Chapitre 34 : Séparation

Ecrit par Auby88

Margareth IDOSSOU

Je parviens tant bien que mal à m'essuyer le visage.

- J'ai à peine le dos tourné que tu en profites pour séduire mon homme, sale garce ! hurle Cynthia en ma direction.

- Arrête, Cynthia ! Tu te donnes en spectacle ! fait remarquer David.

- Eh bien, tant mieux ! Ainsi, elle et moi règlerons nos comptes en public !


Je regarde cette pimbêche et la laisse parler sans piper mot.

- Arrête jeune fille, je ne veux pas de scandale chez moi, encore moins aujourd'hui ! intervient madame N'KOUE.

- Vous ne voyez donc pas que la fauteuse de trouble ici, c'est elle ? Ah oui j'oubliais, elle est la protégée de la famille, la belle-fille parfaite, la femme que vous voulez tous voir aux côtés de David ? Vous devez vraiment être tous aveugles pour laisser cette hypocrite venir ici et jouer à la sainte alors qu'elle a brisé le coeur de David !

- David, fais sortir cette fille d'ici ! ordonne le grand-frère.

- Personne ne me sortira d'ici avant que je dise ce que j'ai sur le coeur. Car c'est moi qui ai recollé le cœur de David après la trahison de Mélanie. C'est moi qui lui ai redonné goût à la vie, à l'amour. Pas cette idiote que vous chérissez tant. C'est donc moi que vous devez préférer. Moi et moi seule.

- Arrête de te rabaisser ainsi et de manquer de respect à mes parents ! s'insurge David.

Cynthia ne l'écoute pas. Elle continue

- Je n'en ai pas fini. Mélanie, il faut que tu comprennes une bonne fois pour toutes que tu as perdu David. A présent, David est à moi, rien qu'à moi ! C'est moi qui suis dans son coeur, c'est moi qui partage sa vie, c'est moi qu'il aime, c'est moi qu'il embrasse, c'est à moi qu'il fait l'amour passionnément…


Je ne dis aucun mot. Je la regarde juste et la laisse parler.

Je sens la colère s'emparer de moi. Je serre mes poings et les garde près de mon corps. Quel énorme affront que celui-là ! Sait-elle ce dont je suis capable ? Non, elle ne me connait vraiment pas pour me traiter de la sorte. J'hésite quant à ce que je vais faire. Je ne sais si je vais agir comme la redoutable Margareth — qui lui donnerait une belle gifle bien sonnante et lui répondrait sur un ton acerbe — ou comme Mélanie qui garderait juste son calme.

Finalement, j'opte pour Mélanie. Je reste calme, pour ne pas rentrer dans le jeu de Cynthia et pour ne pas manquer de respect aux personnes âgées de la maison.

- Il est préférable que je m'en aille, dis-je à Maman N'KOUE. Je vous rappellerai plus tard.

- Non, Mélanie, celle qui doit partir de chez moi, c'est cette intruse ! s'oppose Monsieur N'KOUE.

- Moi, j'ai plus de droit d'être ici que cette Mélanie ! Je ne bouge pas ! réplique Cynthia.

- Ce n'est pas bien grave, je m'en vais, dis-je en faisant un signe d'aurevoir à tous.


Je prends mon sac et je sors de là. J'ai besoin de sortir toute cette colère que j'ai dû garder en moi tout à l'heure. Je compte aller faire les "cent pas" sur la plage de Fidjrossè.



Cynthia DOSSOU

Tous me regardent comme si j'avais de la "merde" sur moi. Je demeure immobile attendant la prochaine réaction et la riposte que je vais donner. Il y a bien longtemps que j'avais envie de dire "trois mots" à cette famille d'aveugles, d'hypocrites. Et ce qui a déclenché ma colère tout à l'heure, c'est cette conversation que j'ai surprise entre la mère de David et Mélanie. J'ai entendu cette hypocrite avouer son amour pour David. Pire encore, j'ai vu cette vieille réconforter Mélanie et lui dire qu'elle était la belle-fille idéale, la femme rêvée pour David. Alors quand j'ai vu Mélanie près de David, j'ai compris qu'elle voulait lui confesser son amour. Paniquée et hors de moi, je n'ai pas hésité à lui jeter une coupe pleine de champagne au visage.


- David, je me demande où tu es allé ramasser ça, dit Ariane en m'indexant.

- Au même endroit où tes parents sont allés te chercher : sur un tas d'ordures !

Je la vois déposer son verre en urgence et vouloir bondir sur moi. Elle est arrêtée de justesse par ses frères. Ils auraient dû la laisser venir à moi. Je lui aurais donné une bonne correction et refait le portrait. Quant à Mélanie, elle a eu beaucoup de chance. Je m'attendais à ce qu'elle réponde à ma provocation, qu'elle riposte pour pouvoir insérer mes ongles dans son visage et lui enlever son sourire. Je jure que personne ne m'aurait alors empêchée de réaliser ma mission.


- David, j'en ai assez vu. Tu sors d'ici avec cette folle ! ordonne le père.

David me tire, tant bien que mal par le bras et me sort de là. Toujours en colère, je suis.

- Arrête David ! Tu me fais mal.

Il ne m'écoute pas. Je les entends encore parler.

- Et dire que celle-là est une psychologue ! s'étonne Dora.

- Psychopathe ! Tu devrais dire ! rectifie son mari. Je plains ses patients. Elle devrait se faire soigner.

- Je ne l'ai jamais sentie cette fille ! dit la mère. J'ai toujours su qu'elle était une jalouse compulsive.

- Moi, encore moins ! ajoute Ariane. Je ne l'ai jamais aimée.

