut.

Marwane : Hum. 

Moi : On devait aménager la maison et c’était le seul créneau que nous avions trouvé avec mon travail.

Marwane : (Regardant devant lui en faisant un rictus) Si tu le dis.

Moi : Et c’est la vérité.

Marwane : C’est ta vérité, il faut faire une nuance entre les deux. 

Moi : (Silence)

Marwane : Je peux te poser une question ?

Moi : De toutes les façons tu le feras.

Marwane : Es-tu confiant de l’issue favorable de cette relation ?

Moi : Bien-sûr.

Marwane : (Esquissant un sourire) Pourquoi je ne te crois pas ?

Moi : Si je ne l’étais pas, je ne me serai pas autant investi dans cette relation et encore moins construit tout ce que j’ai fait avec elle.

Marwane : Ça peut être aussi la folie qui t’a guidé. (Je le regarde) Quoi les fous aussi agissent de la même façon. 

Moi : Merci de ne pas me prendre au sérieux.

Marwane : (Souriant) Mais je te prends au sérieux dans ta folie. 

Moi : (Me retournant pour m’en aller) C’est visiblement une perte de temps.

Marwane : (Me retenant par le bras) Je suis sérieux Loyd. J’ai peut-être l’air de beaucoup t’emmerder et ça peut laisser penser que je suis contre ta relation avec Lucrèce. Je te jure Loyd qu’il n’y a rien qui me ferait plus plaisir que de te voir heureux et marier avec Lucrèce dans les normes parce que vous vous aimez et que vous êtes bien ensemble. Mais je ne peux pas m’empêcher de te poser cette question que je t’avais posé il y a 4 ans, que feras-tu si jamais la famille s’y oppose ? Chaque seconde qui passe vous enfonce dans un mensonge plus lourd que la veille et aggrave votre cas. Tu aurais parlé depuis le début et vous n’en seriez pas là.

Moi : Le contexte ne s’y prêtait pas et

Marwane : Laisse les excuses Loyd. Lucrèce était jeune, tu venais de sortir de tes fiançailles et tu ne voulais pas que la réputation de Lucrèce soit entachée mais de toi à moi qui prendra cela en compte aujourd’hui ? 5 ans après, tu crois que cela prendra encore ? Justement Lucrèce n’est plus une petite fille et sa réputation ne sera pas indemne. En y réfléchissant bien, si tu voulais sauver sa réputation il fallait le dévoiler à l’époque et que si les gens étaient contre on aurait dit qu’elle ne mesurait pas la portée de ses actes et qu’elle était irresponsable mais aujourd’hui elle est aussi coupable que toi. 

Moi : (Silence)

Marwane : Je sais que tu ne veux pas envisager cette possibilité mais il faut être réaliste. Je prie que votre relation soit acceptée, même si je ne suis pas confiant dessus, je prie que ce soit le cas. Si vous vous étiez déclarés depuis le début et qu’il y avait des oppositions, cela t’aurait permis de préserver ton cœur. Quand je te regarde aujourd’hui, j’ai peur pour toi. (Je le regarde) Oui, j’ai peur de ce que tu pourrais faire ou devenir si cette relation n’aboutit pas. C’est pourquoi j’espère de tout cœur que vous aurez une issue favorable. Dans tous les cas je serai là soit pour être ton homme de compagnie, soit pour être celui qui soulèvera ton cercueil et creusera ta tombe.

Moi : (M’accoudant sur le balcon) Je suis rassuré en sachant au moins que tu ne laisseras pas mon corps traîné partout.

Marwane : (S’accoudant à son tour) Oui. Tu peux au moins me faire une liste de tous tes avoir ?

Je le regarde de travers.

Marwane : (Riant) Mais c’est pour prendre soin de ton héritage après ta mort.

Moi : Ne t’inquiètes pas pour mon héritage, Lucrèce s’en chargera. 

Marwane : Elle sera veuve heureuse en tout cas.

Moi : Hum. Mommy va bien ?

Marwane : Oui, elles vont toutes bien et même la reine des neiges. D’ailleurs la dernière fois quand je lui avais envoyé ces notes vocales, elle était venue à la maison pour me frapper.

Il le disait en riant comme si c’était une vaine entreprise quoi que ce soit réellement le cas. Il me raconte la scène et malgré moi cela m’amuse. Il me dit que depuis qu’il est venu il lui écrit tous les soirs pour l’emmerder et bien qu’elle lui dise qu’elle va le bloquer, elle ne le fait jamais.

Moi : C’est quoi ton but avec tout ça ?

Marwane : La rendre moins aigrie.

Moi : Hum. C’est la fille de Mommy Marwane, quoi que tu fasses, ne l’oublie jamais.

Marwane : T’inquiète. 

