Chapitre 37

Ecrit par Jennie390

⚜️ Chapitre 37⚜️


Yolande Otando épse Biyoghe


Je me lève ce matin avec un violent mal de tête, la gorge sèche, des courbatures. Ce salopard va finir par me tuer avec toutes ces substances. Je vais jusqu’à la salle de bain et je remplis la baignoire. Je m’installe à l’intérieur pendant un très long moment. Quand je retourne dans la chambre, j’enfile une robe et je trouve un plateau de nourriture avec de l’eau et des comprimés de paracétamol.


Je n'ai pas faim, je prends juste le verre d’eau, je mangerai plus tard. Emilie s’en est encore sorti hier. J’espère toutefois que ce que j’ai fait et dit va porter ses fruits parce que mentalement je n’en peux déjà plus de cette vie. Rester cloîtrée 24h/24 depuis plus d’un an va bientôt me rendre vraiment folle.


J’ai toutefois pu remarquer l’hostilité qu’il y avait entre Émile et les Ratanga. Les échanges étaient froids et secs. J’ai eu le sentiment qu’ils m’ont cru par rapport à Émile. Voilà pourquoi j’ai saisi l’occasion de chuchoter quelque chose à l’oreille de Hortense. Je ne sais pas si ça va aboutir à quelque chose.


Et d'ailleurs même si les deux doutent de la véracité des propos d’Émile, que pourront-ils faire ? Les gens ont suffisamment de problèmes dans leurs vies pour aller porter les soucis de quelqu’un d’autre. Surtout que se mettre sur le chemin d’Émile, reviendrait à mettre leurs vies en danger.


J’ai une soudaine pensée vers ma petite chérie Meli, j’ai les yeux qui me piquent quand je pense au fait que le temps avance inexorablement. Plus que quelques mois…


 ~Landry Ratanga ~


En quittant l’hôpital avec Hortense le soir du dîner chez Diane, nous sommes directement rentrés à la maison. Nous n’avons pas eu le temps de bien discuter des événements de la soirée parce qu’Hortense a reçu un appel l’informant qu’elle doit aller en mission à l’étranger pour représenter l’entreprise dans laquelle elle bosse. 


Mais cette soirée m’a laissé un goût très amer à la gorge. En voyant Émile sortir de Saint Honoré avec Yolande qui était dans les vapes, j’ai vraiment eu une très mauvaise sensation comme l’agneau qu’on ramène dans le repère du loup. Et que dire du regard glacial qu’il m’a lancé ? En tout cas il cache quelque chose de très louche et Yolande n’a pas l’air en sécurité avec lui. Elle a peur de lui ça se voit. Il est très certainement psy*chopathe comme elle a dit. Mais que peut on faire de plus pour aider Yolande ? J’ai envoyé la police à la clinique et il a balayé ça d’un revers de la main. Que faire d’autre ?


Je suis assis dans mon véhicule en plein embouteillage lorsque je reçois un appel d’Hortense qui me sort de mes pensées.


一Alors comment tu vas ? Et Madrid ?


一Ça se passe bien et moi aussi ça va. Même si mon chéri et mes enfants me manquent.


一Deux jours seulement ? demandé-je amusé.


一Tu comprendras quand tu auras ta famille. Au fait tu me disais que tu avais commencé les dépôts pour un nouveau boulot.


一Ah cette histoire de dépôt pardon ! J’ai déjà fait quatre cliniques depuis hier. Ils sont en besoin urgent de nouveau médecin mais dès que je donne mon CV,on me sort qu’on va me rappeler. 


一Toutes les quatres ?


一La première clinique où j’ai postulé hier en ligne, ils m’ont appelé une heure après pour me dire que mon CV est très bon qu’il ont besoin que je passe aujourd’hui pour un entretien de routine. Dès que je suis arrivé ce matin, ils m’ont dit que quelqu’un d’autre a déjà été embauché et que quand ils auront besoin d’un nouveau médecin, ils vont me rappeler.


一Bizarre…


一Très bizarre. Mais bon Richard m’a demandé de commencer à coucher sur papier mon projet de clinique. Petit à petit on va la monter.


一Très bonne idée, d’ailleurs il n’y a rien de mieux que de bosser à son propre compte. Bon j’ai du boulot, on se rappelle, je voulais juste avoir de tes nouvelles. Porte toi bien.


一Merci,toi aussi porte toi bien ma grande.Bisous.


Je roule jusqu’au centre ville puis je gare sur le parking du magasin City Sport. Je suis dans les rayons de survêtements quand j’aperçois un jeune garçon blanc d’environ 7-8 ans faire plusieurs aller retour les yeux rivés sur un téléphone. Il s’essuie le front plein de sueur pourtant le magasin est hautement climatisé.


