Chapitre 4

Ecrit par Annabelle Sara

   

Victoire couru chez sa sœur afin de lui de lui annoncer ce qu’elle avait découvert.

Seigneur qu’est-ce qui lui avait prit de réagir de cette façon en voyant cet homme. Jamais ses sens ne l’avaient autant trahi, la laissant pantoise face à un homme.

Elle voyait ses yeux noirs s’accrocher aux siens sans vouloir s’en détacher. C’était la première fois qu’elle prenait autant de peine à éviter le regard d’une personne, elle qui avait l’habitude d’être regardée, jugée par des yeux inquisiteurs sans jamais en prendre note, elle a été intimidée par ces yeux de braises, qui l’avaient déstabilisés en deux secondes.

Mais cela n’arrivera plus elle allait y travailler.

Elle gara sa voiture dans le garage de sa sœur et courut dans la maison avant d’entendre la voix de sa sœur dans le séjour, elle hurlait au téléphone.  Elle se dirigea vers les cris et poussa doucement la porte pour tomber sur sa sœur qui était entourée des membres de sa belle-famille.

Elle réglait certains détails pour l’organisation des obsèques de son époux. Apparemment le traiteur lui donnait des fils à retordre.

  « Vous avez intérêt à ne pas faire n’importe quoi… J’ai versé l’acompte comme convenu Monsieur tout ce qu’il vous reste à faire c’est être là à temps… Oui je vous en prie ! »

Elle raccrocha et reporta son attention sur les mamans qui venaient de l’ouest pour l’aider à conduire David dans sa dernière demeure.

  « Tu ne veux vraiment pas faire le veuvage ? », lui demanda l’une d’entre elle ?

  « J’ai 30 ans ma mère, je n’ai plus de maman… j’ai un seul enfant ! Vous voulez que ma vie s’arrête ? Pourquoi ? Votre fils là n’était même pas malade… »

  « Ce n’est pas le problème, ton mari est décédé, il faut que tu éloignes de toi le mauvais œil… Le rite du veuvage sert à protéger la veuve aussi… »

  « Moi qui pensait que ça servait surtout à vérifier que la veuve n’a pas trempé dans le décès de son mari ? Je n’ai pas besoin du rite de veuvage ! Je n’en veux pas, les bénédictions du prêtre seront suffisantes pour moi ! Même la robe noire je ne la porterais pas… Chez nous nous ne le faisons pas lorsque la veuve est aussi jeune que moi, parce qu’il lui faut se remarier dès que possible ! Donc je ne le porterais pas, Je ne me raserais pas la tête… »

L’expression d’Angèle était sereine et ferme, elle n’avait pas l’intention de céder à la pression sous prétexte d’une quelconque coutume. Ces parentes éloignés du feu père de David se regardèrent et parurent résignées.

  « Ce n’est pas contre vous les mamans, mais même pour notre mariage nous n’avons fait aucun rite traditionnel… Pas de dote rien ! Nous nous sommes juste retrouvés devant le maire et un prêtre a béni notre union à domicile… je ne vous connaissais même pas parce que je n’ai jamais eu à faire à vous avant ! C’est juste que j’aie trouvé normale que mon mari repose dans le caveau familial auprès de son père… Mais pour le reste je ne ferais rien du tout ! »

  « Nous comprenons bien ma fille… Nous sommes un peu déçues mais ce n’est pas grave c’est ta décision. Et comme tu le dis nous n’étions pas conviées au mariage, nous n’avons pas de très bon rapport avec la mère de ton défunt mari, alors elle nous a tenu à l’écart de la vie de son fils… Nous nous sommes simplement incluses lorsqu’il faut l’enterrer ! », Déclara une autre maman.

  « Je suis désolée ! Même mon mari ne m’a jamais parlé de vous ! C’est quand je suis venu il y a une semaine que j’ai fait votre connaissance… », dit Angèle avec un nœud dans la voix. « Ma belle-mère n’a jamais voulu me convier au évènement de la famille ! »

  « Elle-même n’y vient pas… Elle est bien plus importante que nous autres ! »

Même Angèle fut surprise d’apprendre cela.

  « Le veuvage n’est pas une obligation si tu ne veux pas le faire nous n’avons pas d’autres choix que de respecter cela ! »

Ange soupira, apaisée par ces paroles.