- Sache Ariane qu'on ne rentre pas dans le jeu de ce genre de personne. Mélanie a été exemplaire en gardant son calme.

- T'as raison maman, l'entends-je​ dire. Mélanie est une vraie femme, qui n'a rien à envier à cette malotrue.

- Oui, ma chérie. J'espère que ce qui vient de se passer ouvrira enfin les yeux de ton frère et qu'il se débarrassera de cette Cynthia pour enfin vivre son amour avec Mélanie. Car elle, elle l'aime véritablement.

- C'est bien vrai, conclut le père.


Tandis que je les entends, je n'ai qu'une envie, retourner dans le salon et riposter à nouveau. Malheureusement, David serre fortement mon bras. Près de sa voiture, nous arrivons. Tout en m'ouvrant la portière, il me dit :

- Je te conduis chez toi. Là-bas​, nous nous expliquerons sur ce qui vient de se passer.

- Avec grand plaisir, mon cher !

Je réponds avec arrogance. Je demeure en colère. Contre lui aussi, car j'aurais bien voulu qu'il me défende.

Nous gardons le silence durant tout le trajet. Ce n'est qu'à l'intérieur de mon appartement qu'il m'adresse la parole.


- Tu peux me dire ce qui t'a pris de faire un scandale pareil ? Tu étais pourtant de très bonne humeur quand je suis venu te chercher ce matin.


Je n'ose pas lui avouer ce qui a déclenché ma colère. Car je sais que si je lui dis que Mélanie est amoureuse de lui, il s'empressera d'aller vers elle. Ce qui n'est pas à mon avantage.


- C'est juste que je ne supportais plus de voir cette garce de Mélanie près de toi.

- Mélanie n'est pas une garce, je te le rappelle. Nous ne faisions rien de mal, je te signale !

- Peut-être pas maintenant ! Mais un jour, oui. Car même si tu le caches, tu aimes encore cette Mélanie. Avoue-le !

- Il ne s'agit pas de "Si j'aime Mélanie" ou pas ! Il s'agit de nous, de notre couple. Et crois-moi tu viens de me faire du mal en insultant ouvertement ma famille, en manquant de respect à mes parents devant moi.

- Ils l'ont bien mérité, David. Ils sont tous des hypocrites, tes proches. Ils ont osé préférer cette fausse fille à moi. Personne ne traite Cynthia DOSSOU comme une intruse ! Sache que je le referai encore si nécessaire.

- Ah, Vraiment !

- Oui, David ! hurle-je.

- Sache que je ne te donnerai plus jamais ce plaisir, Cynthia !


Là, je suis perdue.

- Qu'est ce tu essaies de me dire David ?

- Toi et moi, c'est fini !


Là, je descends de mon petit nuage. Je me rends compte de la gaffe que j'ai faite. Je ne pensais pas que cela impacterait autant sur notre couple.


- Quoi ! Tu me quittes ?


Je me mets à suer.

- Je t'avais prévenue​ Cynthia. Mais tu n'en fais qu'à ta tête. Là, j'en ai ras-le-bol. Tu es devenue collante, tu te dois sans cesse de connaître mes moindres mouvements, tu imagines des choses chaque fois que tu me vois parler avec une femme… alors que la base de toute relation, c'est la confiance.

- C'est parce que je t'aime trop, David ! Je t'aime plus que tout !


Il secoue la tête avant d'ajouter :

- J'ai trop longtemps supporté tes crises d'hystérie, fermé les yeux sur ta jalousie paranoïaque. Mais là, tu viens de dépasser les bornes en t'en prenant à ma famille. Hors, ma famille est ce que j'ai de plus sacré. Je suis désolé, Cynthia, mais c'est fini entre nous. Adieu !

- Tu n'es qu'un salaud, David ! dis-je en essayant de le gifler.


Il esquive mon geste et retient mon bras.

-Tu me fais mal ! crie-je.

- Ne t'avise jamais​ de me gifler, Cynthia ! Jamais, tu entends ! Je suis certes un homme calme, mais j'ai des principes sur lesquels je ne badine pas.


Il lâche mon bras, tourne les talons.

- Je suis désolée, David !


Il est sur le point de sortir. Je m'accroche à lui. Il arrive à se dégager et continue son chemin. Je m'accroche à nouveau à lui. Il me repousse. Je perds l'équilibre, chancelle et me retrouve sur le sol. A nouveau, j'attrape sa jambe.

- Ne pars pas, David ! Je t'en supplie. Je suis désolée. Je te jure que cela ne se repètera plus. J'irai demander pardon à ta famille, à genoux, s'il le faut. Mais ne me laisse pas. Je t'aime trop, David !


Il ne dit mot. Il parvient tant bien que mal à dégager sa jambe. Je me résigne. J'éclate en sanglots. Il ouvre la porte mais au lieu de sortir, il revient vers moi. Apaisée, je suis.


Il me tend une main que je m'empresse de serrer et m'aide à me lever du sol.

- David ! dis-je en essayant de sourire.

Il me fixe longuement, me dépose un long bisou sur le front avec ces mots :

- Merci pour tout, Cynthia. Jamais, je ne t'oublierai. Adieu !


Sur ce, il s'en va. Je le regarde partir, sans dire mot, sans rien faire. Complètement déboussolée, je suis. La porte se referme. Je prends le premier objet que je trouve à portée de main et je le jette contre le mur. Je crie de toutes mes forces et me laisse tomber sur le sol. Je porte mes mains sur ma tête en murmurant :

- Qu'est-ce que j'ai fait ? Bon sang !  Qu'est-ce j'ai fait ?… Ah, si je savais !


Les larmes sortent de mes yeux, telle une pluie torrentielle.





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