一Salut.


Il ne lève pas la tête je fais donc un geste de la main, il lève finalement les yeux. Il a l’air extrêmement fatigué.


一Tu vas bien ?


Il me regarde sans répondre. Quand je veux m’approcher de lui. Deux hommes costauds en costumes avec des lunettes surgissent de je ne sais où.


一Reculez tout de suite me dit, l’un d’eux.


一 Je voulais juste savoir si…


一Monsieur reculez où on vous fait sortir du magasin, me dit l’autre.


Ekieee ! Je voulais juste aider hein. Je comprends qu’ils s’agit sûrement des gardes du corps de l’enfant, je recule et je continue à regarder les articles que je veux acheter. 20 minutes plus tard je suis dans le rayon des baskets, j’aperçois encore le petit. 


Cette fois-ci il est assis sur une chaise, il transpire encore plus. Il a l’air de somnoler, un filet de bave s’écoule du coin de sa bouche. Il se ressaisit et l’essuie avec son bras. Je vois une jeune femme qui s’approche de lui avec plusieurs baskets et les lui montre. Il lève la tête regarde les chaussures et répond.


一I want them all (je les veux toutes).


一Ok, répond la jeune femme avant de s’en aller.


Je comprends pourquoi tout à l’heure il ne m’a pas répondu. Il est anglophone. Il n’a pas l’air d’aller bien. Mais si je m’approche ses gorilles vont encore surgir. Je termine mes achats et 45 minutes je me retrouve à la caisse, je paye mes articles en sortant je vois encore le petit je l’observe un moment avant de sortir. 


Je monte dans mon véhicule et je démarre. 15 minutes plus tard, je me rends compte que j’ai oublié mon portefeuille au magasin. Je fais demi-tour. Quand j’arrive à l’intérieur je vois un petit attroupement. Je vois les gardes du corps qui repoussent les gens je comprends que c’est le petit qui a un souci, je savais qu’il y avait un truc qui n’allait pas. Je me rapproche rapidement, la jeune femme de toute à l’heure est à genoux à côté du petit qui est couché par terre. Elle est au téléphone toute paniquée.


一Madame ne répond pas au téléphone comment on fait ? demande-t-elle aux gardes du corps. Il est diabétique.


一On ne peut pas attendre qu’elle revienne pour l’emmener à l’hôpital, nous même on va l’y conduire, dit il en portant le petit dans ses bras.


一Le temps d’arriver à l’hôpital, il va tomber dans le coma, dis je sur un ton sec en fouillant dans mon portefeuille.


一Pardon ? Demande l’autre garde.


Je prends un bout de papier sur le comptoir de la caissière et un stylo, j’écris rapidement. Je sors un billet de 10 000F que je tends à une jeune cliente du magasin qui observe la scène.


一S’il te plaît, tu peux courir jusqu’à la pharmacie d’en face tu demandes du Glucagon et une seringue, dis je en lui donnant le papier. C’est pour le petit c’est très urgent.


一Posez le par terre, il faut…


一Eh vous vous prenez pour qui ? Est-ce que vous savez qui est le parent de cet enfant ? Gronde un garde du corps. 


一Pour l’instant je m’en fous royalement de qui sont ses parents. Par contre moi je suis médecin et votre petit patron fait actuellement de l’hypoglycémie. Si on ne fait rien dans les minutes qui suivent il va y rester.


一Pardon laissez le aider, je ne veux pas avoir de problème avec les patrons si quelque chose arrive à l’enfant, gémit la jeune femme. 


Je comprends qu’il s’agit probablement de sa nounou. 


一Qu’est ce qui nous prouve que vous êtes médecin ?


一Fouillez ça, dis je en leur jettant mon porte feuille.


La jeune fille revient avec ce que j’ai demandé. L’autre idiot dépose l’enfant au sol. Je touche son pouls, il n’a pas l'air d'être déjà dans le coma. Je remplis la seringue, je cherche la veine et je l’injecte directement. 


一Mettez le dans le véhicule, dis je.


一Il ne se réveille pas ? pleure la nounou. Je ne veux pas aller en prison.


Ekieee !


一Il faut que le produit fasse effet un moment. Il devrait normalement se réveiller dans une dizaine de minutes.


 Le petit est conduit jusqu’au véhicule. Je m’assois et on le place à côté de moi la tête sur mes cuisses. Pendant ce temps les deux gardes du corps et la nounou sont au téléphone. Ça doit être l’enfant de quelqu’un d’important.


Au bout d’une quinzaine de minutes, il revient à lui progressivement. Il n’y a qu’à voir le soulagement sur le visage des trois employés.


