CHAPITRE 33: LA BANDE.

**MYRNA NZAOU**

J'ouvre les yeux ce matin et je tombe sur le regard de Sara qui a ses yeux rivés sur moi et me sourit grandement. Je réponds également à son sourire.

Moi: Tu ne dors pas hein? 

Sara: Après la prière je n'ai pas pu redormir alors je suis restée à te regarder dormir. Ça me fait tellement plaisir de te voir que je peux rester comme ça toute la journée. 

Moi: (riant en lui poussant la tête) Tu es bien folle. 

Sara : (souriant) Là c'est toi qui a commencé non?

Elle s'est redressée et a pris l'oreiller qui était sous sa tête pour me le taper au visage. Je me suis levée à mon tour et j'ai pris le mien pour lui rendre et nous avons commencé une bataille d'oreillers dans les rires et la bonne humeur. Elle a fini par me bloquer sur le lit et m'a chatouillé partout au niveau du ventre, elle sait très bien que c'est mon point faible, j'ai ri aux éclats jusqu'à en pleurer.

Moi: (N'en pouvant de rire) Sara c'est bon, c'est bon, tu as gagné. Je vais mourir étouffer à force de rire. 

Sara : Tu laisses tomber ?

Moi: Je laisse tomber. Tu as gagné.

Sara : (contente) Voilà. 

Elle est venue poser sa tête sur mon ventre comme elle le faisait autrefois. J'ai l'impression d'avoir fait un bond en arrière, je ne sais pas c'était quand la dernière fois que j'avais autant ri. Je suis tellement heureuse de la revoir et encore plus qu'elle soit restée la même personne, c'est-à-dire simple et sans complexe. Je suis reconnaissante à Dieu car il vient de mettre un grand baume sur mon cœur. Nous sommes restées toutes les deux à raconter jusqu'à la venue des enfants dans la chambre avec lesquels nous avons aussi joué avant de tous aller prendre un bain et faire le petit déjeuner que nous avons mangé dans la joie et la bonne humeur. Autour de 10h, Sara et moi sommes parties après avoir dit au revoir à maman et les enfants qui vont rendre visite à une maman de l'église qui fait une fête d'anniversaire. 

Nous nous sommes arrêtées pour faire quelques courses avant de prendre un autre taxi qui nous a laissé devant son portail. Le gardien nous a ouvert et nous sommes rentrées. J'ai pu m'apercevoir qu'elle avait une très jolie maison et je le lui ai dit.

Sara: Merci. Allez viens avec moi.  Où sont les hommes de cette maison ? Eh oh. 

Gaël : Nous sommes ici. 

Il est apparu devant nous avec son fils dans les bras. Ce dernier s'est agité pour descendre avant de courir dans notre direction. Là où on pensait qu'il partait chez sa mère c'est plutôt chez moi qu'il est venu. Nous étions tous surpris par sa réaction. Je l'ai saisi et l'ai soulevé pour le ramener au niveau de ma poitrine et il m'a fait un gros câlin avant de me regarder dans les yeux.

Noah : Ça va ?

Moi: (amusée) Oui mon bébé.

Noah: (posant sa tête sur mon cœur comme s'il voulait écouter les battements) 

Ses parents ont échangé un regard complice avant de nous regarder.

Noah : (retirant sa tête pour me regarder avec le gros sourire) voiya

Moi: (souriant) Tout va bien dans mon cœur docteur ?

Noah: Oui. (Regardant sa mère) Tonton Yiyan. 

Moi: (Ne comprenant pas) Qu'est-ce qu'il dit ?

Gaël : Il dit que ton cœur bat comme pour son oncle.

Moi: Ah bon? C'est bon signe non?

Sara : Oui. 

Gaël est venu me prendre dans ses bras et ils m'ont tous les deux conduit au salon. Après m'avoir servi à boire, Sara est allée se changer dans sa chambre . Ses hommes sont restés à me faire parler jusqu'à son retour. Nous sommes ensuite allées à la cuisine mais Noah a refusé de me lâcher. 

Sara : Mais l'enfant là est décidé hein? C'est comment avec ma sœur ?

Gaël : (riant) Un enfant reconnaît ses vrais parents. Tu te moquais de moi non? Voilà ton tour. 

Sara : (Essayant de le prendre) Mon bébé vient chez maman. 

Noah: (s'agrippant encore plus à moi) Non, voiya.

Sara: Eh neuf mois cadeau oh! 

Gaël et moi avons éclaté de rire. J'ai dû travailler avec lui posé sur mes cuisses bien décidé à ne pas me lâcher. Une fois toutes les marmites au feu et les choses apprêtées, il m'a entraîné dans sa chambre afin de jouer avec lui, j'ai repéré une photo de lui avec celui dont je ne cite pas le nom. J'avais déjà repéré deux de ses photos au salon avec Sara et Gaël. Je ne sais pas exactement quel est le lien qu'ils ont mais j'ai la vague impression qu'il est présent dans leur vie . Dans tous les cas, je ne veux pas penser à lui et à leur relation, je me concentre sur l'essentiel. 

