Chapitre 39: Le plat de la destinée

Ecrit par Plume Inspirée

Chapitre 39: Le plat de la destinée


Quand mon regard avait croisé celui de ma mère, j’avais compris c’était quoi l’amour. Avoir le remord de retenir un tort à celui qui avait tort, avoir de la peine à la place de la colère, avoir toutes les raisons d’en vouloir à quelqu’un mais désirer cependant son bien de tout son cœur. Lorsque les yeux de ma mère avaient croisés les miens, j’avais envie de la serrer dans mes bras et de lui dire viens à Christ car le chemin que tu as emprunté c’est la mort...


Je m’étais cependant contenté de sourire avant de dire


- Bonjour maman tu vieillis!


Ma mère avait un regard plein d’amour , ce regard en fait elle ne l’avait que quand elle nous regardait. Depuis toujours ce regard plein d’influence et même de méchanceté pour d’autres étaient pour nous un regard plein d’amour. C’était comme ça que nous avions grandis, là où nos cousins qui venaient à la maison trouvait notre maman trop strict et trop superficielle, nous lui trouvons toutes les qualités du monde. Elle avait posé le même regard sur moi aujourd’hui encore.


- Tu es rentré depuis quand?


M’avait-elle dit en me serrant dans ses bras.


- Deux semaines déjà.


- Et c’est aujourd’hui que tu penses à venir voir ta famille sérieux?


Avait lancé Dominique d’un air froid, maman s’était empressée de couper court à la remarque froide de ma sœur


- Nic dans toutes les familles il y a des différents, ne te comporte pas comme si ton frère n’est pas la bienvenue ici. Brice est autant chez lui ici que Cathy et toi.


- Je n’ai pas dit le contraire maman! Mais je te signale que Brice est parti du jour au lendemain sans faire signe et il t’a fait la tête. Non mais maman est ce que tu te rends compte qu’il est allé jusqu’à te remettre l’argent que tu as investi dans son entreprise. Il revient et tu veux qu’on applaudisse pour lui c’est ça?


- Dominique je te répète que dans toutes les familles il y a toujours des problèmes


Je comprenais la colère de Dominique,  avant j’étais comme elle, ignorant tout je m’en prenais aux mauvaises personnes. Mais je n’étais pas là pour faire revenir Dominique à la raison, j’étais là pour ma mère. Ma patience avait atteint sa limite face aux sarcasmes de Dominique, alors j’avais coupé court à leur discussion d’un ton sévère


- Nic je ne suis pas ici pour toi, tu as le droit de m’en vouloir mais je ne suis pas là pour régler ça avec toi. Je suis là pour maman.


- Ouais c’est ça!


Elle avait quitté la pièce en colère pour se diriger vers le couloir. Cathy qui était assise sur l’un des fauteuils avait les yeux pleins de larmes. Rien qu’en voyant Cathy si triste je me rendais compte de combien de fois tout ceci l’affectait.


- Cathy ma puce je suis désolé que tu assistes à ce genre de scène. Je suis vraiment désolé.


- Ça va je suis contente que tu sois là yaya.


Elle l’avait dit avec un sourire cette fois ci. Maman m’avait invité à m’asseoir. À peine on commençait à parler que Dominique était ressorti au salon. Elle s’était assise à côté de maman.


- Maman tu es ma mère et tu m’as donné beaucoup surtout du point de vue matériel. Je ne nie pas que tu m’as aussi entouré de ton affection. La Bible dit honore ton père et ta mère et je te dois de l’honneur. Si ces derniers mois j’ai manqué de le faire je te demande pardon, pardon pour le nombre de fois où je t’ai vexé par mon silence. De tout mon cœur je te demande pardon. Sans vouloir me justifier je veux quand même t’expliquer que la mort de mon fils est jusqu’ici la plus dure épreuve que j’ai connu. Et cette épreuve m’a forgé mais aussi affermi. Aujourd’hui je peux dire que ça m’a permis de comprendre beaucoup de choses. Dans ces choses j’ai surtout appris de mes erreurs et de mes manquements. Mon erreur principal était de te laisser assumer mes responsabilités à ma place. Tu as fait ta part de mère mais moi je n’ai pas fait ma part avec mon fils et je t’ai laissé des devoirs or ces devoirs t’ont aussi donné des droits.


