
CHAPITRE 35: JE NE VEUX PAS TE LAISSER SEULE
Ecrit par L'UNIVERS DE JOLA
CHAPITRE 35 : JE NE VEUX PAS
TE LAISSER SEULE.
**LUCIA MANGA MFOULA**
Lucrèce et Blessing viennent de s’en aller avec les enfants.
Ils vont rejoindre Marwane au marché banane pour aller à Lambaréné, ils y
seront pour le week-end. J’aurais bien voulu y aller mais quand j’ai pensé à la
distance dans mon état, j’ai renoncé. Même si je me sens toute seule maintenant
ici. Je me pose devant l’écran de la télévision et je regarde un film pendant
quelques secondes avant de me faire interrompre par le message de Gaëlle.
-Gaëlle : Bonsoir maman. J’espère que tu vas bien. J’ai
besoin d’un conseil.
-Moi : Bonsoir chérie, oui je vais bien. De quoi est-il
question ?
-Gaëlle : Par rapport à tout ce que tu sais, je me
demande si tu penses que je devrais parler de ma condition à Lens.
-Gaëlle : Je t’avoue que j’ai peur de me retrouver dans
la même situation que les autres fois et j’hésite à le faire.
-Gaëlle : Depuis vendredi même que j’ai appris cette
nouvelle, j’ai refusé de le voir parce que je ne veux pas qu’il arrive quelque
chose à mon bébé. Je ne sais pas quoi faire.
Je regarde ses messages un moment avant de répondre.
-Moi : Je t’avoue que je ne sais quoi dire par rapport
à la situation. Je comprends ta peur et si j’étais à ta place je penserais
certainement comme toi. Je vais te demander de suivre ton cœur. Que te dit-il
de faire ?
-Gaëlle : Je sens que je dois lui dire mais j’ai peur
maman.
-Moi : Dieu veille sur ton bébé Gaëlle, je te promets
que celui-là, ils ne te le prendront pas.
-Gaëlle : (Emojis qui pleurent) Amen maman. Que Dieu
t’entende.
-Moi : Il le fera.
-Gaëlle : D’accord. Je vais le lui dire ce soir quand
j’irai le voir.
-Moi : Je préfère que tu le fasses loin de sa maison et
demande-lui de le garder pour lui. Toi non plus ne le dis à personne. À moins
que tu ne l’aies déjà fait ?
-Gaëlle : Non maman. À part toi et mon gynécologue,
personne n’est au courant pour le moment.
-Moi : D’accord. Il faut lire Luc 1 : 5 jusqu’à 25
et fait lui également lire à Lens. Avant de lui dire ton état, fais-lui lire
d’abord puis après annonce lui ta grossesse.
-Gaëlle : D’accord maman. Je vais faire comme ça et
merci pour tout.
-Moi : Je t’en prie.
Elle m’a ensuite souhaité une bonne soirée et j’en ai fait
de même. Je ne sais pas pourquoi je lui ai demandé de faire comme ça mais ce
passage biblique est celui que je lis depuis une semaine déjà. C’est l’histoire
autour de la naissance de Jean Baptiste. L’ange Gabriel qui annonce sa venue à
Zacharie son père, le rend ensuite muet tout le long de la grossesse jusqu’à
l’accouchement de sa femme. Elle-même après avoir appris son état, se cache
pendant 5 mois sans rien ne dire à personne. Peut-être est-ce ce dont ils ont
besoin pour cette grossesse, de se cacher et de ne rien dire à personne. J’ai
fait une petite prière dans mon cœur en demandant à Dieu de les guider. À la
fin de celle-ci, quelqu’un a sonné au portail. Je suis allée voir par la petite
ouverture et j’ai vu que c’était Bhernie. Ça fait 2 semaines maintenant qu’il
m’envoie des photos et des messages tous les jours, matin, midi et soir. Tantôt
pour me souhaiter une bonne journée, un bon appétit, une bonne nuit ; tantôt
pour prendre de mes nouvelles, tantôt pour me raconter sa journée, tantôt pour
me raconter un souvenir, tantôt pour me demander pardon, tantôt pour me dire
qu’il m’aime et que je lui manque. Dans tous les cas, je ne lui réponds pas.
