Chapitre 4

Ecrit par EdnaYamba

Chapitre 4

Mélanie BOMO

Il se fait tard. Il est temps pour moi de rentrer chez moi. La journée avec la maman d’Antoine  a été fructueuse. J’en ai appris des choses sur Antoine, ce qu’il aime, ce qu’il n’aime pas et surtout je me suis faite une alliée. Elle m’a confiée que c’est avec une fille comme moi qu’elle aimerait voir son fils. Ça m’a réjoui.

Tu veux gagner le cœur d’un homme, mets-toi sa famille dans la poche.

BOUMI, ne me verra pas venir. J’avancerais lentement mais surement. Et quand je mordrais il ne jurera plus que par moi. Parole de Mélanie.

Le voilà qui rentre de je ne sais où, j’ai passé toute la journée là mais apparemment dès qu’il m’a vu ici le matin, il est parti. On auarait dit le diable était dans sa maison.

Il m’évite, mais ça ne sera plus pour très longtemps.

-         Maman Georgette, je vais rentrer ! demain je viendrais t’aider quand tu iras en brousse. Annoncé-je

-         Ma fille, tu es vraiment brave. BOUMI, dit-elle à son fils, va raccompagner Mélanie chez elle, il se fait tard elle ne peut pas rentrer seule !

-         D’accord maman.

Nous nous engageons sur la voie. Il n’a visiblement pas envie d’être seul avec moi à en juger l’expression de son visage ; je ne comprends pas pourquoi il ne veut même pas essayer avec moi et pourtant il est célibataire.

-         Je peux rentrer seule, si ça te dérange autant retourne ! lui dis-je

-         Je vais te raccompagner jusque devant chez toi, comme l’a demandé maman.

Qu’est-ce qu’il est énervant ! On avance à une bonne distance l’un de l’autre, en silence. Il presse le pas

-         Tu pourrais faire un peu vite Mélanie ?

-         Je suis fatiguée, je ne compte pas me pressée parce que je ne sais où tu veux aller !

Il pestifère.

-         Ecoute Mélanie, je ne sais pas quelle idée tu as en tête , mais sincèrement je préfère te le dire, il ne passera rien entre nous

-         Je ne vois pas pourquoi BOUMI, donne-moi une bonne raison de me dire que je ferais mieux de te laisser, une seule bonne raison, le défié-je, en le fixant.

Il semble agacé. Mais je m’en fous, je l’aurais à l’usure.

-         J’aime quelqu’un d’autre !

J’ai ressenti comme un coup de poignard. Il aime quelqu’un d’autre, qui est cet autre ? Je ne peux pas aussi facilement l’accepter. Il ment, il dit juste ça pour que je m’éloigne. Je suis sûre. S’il avait quelqu’un Ghislain, le saurait, ils sont assez proches. Il ment.

-         Si tu veux que je te croie, dis-moi qui c’est ?

-         Je ne peux pas te le dire, mais plus sérieusement Mélanie, tu es une belle fille, je suis sûr qu’il y a beaucoup qui veulent de toi, tu devrais regarder de ce côté- là….

-         Ne me dis pas ce que je dois faire ! le coupé en colère. J’ai décidé que c’est toi et ce sera toi BOUMI ! tu peux rentrer chez toi !

J’ai couru jusqu’à la maison qu’on apercevait au loin pour aller me réfugier dans ma chambre, verte de colère ; s’il me trouve assez belle pour d’autres pourquoi ne le suis-je pas pour lui ? Est-ce une façon de se moquer de moi ? Jusqu’à ce que je sache qui est cette fille, je ne laisserais rien et même quand je saurais qui c’est, je ferais tout pour l’éliminer de l’équation, j’ai dit que c’est BOUMI que je veux et je l’aurais !

Je prends l’oreiller pour étouffer mon cri de colère.

 Calme-toi Mélanie ! , me répété-je, calme-toi !

Je souffle, je respire, je souffle. Il a vraiment réussi à me mettre en colère.

J’ai besoin d’aller prendre de l’air…

Antoine BOUMI

J’espère cette fois-ci que le message est passé et qu’elle a compris. J’ai été tenté de lui dire que je suis amoureux d’Isabelle quand j’ai vu qu’elle a douté de mes dires mais je me suis ravisé. Elle a déjà eu des problèmes aujourd’hui, je ne veux pas lui en rajouter d’autres.

Je me dirige vers notre lieu de rendez-vous, en espérant qu’elle vienne. Quand j’arrive, elle est déjà là. Mon cœur fait un bond à l’intérieur de ma poitrine. Qu’est-ce que je suis vraiment amoureux de cette fille ! Je m’approche.