一Allez lui chercher quelque chose de sucré à manger, des biscuits par exemple pour faire stabiliser sa glycémie. Apportez de l’eau aussi il a besoin de s’hydrater.


30 minutes plus tard, il mange assis dans le véhicule. Vu qu’il a l’air plutôt stable je veux m’en aller lorsqu’une voiture se gare sur le parking. Une femme blanche descend toute affolée.


一How is he ? (Comment va-t-il ?)


Je comprends à la ressemblance que c’est la maman. Elle monte dans le véhicule, elle touche son fils, le palpe, le serre fort puis elle descend les yeux humides. Elle discute avec l’un des gardes du corps puis elle s’approche de moi. Elle se met à le parler en anglais.


一Vous êtes le médecin qui avez sauvé mon fils ? Comment puis-je vous remercier ?


一Pas besoin de me remercier, c’est une chance que je me sois trouvé là. Il va mieux c’est l’essentiel.


一 C’est mon fils unique vous venez de me sauver la vie à moi aussi. Comment j'allais expliquer ça à son père ? 


Je souris.


一Toutefois faites attention, vous le savez diabétique, il ne devrait pas rester sans manger parce que sa glycémie va descendre et il va tomber en hypoglycémie. 


一Oui vous avez raison, aujourd’hui j’étais tellement occupée que je n’ai pas pu surveiller s’il s’est alimenté ou pas.


一Quand vous ne pouvez pas vous en charger, assurez vous que le personnel qui est en permanence avec lui sache comment se comporter quand il fait une crise. Pendant les débuts de la crise, on aurait pu lui donner tout simplement quelque chose de sucré à manger ou à boire et ça serait passé. Mais comme vos gardes du corps et la nounou ne savent pas, ils n'ont pas réussi à comprendre que petit faisait une hypo entre la somnolence, la transpiration, etc. 


一Nous allons y remédier , merci beaucoup encore.


一Je vous en prie.


一Vous êtes pédiatre ? Généraliste ?


一J’ai fait huit d’études en médecine générale avant de me spécialiser en cardiologie donc oui quelque part je suis généraliste, dis je en souriant. Prenez soin du petit.


Je monte dans mon véhicule et je vais directement à la maison. Il faut vraiment que je trouve du travail. Sauver des vies, voilà ce que j’aime faire.


      ~1 mois plus tard 


~ Germain Makaya ~


Dès que j’arrive à l’aéroport je regarde autour de moi, c’est la première fois que j'y viens. Je vais enfin prendre l’avion pour la première fois. Je n’avais jamais mis les pieds dans un tel endroit parce que comme l’avait dit Émile, je ne voyageais que dans des cars poussiéreux pour me rendre dans mon village. 


Je téléphone à Émile:


一Germain pour l’amour du ciel, tu peux me fou*tre la paix ? 


一Oh parle moi doucement, dis je avec autorité. Je t’appellerai autant de fois que je le voudrais.


一Tu veux quoi ? Tu n’es pas sensé t’enregistrer à cette heure ci ? Il ne manquerait plus que l’avion parte sans toi. Vu que tu ignores comment procéder dans un aéroport.


一Voilà pourquoi tu aurais dû être là pour m’accompagner à remplir mes formalités de voyage.


一Mais Germain tu me prends pour ta nounou ou quoi ? Tu crois que je n’ai que ça à faire ?


一Ne joue pas les hommes occupés avec moi Émile, je te tiens dans mes mains. Donc il vaut mieux que tu t’alignes.


一Tu m’as appelé pour ? demande t-il sur un ton agacé.


一J’ai envie de m’acheter des petites choses ici à l’aéroport. Des vêtements dans les magasins qui sont ici. Je ne vais quand même pas arriver dans le pays d’autrui habillé comme un pouilleux.


一Mais pourtant tu es un pouilleux Germain. Ce ne sont pas les vêtements qui vont changer ça.


一Vas y continue à m’insulter…


一Enfin bref. Je te fais un transfert. Pense à aller t’enregistrer. Merci de quitter le pays pour me laisser souffler un peu, tu m’emmerdes.


一Même à l’étranger je vais continuer à t’appeler quand l’argent que tu as mis dans mon compte sera fini.


Il tchuip et raccroche. Ça c’est son problème, je vais profiter de son argent autant de fois que j’en aurais besoin. Je ne peux plus retourner dans la mi*sère.