Moi : (Dans la barrière) Qu’est-ce que tu veux ?
Bhernie : (De l’autre côté) Je suis venu voir comment
vous allez.
Moi : Je t’ai déjà dit de ne plus venir ici. Tu as mon
numéro pour ça.
Bhernie : Oui mais tu ne réponds jamais à mes messages.
Comment suis-je censé savoir que tout va bien pour vous ?
Moi : Je vais bien et ton fils aussi.
Bhernie : Alors montre le moi.
Je soupire avant d’ouvrir le portillon. On se regarde dans
les yeux et tout comme la dernière fois que je l’avais vu, je le trouve beau et
sans le vouloir mon pouls s’accélère.
Moi : (Essayant de rester neutre) C’est bon, tu m’as vue
maintenant non ? Tu peux t’en aller.
J’essaie de fermer le portillon sur lui mais il met la main
et cela le cogne, il gémit de douleurs.
Moi : (Me précipitant sur lui) Ô mon Dieu. Mais
qu’est-ce qui t’a pris de mettre ta main là ?
Bhernie : (Grimaçant de douleur) Ash.
Moi : (Inquiète) Fais voir. Elle s’est cassée ?
Bhernie : (Grimaçant à mon touché)
Moi : Allons à l’hôpital, il y a une clinique juste à
côté.
Bhernie : (Difficilement) D’accord.
Moi : Laisse-moi prendre mon sac rapidement.
Je me suis exécutée et à mon retour nous avons pris son
véhicule pour nous rendre à la petite clinique qui est non loin de là. Ils lui
ont fait une radio mais par chance, il n’avait rien de casser. C’était juste
enflé et douloureux. On lui a prescrit une pommade et un pansement à faire pour
maintenir ses doigts groupés après avoir frotté la pommade. Nous sommes partis
de là pour la pharmacie et de là-bas pour chez Lucrèce où j’ai dû faire rentrer
son véhicule dans la barrière.
Bhernie : Le sachet à l’arrière, ce sont les pommes.
Je l’ai regardé avant de prendre et nous sommes rentrés dans
la maison.
Moi : Assieds-toi. Je vais d’abord te mettre un peu de
glace pour essayer de désenfler avant de mettre la pommade et le pansement.
Bhernie : D’accord.
Je me suis exécutée et bien que grimaçant, il a supporté la
fraîcheur des glaçons.
Moi : (Passant délicatement la pommade) Je te fais
mal ?
Bhernie : Un tout petit peu mais c’est supportable.
Moi : Tu n’aurais pas dû mettre ta main là, j’aurais pu
te la broyer.
Bhernie : Je voulais simplement te voir et prendre un
peu de vos nouvelles. Rien de plus.
Je le regarde et je ne dis rien. Je mets le pansement et je
range le tout avant d’aller me laver les mains.
Bhernie : (À mon retour) Lucrèce et les enfants sont
sortis ?
Moi : Si on veut. Ils sont partis à Lambaréné pour le
week-end avec Marwane et Blessing.
Bhernie : (Fronçant les sourcils) Quelle
Blessing ?
Moi : Celle dont tu as entendu parler.
Bhernie : La fille de Mommy ?
Moi : Oui.
Bhernie : (Écarquillant les yeux) Elle est au
Gabon ?
Moi : Oui, depuis Samedi dernier.
Bhernie : La bénédiction est à ta porte Marwane.
Moi : Pardon ?
Bhernie : (Me regardant) Je faisais une réflexion à
haute voix. Une chose que le pasteur a dite à Marwane le dernier jour du
séminaire.
Moi : (Silence)
Bhernie : C’est maintenant que je comprends la portée
de ses paroles le concernant.
Moi : Ok.
Personne n’a parlé pendant un moment et c’est lui qui l’a à
nouveau fait.
Bhernie : J’ai répondu à l’appel (je le regarde)
pendant le séminaire, le pasteur a fait l’appel en nous demandant de venir
devant si on voulait accepter et répondre à l’appel, je l’ai fait. J’y suis
allé et j’ai prié avec lui.
Moi : (Surprise, silence)
Bhernie : Je n’ai aucune idée de ce que cela signifie
ni quelles en sont les conséquences mais bon c’est là où j’en suis.