Je n’avais pas encore fini de parler quand tonton Alfred était rentré par surprise au salon, d’une part j’avais envie de m’arrêter et ne plus continuer car c’était une conversation entre ma mère et moi. Mais de l’autre côté je m’étais souvenu de ce jour où il était venu gaillardement dans mon bureau me bluffer avec l’histoire du contrat, alors je me disais que c’était le Seigneur qui l’avait conduit là aujourd’hui. Il fallait qu’il comprenne lui aussi que je n’étais plus ce poisson dans leur filet. Je savais que ma mère avait compris, je savais que chaque mot que je disais, ma mère l’avait compris. Sans m’arrêter je poursuivais ce que je disais alors que tonton Alfred prenait place.


- Je disais donc qu’aujourd’hui j’ai compris, je suis reconnaissant maman pour ce que tu m’as donné. De tes erreurs j’ai tiré des leçons et de tes exploits j’ai tirés des exemples mais je pense qu’il est temps que je prenne mon envole. Je veux organiser ma vie par moi même, je suis ton fils oui mais maintenant je suis un père de famille et je ne veux plus avoir affaire à toi, pas dans un mauvais sens hein. C’est juste que je pense que tu en as assez fait. Je t’aime oui, c’est clair mais je suis un homme, un chef de famille et je me dois de ne plus être sous les pieds de qui que ce soit si ce n’est de l’Eternel. Je te respecte oui mais je ne me dois plus de redouter la réaction de qui que ce soit quand je veux faire quelque chose si ce n’est de l’Éternel lui même. Si j’ai été si silencieux c’est parce que je n’ai pas su digérer tout ce que la mort de Junior m’a enseigné maintenant je vais bien. Je vais même très bien maman.


Les yeux de ma mère étaient remplis de larmes, mon cœur était serré, c’est vrai que ma mère n’était pas ce genre de maman au grand cœur dont tout le quartier disait du bien mais cette femme je l’aimais beaucoup. Je ne cessais de me poser la question de savoir comment elle en était arrivée là, l’amour de l’argent? La soif du pouvoir? L’ignorance? Les mauvaises compagnies? Comment une mère en était arrivée à hypothéquer ainsi ses propres enfants. Ayant quitté le fauteuil où j’étais assis, je m’étais mis à genoux devant ma mère, je ne sais pas comment cette idée m’était venue mais je me souvenais que je l’avais fait il y a deux semaines pour mon père. Pour lui demander de me pardonner d’avoir porté main sur lui, alors là devant ma mère je me disais qu’elle aussi méritait ce respect malgré ses failles. Car il fallait être sincère mon père n’avait pas été présent pour ma soeur et moi pourtant je l’aimais tant. Comment pouvais je détester ma mère qui avait été là? Était ce le Saint-Esprit qui avait réussit son travail sur moi pour que je sois à nouveau à mesure de ressentir tout cet amour dans mon cœur pour ma mère? Je ne savais le dire mais une chose était sûr, je n’avais pas cessé d’aimer cette femme, et je venais de m’en rendre compte.


- Maman daigne me pardonner mais surtout tu es obligée d’accepter que j’ai grandi c’est d’ailleurs ce que tout bon parent recherche.


- Lèves toi Brice, tu n’as pas besoin, je ne t’en veux pas mais je voulais vraiment être rassurée que j’avais encore une place dans ton cœur, et aujourd’hui je ne peux pas te dire beaucoup sur ce que je ressens. Merci mon fils merci beaucoup pour cette marque de considération.


Sans le vouloir alors que je m’étais levé pour serrer ma mère dans mes bras, mon regard avait croisé celui de tonton Alfred. Sa mine en disait long sur ce qu’il ressentait, il savait que ma mère et lui avaient perdus mais en même temps je savais que mère et lui n’allaient pas s’arrêter là. Quelque chose au fond de moi me poussait à croire que Dominique et Cathy couraient à leur tour un grand risque. J’avais serré ma mère très fort, Cathy s’était levée et avait rejoint ce câlin puis c’était au tour de Dominique. Ma petite expérience avec le Seigneur m’avait enseigné que l’amour était une arme que le diable ne pouvait pas comprendre, alors je savais que ni ma mère ni tonton Alfred n’avaient vu ce jour arriver, ma réaction face à chaque coup que j’avais reçu depuis ces années était une réaction imprévisible pour eux. Moi je répondais par l’amour et eux ils étaient troublés même s’ils ne pouvaient pas le dire tout haut.