  « Merci mes mamans ! »

  « Nous allons retourner au village pour nous assurer que tout soit prêt pour votre arrivée… »

  « Attendez… Comme vous voyez nous sommes seulement des femmes dans ma famille, nous n’avons pas d’homme pour nous protéger ma sœur et moi… Ne nous-en voulez pas si nous avons tendances à être fermes ! », Dit-elle en fouillant dans son sac, elle sorti une liasse d’argent qu’elle remit aux mamans. « Pour apprêter la maison, et faire les installations avant que nous arrivions… »

    « D’accord ma fille, nous allons nous en occuper… »

C’est donc avec une petite somme que les tantes et cousines éloignées de David quittèrent la maison de la petite-sœur de Victoire.

Victoire qui était restée silencieuse tout ce temps attendit que sa sœur revienne une fois qu’elle avait accompagné tout ce beau monde à la porte.

  « Hé bien ! Rien n’est simple hein… », Dit Vicky en s’asseyant près de sa sœur. « Tu découvres qu’en dehors de Mama Pamela tu as de la belle-famille ? »

  « Si tu pouvais imaginer qui est cette femme… Une vraie plaie ! Mais au moins je suis heureuse qu’elle n’ait pas voulu que son fils et moi fassions des rites lors de notre mariage je ne sais pas où je serais aujourd’hui ! »

    « Surement la tête rasée ! », se moqua Vicky.

    « Ne ris pas Vicky, cette histoire me stress trop ! Et si je n’avais pas au moins le soutien de ces femmes je ne sais pas comment je ferais ! »

Une ombre passa dans les yeux d’Angèle, une ombre que Vicky connaissait.

    «  Tu as eu Papa au téléphone ? Il sera là ? »

Angèle secoua la tête.

    «  Il est au Bénin… Je ne sais pas quand il rentre mais il ne pourra pas venir ! »

    « Bah voyons ! En tout cas tu l’as dis… Nous sommes des lionnes, on peut très bien se débrouiller toutes seules… »

Victoire prit les mains de sa petite sœur et les serra très fort.

    «  Je courais ici… Parce que j’ai une nouvelle… importante parce que je sais que tu as l’intention de contester la vente des biens de ton époux… », commença Victoire en regardant sa sœur droit dans les yeux, comme si elle voulait vérifier si elle était capable d’encaisser la nouvelle.

    « Bien sûr je n’ai pas l’intention de tout perde sans rien dire ! », affirma la sœur cadette.

  « Tu as déjà entendu parler de Cassandra Edang? »

  « La danseuse étoile ? »

  « Oui, la seule camerounaise qui a été recruté au ballet de Moscou… »

    « Oui, je ne l’ai jamais rencontré en personne mais j’en ai déjà entendu parler… Qu’est-ce qu’il y a avec elle ? »

   « Hé bien… Moi je l’ai rencontré tout à l’heure ! La fille du feu Célestin Edang en personne… »

« Attends… Edang ? J’ai vendu la maison des Mesner à un Etienne Edang ! »

   « Je crois que c’est le petit frère du père Edang si j’ai bonne mémoire ! », dit Victoire, ce nom lui disait vaguement quelque chose.

« Je comprends maintenant… La vitesse à laquelle l’argent de la vente a été déposé dans les comptes d’Aurélien ! »

Angèle sembla déçue de ne pas avoir compris à temps à qui elle avait à faire en faisant cette vente.

   « Toi tu a rencontré l’oncle, il se trouve que je suis tombée sur les enfants Edang ! Sur la danseuse et son frère ainé qui n’est personne d’autre que Mister chocolate… le type qui a racheté les propriétés et biens de David ! », Déclara le mannequin avec gravité.

   «  Stéphane Medou ? », demanda Angèle choquée.

   «  Lui-même ! », affirma Vicky.

Angèle resta figée comme une statue de sel. Elle n’arrivait pas à croire qu’elle allait devoir se battre contre un des descendants de la prestigieuse famille Edang pour pouvoir assurer un héritage décent à sa fille. Elle ne se trouvait plus soudain la force de se lancer dans cette bataille inutile.

  « Alors là ! C’est de l’acharnement, que vais-je bien pouvoir faire face à cette famille c’est perdu d’avance… »

  « Tu ne peux pas baisser les bras, penses un peu à ta  fille que crois tu qu’il va lui arriver si tu laisses tomber !  Tu vas les laisser lui prendre ce qui lui revient de droit ? »

  « Mais que veux tu que je fasse ? Je ne serais même pas capable de me payer un bon avocat ! Et de toute manière je n’aurais pas gain de cause… La vente s’est faite dans les règles de l’art ! »

La panique de sa sœur amusa un peu Victoire parce qu’elle savait déjà comment il fallait agir face à ses yeux intransigeants qu’elle avait trouvé hyper sexy, il fallait retourner les armes.

