Chapitre 34

Ecrit par sokil

Chapitre 34 :

 

J’ai trouvé mon père très bouleversé, il vient d’apprendre le décès de son ami « très précieux », il a appris la triste nouvelle lorsqu’il est allé toucher sa pension à la banque ; il a croisé un de leur ancien collègue, qui le lui a dit ; Etienne est mort par accident de circulation, il venait ici à Yaoundé, il vivait au village depuis longtemps, et venait juste en ville pour quelques affaires à régler. Mon père et Etienne n’entretenaient plus la même relation qu’auparavant ; à cause mon mariage, les problèmes avec ma belle famille n’ont fait qu’envenimer les choses, ils s’appelaient de temps en temps, mais toutes ces deux dernières années c’était vraiment rare ! La dernière fois que je l’ai vu, c’était à l’époque où on cherchait Martin, mais il n’avait pas pu me donner plus d’informations à ce sujet, il était lui aussi dépassé par la situation, il n’avait plus sa place d’aîné dans cette famille. On venait d’apprendre que la famille s’est divisée en deux blocs.  J’ai quand même mal, cet homme n’était pas méchant, il tentait d’être juste, il n’était pas dans les intrigues, mais il n’a pas eu assez de forces pour combattre son petit frère et tout le reste de la clique.

-          Moi : Papa ! Tu vas aller au deuil ?

-          Mon père : Je dois y aller, tu sais que lui  et moi étions très proches, j’ai quand même un peu de remords, on ne se parlait vraiment plus.

Moi j’ai décidé de ne pas y aller, c’est vraiment dangereux pour moi, je dois me protéger, je ne veux pas rencontrer ne serait ce qu’un membre de la famille de Martin ; ce dernier ne m’a plus fait signe, et ça fait une semaine que je ne bosse plus, je suis en repos maladie pour un bon mois, mes collègues prennent juste de mes nouvelles, ils m’appellent de temps en temps, mais ils ne savent pas où j’habite, nous n’avons pas ce genre de relation très intime, ils ne savent rien de ma vie, et moi non plus d’ailleurs ! Je ne vais qu’aux cours, quand je peux, je ne lâche pas, j’ai toujours cette motivation, je veux m’en sortir, je veux me battre coûte que coûte, j’ai toujours les mêmes projets en tête, je les mûris tout doucement.  Mes parents ont décidé d’aller à ce deuil, question d’honorer la mémoire de leur ami, l’enterrement est programmé dans deux semaines environs, le week – end avant la convocation au tribunal. Etienne n’avait pas pu mettre sa maison de Yaoundé en location, ses enfants s’y étaient opposé, et l’un d’eux y vivait ; mes parents y vont presque tous les soirs, quand ils peuvent. Mais à chaque fois, ma mère me raconte comment les choses évoluent, je n’en reviens vraiment pas.

-          Moi : Martin n’est  toujours pas présent là bas ?

-          Ma mère : Je ne l’ai jamais vu en tout cas, chaque fois qu’on va là bas je ne le vois jamais, sauf peut être quand on y va il n’y est pas ! Ca fait déjà trois fois, même l’apercevoir, rien !

Ma mère m’explique même que tous les enfants d’Etienne sont en colère, ils n’ont jamais digéré l’humiliation que leur oncle Martin a fait subir à leur père, ils lui en veulent pour ça, et ne sont pas prêts de lui pardonner ça et surtout la perte brutale de leur père n’a fait qu’envenimer la situation.

-          Moi : Tu veux dire que…. Ils soupçonnent leur oncle d’avoir tué leur … père ???? Son propre frère ???

-          Ma mère : Possible !!! C’est ce qui se murmure là bas ! Sinon pourquoi ne vient il pas à son deuil ?

-          Moi : Incroyable !!!! A ce point ?

