Chapitre 38 : En toute intimité
Ecrit par Auby88
"(...) Comme le soleil éclaire la terre, tu éclaires ma vie.
Tu es la seule que j'ai jamais vue, avec un sourire si lumineux.
Juste hier, tu es venue sur mon chemin.
Et tu as changé entièrement mon paysage, avec ta beauté étonnante. (…) Plus brillante qu'une étoile, je t'aime juste comme tu es.
(…) Tu es ma reine africaine,
La fille de mes rêves
Tu m'emmènes là où je n'ai jamais été
Tu fais battre mon coeur
Ting-a-ling-a-ting-a-ling
Tu es ma reine africaine,
La fille de mes rêves
Tu me rappelles une chose et
C'est la beauté africaine.
(…) Parmi un million, tu demeures l'unique, l'exception.
Je regarde dans tes yeux
Et j'y vois le paradis.
Tu as captivé mon âme,
Maintenant tous les jours je te désire plus.
Comment puis-je nier ce sentiment, ce sentiment que je ressens en moi ?
Personne ne prendra jamais ta place
Personne ne prendra jamais ton espace.
Je ne peux t'effacer, tu me fais sourire,
me fais flotter comme un bateau sur le Nil.
(…) Je te donnerais mon coeur, mon amour, mon corps et mon argent.
(…) Tellement ébène, Tellement belle
Je t'aime.
2Face Ibidia, my african queen (ma reine africaine)"
Une Highlander grise vient d'entrer dans une splendide villa à trois étages. A bord, deux femmes qui discutent. Le véhicule passe dans une allée, bordée de part et d'autre par une vaste pelouse verdoyante et va s'immobiliser dans le garage. On entend des hennissements de chevaux à proximité.
- Je dois avouer que tu manies bien le volant, Cica ! remarque Satine quand toutes deux descendent de la Highlander grise.
- Oui, c'était compliqué au début, j'avais peur, j'ai cabossé deux voitures de Richmond. Mais au final, j'adore.
Satine sourit.
- L'endroit est magnifique et très vaste !
- Je te l'accorde, Satine. J'aurais préféré vivre dans une modeste maison mais ton frère a préféré, comme à son habitude, vivre dans un palace.
- Richmond adore voir la vie en grand !
Cica semble bien plus haute sur ses talons. Sa chemise blanche est enfoncée dans un pantalon noir. Satine porte une combinaison en pagne. Deux hommes viennent à leur rencontre et prennent les valises. Elles les suivent tout en discutant.
- Leo doit vraiment se plaire ici.
- Oui, il adore surtout s'amuser dans le parc aménagé pour lui dans le jardin et faire des tours à cheval avec son père.
Elles pénètrent à l'intérieur de la demeure, empruntent un long couloir dont les murs sont jonchés de photographies de famille et se retrouvent devant la porte du salon. Des rires parviennent à leurs oreilles. Cica pousse la porte qui fait un léger bruit. La déco est un mélange des cultures canadienne et béninoise. Couleurs rouge et blanc. Tête de cerf au mur, au dessus de la cheminée. Masques et symboles de rois du Bénin …
- Enfin ! s'exclame Richmond quand il les voit. Je pensais que vous vous étiez perdues.
- Voyons, mon coeur ! Je connais le trajet par coeur ! réplique Cica en allant se mettre derrière Richmond.Sur ses épaules, elle pose ses mains.
Satine, quant à elle, va embrasser le petit monde.
- Toujours aussi belle ! J'espère que tu as fait un bon voyage ! s'exclame Arsène.
Richmond le toise.
- Elle est fiancée, je te le rappelle.
- Je sais.
- Je vois que vous ne vous êtes pas beaucoup ennuyés ! remarque Cica.
- Oh que non ! intervient le vieux. Richmond nous a fait visiter votre maison et j'ai adoré. Je sais déjà qu'on y passera un bon séjour Anne et moi.
Elle lui sourit.
- J'ai aussi eu le plaisir de voir votre vidéo de mariage au Bénin, ajoute Alice. C'était bien beau, simple et chaleureux. Et j'ai beaucoup souri en voyant le marié tout en sueur, et balbutiant ses mots devant le prêtre. Je me suis bien frotté les yeux pour m'assurer que c'était bien Richmond.
Tout le monde se moque de lui.
- Ce n'est pas drôle !
- Mon gros chou !
Cica lui caresse la joue, y dépose un tendre bisou puis vient s'asseoir près de lui.