Il m'a montré ses jeux préférés avant de jouer avec moi puis il m'a obligée à m'allonger sur le lit et est venue s'allonger sur ma poitrine. Il a repris à me parler de son tonton Yiyan qu'il aime beaucoup et de son ami Xocé qui est à yonina avec beaucoup les autres enfants. Bien que je n'ai pas compris grand chose à ce qu'il me racontait, j'ai quand même commenté ses propos pour l'encourager à parler. Il l'a fait jusqu'à s'endormir sur ma poitrine.

Sara: (Devant la porte) Il s'est endormi ?

Moi: (souriant) Oui.

Sara: Il t'a bouché les oreilles avec ses histoires n'est-ce pas ?

Moi: (Le déposant sur le lit en faisant attention) Oui. Il m'a surtout parlé de son meilleur ami Xocé qui est à yonina, je n'ai pas compris grand chose.

Sara : (souriant) C'est Exaucé son ami. Il vit à l'orphelinat.

Moi: (Surprise) Tu fréquentes un orphelinat ?

Sara: Oui. Je suis une bénévole. Je t'en parlerai plus en détail.

Moi: D'accord. 

Je me suis rendue compte que durant toutes ces années à force d'être centrée sur moi et mes problèmes, j'avais complétement mis ça de côté. À défaut d'ouvrir une structure, j'aurais au moins pu en fréquenter une pour être bénévole. Je réalise que j'ai fait mal fait certaines choses. Mais je suis contente que Sara en fréquente un, j'irai aussi me proposer là-bas comme bénévole s'ils le veulent bien. 

Moi: (Sortant avec Sara de la chambre) Il m'a aussi parlé de son oncle préféré, tonton Yiyan. 

Sara : D'accord. Tu as vu comment il t'a sali l'habit?

Moi: (réalisant  qu'il l'avait effectivement fait) Non, je n'avais pas vu. 

Sara: Viens avec moi, tu vas mettre une autre robe. 

Elle m'a entraîné à sa suite dans sa chambre puis dans son dressing. 

Moi: (regardant partout) C'est joli ton dressing. 

Sara: Merci. ( Me tendant une jolie robe jaune moutarde) Tiens, essaye ça. 

Je l'ai prise et je l'ai porté, elle m'allait très bien au teint. 

Sara : (à côté de moi devant le miroir) Tu es très belle à l'intérieur et elle te va même mieux qu'à moi. 

Moi: (souriant) Merci.

Sara: Tu es sûre d'avoir porté les trois grands garçons là dans ton ventre ? Pourquoi il est aussi plat? 

Moi: (Riant) Où étaient ils alors si ce n'est à l'intérieur ?

Sara : Ce n'est vraiment pas juste hein. Moi un seul et mon ventre a pris du volume, toi tu as trois mais aucun mouvement. 

Moi: J'ai toujours eu un ventre plus plat que le tien S.

Sara : Hum. Viens t'asseoir , je vais arranger tes cheveux, ils sont même plus long qu'avant et on dirait que tu les as lissés.

Moi: Non. C'est la crème que maman Jeanne me fabrique qui rend ça comme ça. 

Sara: La prochaine fois je vais aussi prendre la crème là oh. 

Moi: (riant) D'accord. 

Elle a peigné mes cheveux avant de me mettre ça sur le côté et dans le dos en dégageant un côté de mon visage. Comme elle était très inspirée, elle m'a aussi épilé les sourcils et m'a fait un maquillage nude. Elle s'est aussi légèrement maquillée et nous sommes allées devant le miroir, Nous étions vraiment très belles. Elle a sorti son téléphone et nous a prises en photo à plusieurs reprises. Elle a également fait des vidéos où nous faisions le clown. 

Gaël : (cognant) Je peux?

Sara : Oui. 

Gaël : (Entrant) Je , waouh. Vous êtes magnifiques.

Nous : (Souriantes) Merci. 

Gaël : Les autres sont arrivés.

Sara: D'accord. Allons y. 

Nous sommes sortis tous les trois et sommes allés trouver Loïc, Adam, Japhet et Sophie qui sont tous les quatre venus me prendre dans leur bras en remerciant le Seigneur pour ma vie. 

Adam : Je suis si heureux de te revoir Myrna et c'est comment tu brilles comme ça ? L'onction est seulement de ton côté hein?

Nous avons éclaté de rire.

Japhet : (Une lueur dans les yeux) Adam a raison, tu es très belle. Tu l'as toujours été de toute façon. 