Moi : (Silence)
Bhernie : (Après un moment) Il m’a demandé d’aller le
voir car il a des choses à me dire mais je ne sais pas si je dois y aller.
Moi : Pourquoi ?
Bhernie : (Me regardant) Je l’ignore. J’appréhende un
peu ce qu’il me dira. Peut-être me dira-t-il que je suis un sorcier comme le pensent
beaucoup des gens à propos de la tradition.
Moi : (Silence)
Bhernie : (Levant les épaules) je n’en sais rien. Il
m’a dit la dernière fois que je devais sortir de la maison de mon père afin que
Dieu marche avec moi.
Moi : Tu ne le sauras pas tant que tu n’iras pas le
voir.
Bhernie : Alors tu penses que je devrais y aller ?
Moi : Tu ne perdras rien à aller écouter ce qu’il dira
alors oui, je pense que tu gagneras à y aller.
Bhernie : D’accord.
Moi : Je peux te servir quelque chose à boire ?
Bhernie : Donne ce que tu as, peu importe. (Hésitant)Et,
non c’est bon.
Moi : Quoi ?
Bhernie : Non rien.
Je me suis levée et je suis allée à la cuisine. J’ai pris de
l’eau, du jus et un verre que j’ai mis dans un plateau et je suis partie le
déposer au salon. J’ai fait un deuxième tour à la cuisine pour réchauffer la
nourriture et je suis venue la mettre sur la table que j’ai dressée.
Moi : (M’asseyant) Tu viens manger ?
Bhernie : Je ne
veux pas te déranger.
Moi : Si tu allais me déranger, je n’allais pas t’inviter
à table.
Il s’est levé avec son plateau et est venu me rejoindre.
J’ai prié et je lui ai demandé de se servir en premier. Il l’a fait et s’est
servi de façon raisonnable. J’en ai fait de même et nous avons mangé dans le silence.
Il a fini avant moi et j’ai eu l’impression qu’il avait encore faim. Je l’ai
regardé avant de prendre son assiette et le servir à nouveau une quantité qu’il
pouvait terminer. Je le connais assez dans ses attitudes pour savoir que
premièrement il a apprécié le repas et deuxièmement il n’a pas mangé de la
journée.
Bhernie : Merci.
Moi : Je t’en prie. (Après un moment) Pourquoi tu n’as
toujours pas changé de coiffure ?
Il me regarde.
Moi : Tu m’as dit il y a 2 semaines que le ministre
t’avait fait une remarque dessus à ta prise de service.
Bhernie : (Silence)
Moi : Pourquoi tu as toujours ces tresses sur ta
tête ?
Bhernie : (Esquissant un faible sourire) Erine avait
mis du sien pour me la faire et je tenais au moins à l’honorer quelque temps
avant de la retirer. J’irai chez elle dimanche pour qu’elle l’enlève.
Moi : Ok.
Bhernie : Tu as une suggestion à me faire ?
Moi : Sur quoi ?
Bhernie : La coiffure que tu voudrais que je mette.
Moi : Je ne suis pas coiffeuse.
Bhernie : Pourtant avant tu le faisais sans l’être.
Moi : (Le regardant) Avant je le faisais pour mon homme
pas pour celui de quelqu’un d’autre. Si tu veux des conseils, tu as une femme
dans ta maison pour ça.
Je me suis levée et je suis partie à la cuisine avec une
partie de la vaisselle. Je l’ai posée sur l’évier avant de m’appuyer dessus
pour reprendre une respiration normale.
Bhernie : (Derrière moi) Où est-ce que je les
dépose ?
Je me suis brusquement retournée pour le regarder car je ne
m’y attendais pas.
Bhernie : (Montrant son assiette) L’assiette.
Moi : Là. Dans l’évier.
Il s’est exécuté avant de retourner au salon. J’ai fait la
vaisselle à la main avant d’essuyer la cuisine et en retournant au salon, j’ai
trouvé que le bon monsieur s’était endormi sur le canapé.
Moi : C’est une blague ?
Je suis allée le réveiller.
Moi : Bhernie ? Bhernie lève toi tu rentres chez toi.