- Au fait, où sont-ils ? s'enquiert Cica. Je ne les vois pas.
- Nos deux petits diables se sont complètement salis en mangeant du gâteau, répond la mère de Richmond. J'ai demandé à leur nounou de les nettoyer. Justement, les voilà qui reviennent.
Deux bambins métissés, l'un de trois ans et l'autre d'un an s'amènent dans le salon.
- Leo ressemble de plus en plus à Jonas tandis que Yédia est ton portrait craché en version féminine, Richmond ! s'étonne le vieux !
- Eh oui, renchérit Satine qui se lève et va à leur rencontre.
- Tante Satine, j'espère que tu m'as amené le jet privé, que je t'ai demandé.
Yédia — dont le prénom en lexique fongbé signifie "ils n'y ont pas cru" — ne dit mot, elle semble perdue devant ce monde.
- Viens ma chérie, lui dit son père. Elle dandine quelque peu et se précipite dans ses bras, se blottit tout contre lui et balaie la salle du regard.
Cica passe la main dans ses cheveux bouclés.
- Elle est un peu timide comme sa mère !
Cica regarde Richmond. Il sourit.
- J'oubliais, j'ai amené des vidéos de famille.
- Maman, ne me dis pas que ce sont celles dont tu m'avais parlé !
Madame Vanessa hoche la tête en direction de son fils.
Cica s'empresse de mettre la vidéo en marche et revient s'asseoir près de son homme. Yédia, plus détendue, joue avec ses grand-mères. Leo est près du vieux avec son mini jet. Tous les yeux se braquent sur l'écran. Les langues se délient à la vue du petit Richmond âgé alors de cinq ans. Il fête son anniversaire. Jonas a trois ans et Satine, encore bébé, est dans les mains de son père.
- Regardez sa frimousse ! A cinq ans, il a encore les doigts dans la bouche.
- Le vieux, ce n'est pas sérieux. Maman et Cica, sachez que vous me le paierez !
Elles raillent. Il n'est pas à son aise. Il se lève et éteint la télé. Satine se lève et rallume le poste téléviseur. Il va s'asseoir et boude.
- Je reconnais quand même que tu étais un garçon très mimi, bien sûr autant que maintenant.
Cica pose une main sur celle de son mari et le gratifie d'une bise.
Un peu plus tard, tous déjeunent ensemble et profitent du dessert pour bavarder. Alice et Arsène ont déjà pris congé d'eux.
- Je dois avouer qu'Alice est une très belle femme et beaucoup trop sexy, avec ses yeux de feu. Cica, tu ne devrais pas être si confiante quand cette femme s'amène ici. D'autant plus qu'elle est toujours dans le groupe de jazz pendant que Richmond te tient éloignée de la scène.
Richmond lorgne Satine.
- Si je la veux loin des podiums, c'est juste parce que je ne supporte pas de voir d'autres hommes la déshabiller du regard. Mais je n'hésite pas à faire des duos avec elle quand cela est nécessaire.
- De toute façon, je les tiens à l'oeil, lui et Alice ! intervient le vieux.
Il serre son poing qu'il montre à Richmond. Ce dernier détourne son regard.
- Bah ! Je lui fais confiance, rappelle Cica. Je suis celle qu'il aime et cela me suffit.
- Tu n'as pas en douter, mon amour ! Laisse-les dire.
Le vieux s'apprête à rétorquer. Anne l'en dissuade.
- Laisse-les tranquille, Michel ! Ce garçon aime notre fille. Je lui accorde toute ma confiance.
- Ben, si tu le dis. Au fait, juste par curiosité. Quelqu'un aurait des nouvelles de l'ex de Richmond ?
En parlant, il fixe la mère de Richmond. Elle le remarque et se défend.
- Pas moi, le vieux. Notre amitié est une histoire bien ancienne et je ne compte pas renouer avec elle. Quand je pense que je l'ai préférée à toi Cica, j'ai vraiment honte.
- Cela relève du passé, maman.
Cica pose une main sur la sienne. Elles sourient. Anne les regarde et sourit à son tour. Elle est occupée à nourrir Yédia.
- Moi, je sais, et vous n'allez pas en croire vos yeux ! fait Satine.
Elle se lève et revient avec un magazine de mode, qu'elle a acheté à Paris.
- Regardez !