Moi: (lui souriant faiblement) Merci Japhet. 

Loïc : Tu es mariée ou fiancée ?

Sara: C'est quelle question ça ?

Loïc : Quoi, c'est une question tout ce qu'il y a de plus normal.

Sara : Toi je te dis qu'il faut laisser ma sœur tranquille.

Loïc : C'est aussi ma sœur non? Je suis son grand frère et je veux savoir si je dois potentiellement casser des gueules ou non.

Sara : Tu as déjà cassé à qui et on a vu?

Loïc : Dis merci au Seigneur, sinon beaucoup de têtes devaient tomber.

Nous avons éclaté de rire face à ses propos. Ils avaient véritablement tous grandi et étaient maintenant de vrais hommes. Sophie, contrairement à Sara et moi, avait des formes. Au lycée nous avions sensiblement le même corps mais là elle s'est légèrement arrondie et son teint est plus clair qu'avant. Je la trouve très jolie. Elle est la moins bavarde du groupe et me regarde en me souriant avec une expression de joie mêlée à la tristesse. Je ne sais pas si c'est juste une impression ou c'est réel. 

Moi: (Répondant à Loïc) Non, je ne suis ni fiancée ni mariée.

Loïc : (Levant les yeux au ciel) Merci Seigneur. ( Sur le ton de la blague) Je comprends pourquoi je trainais depuis là, c'est toi que j'attendais pour me marier.

Nous avons éclaté de rire. 

Gaël : (Riant) Tu sais que sur ce terrain tu n'as aucune chance n'est-ce pas ?

Loïc : Voici les tueurs de rêve. Je viens de comprendre ce que Joseph avait vécu dans la Bible. Tu étais l'un de ses 10 frères n'est-ce pas ? Mon rêve est encore au stade embryonnaire que déjà tu le massacres roi Hérode.

Nous avons ri aux larmes . Ce n'est pas possible, vraiment l'enfant là n'a pas changé, toujours aussi drôle. C'est fou comme il m'avait manqué.

Loïc : T'inquiètes, je sais que c'est déjà occupé. On ne marche pas sur les plates bandes d'autrui. 

Sophie : (se levant) Excusez-moi, je vais au toilette.

Nous : D'accord.

Elle est partie et est revenue un peu plus tard. Ils m'ont demandé ce que je suis devenue et j'étais pendant tout ce temps. Sans aucun complexe, je leur ai dit que je n'avais pas pu poursuivre les études qu'une maman qui est ma mère aujourd'hui m'avait accueilli et que maintenant je vendais les fruits et légumes au marché. 

Loïc : De quel côté ? Car tu viens de gagner ton meilleur client tout de suite comme ça. J'espère que tu livres en quantité hein.

Moi: (Riant) À cause de toi seulement, je vais commencer à le faire. 

Loïc : Ça marche. 

Adam : Pourquoi vous ne l'avez pas encore mis dans le groupe WhatsApp depuis là ?

Gaël : On avait pas son numéro, en plus toi même tu sais qui est l'administrateur du groupe.

Moi: (souriant) Je ne suis pas sur WhatsApp oh. C'est nous autres là les illettrés du 21e siècle, la technologie nous a fui. 

Gaël : (Me regardant en tapant Japhet sur l'épaule) Celui-ci en moins de deux semaines, il va te remettre à niveau c'est un détail. 

Moi: (souriant) D'accord.

Adam : En plus, pour toi ce sera gratuit. Tu n'auras rien à dépenser.

Moi: Je vois. Sinon et vous ?

Racontez-moi, qu'est-ce-que j'ai manqué ?

Ils m'ont chacun raconté leur vie, les bons et mauvais moments. De comment certains ont failli abandonner le Christ et d'autres l'ont même fait mais par la grâce de Dieu. Un moment, ils n'étaient même plus proches mais Dieu avait su utiliser quelqu'un pour les réunir à nouveau et aujourd'hui, ils sont plus soudés que jamais. J'étais assez contente d'apprendre que malgré les soucis et les difficultés de la vie, nous avons su revenir au Seigneur pour ceux qui étaient égarés et d'avoir gardé le cap pour ceux qui étaient toujours engagés. 

Nous sommes passés à table. Gaël a prié pour le repas et nous avons commencé à manger.

Sophie : Myrna c'est toi qui a préparé ça n'est ce pas ?

Moi: (souriant) Oui.

Sophie : Je savais. C'est très bon.

Sara: (souriant) Tu veux dire quoi par là ?

Sophie : (souriant) Tu m'as vu dire quoi ? J'ai juste reconnu la touche de Myrna et en plus nous savons tous que de nous trois, elle était bien meilleure cuisinière. 

Gaël : Ce n'est pas faux. 

