Chapitre 35

Ecrit par Chouchou26

Sanata

Je me préparais à sortir ce matin pour aller voir la mère de Maryam après tout ce temps. J'ai de mauvais présentiments depuis mon réveil. Néanmoins, j'y allais.

Il n'y avait presque pas de voiture dans la circulation, donc j'y arrivais plus rapidement que prévu.

A 11 heures, me voilà devant ce grand portail de bois ipé orné par des boucles dorées de fer, ce genre de porte Algadou Gambou.

 Depuis que j'ai commencé ma relation avec Umar, je n'ai pas pu mettre mes pieds dans cette maison dans laquelle j'ai carrément passée mon adolescence. Je passe une bonne dizaine de minutes à ressasser le passé, je soupire puis finis par sortir de la voiture, mon ventre aussi lourd que mon cœur et ce mauvais présentiment qui ne me quitte pas depuis ce matin.  Je franchissais le pas de la porte et revis cette grande cour qui n'a pas changé depuis toutes ces années, un grand manguier avait remplacé l'immense bananier qui se trouvait là, j'avançais et observais de plus bel, un hangar de bois avec un toit de paille se tenait à ma droite et je pouvais voir le petit jardin de maman Maryam juste à côté. Avant que la nostalgie ne me possède entièrement, je me dirigeais vers le salon et une bonne odeur d'encens me chatouillait les narines. J'observais avec insistance la pièce et je pris place. 

-Bonjour Sanata

-Bonjour maman, comment vas-tu ?

- ça va, je vais bien merci Al hamdoulilah. Et toi et le bébé ?

- ça va bien...Je...Est ce que Zeïnabu est là ?

-Elle fait prendre sa toilette à Aïsha

-Maman... je ne sais même pas par où commencer...Je te demande pardon maman. Je n'ai rien à dire pour soulager ton cœur aujourd'hui, je suis désolée...Je t'en prie au nom de Dieu


# La vieille dame était assise les yeux remplis de larmes, elle ramenait son foulard sur son visage pour ne pas mouiller son visage. 

Elle pleurait à chaudes larmes et Sanata toute désemparée baissa la tête. Tout à coup, elle se levait et commençait à tourner autour du canapé et finalement se jetait aux pieds de Maman Maryam. Elle criait "Pardon, je t'en supplie, ne me frappe pas, ne vois-tu pas que je suis enceinte? Tu vas lui faire du mal. Je suis désolée, aies pitié de moi, je suis venue demander pardon à tes filles et à ta mère, s'il te plaît... Mes enfants seront orphélins." Elle hurlait " Je l'ai tué , je l'ai tué, oui c'est moi qui l'ai tué. J'ai maltraité ses enfants, je lui ai pris son mari, je l'ai tué alors qu'elle était tout ce qu'il restait à sa mère...Pardon , je demande pardon" Elle retirait son foulard et se déshabillait complètement puis les tendait à maman Maryam qui la regardait ébahie et elle sortait toute nue dans la cour, elle grattait la terre avec ses ongles et n'arrêtait pas de répeter qu'elle ne voulait pas enterrer son enfant et qu'elle avait tué Maryam. Zeïnabu et Ramata étaient toutes là jusqu'à ce que Nabu appelle son père pour qu'il vienne la chercher.

Abdul

Ramata n'a toujours pas répondu oui à mes invitations pour sortir. Je crois que le message est clair, je vais lui laisser du temps, elle en a besoin et je le comprends. Je vais profiter du fait qu'elle réfléchisse pour mieux connaitre ma fille. Ma fille... avec qui j'étais sur le point de coucher il y'a quelques temps. J'ai failli commettre l'irréparable... Je n'aurais jamais pu expliquer cela à quelqu'un si ça s'était passé. On a passé toute la journée avec Jean-Pierre et sa famille et je la ramenais chez Sanata dans la soirée.  La maison était déserte, la ménagère nous informait qu'ils sont allés à l'hopitâl depuis ce midi. 

Quelques coups de fil passés et j'ai compris ce qu'il s'était passé avec Sanata... Tragique fin


QUELQUES SEMAINES PLUS TARD

Zeïnabu

Papa a demandé à grand-mère de s'installer avec nous mais elle a décliné gentiment l'offre en disant qu'elle préfère vivre dans cette maison qui lui rappelle plein de choses. J'ai quand même eu pitié de maman Sanata mais ne récolte pas l'arachide celui qui sème le haricot. J'espère juste que sa mère s'en sortira et que Dieu leur pardonnera à elles deux. Moi pour ma part je ne pense pas que je ressens grand chose face à ces révélations. On se sent bien en famille et papa a retrouvé sa joie de vivre d'avant. Il nous fait sortir plus souvent et moi je m'envole bientôt pour les Etas-Unis pour poursuivre mes études ou pour réaliser mon rêve américain.

Abdul

Sanata a accouché d'un petit garçon et heureusement il est en bonne santé, elle par contre ne va pas toujours pas bien. Et le pronostic des médecins ne dit toujours rien  de concret. Je vais continuer de payer pour qu'elle reçoive des soins ,c'est la mère de mes enfants.  

J'ai décidé donc d'aller m'installer avec Tahara et son frère Isaac en Chine. J'ai proposé à Ramata d'y aller avec moi. Je vais la voir ce soir en présence de sa grand-mère pour leur parler de mes intentions et j'espère vraiment qu'elle dira oui et qu'elle me pardonnera.

- Bonjour, grand-mère

-Bonjour Abdul, comment vas-tu ?

- Je vais bien grand-mère, j'aimerais te parler à toi et à Ramata s'il te plaît.

- Laisse moi l'appeler...

Elle vint un instant plus tard

- Bonjour

-Bonjour assied toi s'il te plaît... Grand-mère je suis venu pour te présenter mes intentions. J'ai fait du mal à Ramata et j'en suis profondément désolé. Je suis venu pour me reposer ici et servir mon pays mais je vois que j'ai toujours été plus à l'aise en Chine qu'ici surtout avec tout ce qu'il s'est passé. J'aimerais que vous m'accordiez la main de votre petite fille avec son accord pour fonder une vraie famille avec elle. Si elle accepte mes deux enfants et qu'elle me pardonne, je lui donnerai tout l'amour que je pourrai. Certes il y'aura des bons comme des mauvais jours mais je vous promets de prendre soin d'elle et de l'aider à se construire et à construire notre famille. Je ne la vous volerai pas, on viendra vous voir tous pendant les vacances.

- Abdul pour moi, tu as déjà sa main. Construisez-vous ensemble et soutenez-vous quoi qu'il arrive. Je vous donne ma bénédiction. Je vous demande juste de vous marier ici avant de repartir à zéro. Et prends bien soin d'elle, je ne veux pas perdre une autre fille. Ramène la moi si après tous vos efforts ça ne va pas. Je saurai la consoler. Mais je vous conseille de réparer ce qui est brisé au lieu de le jeter. Je vous laisse, vous avez certainement des choses à vous dire.

...

- Rama...

-Chuut... Abdul je te pardonne et je t'accepte comme époux, j'accepte d'être la mère de tes enfants. Je t'aime...


Le calvaire de Zeïna...