Chapitre 38: Rééducation

Ecrit par Zaharaye

Chapitre 38 : Rééducation


***Habib Chérif 

-Awa ….Awa…..

-Venez madame, il vous réclame depuis qu’il s’est réveillé et on n’arrive pas à le calmer; lui dit le médecin

Elle est restée planté devant la porte encore un moment puis elle s’est finalement décidée à me retrouver ; les médecins nous ont laissé seuls et elle m’a lancé un regard avant de s'effondrer 

-Hey bonjour toi

-Bonjour… répondit-elle en sanglotant 

-Hey ne pleures plus, je suis là, dis-je en lui tendant la main

-Tu m’as fait une de ces frayeurs… j’ai cru que tu… sniff que tu ne t’en sortirai pas, je…. je…. Oh mon Dieu, je n’arrive pas à y croire sniff sniff. Qu’est ce qui t’a pris d’aller te heurter contre ce camion, tu maitrises très bien la moto à ce que je sache

-Ca n’a pas d’importance ma belle, tout ce qui compte c’est que je suis là à présent et je suis prêt à tout pour mériter cette nouvelle chance

-Ok…

-Dieu soit loué… Je suis désolé d’avoir pris si longtemps, aller approches et fais-moi ton plus beau sourire dis-je en la prenant dans mes bras 

-Oui Dieu soit loué, tu es de retour parmi nous. Pardonnes nous car on avait tous perdu espoir,  te voir dans cet état et...et....

-Tous sauf toi, je suis sûr que tu t’es acharnée contre ces pauvres médecins, tu peux te montrer très coriace par moment

-Hahaaa oui un peu, bon il faut dire que tu t’es vraiment fait désirer aussi hein

-(Rires) Merci, vraiment merci d’être là et merci d’avoir été là tout ce temps

-Tu n’as pas à me remercier Habib, je sais que tu aurais fait autant pour moi. Je connais une personne qui va danser de joie, dit-elle en lançant un appel vidéo sur son téléphone

.........................................

-Allô Malaika, il y a quelqu’un qui veut te dire bonjour

-Qui ???

-Bonjour grande sœur lui dis-je

-Oh mon Dieu ! Oh mon Dieu! Mon petit frère chéri, c’est incroyable, tu es de retour parmi nous

-Oui chérie grâce à Dieu et à vous tous je suis là, maman a dû de se faire un sang d’encre où est-elle ?

-Elle est là attend que je te la passe…..

Elle a passé le téléphone à ma maman pour que je puisse lui parler et cette dernière était au bord des larmes, j’ai aussi remarqué qu’elle avait perdu beaucoup de poids tout comme Awa d’ailleurs…

-Habib mon garçon est-ce bien toi ? Dit-elle en sanglotant

-Oui maman c’est moi, je suis là maintenant, tu n’as plus à t’en faire

-Allahou Akbar, eh Al hamdoulilahi rabil al amine, Dieu est grand mon fils

-Oui maman, je… je suis sincèrement désolé de t’avoir infligé tout ça, je suis désolé dis-je en retenant mes larmes

-Tu n’as pas à t’excuser mon chéri, personne ne pouvait le prévoir et nul ne peut se dresser contre la volonté divine, soyons plutôt reconnaissant pour cette seconde chance qu’il nous offre

-Evidemment…. Sinon on m’a dit que tu refuses de te nourrir et que toutes les fleurs de ton jardin ont fané, est-ce vrai ?

-Bien sûr que non chéri, n’écoutes pas ce que racontent ces commères, ta chère mère se porte comme un charme

-Hahaa ça y est j’ai compris elles sont jalouses de ta beauté. En tout cas je suis ravi de constater que malgré tout tu es toujours aussi belle que dans mes souvenirs, aller fais-moi un beau sourire s’il te plait qu’on nargue ces jalouses (rires)

-Bon ceci dit, elles n’ont pas tort pour les fleurs mais pour ma défense elles se sont fanées toutes seules car sans ton sourire pour les arroser rien de ce que j’aurai fait n’aurait suffi dit-elle en souriant

-Je sais maman et rassures toi, je compte bien me rétablir et rattraper le temps perdu ; en attendant mon retour, tu veux bien t’en occuper s’il te plait

-Bien sûr mon amour, avec plaisir. Tu m’as tellement manqué Habib, maman t’aime très très fort