  « Ange ne t’inquiètes  pas pour l’avocat je m’en occupe, à quoi crois tu que je te serve ? Et pour tout te dire finalement je crois que tu as bien fais de l’inviter ! Nous n’allons pas les attaquer, nous allons lamentablement échouer… C’est mieux de jouer sur les sentiments ! » 

   

Le jour J arriva enfin, le jour où Angèle allait devoir dire au revoir une bonne fois pour toute à son mari.

Elle se leva se matin là dans la maison familiale des Chedjou  et ses pensées se dirigèrent vers ce fameux jour où assise sur la moquette avec la petite Cathy elle entendit sonner et crut dans un premier temps que David avait oublié ses clés elle s’était levée heureuse de pouvoir enfin voir son mari après tout ce temps. Pourtant quelque chose attira son attention, des lumières de gyrophares comme s’il y avait une voiture de police à l’extérieure. Elle se figea lorsqu’elle ouvrit la porte et se retrouva nez à nez  avec deux policiers qui tenaient leurs chapeaux dans leur mains. Elle faillit s’écrouler lorsqu’ils lui apprirent la nouvelle.

Elle se souvint indubitablement de leur conversation de la veille, elle lui avait reproché son manque de force et lui avait dit des choses horribles. Elle détestait voir ce qu’elle avait bâtit pour sa fille et elle s’évanouir en peu de temps qu’il ne fallait pour le dire. Elle avait horreur de le voir sombrer dans l’alcool et la bêtise, alors elle ne mâcha pas ses mots et l’attaqua de front.

  « David tu devrais trouver une solution au lieu de rester  là comme un orphelin qui ne sait où aller. », dit-elle avant de lui arracher son verre des mains et le vider par la fenêtre. « Au lieu de geindre comme un gamin… lèves toi et bouges toi ! »

  « S’il te plait, Angèle, lâches moi un peu la grappe, j’en ai marre de tes reproches incessant ! Pourquoi tu n’essaies pas toi de résoudre mes problèmes ? »

  « Tu dis bien tes problèmes ! Donc c’est à toi de les résoudre tu devrais souvent te comporter comme un homme ! »

Elle se rappela des yeux qu’il avait levés sur elle, elle aurait dû comprendre qu’elle avait traversé la ligne rouge.

  « N’oublies pas que tu dois subvenir aux besoins de ta fille, je ne m’inclus pas dans tes charges… Sans parlé de mettre un toit sur nos tête ! »

  « Bien-sûr ! Pour toi il n’y a que le matériel,  le luxe et le confort qui t’intéresses ! Je commence réellement à croie que c’est la seule raison pour laquelle tu m’as épousé, tu t’es bien débrouillée pour avoir une place  au soleil toi aussi… En me piégeant avec une grossesse ! »

Elle lui assena une gifle retentissante.

  « Je sais maintenant pourquoi tu as perdu à la seconde où tu t’es retrouvé face à un homme ! Ton niveau c’est le bac à sable ! »

Elle se dirigea vers la porte pour le laisser ruminer ses paroles tout seul.

  « Si tu ne relèves pas la tête tu ne verras plus jamais ta fille ça je te le promets ! », lança-t-elle dans son dos avant de claquer la porte derrière elle.

Elle ne souvenait pas la  dernière fois qu’elle avait parlé ainsi à une personne, d’ailleurs elle n’avait jamais vraiment eu une querelles avec une autre personne à part avec David surtout dans les moments difficiles qu’avait traversé leur foyer. Mais aujourd’hui elle  le regrettait amèrement, elle ne savait de quoi était fait son avenir et elle avait horreur de savoir que son avenir et celui de sa fille reposait sur les épaules d’un inconnu. Comment était ce Stéphane Medou ?

     

Stéphane se gara dans le parking aménagé près de la maison des Chedjou, pour cette triste occasion. Il inspira difficilement et se passa la main sur le menton. Ce geste trahissait son anxiété, il n’avait pas voulu prendre part à cette cérémonie mais Etienne avait tellement insisté qu’il avait accepté à condition que sa sœur l’accompagne.

Il l’aida à sortir de voiture, il ne serait pas venu à cet enterrement si elle avait refusé de l’y accompagner. Même s’il est vrai que c’est un peu de sa faute si cet homme était mort.

Il possédait tout ce qui revenait à cette famille mais il l’avait gagné dans les règles de l’art.  Il ne pouvait donc rien faire pour cette femme et sa fille à part leur souhaiter ses condoléances.

Une fois descendu de la voiture, ils se dirigèrent vers  la tonnelle où se trouvaient tous les invités de la veuve Chedjou, Stéphane et Cassandra marchaient se tenant par la main.

