Chapitre 35 : La soirée caritative
Ecrit par Benedictaaurellia
Quelques semaines plus tard.
Bernard (mari de Judith, Papa de Mélanie)
Je suis assis dans notre salon et je zappe les
chaines en attendant que ma femme soit prête pour partir.
Ce soir a lieu la soirée caritative en l’honneur de
Renaissance.
Mes pensées retournent à mon retour à Lomé il y a
deux semaines.
Quand l’avion atterrit, je remercie le Seigneur.
Avec tous les crashs qu’on voit à la télé, je ne
fais que remercier le Seigneur à chaque fois que j’atterris sain et sauf
quelque part. Si ce n’est par sa grâce, qu’est-ce donc ?
Après ma prière, je descends de l’avion en n’ayant
qu’une idée en tête.
Vite en finir avec les formalités pour rentrer chez
moi retrouver ma famille.
Ma fille et ma femme m’ont énormément manqué.
Je devais revenir beaucoup plus tôt mais mes
partenaires ne voulaient pas me lâcher.
J’ai dû faire une semaine supplémentaire pour les
apaiser.
Notre société familiale est dans la vente
d’équipements médicaux.
Je suis délégué médical et j’ai travaillé dans
l’entreprise mère en Belgique pendant quelques années. J’étais un de leurs
meilleurs éléments. Quand je leur ai fait part de mon désir de rentrer dans mon
pays, ils m’ont proposé de créer une de leur succursale à Lomé et d’en être le
principal actionnaire. J’ai accepté et aujourd’hui, ça marche plutôt bien. Au
fil des ans, ils m’ont confié la création et la gestion de la société dans
plusieurs autres pays. Donc, je voyage beaucoup ce qui fait que je ne suis pas
assez présent pour ma fille. Ma femme m’accompagne toujours dans mes
déplacements donc c’est Mélanie qui reste sur le banc de touche.
Mais quand je rentre à Lomé j’essaye de faire le
plein avec elle. Certes, ça ne compense pas mon absence mais, on fait avec.
J’aurais voulu être présent après la crise qu’elle a
faite mais, je n’ai pas pu.
Judith s’est déplacée et de ce que les deux m’ont
dit, cela a créé un rapprochement entre elles.
Au moins, cette crise a abouti à une chose positive
et c’est déjà ça.
Quand je finis les formalités et entre dans le hall,
je les vois, mère et fille qui sont bras dessus bras dessous.
Cette image m’arrache une larme.
Merci Seigneur ai-je murmuré.
J’ai tellement prié pour enfin voir ma fille et ma
femme proches que l’image que j’ai sous les yeux actuellement ne peut que m’émouvoir.
Voilà que cela devient réalité.
Elles ont l’air heureuses, sans complexe et semblent
être complices.
Je m’approche d’elles avec sourire et les enlace
toutes les deux.
Nous rentrons ensuite à la maison
Depuis ce soir là, mon sourire ne m’a pas quitté.
Au fils des deux précédentes semaines, j’ai vu que
la complicité apparente entre mère et fille n’était pas feinte. Non, elle était
réelle.
Les deux n’étaient pas seulement complices.
Elles ont changés. Positivement changé.
Par la suite, elles m’ont expliqué le travail
qu’elles font pour s’améliorer avec Ruth et Mireille.
Non seulement ça mais, elles ont repris une vie de
prière.
Le Seigneur m’a exaucé au-delà de mes prières.
Je ne peux m’empêcher de le remercier.
Ces deux dernières semaines aussi, elles aidaient à
l’organisation de la soirée de ce soir.
Je les regardais s’agiter toutes les deux pour ça.
Ne la voyant toujours pas descendre après une trentaine
de minutes, je monte la retrouver dans la chambre.
Moi : Tu es magnifique. Lui dis-je quand je la
vois.
Elle porte une robe dont les motifs bleus sont
rappelés dans ma tenue.
Le col de la robe est en bateau et elle est droite.
Une fente se dessine de son genou gauche jusqu’à la ses chevilles.
A ses pieds, des escarpins bleu vertigineux dont je
n’essaye même pas de deviner la taille.
Je crois que les talons resteront son péché mignon à
jamais, changement ou pas.
Avec ses talons, elle me dépasse d’une bonne tête.
D’ailleurs, même sans talons, elle est plus élancée
que moi.
Je me souviens qu’à nos débuts, ma taille était un
réel problème pour elle.
Mais au fil du temps, elle a su m’accepter comme je
suis.
Une pochette du même bleu que ses escarpins
complètent sa tenue.
A son cou et à ses oreilles, des boucles d’oreilles
et une chaine en or que je reconnais lui avoir offert il y a quelques mois.
Elle sourit et me réponds.
Judith : Merci. Tu n’es pas en reste non plus.
Je suis vêtu d’un good Luck et à mes pieds, des
derbys noires.
Je lui tends ma main droite en m’inclinant.
Moi : Puis-je Madame ?