-Moi aussi je t’aime très fort ma reine, tu n’imagines pas à quel point je suis heureux de toutes vous retrouver

-Bon reposes toi mon mignon, je rappellerai le soir et ta sœur prendra le premier vol pour Bissau demain. Que Dieu te garde, passe-moi Awa s’il te plait


Awa a pris le relais et je suis resté là à la regarder à travers la vitre de la porte, les femmes de ma vie semblaient si heureuses qu’elles se confondaient en larmes et en cris de joie ; si j’aurai pu leur éviter cette souffrance je l’aurai vraiment fait mais comme je ne peux revenir dans le passé alors je vais m’employer à leur faire oublier cet épisode douloureux. Les médecins vont sûrement prévoir des séances de rééducation et je devrai encore rester quelques temps avec Awa, ce qui me réjouit déjà mais bon pour un début je vais tenter l’approche amicale et par la suite aborder les choses sérieuses, pourvu qu’elle accepte de retourner en Guinée avec moi et bien sûr je vais faire comme si j’avais pas entendu tout ce qu’elle a dit durant mon coma pour ne pas la faire fuir car la connaissant si je lui en parle maintenant elle risque de tout nier en bloc


Macenta-GUINEE


***Christian Telliano

-Wo mama, Evassou (Bonjour comment allez-vous en toma)

-Mayen lassou (tout va bien) répondirent-ils

-Veuillez m’excuser pour le dérangement mais si j’ai demandé à mon oncle Robert de vous réunir ce soir c’est pour vous parler d’un sujet important qui concerne nos deux familles

-On t’écoute mon garçon dit le vieux Ségbé 

-Bon je ne vais pas aller par quatre chemins, Marguerite et moi on a décidé d’unir nos vies 

-Et ben dis donc, si je me souviens bien vous étiez tous les deux contre ce mariage non, répondit le vieux

-Je le sais et croyez-moi, nous avions de bonnes raisons de nous opposer à ce mariage au début car vous avez fait un arrangement dans notre dos sans notre consentement et avec tout le respect que je vous dois vous n’en aviez pas le droit

-De quel droit tu nous parles Tamba ? Hein de quel droit tu te permets de venir nous dire ce que nous pouvons décider ou pas pour nos enfants ?

-Sans t’offenser grand frère, les enfants ont une part de raison, vous auriez pu les consulter puisqu'aucune loi ne vous permet de régenter leurs vies ou encore moins vous donner le droit de décider d’une question qui les concerne personnellement répliqua oncle Robert

-Ah Robert je te croyais sage mon frère mais apparemment tu sembles avoir oublié tes valeurs. Décidemment ces toubabs vous ont tous retourner l'esprit, reprit le vieux

-Détrompes toi je n’ai rien oublié, c’est juste que vous ne leur avez même pas laissé le choix de décider si ça leur convenait ou pas ; je ne prends pas leur défense mais vous avez exagéré en menaçant de les renier 

-Leur laisser le choix ? Tu es vraiment sérieux là Robert, sais-tu que la plupart des hommes et femmes ici présents n’ont pas eu le droit de protester quand cette décision leur a été imposé ? Non aucun d’entre nous n’a protesté parce que dans le temps on respectait les parents et on se pliait à leur volonté 

-Ne t’énerves pas Diya Ségbé je dis juste que ce n’est pas une décision facile à accepter pour cette génération et cela n’a rien à voir avec le respect; comme tu l’as si bien dit dans le temps on se pliait à la volonté des adultes car on avait d’autres croyances mais le monde a changé et nous nous devons de tenir compte de ces changements. Vous savez tous à quel point Tamba s’engage dans cette communauté et surtout à quel point il s’investit pour préserver notre culture mais il y a de ces choses qui relèvent de la vie privée d’une personne, chaque être humain en a droit et puis le mariage impliquant de lier sa vie à celle d’une autre personne, j’estime qu’on doit au moins pouvoir choisir cette personne qui va devenir notre moitié. Lequel d’entre vous peut me dire ici qu’il n'a pas songer ne serait-ce qu’un seul instant à avoir une femme de son propre chef ?