     « Ça va bien se passer ! », murmura sa petite sœur pour le rassurer.

     « J’espère ! »

Il aperçu une silhouette qu’il reconnu, il se demanda d’abord s’il rêvait, mais il ne se trompait pas. Cette silhouette il la connaissait assez bien pour l’avoir revue ces deux dernières nuits dans ses rêves. Subitement la silhouette, se tourna vers eux et il eut le souffle coupé s’il ne tenait pas sa sœur serrée contre  il aurait surement fait demi-tour pour retourner à sa voiture, il sentit sa sœur était autant surprise que lui mais contrairement à lui, elle souriait à la jeune femme qui jouait le rôle d’hôtesse d’accueil pour cet évènement.

Elle portait un ensemble noir qui soulignait à la perfection la délicatesse de ses courbes et ce regard ! Il comprenait pourquoi elle fascinait autant les gens, Victoire Esso a un regard de braise.

Elle sembla rendre à Cassie son sourire et elle vint à leur rencontre dans une démarche qui laissa Stéphane interloqué.

  « Bienvenue… Mr Medou ! Cassandra… Merci pour votre présence. », dit-elle en souriant malgré le regard lourd de reproche qu’elle posa sur lui.

  « Victoire… que faites-vous ici ? », s’enquit Cassie en lui donnant un baiser sur la joue.

  « Je suis la sœur de la veuve, celle qui n’aimait pas beaucoup le défunt ! », murmura-t-elle en provocant un rire chez sa plus fervente fan. « Vous avez fait bon voyage j’espère ?... Suivez moi  je vais vous montrer vos places. »

  « Je comprends maintenant pourquoi tu as refusé de prendre une glace avec nous… »

  « J’ai surtout pensé, que tu avais besoin de discuter seul à seul avec ton frère ! »

Cassandra acquiesça ; Stéphane ne disait rien, il avait peur de dire quelque chose de déplacé.

D’ailleurs elle ne lui accorda  pas un regard et se retourna pour leur  montrer le chemin. Apres les avoir installé elle s’excusa et continua son service.

Stéphane n’était pas à l’aise dans cette situation, c’est lui qui portait le rôle du méchant et ça il ne le supportait pas, il avait bien vu dans les yeux du mannequin que tout ceci était sa faute. Soudain il eut l’impression de manquer d’air. Il avait peur que ses yeux le trompent, qu’il soit au milieu d’une gigantesque farce. Les deux femmes qui lui avaient fait oublier sa fiancée l’espace de quelques jours se tenaient l’une près de l’autre.

Victoire et l’agent immobilier avaient des choses en commun. Près l’une des deux on savait qu’on avait à faire à deux sœurs tellement elles se ressemblaient, même si Victoire est bien plus grande qu’Angèle.

La veuve se tourna dans leur direction et leurs yeux se croisèrent, il y lut de l’anxiété, aussi de la surprise et un peu d’appréhension. Elle lui sourit enfin en tenant sa fille entre ses bras, il lui rendit son sourire et lui fit un signe de la tête pour la saluer, elle semblait moins sur l’offensive que sa sœur.

Elle prit place et invita sa fille à prendre place entre elle et sa sœur, et la cérémonie débuta.

   

Aux termes des cérémonies et de l’inhumation, on annonça l’agape. Pendant que les gens se dirigeaient vers les différents buffets, Ange confia la petite à sa sœur pour saluer les personnes qui avaient pris part à cet évènement et les remercier.

Et là elle l’aperçut au bras de sa sœur, il avait l’air épuisé, tout à l’heure quand ils se sont salués de la tête elle avait vu dans ses yeux une sorte de culpabilité. Elle avait été surprise de le voir lui, elle qui pensait avoir eu à faire à Etienne Edang se rendait subitement compte qu’elle avait rencontré son neveu lors de la visite de la maison du crépuscule. Elle s’approcha d’eux et au même moment sa belle-mère fit son apparition, elle se jeta sur l’homme d’affaire. Il fallu que la danseuse étoile s’interpose pour protéger son frère.

  « Comment osez-vous s’écria-t-elle, comment osez vous venir ici après ce que vous avez fait à mon fils, à cause de vous il s’est tué ! »

Elle allait encore se jeter sur lui quand Victoire intervint et la retint.

  « Calmez-vous Pamela ! », dit-elle en la tenant fermement.

  «  Mama qu’est-ce qui vous prend d’attaquer nos invités ? », s’écria Angèle.

