CHAPITRE 36

Ecrit par kony ariane

 

Chapitre 36

Sophie Quenum

J'ai passé un merveilleux moment avec Nasser. Il est comme un bébé dans le fond. Quand nous sommes ensemble, il donne l'impression d’avoir besoin d’être protégé, d’être rassuré. Il a été une fois de plus généreux avec moi. Il m'a dit qu’il se chargeait entièrement de m'ouvrir la boutique de maroquinerie. Je vais pouvoir être une grande dame. Je vais pouvoir me réaliser, être aussi indépendante que Sarah.

Quelque part je lui dois bien ce qui m’arrive. C'est grâce à elle que je suis avec Evra et avec lui j'ai pu avoir par son père la boutique.

Sarah mérite les plus belles paires. Je lui en ferai cadeau. Elle pourra m'envoyer ses clientes.

J’ai négligé Evra ces derniers jours. Je vais lui faire une surprise et débarquer chez lui. Nasser m'a dit d’être vigilante et de ne rien changer à la relation avec son fils, pour ne pas éveiller des soupçons. Il est très intelligent.

 

Je vais emprunter un taxi et vais me rendre chez mon petit amoureux. Je suis folle, je le sais. J’ai le petit et le grand, le fils et le père. C'est tout simplement excitant.

J'allais monter dans le taxi quand une voix familière me fit appel

-Sophie, Sophie Quenum ?

Je me retourne et je suis prise de panique et de joie.

-Ariane ? C'est toi ?

Nous nous mettons dans les bras l'une de l’autre

-tu as disparu. Tu m’as abandonné.

-non, j'ai essayé de rentrer en contact avec toi mais papa l'a su et la correction qu’il m'a donné je ne l’oublierai Jamais

-ça fait huit ans que j'espère te revoir.

-tu as grandi. Tu es magnifique et Victor ?

-Il est en France pour ses études… Moi j'ai fini je fais un stage dans un cabinet d’avocats.

-félicitations. Je suis si contente de te voir. J'habite dans cet immeuble. Si tu n'es pas pressée on pourrait monter un instant

-avec plaisir.

Je suis tellement heureuse de la revoir. Ma petite sœur et moi avons deux ans de différence. J'ouvre rapidement l’appartement et nous nous y engouffrons.

- Sophie ton appartement est magnifique. Je savais que tu y arriverais.

-merci, installe toi je t'offre quelque chose à boire ?

-oui n’importe quoi

Nous avons parlé des parents, de ses projets. Dans le fond je ne suis pas un bon exemple pour eux car je n’ai su rien faire de ma vie. Je vais me rattraper c'est une promesse que je me fais. Elle habite toujours chez nos parents. En partant je lui ai donné une petite enveloppe de cent mille FCFA. Nous avons échangé nos numéros et nous nous sommes promis de nous revoir.

Ça m'a fait tellement mal et de bien de la voir. Elle au moins sait ce qu’elle veut et s'est battue pour l’obtenir.

Je n'ai plus aucune envie de sortir.

J'appelle Evra pour lui notifier que je suis rentrée et que je serai chez moi. S'il veut passer…

Il y a une heure je voulais jouer sur les deux tableaux, mais après avoir vu ma sœur, tout ce que je veux, c’est me ranger et construire une famille. Mériter tout l’amour que j’ai vu dans les yeux d’Ariane.

J'ai déjà suffisamment de sous. Si je reste calme, Evra m’aidera comme il l’a dit, j’aurai la boutique et nous nous marierons. Je pourrai mériter l'amour de ma sœur et qui sait de mes parents.

 

J'ignore à quel moment je me suis endormie. Quand je me suis réveillée, j'ai été prise d'un malaise. Je me suis rendue dans la salle de bain où j'ai vomi. Je ne me sens pas très bien. J’ai de la fièvre aussi. C’est sans doute tous les fruits de mer dont je me suis gavée ces derniers jours.

J'avais prévu me rendre à la banque pour faire un dépôt mais ce ne sera pas possible.

Je retourne me coucher lorsque la sonnerie retentit. Qui cela peut il bien être ? Je n’ai pas la force de le relever pour aller ouvrir.

Mon téléphone sonne, c'est Evra.