Tonton Alfred s’était levé pour sortir, il était sortit se mettre à la véranda. Les minutes qui suivaient on parlait déjà de ma dot avec mes sœurs et maman, puis maman était sortit rejoindre son amant.


- Je suis désolée de t’avoir fait la tête comme ça mais tu dois comprendre que je pouvais pas épauler le fait que tu fasse autant souffrir maman


- Tu sais Nic la vie peut être comme un puzzle parfois c’est au fur et à mesure  qu’on place des pièces, qu’on comprend le rôle des pièces précédentes et surtout qu’on commence à avoir une idée claire sur l’image finale. En avançant tu comprendras.


Dominique n’avait pas saisi ce que je venais de dire, rien que sa réponse suffisait pour en conclure,


- J'ai déjà compris t’inquiète. Ça n’a pas été facile de perdre ton fils et je sais que parfois pour faire le deuil certains ont besoin de se couper du monde, maman ne cessait de me le dire tout le temps quand je me plaignais de ton comportement mais je ne sais pas comment la colère me poussait à continuer à t’en vouloir malgré tout. Mais ce que tu as fait aujourd’hui a augmenté l’admiration que j’ai toujours eu pour toi, Camille à la chance d’avoir un mari comme toi.


- J’ai la chance d’avoir une femme comme Camille tu veux dire?


- Bon ok vous avez la chance de vous avoir


On avait éclaté de rire. Après avoir papoté encore quelques temps avec mes sœurs, la femme de ménage avait fait la table et nous étions passés à table tous les trois. Maman était toujours à la véranda avec tonton Alfred. Près d’une heure plus tard, je prenais congé de mes sœurs qui m’accompagnaient à l’extérieur.


- Bah moi je vais rentrer hein


J’avais dit à l’intention de ma mère et de tonton Alfred qui était froid je dirais même glacial avec moi.


- D’accord mon chéri. La semaine prochaine j’ai réunion avec tes tantes pour les histoires de ta dot là, bien des choses à Camille la mère et la fille.


Ma mère s’était levée en le disant, tonton Alfred était resté assis sans dire un mot, je sentais que ma mère était gênée mais à vrai dire c’est comme je venais de lui dire, j’avais pris mon envole alors elle ne devait pas se sentir obligée de se placer entre son amant et moi. Pour aider ma mère à se détendre j’avais fait un sourire en m’adressant directement à tonton Alfred


- Tonton Alfred c’est sûr qu’on se verra seulement à la dot parce qu’avec toutes les courses que j’ai et déjà que tu es un homme rare!


Il ne s’était même pas gêné de faire un sourire qui à vue d’œil n’était pas sincère. Mais au moins c’était déjà quelque chose me disais-je au fond de moi.


- Ok bien des choses à ta famille!


Ma mère et mes sœurs m’avaient accompagné à ma voiture, après les aurevoirs j’avais mis en marche le moteur. Ma voiture qui quittait la devanture de chez ma mère, me rappelait encore que je venais de quitter pour toujours ma mère. Je me souvenais encore de ce que Papa Daniel m’avait dit ce jour à l’aéroport,


- Souviens toi Brice celui qui quitte son père et sa mère pour s’attacher à sa femme ce n’est pas un garçon mais un homme.


Je revoyais son sourire ce jour à l’aéroport puis il avait ajouté


- Un homme c’est celui qui a assimilé toutes les leçons apprises aux côtés de ses parents. Bons ou mauvais les parents on forcément des leçons à nous apprendre. L’une des qualités d’un homme qui le diffère d’un garçon c’est qu’il sait que reconnaître son tort ne le rabaisse pas.