2 heures plus tard je fais un tour au free shop où j’achète des parfums et un casque pour écouter de la musique vu que le trajet sera long.Pour ce voyage j’ai exigé à Émile d’avoir une carte de crédit pour pouvoir faire mes achats quand je serai à l’étranger. Il est hors de question que j’arrive aux Maldives et que je commence à traîner dans des motels miteux ou à boire des soupes populaires. Il m’a déjà pris une réservation dans un hôtel luxueux, j’ai déjà vérifié tous les endroits que je vais visiter. Les plages paradisiaques...


Deux jours avant mon voyage, j’ai envoyé un million au village pour les filles et maman pour qu’on ne dise pas que Makaya est allé manger la belle vie à l’étranger pendant que sa famille souffre au bled. 


Une demi-heure plus tard, on nous informe que c’est le moment d’embarquer. J’entre pour la première fois dans un avion et je ne pourrai décrire le degré de fierté que je ressens actuellement. Peut-être que je suis même le premier de mon village à monter dans l'avion. Il n’y a pas si longtemps j’étais un cre*vard qui passait ses après-midi à boire du Moussoungou (vin de palme) dans un bar crasseux. Aujourd’hui me voilà en première classe dans un avion à destination des Maldives.


Pendant le vol, j’ai toujours mon casque vissé à mes oreilles, je bois du champagne, je déguste de bonnes choses, je m’endors, je me réveille et ainsi de suite jusqu’à ce qu’on atterrisse enfin dans la soirée.Je suis tout aussi ex*cité qu’un enfant qui arrive pour la première fois dans un magasin de jouets.


On descend de l’avion et après avoir quitté la piste, on entre dans l’aéroport. J’ai le sourire jusqu’aux oreilles. On récupère nos valises puis on nous demande de nous asseoir un instant.


一On a récupéré nos bagages, pourquoi on ne peut pas sortir de l’aéroport ? je demande à une des passagers.


一Ils doivent certainement être en train de préparer le nouvel avion.


一Nouvel avion ? On n’est pas aux Maldives ?


一Non nous sommes à Mumbaï en Inde. C’est la seule escale avant d’arriver aux Maldives. On nous a fait descendre parce qu’on change d’avion.


一Mais ce petit con m’a dit que c’était un vol direct, je ne voulais faire aucune escale. Tchuip.


Une heure plus tard, on annonce que les passagers en partance pour les Maldives doivent s’apprêter à prendre l’avion. On nous fait repasser par le contrôle des bagages. On avance tranquillement jusqu’à ce qu'un sale chien se met à aboyer comme un f*ou sur ma valise. Les agents prennent la valise et la font passer sur quelques choses qui ressemble à un détecteur ou un scanner, je ne sais pas trop.


En un rien de temps sans que je ne comprenne ce qui se passe ma valise est ouverte.


一Oh vous ouvrez ça en vertu de quoi ? Je gronde ! Il n’y a rien à vérifier dedans !


一Shut up !(tais-toi) ! crie un agent sur moi.


Celui là il dit même quoi ?


Ils fouillent ma valise, éparpillent mon linge. Ma colère commence à monter.


一C’est quoi votre problème ? C’est vous qui m’avez aidé à plier mon linge ? Espèce de…


一Shut up otherwise you will get a slap ! (Tais toi sinon tu vas recevoir une gifle) !, gronde l’agent.


Je ne comprends pas un seul mot de ce qu’il raconte mais ça ressemble à l’anglais avec un accent bizarre. Mais pas besoin de préciser que je ne connais rien en anglais. Je me tais parce qu’il a l’air très en colère. En fouillant dans les poches intérieures d’un blouson, ils sortent des rouleaux de papier journal que je n’ai jamais vus de ma vie. 


Ils déplient le tout et sortent au moins une dizaine de petits sachets plastiques contenant de la poudre blanche. À cet instant mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Je regarde souvent la télé et dans les films il s’agit parfois de la drogue. Non c’est impossible,c’est arrivé là comment ?

L’un des agents déchire un sachet et goûte le contenu.


一Cocaïne, dit-il en regardant son collègue.


Ça j’ai compris…


一Quoi ? crié-je. Ça ne m’appartient pas !


Ils se saisissent de moi et me jettent au sol en me bloquant mes mains dans le dos. Une autre de mes valises est ouverte et en un rien de temps, ils sortent 7 flingues, et des boîtes de balles. J’ai l’impression de rêver de me trouver dans un mauvais film. À cet instant, le visage d’Émile Biyoghe apparaît dans mon esprit. Non il n’a pas osé !


一Écoutez moi , je suis innocent. Ce n’est pas moi qui ait mis ça dans les valises. Émile Biyoghe m’a piégé.


一Shut up ! Gronde l’agent de police en me donnant un coup de matraque.


Oh Seigneur l’enfant là m’a fait quoi comme ça ?


Bonne lecture.

Dans le secret