- Pour une surprise, c'en est vraiment une ! s'exclame le vieux. Elle a réalisé son rêve. Ecoutez :
« La célèbre mannequin à la plastique de rêve Sandra Elena del Castillo, ex-fiancée du tant convoité saxophoniste Richmond AKOWE, n'est plus un coeur à prendre. Elle vient de convoler en juste noces avec le milliardaire français Henri Duchamp, qui fait trois fois son âge. Leur mariage a été l'un des plus onéreux de la France. Heureux ménage au couple Duchamp ! »
- Ce type pourrait être son grand-père ! s'offusque Anne.
- Au moins, avec un homme aussi âgé, elle saura contenir sa jalousie maladive, reconnait Richmond. Je me demande comment j'ai pu envisager me marier avec une fille pareille !
- Heureusement que Cica t'a ouvert les yeux ! renchérit Satine ! Le plus à plaindre, c'est son époux. Elle le fera cocu des milliers de fois. Car je doute qu'elle puisse se contenter de lui seul.
- Elle aura ce traite de Samson pour lui tenir compagnie, reprend Richmond. Ils vont bien ensemble.
- Tu as des nouvelles de lui ? interroge Cica.
- Non ! Pas vraiment. Je sais qu'il est rentré à Montréal, qu'il a intégré un autre groupe de jazz, qu'il traîne dans les bars, mais rien de plus. De toute façon, je ne veux plus jamais le croiser sur mon chemin. Jamais, je ne pourrai le pardonner.
Cica lui met une main sur l'épaule.
- C'est ton droit, mais ne laisse pas cette rancoeur t'empêcher d'avancer.
- Cica a raison ! intervient le vieux.
- J'y réfléchirai ! réplique Richmond.
Satine change l'ambiance en parlant de son entreprise de création d'accessoires en pagne qu'elle co-gère avec Cica. Certes, elles vivent dans différents pays, Cica au Québec, Satine par ci, par là, mais chacune de son côté organise des ventes privées. Elle parle également des oeuvres caritatives qu'elles font, particulièrement au Bénin avec l'aide de Soeur Grâce et Marc qui coordonnent tout.
Richmond en profite pour entraîner Cica dehors sur la terrasse, qui offre une magnifique vue sur le lac de l'Achigan.
- Je peux savoir pourquoi tu as tenu à m'amener dehors ?
- Pour te montrer une preuve d'amour.
Il s'apprête à enlever son tee-shirt. Elle l'arrête, mais il continue. A présent, il lui fait dos.
- Voyons Richmond ! Ce n'est pas le moment pour … Sapristi ! Tu l'as fait ! Je t'en ai pourtant dissuadé ! Tu es vraiment fou !
- D'amour pour toi !
Sur son dos, il s'est fait tatouer le visage de Cica.
- C'est une pure bêtise, Richmond ! Ce tatouage finira par se déformer au fil des années et je ne garderai pas éternellement ce visage jeune. Je sais que cela peut servir à éloigner toutes ces aguicheuses qui te tournent autour, mais tu n'avais vraiment pas à le faire.
- Alors, cela ne t'enchante pas un tout petit peu ?
Elle hoche timidement la tête et sourit.
- Te rappelles-tu de la première fois où nous nous sommes rencontrés ?
- Bien sûr que oui, Richmond ! Je me rappelle tes yeux qui m'ont regardée avec dédain sur le portail et qui à l'intérieur semblaient fascinés par ma voix.
- Je n'étais qu'un idiot pour qui seule la beauté extérieure comptait. Mais à présent, j'ai changé, grâce à toi, grâce à mon amour pour toi, grâce à ton amour pour moi. Merci de m'aimer autant, ma soldanelle ! Merci pour les magnifiques enfants que tu m'as donné et que tu me donneras encore !
Elle éclate de rire.
- Je suis sérieux, Cica. Si j'ai acheté une si vaste maison, c'est pour qu'elle soit remplie de cris d'enfants que nous concevrons avec amour.
- Et tu souhaites en avoir combien ?
Avec ses doigts, il compte.
- Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, …
- Une équipe sportive !
Il hoche la tête.
- T'es complètement et définitivement fou, Richmond !
- Avoue que c'est pour cela que tu es tombée amoureuse de moi, réplique-t-il en la châtouillant.
- Arrête, Richmond ! Oui, en partie.
Leurs éclats de rire se propagent dans l'air.
- Je t'aime, ma Cica !
- Moi non plus, Richmond !
Leurs lèvres se …
"Ce qu'on appelle notre vie privée, c'est ce dont nous avons le droit de priver les autres.
Gilles Martin-Chauffier ; Une vraie Parisienne"
PS : En termes terre à terre, la sortie est par ici ➡
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