-         Ça va ? lui demandé-je.

Elle me regarde, ses yeux brillent.

-         Je suis habituée, je crois, on me fait mal de tous les côtés, quand ce ne sont pas les gens du village c’est toi…

Elle a raison, je lui ai fait du mal ces derniers temps. Je ne suis pas meilleur que ces gens qui l’embêtent, moi qui lui avais promis que je ne serais jamais une cause de tristesse.

-         Je suis désolé Isabelle, tellement désolé, j’ai parlé sans réfléchir la dernière fois !

-         Il parait que c’est dans de tels moments qu’on dit vraiment ce qu’on pense, BOUMI, dis-moi tu ne veux plus de moi ?

J’ai l’impression que l’épisode de ce matin, l’a beaucoup affectée. Elle me regarde résolue, attendant ma réponse.

-         Isabelle je t’aime ! avoué-je , ce que j’ai dit la dernière fois ce n’était que des paroles en l’air, la pression…

-         La pression ne finira jamais BOUMI, c’est ainsi il faut l’accepter alors si tu ne sens pas capable de le supporter, tu peux partir…

C’est dur d’entendre ses paroles de sa bouche. Je m’approche d’elle.

-         Isabelle, je ne vais nulle part ! lui dis-je. C’est toi que je veux !

C’est elle que je veux. Il n’y a rien dont je sois aussi sûr que cette vérité. Isabelle MOUKAMA est la seule femme qui fait battre mon cœur. Elle m’a marqué de son sceau que je ne trouve plus aucune femme désirable, belle ou digne de mon attention.

 Je prends son visage entre mes mains.

-         Isabelle. C’est toi que je veux, si tu ne voulais plus de moi aujourd’hui je serais malheureux et je finirais certainement seul. Oui je sais qu’il y aura des oppositions mais je les affronterais !

C’est décidé. Que ma famille le veuille ou pas, ils auront Isabelle pour belle-fille, une fois que j’aurais les moyens pour me présenter devant sa famille, ils n’auront pas d’autres choix que de me suivre. Je sais déjà que je m’attirerais leurs foudres mais je refuse d’être malheureux pour une histoire stupide. Parce que je serais malheureux loin d’elle, déjà c’est dur de penser que je passerais toute l’année en ville loin d’elle, je n’ose pas imaginer ce que c’est de ne plus la toucher, la sentir, définitivement.

Et quand nous faisons l’amour-là, j’en suis encore plus convaincu. C’est elle que je veux.

                                                        ***

Un peu plus tard

-         Donc c’est lui qui a pris notre défense, m’explique Isabelle qui me raconte ce qui s’est passé le matin. Tu te rends compte il m’a dit que je pourrais amener mamie, elle sera la priorité.

-         C’est vraiment gentil ! lui dis-je, mais fais attention tout de même !

Elle tique.

-         Tu es jaloux ?

-         Non, mentis-je, c’est juste que tu ne le connais pas vraiment, il serait prudent de ne pas être naïve.

-         Arrête tu crois que tout le monde est méchant comme vous !

-         Tu vas continuer à m’assimiler à tout le village ? lui dis-je, fâché.

Qu’elle dise comme « vous » est vexant, à ce que je sache, je ne lui ai jamais fait aucun mal même avant d’en être amoureux ; je me contentais juste de ne pas la fréquenter mais jamais je ne me suis moqué d’elle, ni ne l’ai insulté comme les autres. Alors son « vous » me dérange. Les gens du village sont méchants mais au moins elle sait déjà à quoi s’attendre avec eux, mais un inconnu ? Il a pris sa défense et alors ?

-         Je suis désolée, s’excuse-t-elle. Mais je crois qu’il est gentil c’est tout. comment ne pas l’être après avoir assisté à comment je me suis faite maltraitée ?

Elle a raison. N’importe qui de sensé aurait intervenu, et les aurait pris en pitié. C’est la jalousie qui me qui me pousser à en douter. Surtout que je l’ai trouvé jeune, beaucoup trop jeune, la proximité et la nouvelle amitié qui pourrait se développer entre eux, me dérange !

-         C’est rien ! dis-je, c’est moi qui suis jaloux !

-         Tu n’as pas à l’être, je t’aime BOUMI ! ça va encore dur de te quitter aujourd’hui …

-         Tiens, dis-je en lui donnant mon bracelet, comme ça tu penseras à moi !!

Elle m’embrasse.

Puis nous entendons du bruit. Comme si quelqu’un se rapprochait.