C’était par ce souvenir de la voix si instructive de papa Daniel que j’avais compris où il fallait que je me dirige avant de rentrer à la maison.


... Quelques minutes plus tard j’avais garé là, devant cette parcelle. Rien n’avait changé ici. J’étais descendu de ma voiture. Ce monsieur était tout ce qu’il y avait d’influent, même si derrière ces airs influents se cachait un homme très ouvert.


Mon beau père était assis sur une chaise à la véranda, avec à sa main un journal. En me voyant franchir le portail, il avait baissé ses lunettes comme pour mieux sculpter mon apparence du regard. Ce geste m’avait donné une envie soudaine de faire demi tour, parce qu’il n’avait accompagné cela d’aucun sourire.


- Bonsoir papa!


- Ah te voilà enfin qui revient? Tu sais en te voyant venir là je me suis posé une question est ce que j’ai bien fait de finalement céder aux négociations de ton père? Et tu sais pourquoi je me suis posé cette question?


- Non papa!


Je répondais debout là devant lui. Il poursuivait son discours sans dénier me proposer de prendre place, pourtant il y’avait deux chaises juste à côté de lui.


- Parce que je me suis souvenu de la première fois où tu es venu chez moi, tu étais sois disant un bon ami à ma fille, je t’avais proposé une bonne bière , je ne sais pas si c’est normal mais cette fois là tu avais la même apparence qu’aujourd’hui. L’apparence d’un homme bon et très responsable. Un autre jour tu es revenu me demander la main de ma fille, tu avais exactement la même apparence que tout à l’heure et là tu es encore revenu avec la même apparence. L’apparence d’un homme à qui on peut faire confiance les yeux fermés, mais pourtant entre toutes ces fois là et aujourd’hui tu as démontré toute ton irresponsabilité. Finalement en te voyant là devant moi je me pose beaucoup de questions, mais la principale reste celle de savoir si je ne me suis pas trompé en te faisant confiance cette fois encore?


Je ne savais pas si c’était une question ou une affirmation, je ne savais quoi dire, j’avais envie de m’assoir même au sol parce que mes pieds commençaient à manquer d’équilibre. Je ne savais plus si c’était une bonne idée d’être venu affronter ce papa là tout seul. Silencieux mais derrière mon silence il y’avait beaucoup de souhait, parmi les quels, « Seigneur faites qu’il me propose de m’asseoir au moins! »


Mon beau père avait déjà lancé la liste de toute ce qu’il me reprochait quand  sa femme était sortie de la maison,


- Oh bokilo (c’est comme ça qu’on appelle le gendre au Congo) tu es là?


- Oui maman


J’avais répondu avec un sourire timide et gêné.


- Mais papa toi aussi tu reçois le beau fils debout comme ça pourquoi? C’est un enfant même si il y a des problèmes il faut les régler dans la paix, en plus de ça il t’a donné une petite fille


- Je n’ai pas dit le contraire mais il ne faut pas aussi oublier que cette petite fille là c’est ma fille qui a failli laisser sa vie pour me la donner voilà!


- Ah je ne suis pas d’accord avec toi, Papa Brice prends place.


J’hésitais entre accepter l’invitation de la femme où rester debout et attendre que le mari m’autorise à m’asseoir. Heureusement pour moi, le père de Camille avait changé d’avis


- Vas y prend place!


Je m’étais assis, sa femme aussi s’était assise là avec nous


- Donc je disais que si une personne abuse de la confiance qu’on lui accorde ça devient difficile de le lui accorder encore une deuxième fois, et c’est ce qui arrive entre toi et moi. Tu es parti sans dire mot, tu n’es même pas venu me voir pour me dire voilà papa je reproche ceci ou cela à ma fiancée alors que je t’avais reçu ici chez moi je t’ai fait confiance. Aujourd’hui que tu as une fille un jour tu comprendras pourquoi je suis dur avec toi. Si jusqu’ici j’ai donné le peu que j’avais pour que ma fille soit éduquée dis toi que je ne sauterais pas à la première occasion pour m’en débarrasser, je ne suis pas ce genre de père. Camille a sa place ici, ma fille ne dormait pas dans le rue hein Mr Taty!