-allô, bonjour Sophie

-bonjour mon cœur

-tu es sortie de bonne heure

-non je suis chez moi

-tu n’es pas seule ?

-comment ça ?

--j'ai sonné mais tu n’as pas ouvert

-je ne vais pas bien. J'ignorais que c’était toi. Sers-toi de tes clefs s’il te plaît

J’entends la porte d'entrée s'ouvrir et me voilà reprise de vomissements. Mon estomac gargouille. J’ai fait preuve de gourmandise tout de même. J’étais au champagne et à différents fruits de mer et ben là je dois régler l’addition.

-Qu'est ce qui ne va pas ? Laisse-moi t'aider.

-ça va ne t'en fais pas

-tu chauffes là

-ça va aller, c’est sans doute une intoxication Alimentaire

- habille-toi, je t'emmène à l’hôpital

-non ne te dérange pas, ça va passer.

Il a insisté et nous voilà dans une clinique pas loin de chez moi.


  

Evra Bello

 

Le médecin qui nous a reçus, a insisté pour une prise de sang afin de faire certaines analyses.

Sophie à l'air tellement vulnérable. Elle est toute pâle.

Une infirmière lui a placé une perfusion, avec de quoi baisser la fièvre et une injection pour arrêter les vomissements.

J'ai appelé le bureau pour signifier que j'ai une urgence qui me retardera.

Lorsque  le docteur nous a rejoints presque deux heures plus tard, il affichait un air niais.

L’heure est il à la rigolade ?

-Madame, Monsieur ce n’est rien de grave au contraire

-c’est-à-dire ?

-votre femme est simplement enceinte

-quoi ?

-oui Félicitations, vous serez parents. Nous allons lui faire une échographie pour situer l’âge de la grossesse.

Je suis complètement perdue. Sophie enceinte ? Comment cela est il possible ?

Elle paraît plus dépassée que moi.

Moi je comptais mettre un terme à cette relation. Et là j’apprends qu'elle est enceinte.

-docteur ce n’est pas possible. Je prends la pilule. Venait de dire Sophie

-je vois, et prenez vous un autre médicament ?

--je souffre de migraines depuis toujours alors j’ai eu une certaine prescription que je renouvelle.

-je vois et ces dernières semaines avez-vous fait usage dudit médicament plus que d'habitude ?

-Oui.

Sophie sort de son sac la boîte de médicament en question et le médecin lui lance,

-voila le fautif. Il a la capacité d'inhiber l’effet des contraceptifs oraux.

L’échographe va vous rejoindre.

 

Ce n’est pas possible. Elle est enceinte de six semaines. Je suis foutu.

Comment faire ? Je n'ai même pas le choix. Je connais la valeur d'un enfant pour avoir vu les parents essayer encore et encore d'avoir un bébé.

Je ne pourrai pas laisser mon enfant grandir Sans moi et encore moins sans sa mère.

J’aime Sarah et je voulais la reconquérir…

J’ai besoin de réfléchir.

Je passe à la pharmacie acheter tous les médicaments prescrits, puis on s’arrête devant une pâtisserie histoire que j'achète pour elle de quoi petit déjeuner avant de prendre ses médicaments. Lorsque je l’ai déposé à son appartement, en sortant de la voiture elle m'a lancé un regard plein de colère, de déception et je ne sais quoi d'autres en me disant :

-Je ne vais pas le garder rassure toi..

Puis elle est descendue. Je l'ai regardé s’engouffrer dans l’immeuble. Je n'ai pas eu la force de la rattraper, pour la rassurer. Je n’en étais pas capable.

J’ai démarré de là pour mon travail car j'avais besoin de penser à tout sauf à cette grossesse.

   


Nasser Bello

Moi je suis rentré aujourd’hui de mon escapade. Cette petite me fait revivre. J’ai l’impression d'avoir retrouvé la personne que j’étais et qui était perdue.

Je vais tout mettre en place pour reprendre ma vie en main.

Ma femme comme d'habitude n’est pas là. C'est tant mieux.

Mon téléphone sonne une fois puis coupe. C’est un numéro inconnu. Je sais bien qui cela est.