D’habitude à cette heure, il n’y a personne. Isabelle s’échappe alors que je reste là.

-         Qu’est-ce que tu fais là BOUMI ?

C’est la voix de Ghislain.

Il est accompagné de Gnomba.

-         Tu étais avec qui ? me demande l’autre. On a entendu des pas qui s’éloignaient.

-         Avec personne, c’est certainement un animal que sais-je ?

Ils me regardent suspicieux. Tant qu’ils n’ont pas vu Isabelle, tout va bien !

-         BOUMI tu étais avec une femme ! rit Ghislain. Ah quand je vais le raconter aux gars demain ?

-         Ferme ta bouche Ghislain, et occupe-toi de tes affaires ! bien bonne nuit !

Je me lève en prenant le chemin de la maison.

Ils vont spéculer sur qui ils veulent mais tant qu’Isabelle est sauve. Ça va !

 

 

Isabelle MOUKAMA

J’accompagne Mamie à la caravane.

Quand le docteur nous voit arriver, c’est avec sourire qu’il nous accueille. Il l’examine et avec leurs machines, ils lui font passer des examens.

Quand ils finissent, il nous dit que les résultats seront prêts d’ici demain.  

-         Merci mon fils, lui dit mamie, j’enverrais Isabelle vous donner des tubercules et des feuilles de manioc !

-         Merci mamie, lui dit-il, Isabelle n’oublie surtout pas d’apporter mes tubercules et feuilles de manioc !

-         Ne vous inquiétez pas Docteur.

-         Et puis après avoir déposé mamie, reviens stp j’ai besoin de toi !

Quand nous rentrons à la maison, la cousine de mamie est là. Elle est venue chercher Mireille. Je regarde ma sœur faire son petit bagage le cœur serré, ma petite sœur s’en va. Avec qui vais-je encore discuter ? Je cache mes larmes pour ne pas rendre la séparation plus difficile qu’elle ne l’est déjà. Je sais qu’elle sera bien là où elle va, enfin je l’espère. De toute façon rien ne sera pire que vivre la stigmatisation de ce village. Alors que mamie discute avec sa cousine, je m’approche de Mireille dont les yeux sont pleins de larmes pour essayer du mieux que je peux de la rassurer. Lui promettant qu’un jour, tout ira pour le mieux. Mamie l’appelle. C’est la partie la plus douloureuse, mamie pleure tout en lui donnant les conseils et lui intimant de respecter sa cousine.

Puis elles sont parties….

Maintenant je suis seule avec mamie. Mes frères sont à la capitale, Mireille est partie… j’ai l’impression d’être abandonnée, d’être seule.

C’est avec les yeux rouges que je prends le chemin de la caravane.

-         Qu’est-ce qu’il y a Isabelle ? me demande le Docteur  en me voyant

-         Rien, mentis-je, vous vouliez me voir ?

-         Assieds-toi d’abord, ça peut attendre. Dis- moi ce qui ne va pas !

Il vient se placer à côté de moi alors que j’éclate en sanglots. C’est trop difficile ce poids à porter. Trop difficile. Perdre mes parents, me retrouver séparer de mes frères et de ma sœur.

-         Parle-moi stp ! me dit-il

-         C’est difficile docteur, vous ne pouvez rien pour moi !

-         D’abord, on va commencer par arrêter ce vouvoiement, appelle moi Jonathan ! et après parle-moi comme à un ami !

 

 

Mélanie BOMO

-         Tu es sûre qu’il n’était pas seul ? demandé-je à Gnomba

-         Si je te dis, on a entendu les bruits de pas s’éloigner !

Donc il était sérieux  quand il a parlé de cette fille dont il est amoureux.

-         Quelque chose me dérange, si c’est une fille du village pourquoi se cachent-ils ? se demande Gnomba pensive

-         C’est vrai ça…mais c’est toi qui connais les filles du village

-         Justement Mélanie, aucune fille que je connais ne sortirait avec BOUMI sans le dire, je suis même en train de penser à…non ça ne peut pas être ça !

-         Quoi ? demandé-je intéressée

-         C’est une bêtise que je vais dire mais bon…imagine qu’il sorte avec Isabelle MOUKAMA

Elle fait une grimace en le disant, puis se ravise en disant :

-         Non il ne peut pas !

-         Ça ne coute rien de vérifier ! dis-tu vous l’avez encore vu où ?

Ce n’est pas bête ça. Je ne vois pas pourquoi il cacherait sa relation à moins que ça ne soit une relation interdite et la seule relation interdite dans ce village est celle qui le lierait à une MOUKAMA…

                     
L'orpheline