- C'est vrai papa tout ce que vous avez dit! Et je ne peux pas me justifier tout en sachant que j’ai tort. Mais je veux vraiment vous demander une deuxième chance non pas pour que je réapprenne à aimer ma femme, non! Car je l’aimais depuis et je n’ai jamais cessé de l’aimer mais cette deuxième chance que je demande c’est pour vous montrer que vous n’avez pas eu tort de me recevoir ici la première fois que je suis venu.


- Mais de toutes les façons la date a déjà été retenue donc c’est comme si je t’avais déjà accordé cette fameuse deuxième chance hein, même si je garde mes doutes sur toi


- Justement papa je suis ici aujourd’hui comme un fils qui veut regagner la confiance d’un père. Je veux que vous m’ouvrez à nouveau votre cœur et que vous levez tout le doute que j’ai créé. Je sais que c’est très audacieux de ma part de faire une telle demande mais je vous en prie papa. Je sais combien vous comptez pour ma femme et je ne serais pas heureux ce jour là de notre dot tout en sachant que vous avez des réserves à mon sujet.


Au fur et à mesure que la conversation suivait son cours, je sentais que mon beau père baissait la garde. Et plus je le sentais, plus je reprenais confiance en moi. Le regard encourageant de sa femme aussi contribuait à me donner un peu plus de courage. Telle une mère, elle m’encourageait du regard chaque fois que je parlais.


Après un long moment, mon beau père m’avait enfin demandé quelle bière je voulais prendre


- Du jus papa, je ne prends plus la bière


- Noooon mon fils ne me dit pas que tu as suivi les histoires de Cynthia et Camille là!


Je souriais, j’étais content de retrouver l’homme bon qui se cachait derrière cet homme strict.


            ...........


Quelques heures plus tard, j’étais de retour à la maison, j’avais garé dans la parcelle mais je restais un moment dans ma voiture, le souvenir de ce jour au secrétariat, ce premier jour où j’avais rencontré cette jeune femme au sourire énigmatique au regard attendrissant, cette femme si serviable qui n’avait pas hésité de me rendre service. Je me souvenais encore de ce jour où elle était venue en bus jusqu’au salon de l’entrepreneuriat me déposer la bâche publicitaire. Je me souvenais de ce soir où elle avait réagit à mon statut.


Comment moi, un homme qui ne voyait aucunement l’importance du mariage avait tout d’un coup changé ces idéaux? Ma réponse était un prénom, la réponse était le sourire d’un matin, la réponse était Camille. Camille était le genre de personnes qu’il fallait rencontrer pour atteindre ma destinée. J’essayais de m’imaginer si je ne l’avais jamais rencontré.


Là dans ma voiture, j’essayais de me représenter le scénario selon lequel je n’étais pas tombé sur Camille ou encore si j’étais tombé sur elle mais j’avais ignoré son sourire. Un seul mot traversait ma tête: FAVEUR. J’avais été favorisé, favorisé de rencontrer Camille. Une vraie aide semblable cette jeune femme avait été. Ça aurait pu être Désira ou même ça aurait pu être Nadia,... mais ça n’avait été ni l’une ni l’autre c’était Camille.


Les Camille savaient voir au delà de ce que tout le monde voyait, les Camille savaient aller chercher auprès de Dieu ce qu’elle voulait. Les Camille avaient compris que peu importe le profil qu’elles pouvaient avoir, qu’elles soient belles ou pas, intelligentes ou pas, riches ou pas, cela n’avait pas plus d’importance que leur identité d’enfant de Dieu car d’ailleurs même la bible le disait, « Mais la femme qui craint l’Eternel est celle qui sera louée »...


Ma vie m’avait enseigné beaucoup de choses, là assis dans ma voiture, je me demandais si Nadia avait été aussi sage que Camille peut être que Junior serait encore en vie, peut être qu’aujourd’hui j’allais me marier avec elle. Combien de jeunes femmes n’étaient pas comme Nadia, elles passaient à côté de la vérité sans la regarder en face, elles préféraient fuir espérant que quelqu’un d’autre fasse le travail à leur place et elles envisageaient alors être récompensées quand même...