Bhernie : (Ouvrant légèrement les yeux) Hum ?
Moi : Rentre chez toi, tu dors.
Bhernie : (Se redressant) Désolé. Je voulais seulement
me poser une minute. Je ne savais pas que le sommeil me prendrait.
Moi : Ok. Tu dois maintenant rentrer chez toi.
Bhernie : Je n’ai pas envie de te laisser toute seule
ici.
Moi : Ce n’est pas la première fois que je reste toute
seule.
Bhernie : Mais tu es enceinte, ce n’est pas prudent.
Moi : Bhernie rentre chez toi. Si je cherchais
quelqu’un pour me tenir compagnie, ce n’est pas toi que je voudrais à mes
côtés. (Regardant la montre) Il est 21h, ta femme et tes enfants doivent
t’attendre et s’inquiéter pour toi alors va les rejoindre.
Bhernie : (Me regardant)
Moi : Va rejoindre ta famille.
Bhernie : (Me fixant dans les yeux) Je suis avec elle
en ce moment.
Mon cœur a fait boom dans ma poitrine sans que je ne puisse
le contrôler.
Bhernie : (Soutenant mon regard) Tu es ma famille
Lumière et la seule femme que je connaisse et que j’ai.
Moi : (Essayant de prendre le dessus sur les sentiments
qui veulent me gagner, soutenant son regard) Tu as jeté par la fenêtre tout ce
que nous étions et avions construit ensemble il y a 4 ans quand tu as décidé
que je ne te suffisais plus et tu es parti chercher celle qui était mieux que
moi et qui pouvait te donner ce que j’étais incapable de faire alors ne vient
surtout pas aujourd’hui me raconter des conneries. Tu as fait ton choix et tu
dois le respecter. Maintenant lève-toi de ce fauteuil et sors immédiatement de
cette maison.
Il a continué à me regarder dans les yeux avant de se lever
et se diriger vers la sortie. Je l’ai suivie et j’ai ouvert la porte puis le
portail, il a démarré sa voiture et est sorti. J’ai refermé derrière lui et je
suis retournée m’asseoir dans la maison, mes larmes n’ont pas tardé à couler
sans que je ne puisse les retenir. Je les essuie rageusement avant de me lever,
tout éteindre et aller à la chambre où je me brosse et me mets au lit. Lucrèce
m’appelle pour me dire qu’ils sont bien arrivés et me demande comment je vais.
Je lui dis qu’ils me manquent et que je suis triste de ne pas les avoir avec
moi. Elle me console comme elle peut et me dit que le week-end passera vite. N’étant
pas sûres de nous reparler après cela, nous avons profité à prier puis on s’est
dit au revoir. Je ne lui ai rien dit à propos de la visite de Bhernie car je ne
voulais pas l’inquiéter pour rien. Au même moment un message rentre, c’est
Bhernie.
-Bhernie : Merci pour le repas et de m’avoir permis de
rester quelques minutes avec vous. Passe une bonne nuit. Mon cœur t’appartient.
J’ai posé le téléphone puis je me suis couchée, le sommeil
m’a pris sans m’en rendre compte. Je me suis levée ce matin et je me suis
brossée avant d’aller à la cuisine. Je ressens l’envie de manger des
pâtisseries alors je mets des vêtements présentables pour sortir. Je n’ai pas
le cœur de pleurer ce matin avec le bain c’est pourquoi je le remets à plus tard.
Je monte dans ma voiture et j’actionne l’ouverture du portail. Je m’apprête à
démarrer quand je vois la voiture de Bhernie garer devant en biais m’empêchant
de sortir.
Moi : (Intriguée) Qu’est-ce qu’il fait là ?
Je descends de ma voiture et me rapproche, les vitres sont montées.
Comme c’est fumé, je ne vois pas à travers alors je cogne en appelant son nom à
3 reprises en élevant la voix à chaque fois et il finit par baisser la vitre en
se passant la main sur le visage pour se protéger de la lumière du jour.
Moi : (Surprise) Tu as dormi là ?
Bhernie : (Silence)
Moi : (Dépassée) Mais tu as quel problème ?
Bhernie : Je ne voulais pas te laisser toute seule ici…