Elle : Volontiers Monsieur.
Répondit-elle
en mentant sa main droite dans la main.
Nous rions et nous descendons pour prendre la route
pour Tsévié. Mélanie est déjà sur place.
Quelques heures plus tard.
Ruth.
Je suis dans notre lit avec Paul et je n’arrive
toujours pas à réaliser ce que Sébastien qui était le maitre de cérémonie a dit
plus tôt.
Sébastien : Mme, Mlle et Messieurs, le total
des fonds récoltés ce soir est de vingt millions FCFA. A cela, s’ajoute les
dons en nature dont nous ferons un inventaire plus tard.
Merci à chacun d’entre vous. Que le Seigneur vous le
rende au centuple.
Merci Seigneur !
Que puis-je dit de plus ?
Je ne m’attendais pas à tout cet engouement de la
part des invités.
Je ne m’attendais pas à tous ces dons que nous avons
reçus.
Les dons en nature vaudront bien au-delà des vingt
millions j’en suis sûre.
Je n’espérais pas tout cela.
Je n’en reviens toujours pas.
Paul : Ma reine, cesse de te torturer l’esprit
en te demandant pourquoi autant.
Les gens ont compris la cause et ont voulu aider.
Notre Dieu ne dort pas.
La pêche miraculeuse tu te souviens ?
Moi : Comment oublier ?
Son tu te souviens me ramène à des mois en arrière
quand je venais de remettre les pieds au centre.
Le soir-là, à notre retour à Lomé, je lui avais
parlé de toutes les améliorations que je voulais faire au centre. Ensemble plus
tard, nous avions fait un budget et il était colossal. Nos deux poches ne
pouvaient pas tout couvrir.
Nous avons eu l’idée d’organiser cette soirée.
L’idée me semblait absurde quand elle m’est venue.
Je me disais, les gens seront réticents, ils ne voudront pas. Rien que des
idées négatives me venaient en tête.
Peu avant le décès de mes parents, nous avions
organisé une soirée caritative qui s’est soldée par un échec. Cet échec est
resté cuisant dans mon esprit jusqu’au aujourd’hui.
Mais une voix intérieure ne faisait que me répéter
cela.
Organiser une soirée caritative.
Puis un soir, j’en ai parlé à Paul. Lui au
contraire, a semblé trouver l’idée merveilleuse. Lui ayant avoué mes doutes, il
a demandé qu’on mette cela en prière.
Le lendemain matin, notre texte de médiation était
celui de la pêche miraculeuse.
Coïncidence ou pas ? Nous sommes-nous demandés.
A ses paroles, les disciples jetèrent les filets.
Ils ont obéi à Jésus.
Nous avons donc obéi, malgré mes doutes et mes
appréhensions.
Le jour-là, je n’avais pas compris mais maintenant
oui, je comprends.
Ce jour-là, les disciples ne s’attendaient pas à
ramasser autant de poissons.
Ils avaient veillé toute la nuit sans rien trouver.
Mais sur ordre de Jésus, ils jetèrent les filets.
Et ils furent récompensés.
Ils ont eu au-delà de leur espérance.
C’est exactement ce qui nous est arrivé hier.
Nous avons récoltés au-delà de nos attentes.
Les dons couvriront le budget et il en restera assez
pour renflouer les caisses de Renaissance pendant un bon moment.
Moi : Mon Dieu est bon. Dis-je à Paul.
Paul : Oui, Il est fidèle en tout ce qu’Il dit.
C’est sur ces mots que nous nous sommes endormis.
Mélanie.
La soirée fut belle.
Très réussie.
Je suis contente et fière de dire que c’est aussi en
partie grâce à maman.
Elle a vraiment fait des pieds et des mains pour que
cette soirée soit réussie.
N’eut-été Ainara et elle, je ne sais pas ce que ça
aurait été.
Quand deux maniaques de l’organisation se
rencontrent, ça ne peut que donner une soirée parfaite.
Les deux se sont découvert ce point commun.
Toutes les deux, elles ont travaillé main dans la
main.
Pour une fois, j’ai vu ma mère se faire aider pour
une organisation.
Orlane aussi m’a avoué que c’était une première pour
Ainara.
Toutes les deux avaient l’habitude de travailler en
solo mais cette fois-ci, elles se sont unies et le résultat était impeccable.
Quelle mouche a piquée maman pour qu’elle change ?
Je ne sais pas.
Ou plutôt je dirai qu’elle a été touchée par la
grâce divine.
Ma maman, je la redécouvre.
Elle est devenue une toute autre personne.
Je ne suis pas non plus en reste.
Orlane pourra vous le confirmer.
Nous avons, maman et moi, fais notre bonhomme de
chemin depuis trois (3) semaines.
Je bénis le Seigneur pour la vie de Ruth et celle de
Mireille.
Je suis sûre que le Seigneur n’aurait pas su trouver
de meilleures personnes pour nous aider maman et moi.