Ou encore Désira, ça aurait pu être Désira aujourd’hui, mais à cause de sa superficialité, elle était juste prête à me détruire pour obtenir le mariage surtout le mariage avec un homme riche peu lui importait que cet homme travaille pour acquérir sa richesse ou qu’il se pose juste comme un paresseux et attend tout recevoir de sa mère... Combien de Désira ne courraient pas les rues? Des jeunes femmes qui étaient prêtes à tout pour être dans un foyer, pourtant elle n’était même pas prête au contentement, encore moins prête à aider ces hommes à avancer vers leur destinée. Des jeunes femmes qui étaient prêtes à vendre leur fiancé aux loups s’il le fallait juste pour pouvoir avoir de quoi acheter le dernier sac Louis Vuitton ou le dernier rouge à lèvres Mac, des jeunes femmes qui à force de pression ne laissaient pas à leur fiancé le droit de décider sur leur mariage, des jeunes femmes prêtes à tendre des pièges pour amener des hommes à demander leur main?


Transporté dans mes pensées, c’était le message d’Alice qui avait répondu à toutes mes questions,


«C'est le Seigneur qui dirige la vie des hommes. Comment un humain comprendrait-il où le mènent ses pas?»

‭‭Proverbes‬ ‭20:24‬ ‭BFC‬‬

Je suis très content pour vous, Cam’s m’a dit ce matin que la date a été retenue pour la dot et en méditant je suis tombé sur ce passage de Proverbes et j’ai tout de suite pensé à toi, je me suis dit sûrement que tout ce qui est arrivé jusqu’ici, a été un chemin que notre Dieu t’a fait emprunté. Je t’aime!


« Amen, je t’aime aussi Ali »


J’avais ma réponse, ça aurait pu être Désira? Ça aurait pu être Nadia? Mais c’était Camille, chercher à comprendre tout ce qui s’était passé ces deux dernières années dans ma vie, n’était pas aussi important que ça. Parce que ce n’était pas à moi de comprendre comprendre où me menaient mes pas?


Nadia avait échoué, Désira était passée à côté, ma mère avait fait le mauvais choix, j’avais perdu mon fils... j’avais eu mal ces derniers mois, très mal même... Mais tout ceci faisait un plat, le plat merveilleux et succulent que l’Eternel avait cuisiné pour moi lui même, chaque condiment pris à part n’avait pas été bon à manger mais pris dans l’ensemble c’était un très bon plat, le plat de ma destinée.


Après une trentaine de minutes dans ma voiture, j’étais descendu enfin, je marchais de ma voiture vers le salon, en marchant je savais une chose, rien ne pouvait plus jamais me séparer de l’amour de mon Dieu. Je lui appartenais et cela était désormais sans condition. À peine je franchissais le salon, que les cris de Camille qui riait aux éclats à je ne sais quelle histoire que Doras lui racontait, et de l’autre côté ma fille qui se renversait une bouteille d’eau minérale sur le corps sans que sa mère et sa tante ne s’en rendent compte, ce tableau avait suffit pour que je ressente un bonheur profond, je souriais seul avant de lancer


- Vous riez aux éclats alors que la petite se renverse une bouteille d’eau sur le corps sérieux?


Notre fille en me voyant arriver était venue se serrer contre mes pieds


- Ooooooh mon cœur comment tu peux gaspiller une bouteille d’eau comme ça ? Non mais toi la fille là!


Lançait sa mère qui s’était levée pour prendre la serpillière tandis que Dorcas s’était précipitée de prendre la petite pour la changer.


J’avais rejoint la chambre, pris une douche et j’avais enfilé mon pyjama, j’avais eu une assez longue journée j’avais besoin d’un peu de calme, je m’étais alors allongé dans le lit. Camille venait de me rejoindre.


- Hum tu as les tactics d’un homme qui a des choses à cacher toi!


- Genre?


- Tu sors depuis le matin, tu n’as même pas le temps de faire un texto pour dire que tu vas bien et tu rentres tu enfiles déjà ton pyjama


Elle le disait avec tellement d’humour que je ne pouvais pas m’empêcher de rire très fort


- Camille!