Je rappelle aussitôt. Ce n’est pas de son genre de me contacter. Elle ne l'a jamais fait d’ailleurs. C'est toujours moi qui le fais.  Ça me fait grand plaisir. Je prends mes clefs et sors. Je vais la rappeler une fois dans la voiture.

-bonjour ma boussole

-bonjour Nasser. J'ai besoin de te voir. J'ai à te parler

-Au timbre de ta voix cela doit être urgent. Où es tu ?

-chez moi.

-je serai là dans vingt minutes.

J'espère qu’Evra n’est pas au courant pour nous. Je prends la route de chez elle. Quand j'arrive à son appartement, je vois que la porte est ouverte. Je m'y engouffre et je la vois assise dans le canapé recroquevillée sur elle même. Je referme à double tours

-ma puce ? Parle-moi, que se passe-t-il ?

-Nasser je suis foutue

- dis-moi ce qui te tracasse.

-Evra croit que je suis enceinte de lui

-tu es enceinte ?

-c'est de toi que je suis enceinte. Je le sais. La date de la grossesse remonte à  six semaines. Lui et moi n’avons pas eu de rapports pendant cette période au point qu'il me mette enceinte.

- comment peux-tu en être certaine ?

-quand j’ai des relations avec toi, et par la suite s'il a envie de moi, je ne lui permets pas de jouir en moi, c'est soit sur moi soit en bouche.

-et pourquoi ?

-ton foutre est en moi, je ne vais pas y mélanger celui de ton fils non ?

-ok et le problème est où ?

-je vais me faire avorter

-je n’ai pas compris. Tu es enceinte de moi Nasser ?

-Oui

-Evra pense que c'est de lui ?

-Oui

-ok et tu veux te faire avorter de ma grossesse ?

-tu ne comprends pas ce que je dis où quoi ?

-t’ai-je dis que je ne voulais pas de cet enfant ?

Elle me regarde avec des yeux énormes.

-tu fais exprès ou quoi ? Je suis la copine de ton fils et je suis enceinte de toi son père.

-le problème est où ? Ne t’ai-je pas demandé de patienter pour que je mette certaines affaires en ordre ?

-si tu l'as dit.

-bien le sujet est clos. Nous aurons notre enfant.

Je la prends dans mes bras et lui montre à quel point cette nouvelle me rend heureux.

C'est sans doute une nouvelle chance qui s’offre à moi. Je vais la saisir et essayer de me racheter

  


Sarah Johnson

Comme convenu, Kenneth m'a déposé au bureau en promettant de passer me chercher le soir.

Ma journée s'est déroulée super bien pour un lundi. À la descente, Kenneth était là. Il était tout beau. Je voyais comment les collègues le dévisageaient. Je lui ai fait une bise puis il m’a ouvert la portière et nous avons fait un tour sur le chantier. J’ai hâte de voir à quoi il va ressembler.

J’ai décidé de faire comme m’a dit Havre-B. Sous les conseils de Kenneth j’ai appelé Evra Bello

-bonsoir Monsieur Bello, c’est Sarah Johnson

-ah mademoiselle Johnson, que me vaut le plaisir de cet appel ?

-j’aurais besoin de vous voir. C'est personnel

-vraiment ?

--et quand voulez vous me voir ?

-dans une heure si possible, mais avec votre fiancée de préférence

-c’est que ce ne serait pas possible car elle est souffrante

-ah oui ? Qu'est ce qu’elle a ?

-euh …

-désolée si je vous ai paru indiscrète je vais l'appeler

-non non.

-je rentrais chez moi. Je pourrais passer vous chercher ainsi nous irons dans un cadre neutre pour discuter.

-j’aurais voulu le faire en sa présence en fait

- laissez-moi vous rappeler s’il vous plaît

C’est moi où il était bizarre ?

Je ne vais pas m’arrêter en si bon chemin. Je lance l'appel vers Sophie mais cette dernière ne décroche pas comme d'habitude.

Je n’ai pas le choix que d'attendre qu’Evra me rappelle.

Kenneth et moi étions devant un programme télé lorsque la sonnerie retentit. Kenneth appela le gardien par l’interphone pour savoir qui était là.

À ma grande surprise, Kenneth me fit savoir que c’était Evra qui demandait à me voir.

-Evra dis-tu ?