Rien qu’à y penser mon cœur se serre, j’ai peur même déjà pour les enfants, si il tue son propre frère, son sang, il peut nous éliminer tous, même ses propres enfants. Je suis prise de panique, vivement que cette convocation arrive, la bataille s’annonce très rude. Je suis très mal, je ne me sens subitement pas bien, la migraine et les vertiges me gagnent. Je tiens toujours mon avocat au courant de la situation, je fais part de ma crainte, que les choses puissent  mal tourner, il me dit qu’effectivement, Martin peut décider de ramener les choses en sa faveur en faisant croire qu’il est un mari aimant, avec tous les cadeaux qu’il m’offre comme la liasse de un million de frs qu’il m’a envoyé, et que c’est plutôt moi qui suis la méchante qui est partie vivre avec un autre homme.

-          Maître DIBAM : Mais aucune inquiétude, le plus important est de prouver sa culpabilité face à tout ce qu’il a eu à commettre, face à sa situation actuelle aussi.

Sa situation actuelle, je ne sais pas encore comment prouver qu’il est peut être dans une secte, et qu’il a les mains et même les pieds trempés dans  du sang, je ne sais pas encore comment le prouver, avec Ben on tente d’y réfléchir, il m’a dit qu’on trouvera comment le coincer.

-          Ben : Il suffit de le filer aussi !

-           Moi : Pas mal comme idée et comment on va s’y prendre ?

-          Ben : Je connais des gars qui peuvent le faire, mais on peut aussi se référer à la police, tu vois ? On a le temps !

-          Moi : On a le temps ? Tu trouves ? à deux trois jours de la convocation ???

-          Ben : T’inquiète pas ca va aller !

Ben a retrouvé son optimisme habituel, sa frustration de l’autre jour a disparue, il me donne des idées et me soutien comme il peut, je crains seulement que Martin n’agisse encore comme la dernière fois, Ben m’a dit qu’il sait qu’il fera, il fera plus que les un million de francs qu’il m’a envoyé la dernière fois.

-          Moi : C’est sûr ! Tout ça pour moi jouera contre lui ! C’est le plus important, fais moi confiance.

-          Ben : Je te fais confiance…

Mes parents sont allés à l’enterrement d’Etienne, au village, toute la famille était présente sauf Martin, une guerre a même failli éclater là bas entre eux les frères, et même les enfants, ont bagarré, c’était vraiment pathétique, il a fallu l’intervention des notables du village pour calmer la situation, le plus important était que Etienne soit enterré dignement et que le reste des palabres se gèreraient après le deuil. Martin et son mysticisme, il sème la zizanie sur son passage, il est devenu une plaie même dans sa propre famille. Ils savent sûrement tous qu’il se trouve peut être encore à l’hôtel.

-          Ma mère : Il est encore là bas ?

-          Moi : Attends un peu que j’appelle Marie, ma collègue !

Je vais simuler un appel genre pour pendre des nouvelles de tout le monde et savoir comment vont les clients particuliers de l’hôtel.

-          Moi : Allo ? Marie c’est comment ?

-          Marie : Ehhh ! Reine ! Tu vas mieux ? Laisse moi le boulot me tue seulement, je comptais t’appeler mais pas moyen, je m’excuse !

-          Moi : Nooon ça va !!! Moi-même je ne suis pas souvent joignable ! Vous allez bien ? Quoi de neuf ?

-          Marie : Ca va ! On est là, je ne bosse pas aujourd’hui ! Ehhh je ne t’ai pas alors dit !!! Le fameux client bizarre là ! Il est parti, il a libéré la chambre !!!

-          Moi : Ah bon ?  Qui  ça? Monsieur Olam ? Quand ça ?

-          Marie : Oui Monsieur Olam ! C’est depuis la semaine passée qu’il est parti de là, mais le plus drôle c’est qu’il a grondé ici et tempêté le jour où il s’en allait !

-          Moi : Ekie ! Pourquoi comme ça ?

Au Coeur de la Tourm...