Sara: Eh. NDJIMBA toi aussi tu parles ? Tu es foutue, je ne préparerai plus dans cette maison.

Gaël : (lui caressant la joue) Mais non mon cœur toi aussi, tu sais que tu es la meilleure.

Adam : (Riant) la Bible punit le mensonge.

Nous avons tous éclaté de rire. 

Japhet : Dis nous, tu pries dans quelle église ?

Gaël : Chez le pasteur Samuel.

Adam : Samuel d'Ethan ?

Gaël : Oui. 

Sara et moi avons échangé des regards et elle m'a légèrement souris. 

Loïc : Tu es sans doute la chantre principale maintenant.

Moi: (souriant faiblement) Non. J'ai arrêté de chanter depuis des années.

Eux: (sauf Sara) Mais pourquoi ?

Moi: J'avais pris la décision d'arrêter et je l'avais fait. 

Loïc : C'est dommage. De toute ma vie, je n'aurais jamais cru entendre une chose pareille. 

Japhet : Donc tu as laissé tomber ton don?

Moi: Oui. 

Adam : Maintenant tu fais quoi à l'église ?

Moi: Je suis simplement membre.

Ils m'ont tous regardés pendant un bon moment avant que Sara ne change de sujet. 

Sara : Qui est partant pour un dessert ?

Nous avons tous acquiescé.

Gaël : Japhet, finalement, le mariage c'est pour quand la date ?

Japhet : (me fixant) Je vais caler ça ce weekend et je vous ferai signe. 

Moi: J'espère que je serai invitée aussi.

Japhet : Ce n'est même pas à discuter.

Adam : Sara, on va recommencer nos mariages, Myrna n'était pas là. 

Nous avons éclaté de rire. 

Sara: Tu as raison. 

Nous avons encore ri avant qu'Adam ne lance un sujet qui nous conduit à une exhortation à garder confiance en Dieu et en ses voies qui sont les meilleures. Même lorsque nous n'avons plus d'espoir, il sait toujours nous surprendre. Il a bouclé en nous disant que Dieu faisait très souvent des derniers des premiers, des faibles des forts, des pauvres des riches et allait jusqu'à prendre celui qui était tout au fond pour le mettre au devant de la scène. Il faisait toute chose bonne en leur temps et le temps de Dieu était toujours le meilleur car il y a en prime, l'accélération Divine. Nous avons tous dit Amen. Puis nous avons prié. Ils ont entonné un chant qu'ils se sont tous mis à chanter et je me suis mise à battre des mains sans le faire. Sara a enchaîné 4 louanges jusqu'à la fin. J'ai ensuite bouclé les moments avec une prière.

Nous avons ensuite échangé des numéros. Nous nous apprêtions à partir quand Noah s'est réveillé et il est revenu me coller, tous les autres étaient surpris.

Sophie : (Surprise) L'enfant là t'accepte comme ça ?

Moi: Oui. Pourquoi ?

Japhet : L'enfant nous refuse tous. 

Sophie : Tous sauf Ethan à qui il fait d'ailleurs (écarquillant les yeux) Il le fait aussi sur toi. 

Noah venait de poser sa tête sur ma poitrine pour entendre mon cœur battre comme ce matin. Ils m'ont tous regardés avec les bouches en O. 

Adam : C'est vraiment incroyable ça.

Loïc : Est-ce une coïncidence ?

Gaël : Je ne crois pas. 

Sara : Laissez tomber cette affaire svp. 

Moi: Vous parlez de quoi?

Sara : Laisse tomber Mimi, tu sais qu'ils peuvent être lourds des fois non. ( Poussant Gaël) Tu seras puni. 

Gaël : Mais j'ai dit quoi de mal?

Sara: Tout et

(Sonnerie de téléphone) C'était le mien. 

Moi: S stp, prends moi ça dans ma sacoche.

Elle a fouillé et a regardé l'écran du téléphone. 

Moi: C'est qui ?

Sara: Maman Cécile.

Moi: C'est une voisine du quartier. Pourquoi elle m'appelle ? Décroche et met le haut parleur. 

<<Moi: Allô>>

<<Maman Cécile : (En pleurs) Mimi oh.>>

<<Moi: (Le cœur battant) Qu'est-ce qui se passe maman Cé?>>

<<Maman Cécile : (Pleurant) On les a renversé oh. La voiture a ramassé ta mère avec les triplés à la route là-bas oh. >>

Boum! Mon cœur a raté un battement et j'ai vacillé avec Noah dans les bras mais Japhet qui était derrière moi ma retenue.

Sophie : On a renversé qui?

Sara: (Le visage grave) La mère et les trois enfants de Myrna. 

Moi: (Les larmes coulant de mes yeux) Non, pas une deuxième fois, le Seigneur ne peut pas me faire ça une deuxième fois. Cette fois ci je vais mourir…