Moi : Maintenant que tu es rentré, c’est quoi ton projet ? Tu comptes trouver du travail ou t’asseoir ?

Marwane : Je me prends deux mois de repos. Un ici et l’autre au Cap Vert.

Moi : Tu veux visiter sa tombe ?

Marwane : Oui. Finalement je vais y aller avec le boss. J’aurais aimé que tu sois là ou à la limite oli mais cela ne cadrera pas avec vos emplois du temps.

Moi : C’est vrai. Je reprends le boulot d’ici là. J’aurais été content de t’accompagner rencontrer ta famille maternelle.

Marwane : Je te cache pas que je stresse un peu. 

Moi : Pourquoi ?

Marwane : Je l’ignore. Je me dis que peut-être ils ne voudront pas de moi.

Moi : Il n’y a aucune raison qu’ils ne veuillent pas de toi et d’après ce que tonton Clotaire disait quand il avait repris contact avec eux, ils avaient été contents d’apprendre que tu étais toujours vivant. Tu es quand même le seul enfant de leur fille.

Marwane : Avec un passé compliqué.

Moi : Ils ignorent ton passé et même si ce n’était pas le cas, cela ne change strictement rien.

Marwane : Ouais.

Moi : Je suis vraiment content que tu y ailles, je suis sûr que cela te fera énormément de bien. 

Marwane : Merci. Mais tu sais ce qui me ferait vraiment plaisir ?

Moi : Dis-moi.

Marwane : (Souriant) C’est que tu m’achètes une voiture.

Moi : (Me redressant pour m’en aller) Dans tes rêves.

Marwane : (Riant en me suivant) Allez Loyd, je sais que tu peux le faire, tu es riche. 

Moi : Aux dernières nouvelles ton père n’est pas pauvre, il a renoué avec ses anciens contacts et a de l’argent. Ta mère aussi ne l’était pas alors tu as de l’argent. 

Marwane : Ce n’est pas la même chose. Je préfère que ce soit toi qui me l’achète.

Moi : Tu peux toujours courir.

Marwane : Je suis ton petit frère non ? Le seul en plus. Je peux même t’appeler ya Loyd si tu le veux.

Moi : Tu n’auras rien.

Nous avons rejoint les autres en bas et les gars ont proposé qu’on avance encore un peu dans le rangement et nous avons même terminé. Nous sommes tous allés nous laver et changer avant de passer à table. Lucrèce a prié et nous avons mangé dans la bonne humeur. Les colis sont arrivés et nous avons partagé dans différents sacs. 

Moi : Encore merci à vous pour votre coup de main qui nous a vraiment aidés. Vous avez quitté vos vies respectives et vous avez pris sur vous pour venir travailler ici durant votre week-end au lieu de vous reposer, cela me touche énormément et croyez moi, je vous le rendrai. Si un jour vous avez besoin de notre aide, nous ferons tout pour répondre présent comme vous l’avez fait pour nous. (Souriant)Nous ne vous avons pas payé certes,

Marwane : Trop chiche. (Les autres ont ri.)

Moi : Mais nous espérons que vous avez au moins passé un excellent séjour.

Bhernie : Super. Je pense parler au nom de tous ici en disant que le week-end fut très agréable.  Merci de nous avoir invité.

Jérôme : Oui. On espère juste que la prochaine fois, nous pourrons sortir pour visiter la ville.

Lucrèce : On va essayer de planifier ça. 

Nous avons écouté les bruits de klaxon dehors.

Moi : Je crois que le gardien est de retour avec le taxi, on va y aller. 

Lucrèce : Personne n’a rien oublié j’espère ?

 Mélodie : Si. J’ai oublié la maison. Seigneur Loyd tu es vraiment sûr que tu ne veux pas une deuxième femme.

Lucrèce : (Riant)Dégage. 

Nous avons éclaté de rire et nous sommes sortis avec les bagages. Le taxi était dehors. Nous avons chargé une partie des bagages dans ma voiture et l’autre dans le taxi. Lucia et Bhernie sont montés avec nous et les 4 autres dans le taxi et nous sommes partis jusqu’à Matériaux où se trouve l’agence. Je me suis présenté pour les formalités et ils ont été enregistrés. On s’est fait des câlins en se disant qu’on se verrait en semaine et ils sont partis. Nous sommes rentrés à la maison et nous sommes allés nous asseoir sur le fauteuil balançoire qui est dans la terrasse de notre chambre.

Lucrèce : (Sur moi) J’ai adoré ce week-end.

Moi : Moi aussi. On s’est bien amusé.

Lucrèce : J’espère un jour recevoir papa et maman ici.

Moi : (Repensant à la conversation que j’ai eue avec Marwane) Je l’espère aussi, de tout mon cœur…


L'AMOUR SUFFIT-IL? T...