-…………………

-Je ne suis pas fâché Robert et je comprends ce que tu veux dire mais si on renonce à nos traditions, que va-t-on devenir ? On aura abandonné l’héritage que nous ont légué nos ancêtres car oui toutes ces traditions qu’on perpétue sont l’œuvre de nos aïeux et on se doit de les respecter par respect pour leur mémoire. Tu as raison, on devrait peut-être avoir le choix mais si on a décidé d’unir Tamba et Marguerite c’est pour leur bien et aussi parce qu’on sait qu’ensemble ils accompliront de grandes choses. De plus les enfants d’aujourd’hui sont très canailles, si on commence à les laisser faire, il y en a qui trouveront toujours des prétextes pour ne pas épouser telle ou telle personne car tu n’es pas sans savoir qu’ils sont très adeptes du liberticide,  dit le vieux

-Je suis entièrement d’accord avec toi sur ce point mon frère et vous avez vu juste car grâce à vous nos deux enfants se sont retrouvés mais ils ont eu de la chance, certains n’auront peut-être pas la même chance qu’eux alors je me joins à eux pour vous demander humblement de les accompagner dans leur démarche

-Hun hun hun (le vieux se raclant la gorge) Tu en as assez dit Robert maintenant je souhaite écouter ce que ce jeune homme a à dire pour sa défense 

-Merci pour ton intervention kèkè (oncle en toma) dis-je à l'intention d'oncle Robert. En fait Marguerite et moi nous étions totalement contre cette union au départ et ce n’est pas dû au fait qu’on ne respectait pas votre volonté, nous étions contre car nous aurions préféré que vous nous en parliez d’abord avant d’engager le processus du mariage. Nous nous connaissons depuis l’enfance mais on a grandi et on a changé, la pauvre était terrorisée à l'idée de se retrouver avec un homme qu'elle ne connaissait pas, il m'a fallu des mois pour arriver à la convaincre. On a eu de la chance qu'elle soit forte d'esprit car d'autres se seraient suicidé pour éviter la situation, croyez moi il y a des centaines de cas comme cela partout en Afrique 

-Bon au moins il y a du bon qui sort de cette histoire, vous êtes trop bornés mais sachez que nous les sages nous ne prenons aucune décision à la légère, on consulte toujours les aïeux avant de prendre telle ou telle décision, donc si ce n’était pas dans votre intérêt à tous les deux nous n’aurions pas insisté. Dis-moi mon fils, qu’est ce qui t’a fait changer d’avis ?

-Marguerite, répondis-je. Elle est merveilleuse, douce, attentionnée, brave et je n’imagine pas ma vie sans elle

 -Ah je vois, donc si je comprends bien ce qui a motivé ta décision c’est l’amour, ah j’espère que vous n’avez pas fait de bêtises tous les deux dit-il l’air sévère. Bon appelles-moi ta fiancée qu’on en finisse

Je suis sorti dans la cour et j’ai demandé à ma dulcinée de nous rejoindre, la pauvre elle était vraiment inquiète du sort que nous réserverait les anciens

-Marguerite 

-Oui mon oncle, répondit-elle

-Ton père m’avait fait savoir que tu ne voulais pas de ce mariage, alors maintenant que j’entends le contraire peux-tu éclairer ma lanterne s’il te plait ? Je veux dire euh… (Croquant une noix de cola) hun qu’est-ce qui t’a fait changer d’avis

-Mon oncle la question que vous deviez me poser c’est plutôt qui m’a fait changer d’avis et à cette question je répondrais que c’est Christian

-Bah voyons, comment a-t-il réussi ce miracle ? Parce que te connaissant je sais que tu lui en as fait voir de toutes les couleurs (rires)

-Il m’a juste demandé de lui donner la chance de me prouver qu’il mérite d’être mon époux ; en fait il m’a d’abord avoué que tout comme moi, il n’a pas eu son mot à dire dans cette histoire et ensuite au fil du temps on a appris à se connaitre et on est tombé amoureux d’où la raison pour laquelle on est revenu sur notre décision

-Ah ok je vois, les hommes kissi ont toujours été des petits malins (rires) mais méfie toi mon garçon car avec une femme aussi intelligente qu’elle tu auras du pain sur la planche, dit-il. Heureusement que vous êtes tous les deux des toubabs… Bon je n’ai pas apprécié le fait que vous ayez contesté notre décision mais j’avoue que je suis ravi de la façon dont ça se termine, alors vos oncles, vos parents et moi nous allons considérer votre requête et vous devrez sortir en attendant notre délibération, mais avant au nom de tous je vous présente des excuses, vous avez raison nous n'aurions pas dû vous imposer une telle décision 