Je la regardais comme si je ne l’avais jamais vu depuis, Camille était très belle, je l’aimais sincèrement


- Pourquoi tu me regardes comme ça?


S’était-elle écriée comme pour se défaire de mon regard.


Je m’étais levé du lit, j’avais avancé là où elle était, ayant pris sa main, je m’étais agenouillé d’un pieds alors que je gardais l’autre pieds dans la position debout, Camille avait fermé ses yeux comme si elle refoulait cette scène.


- Je sais que tu sais déjà que nous allons nous marier dans quelques jours, je sais que ce que je fais en ce moment n’a pas de sens, je sais aussi que je n’ai pas de bague de fiançailles car je n’ai pas prévu faire ce que je suis en train de faire là en ce moment. Mais je me dis qu’une femme aussi spéciale que toi mérite le « veux tu m’épouser » selon les règles de la romance.


- Briiiiiice!


S’était-elle écriée avec une voix tremblante et des larmes plein les yeux


- Chut laisse moi finir Camille. Laisse moi finir, Tu es une femme exceptionnelle, tu es très belle, tellement remplie de bonté mais surtout cette crainte de Dieu que tu as, te rend encore plus spéciale. Je ne sais pas si ça aurait été possible sans toi, je ne sais pas si ma vie devait avoir un sens sans toi, j’ai essayé d’imaginer ma vie sans toi et franchement, elle aurait été une vraie pagaille, elle n’aurait eu aucun sens. Camille merci d’avoir souri ce jour au secrétariat, car ton sourire était le début de la plus belle histoire, ton sourire était comme une boussole qui devait me mettre sur le chemin de ma destinée. Camille merci, merci pour tout. Camille Mahoungou Dame Pain citron, veux tu m’épouser tout en sachant que je n’ai pas de bague de fiançailles là!


Elle souriait, mais ses yeux étaient remplis de larmes


- Brice si tu me le demande mille fois je dirais oui mille fois. Oui je le veux.


Je m’étais relevé pour la serrer très fort dans mes bras, j’avais envie de prolonger ce temps où je l’avais serré très fort, car ça me rappelait ce que je venais de promettre à son père, je venais de promettre à son père que je protégerais Camille et jamais je ne ferais des choses dans l’intention de la faire souffrir.


- Bon viens je te raconte ma  longue journée que tu suspectes cacher quelque chose


- Hum c’est sans intérêt tes justifications, finalement j’ai changé d’avis j’aime bien cette journée longue et énigmatique que tu as passé parce que apparemment ça m’a donné droit à une scène romantique comme quoi  toute chose concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein.


Elle m’avait pris par la main pour m’attirer vers la porte de la chambre


- Viens la table est prête!


Installés à table avec Camille je résumais tout à ce passage qu’elle avait cité tout à l’heure;


«Nous savons, du reste, que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein.»

‭‭Romains‬ ‭8:28‬ ‭LSG‬‬


Car en effet si l’on prenait chaque événement à part ça pouvait faire mal. Par exemple perdre mon fils, ou savoir que ma mère était dans des pratiques pas bien,... Mais pourtant Dieu m’avait fait beaucoup de bien ces derniers temps et il me promettait qu’il n’allait plus cesser.


Camille avait ouvert la soupière pour me présenter ce qu’elle avait préparé c’était du riz préparé à la manière ouest africaine avec de la viande. Dès la première bouchée j’appréciais le goût de ce plat, il était tellement bon... Le Saint-Esprit utilisait ce moment pour m’enseigner. Ce plat, il avait certainement du poivre, de l’oignon, du piment, du riz,... Si on m’offrait du riz cru, le manger n’allait pas être une partie de plaisir, le poivre pareil ou même le piment tout cru l’effet allait être le même, pas bon à savourer. Mais pourtant avec à sa disposition du temps, ma femme avait mélangé tout ça pour faire un si bon plat, c’était ce que le Seigneur avait fait jusqu’ici pour ma vie. Les événements pris à part avaient été difficiles à digérer mais pris ensemble, c’était là que le Seigneur m’amenait. Comme avait su le dire Alice tout à l’heure dans son message: comment un homme comprendrait-il où le mènent ses pas?

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