Qu’Il les fortifie seulement.
C’est ma prière de tous les jours.
Finalement, de deux jours, nous sommes restés chez
Ruth une semaine.
Nous ne sommes revenues que la veille du retour de
papa.
Une semaine de pur bonheur je vous dis.
Une semaine de croissance.
Moi je l’appelle, notre retraite.
Nous n’avons pas fait que méditer la Bible.
Non.
Nous sommes aussi allées aider au centre.
De nous deux, la plus réticente était maman. Elle et
son affaire de ne pas se mélanger aux gens inférieurs.
Mireille lui a bien tiré les oreilles en tout cas.
Aujourd’hui, c’est-elle-même (maman) qui crie quand
elle fait une semaine sans aller au centre.
Autre chose positive, maman a réduit sa charge de
travail.
Elle a limité ses voyages et elle est beaucoup plus
présente à la maison.
Une chose que je ne pense pas qui changera
cependant, c’est le fait qu’elle continue à se mettre sur son trente et un tout
le temps. Même si elle s’habille plutôt relax (selon ses dires) quand elle va
au centre.
Moi maintenant, je me fous un peu de mon apparence.
Oui, il y a des moments où l’envie me vient de me
mettre bien.
Mais, je ne passe plus une heure devant un miroir
pour donner une bonne image de moi-même.
Je sais qui je suis désormais et je sais que ça, ce
n’est pas ma personnalité.
J’ai repris les cours il y a quelques jours mais
c’est une véritable catastrophe.
Je peux dire que c’est le seul point négatif de ma
vie actuellement.
Pendant mon black-out, j’ai raté trop de choses et
ce n’est que maintenant que je m’en rends compte.
Je me prépare déjà mentalement à ne pas avoir mon bac
parce qu’au vu de mes résultats actuels, je sais que ce n’est pas du tout
possible.
Mais, je rends grâce au Seigneur.
C’est devenu mon leitmotiv.
Edmund.
Ce
sont à des moments comme ça que je regrette de ne pas être à Lomé.
Je
suis en appel vidéo avec Ainara et l’écoute me raconter la soirée et il me
semble que j’ai raté l’évènement de l’année.
Ainara (concluant)
: Donc, c’est un peu ça.
Moi :
Je crois vraiment que j’ai raté l’évènement de l’année.
Ainara :
N’exagère quand même pas !
Moi :
Et Ruth, dis-moi, elle n’était pas déçue ?
Ainara :
Si un peu. Mais elle comprend tu sais.
Nous
comprenons tous.
Tu
ne peux pas quitter le cabinet comme ça avec tout ce que vous traversez.
Moi :
Je n’ai même pas envie d’en parler.
En
résumé, l’un de nos nouveaux associés juniors a eu je ne sais pas comment accès
à notre portefeuille de gros clients. Il leur a fait la cour, excusez-moi
l’expression, et eux tous l’ont suivi parce qu’il a quitté le cabinet il y a
deux jours.
J’étais
à l’aéroport, prêt pour embarquer pour Lomé quand ma secrétaire m’a appelé pour
m’annoncer la nouvelle. J’ai eu l’impression que le ciel me tombait dessus.
Tout
le reste de la journée, je l’ai passé à rassurer le peu de clients qui nous
restait.
Le
lendemain et aujourd’hui, il a fallu faire la course pour ramener ceux qui
étaient partis. Et ce n’est pas fini. ;
J’ai
lancé des poursuites judiciaires contre cet associé junior.
Les
avocats juniors restant eux aussi prennent peur et parlent de s’en aller.
Etant
devenu le premier responsable ici, je ne pouvais pas partir et laisser le
bateau couler.
Le
capitaine d’un navire est toujours le dernier à s’en aller dit-on.
La
preuve, je suis toujours à mon bureau alors que tout le personnel est rentré.
J’essaye
avec les deux autres associés seniors de réparer la brèche qui est ouverte.
Il
nous faut de gros bonnets sinon, nous ne tiendrons pas longtemps.
Ce
ne sont pas les dossiers pro-bono (dossiers de personnes défavorisées qu’un
cabinet accepte de défendre à titre volontaire et gratuit) qui paieront le
personnel.
Ainara
me ramène au présent en me demandant.
Ainara :
As-tu mangé ?
Moi :
Toujours à te soucier de mon ventre hein ?
Ainara :
Qui d’autre le fera si ce n’est moi ?
Moi :
Je vais commander un sandwich tout à l’heure.
Ainara :
Il faut que tu manges bien. Tu risques de sombrer si tu ne t’alimentes pas
bien.
Moi :
D’accord chef.
Ainara :
Je tombe de sommeil.
Moi :
D’accord. On se dit à demain ?
Ainara :
Oui. A demain.
Ne
baisse pas les bras et n’oublie pas la prière. D’accord ?
Moi :
T’inquiète. Dors bien.
Ainara :
Essaye de dormir aussi.
Moi :
J’essayerai.