-Vous n'avez à vous excusez mais merci, répondis je


Nous les avons remercié avant de prendre congé d’eux, une fois dehors Marguerite et moi nous nous sommes installés dans un coin de la cour à prier qu’ils nous accordent leur bénédictions car au final notre sort étaient entre leurs mains ; je l’épouserai bien sans leur accord mais je ne veux pas imposer cette situation à ma fiancée, elle mérite un mariage digne de ce nom et je vais le lui offrir. J'ai prévu de lancer une campagne de sensibilisation contre le mariage forcé et l'excision sur tout le territoire national dès le mois prochain et avec l'appui d'oncle Robert nous avons travaillé sur une stratégie pour éviter de se mettre à dos les anciens 


Trente minutes après, ils nous ont rappelé pour nous faire part du verdict et grâce au Seigneur ils étaient tous d’accord pour que le mariage ait lieu. En fait on a appris que tout ceci était un plan bien élaboré pour nous punir car nous les avons désobéis au départ et il fallait bien qu’il nous donne une bonne leçon hahaa ; j’avoue qu’ils nous ont bien eu sur ce coup, j’ai même dû payer cher pour savoir le verdict (rires)…

-Waouh je ne m’attendais vraiment pas à ça, dit Marguerite en sautillant 

-Je sais chérie, moi non plus je ne m’y attendais pas et j’ai vraiment eu chaud,  maintenant tu n'auras plus d'excuses pour repousser le mariage 

-Hahaa petit malin... bon il faut reconnaitre qu’on l’a un peu mérité quand même 

-Ouais mais on ne pouvait pas se laisser faire aussi facilement sinon ceux qui viendront après nous devront faire face aux mêmes problèmes

-Je le sais et je suis fière de ce que nous avons accompli, je t’aime Christian

-Je t’aime aussi ma belle, j’ai hâte de te voir en robe de mariée, tu seras magnifique

-Humm…. Vivement ce jour alors dit-elle en m’embrassant


Kidal-MALI


***Djamanca Suleyman

Je suis ici depuis plusieurs semaines maintenant et si je n’étais pas obligé de superviser cette mission, je ne resterai pas une minute de plus car je crains que l’ex d’Awa ne profite de la situation pour me la prendre. J’ai confiance en Awa et je sais qu'elle aurait fait pareil pour moi, mais je suis aussi conscient qu’à un moment il me faudra la laisser partir puisqu’elle l’aime toujours mais le problème est que je l’aime aussi et je me suis beaucoup attaché à elle, malgré tout elle a décidé de nous donner une chance d’être heureux ensemble, elle a tenu sa promesse et nous l’avons été ces derniers mois. Je remets ma vie en question car à mon âge je suis un homme accompli donc je devrais être marié et avoir des enfants mais la vie m’a déjà ôté cette chance en m’éloignant d’Eva Maria il y a de cela plusieurs années, j’ai beaucoup aimé cette femme et le jour où je m’apprêtais à lui demander sa main, elle a disparu et j’ai beau essayer de la retrouver je n’y suis pas parvenu alors j’ai fini par abandonner l’idée de la retrouver un jour. J’avais prévu de tenter ma chance avec Awa à mon retour à Bissau mais il a fallu que ce Chérif refasse irruption dans nos vies, franchement je crois que la vie s’acharne sur moi Pffffff.....


Perdu dans mes pensées, la sonnerie de mon téléphone me fait sursauter, voyant que c’est un appel en provenance de Paris je décroche, ce doit être Saïd

-Salut mon pote

-Salut, comment vas-tu ?

-Je pète la forme et toi ?