-oui. Sarah, même si tu lui disais la vérité aujourd’hui sache que tant que nous n’aurons pas mis la main sur la menace qui pèse sur toi, tu ne peux faire confiance à personne. Même pas à lui…réfléchis y.

-Alors que me conseilles-tu ?

-Je te le répète, il a le droit de savoir que ce n’est pas avec toi qu’il a terminé certes,  mais pour l’instant de ton côté, c’est une information qui ne changera rien à ta vie.

-je sais je dois limiter mes fréquentations

-je le laisse rentrer ou tu le rejoins dehors ?

-qu’il vienne ici car je ne vis pas seule, je vis en couple à présent…

Kenneth et moi échangeons un sourire. Il ouvre lui même la porte du  séjour et va à la rencontre d’Evra.

   


Evra Bello

-Bonsoir Mademoiselle Johnson,

-Bonsoir Monsieur Bello, asseyez vous je vous prie

-je m’excuse de débarquer chez vous sans y êtes invité

-Vous devez avoir une bonne raison

-Je voudrais vous parler en privé si votre fiancé me le permet

Le fiancé en question, vint lui faire une bise sur la tempe avant de sortir, nous laissant seuls dans le séjour. C’est vraiment comme je l’imaginais. La décoration est à son image. Les couleurs y sont chaleureuses.

Le soit disant fiancé nous laisse sans avoir fait une bise sur la tempe de ma Sarah à moi. Non mais c'est quoi cette histoire. Il se prend pour qui celui là ?

-vous vouliez me parler ? Je vous écoute

-Flamme, je suis désolée mon amour. J'aurais dû savoir que ce n’était pas toi. Sophie s'est jouée de nous… Elle m’a fait croire que cette maison était la sienne et que tu l'y avais chassée car tu étais la sœur de sœur Nadège… J'ai été bête de la croire. J'ai essayé de te détester parce que je croyais que tu t'en prenais injustement à la femme que j’aime, à flamme. Croyant que ton ancienne boutique était à elle, j'étais furieux car avec Gracia tu nous avais dit que la boutique était à toi alors qu’elle m'a dit que c'est la sienne.

--Sophie ? Sophie Quenum, t'a dit que cette maison est la sienne, ainsi que ma boutique ?

-je suis désolé. Pardonne moi je t'en prie. Donne-nous une chance de tout recommencer

 

Elle me regarde les larmes pleins les yeux. Je me lève et m'agenouille à ses pieds.

-ne pleure pas mon cœur. Tu n’as qu'un mot à dire et nous pourrons tout reconstruire.

J’ai ses mains entre les miennes. Nous échangeons un regard, pleins de questions, puis une attraction s'empare de nous. Elle est hésitante. Je me rapproche d'elle et au moment où j'allais l’embrasser :

- que se passe-t-il ici ? Je vous dérange ?

Il nous espionnait ou quoi ? Bien évidement que tu nous déranges. Elle dégage ses mains, je me relève non pas honteux mais en colère car il a interrompu quelque chose.

Sarah essuie rapidement ses yeux, puis lance

-Monsieur Bello allait partir.

Non je ne pars pas me suis-je dit. Ce pour quoi je me suis déplacé, je ne l'ai pas encore. Je suis venu pour avoir une réponse de sa part. Un oui qu’elle accepte de me donner une chance de vivre ce que nous avions commencé.

-Sarah… lui dis je presqu'en la suppliant.

-vous devriez rejoindre votre fiancée. J’ai refait ma vie moi

J'ai du mal à croire les mots que je viens d'entendre. Elle ne veut plus de moi. J'ai été autant trompé qu’elle et pourtant elle semble vouloir me punir.

 

-monsieur Bello, ma femme vient de vous donner sa réponse je crois. Vous reconnaîtrez la sortie je suppose

 

Je lui lance un regard dur. Il ne perd rien pour attendre. Lui et moi sur un ring et je lui ferai avaler son air provocateur.

Je m'en vais sans un autre regard pour Sarah, car mon cœur vient d’être brisé.

Le pire c'est que je me retrouve piégé avec Sophie qui est enceinte.

Je ne peux pas me résoudre à la perdre et d’un autre côté, je ne peux pas priver mon enfant d'un foyer.

  

DU TCHAT À L'AMOUR