-Oh…  Moi ça va, j’ai hâte de rentrer chez moi

-Dis plutôt que tu as hâte de renvoyer ton rival chez lui dit-il en riant

-Ce n’est pas cool Saïd, à force de penser à ce qui se passe à Bissau je n’arrive même pas à réfléchir correctement 

-Tu n’as pas à t’inquiéter Suley, aies confiance en Awa je sais qu’elle aurait fait pareil si c’était toi, elle a l'âme généreuse notre Awa

-Ouais je sais elle a un cœur pur et c’est d’ailleurs l’une des nombreuses raisons pour lesquelles je l’aime 

-Je te l’accorde, cet imbécile ne la mérite vraiment pas mais on y peut rien 

-Sinon ta lune de miel se passe bien ? Dis je pour changer de sujet

-C’est le bonheur total mon ami et on en profite au maximum ma petite femme et moi ; tu devrais essayer comme ça tu sauras l’effet que ça fait hahaa

-Hahaa petit coquin

-Hahaa à moins que tu ne veuilles offrir Awa à Chérif sur un plateau d'argent, t'as intérêt à te dépêcher 

-Non mais tu es fou Saïd, hun tu as de la chance d’être à Paris et moi ici sinon je t’aurai fait avaler tes mots à coups de poings

-Hum je vois que quelqu’un veut défouler sa colère contre Chérif sur moi, mais je te conseille vivement de le faire sur ces tarés que tu combats 

-Viens qu’on échange nos places, tu verras ce que ça fait idiot

-Hahaa sans façon… Non mais sérieusement Suley je sais que ça t’a demandé un effort d’obtenir un congé pour venir à mon mariage alors que tu aurais pu rentrer chez toi pour être avec Awa alors du fond du cœur je te remercie

-Tu es mon frère alors tu n’as pas à me remercier, je le referai s’il le fallait et Awa a insisté pour que l’un d’entre nous y aille pour te soutenir

-Sa grossesse évolue bien ?

-Oui et je suis pressé d’être papa à nouveau, tu n’imagines même pas à quel point

-Je suis content pour toi Saïd, j’ai toujours voulu avoir des enfants et j’espère en avoir dans un futur proche

-Je te le souhaite de tout cœur, en plus Awa fera une merveilleuse maman…… En fait tu as des nouvelles d’Eva Maria ?

-Non pourquoi ? 

-J’ai vu une fille sur internet la dernière fois et j’ai cru que c’était elle mais bon j’ai dû me tromper 

-Ah ok je vois, je n’ai pas eu de ces nouvelles depuis des années et je doute même qu’elle soit en vie parce que j’ai remué ciel et terre pour la retrouver, impossible

-Ah j’espère vraiment que tu auras ton bonheur avec Awa car vous méritez tous les deux une fin heureuse

-Merci mon pote, je l'espère aussi 

-Aller ne te fais pas tuer là-bas camarade (rires), il faut que j’y retourne Khadija m’attends

-Très drôle….. Fais gaffe à ton cœur, trop de plaisir ça tue hein hahaaaa

-C’est ça moques toi idiot, bon courage soldat

-Bien de choses à Khadija, bye


Quelques temps plus tard à Bissau………..


***Awa Sy

Les médecins ont laissé sortir Habib il y a quelques temps et je l’ai installé à la maison le temps qu’il récupère complètement et qu’il soit en mesure de voyager. Grâce à Dieu sa rééducation se passe très bien et il a très bonne mine, il a un appétit de loup et il mange tout ce qui lui passe sous le nez hahaa un vrai gourmand celui-là. Malaika a pris le relais donc j’ai repris mes activités au cabinet à mi-temps, Leah s’en est très bien occupée et tout se passe bien ; il ne manque plus que Suley, je me fais du souci pour lui mais c’est un grand garçon il s’en sortira inchAllah


Ce soir Malaika et moi nous préparons du lafidi (Recette à base de légumes et soumbara sur du riz blanc) pour le diner comme c’est le plat préféré de Bib, personnellement je n’aime pas du tout mais pour lui faire plaisir je fais un effort. Bib a beaucoup changé et il se comporte bien avec moi, on essaye d’améliorer nos liens d’amitié et jusque-là je ne me plains pas, j’espère qu’on arrivera à maintenir cette nouvelle amitié et sa sœur m’a dit qu’il a promis de ne rien tenter. Parfois j’ai l’impression qu’il a entendu mes paroles quand il était dans le coma mais le  Bib que je connais n’aurait pas hésité à s’en servir pour me faire changer d’avis donc je suis tranquille et puis de toute façon s’il remet ça sur le tapis je nierai tout en bloc par respect pour Suley car c’est lui mon homme à présent 


Pendant que nous étions occupés à dresser la table Bib et moi, quelqu’un a sonner à la porte, comme j’avais donné à Cynthia sa soirée je suis donc allée ouvrir et à ma grande surprise il y avait sur le peron une très belle femme et un jeune garçon qui m'a fait pâlir dèsque nos regards se sont croisés, waouh c'est Suley tout craché...

-Bonsoir, que puis-je faire pour vous ? Dis-je avec un sourire forcé 

-Bonsoir Madame, je suis à la recherche du Général Djamanca Suleyman, on m’a dit qu’il habite ici

-Que lui voulez-vous ?

-Euh….. J’aimerai m’entretenir avec lui, en fait c’est un ami de longue date et on s’est perdu de vue il y a très longtemps. Vous êtes sa femme ?

-Non je suis sa compagne, ne restez pas là entrer s’il vous plait

Elle est entrée, je l’ai conduit à la terrasse et je leur ai offert des boissons à elle et le petit garçon. Je suis en colère contre Suley mais mon éducation ne me permet pas de laisser des gens sur le pas de ma porte donc je vais me contenir

-Je m’excuse pour le dérangement, si Djamanca n’est pas là je reviendrai plus tard, dit-elle

-En fait il est au Mali mais il revient bientôt, je m’appelle Awa et vous ?

-Eva…. Eva Maria Lopès et je vous présente mon fils Djami 

-Ravie de faire votre connaissance, c'est un beau garçon votre petit

-Oh merci. Il faut vraiment que je parle avec Djamanca c’est urgent, vous pouvez me donner son numéro s’il vous plait ?

-J’aimerai bien mais il est dans une zone sensible donc ils utilisent rarement le téléphone alors s’il y a un problème vous pouvez m’en parler je lui transmettrai le message

-Non je préfère attendre son retour, ça ne concerne que lui

-Ok comme vous voudrez

-Au revoir et merci de nous avoir reçus

-Il est au courant ? Dis-je en lui ouvrant la porte

-Je ne sais pas de quoi vous parlez dit-elle en pressant le pas

-Pour le petit je veux dire, parce que je n’ai pas besoin qu’on me fasse un dessin pour savoir que ce garçon est bien le fils de Suley

-Euh…… Euh…… Laissez moi vous expliquer 

-C’est bien ce que je croyais, dis-je en lui claquant la porte au nez



Je me suis précipitée dans la cuisine et je suis restée là évasive a penser à Suley car jamais je n'aurai imaginer qu'ilpuisse me cacher une telle chose et je suis sûre que la raison pour laquelle elle s’est pointée ici en pleine nuit c’est bien pour le petit ou pour lui dire qu'elle en a marre de rester dans l'ombre, non mais elle est culottée celle là!  Je suis confuse car Suley ne m'a jamais donné de raison de douter de lui et puis Saïd m’en aurait parlé mais bon je vais garder mon calme et attendre son retour, il va m’entendre celui là….  J'étais tellement confuse que je n'ai pas remarqué la présence de Bib derrière moi

-C'était quoi ça?  Ne me dis pas que cet imbécile a omis de te parler de son fils, parce que je ne suis pas dupe Awa, il n'y a qu'à voir le petit pour s'en rendre compte 

-Je n'ai pas envie d'en parler, alors s'il te plaît ne t'en mêle pas. J'ai besoin de tout sauf ça dis je au bord de l'effondrement 


Pour toute réponse, il m'a pris dans ses bras et il m'a serré très fort. Nous sommes restés ainsi pendant un bon moment puis je me suis dégagée de son étreinte, à cet instant nos regards se sont croisés, l'air s'est chargé d'un coup, mon coeur s'est affolé, mon estomac s'est noué, il me fait toujours cet effet là mais depuis son arrivé dans cette maison j'évite de me retrouver seule avec lui car je sais que je ne peux pas lui résister. Je me suis reprise et j'ai tourné les talons, Bib m'a aggripé par la main puis il m'a embrassé avec fougue, j'ai répondu à son baiser, c'était toride, l'atmosphère s'est chargé d'électricité... il en voulait plus et moi aussi je le désirais mais ma conscience me le reprochait alors je l'ai giflé et j'ai couru m'enfermer dans ma chambre. J'ai eu ma dose d'émotions pour cette nuit, d'abord la maîtresse de Suley et ensuite ce baiser.... franchement je sens que je vais perdre pied 


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Bonne fin de semaine 

Bisous bisous.....


  

Bel Ébène