  « Espèce de sale garce ! Comment a tu pu convier cet homme ici après ce qu’il a fait à David ? C’était votre plan hein ? », cria-t-elle à l’adresse de sa belle- fille et se dégageant de l’étreinte de Victoire.

    « Ce n’est pas sa faute si David n’est plus parmi nous … »

  « J’avais prévenu mon fils contre toi et tes machineries mais il ne m’écoutait jamais… Une fille de la poubelle ! »

   « Pamela fermes ta bouche ! » La coupa une des mamans qui étaient venues rendre visite à Angèle à Yaoundé. « Toi tu peux dire à quelqu’un qu’elle sort de la poubelle ? Tu savais même porter les babouches avant d’entrer dans la maison des Chedjou ? Toi et ton fils vous vous êtes accaparés de tout… Et comme Dieu ne dort pas tu as tout perdu aujourd’hui, même ton fils que tu aimais vanter là n’est plus ! Tu viens agresser les gens ici… Parce que c’est tout ce que tu sais faire ! »

 

La vieille dame avait les yeux qui lançaient des flèches, elle quitta la tonnelle et s’en alla. Mais les regards étaient tournés vers Stéphane et Angèle qui ne se quittait pas des yeux.

Victoire remarqua le regard que ces deux la échangeaient et son cœur fit un raté.

Non, pensa-t-elle sa sœur n’allait pas se laisser avoir, elle vient à peine d’enterrer son mari.

Et de quoi se mêlait elle, elle qui avait trompée 4 maris vivants. En fait ce qu’elle ressentait en les regardant discuter maintenant n’était rien d’autre que de la jalousie !

Elle jalouse, jamais et pourquoi le serait-elle ? Stéphane Medou n’était pas le type d’homme qu’elle fréquentait, trop brun, trop bel homme, trop publique. Elle ne s’était jamais battue pour un homme ce n’est pas aujourd’hui qu’elle allait commencer.

Brusquement deux bras fermes l’attrapèrent et elle se retrouva plaquer contre un corps qui sentait fort le musc, elle reconnut qui s’était et essaya de se dégager, elle  croisa le regard de Medou lorsque John lui fit une bise bien trop près de ses lèvres. Elle fut surprise par l’expression du visage de Medou.

  « Alors je t’ai manqué ? », s’enquit le photographe en lui souriant.

  « Je t’avais pourtant demandé de ne pas venir ici John », fit-elle sans quitter Stéphane et sa sœur des yeux.

  « Je voulais pouvoir présenter des condoléances à ta sœur personnellement et aussi te voir, savoir où tu en étais ? »

Elle reporta son attention sur celui qui la tenait serrée contre lui et s’écarta vivement de ses bras, elle savait mieux que personne qu’il ne faut jamais utiliser un homme pour en rendre un autre jaloux.

  « Au même point John, toi et moi ça n’a jamais existé et ça n’existera jamais contrairement à ce que tu penses ! Je t’ai utilisé pour rendre mon mari jaloux et ça a raté… alors maintenant, crois moi quand je te dis que tu ne me fais aucun effet ! »

Il la repoussa avec un regard noir qui voulait  dire « attends-toi aux représailles ». Il se retourna et s’en alla sans demander son reste.

  « Bravo, bien fait pour la belle gueule ! », lança Cassandra Edang dans son dos.

Victoire se tourna vers la jeune femme elle lui sourit et s’approcha d’elle.

  « Pour une cérémonie… c’est une cérémonie ! », dit la jeune femme.

  « Ça tu peux le dire ! Je suis éreintée, j’ai toujours trouvé David épuisant ! Et je dois encore voyager demain… je dois défiler pour Victoria Secret dans deux jours et je ne sais pas si j’aurais le courage d’abandonner ma sœur en ce moment…», ajouta-t-elle à mi-voix.

Cassie lui donna un coup de coude.

  « Je suis certaine qu’elle se portera bien ! Elle m’a l’air forte !»

  « Elle l’est ! », murmura-t-elle. « Et toi comment tu vas ? »

  « Oh moi je garde la tête haute… je commence à peine à profiter de mon état ! », fit-elle en passant sa main sur son ventre.

  « C’est géniale ! Heureuse d’apprendre que tu t’es réconciliée avec le polichinelle dans le tiroir… », Affirma-t-elle en éclatant de rire.

  « Ton frère a été courageux pour venir jusqu’ici ! »

  « Il a connu pire ! C’est un bonhomme… Même s’il fait souvent de piètre décision ! »

   « Hein ? »

   « Il est fiancé à Ingrid Djoumessi ! »

   «  Ah bon ?... Tu n’as pas l’air très enchantée par cela ! », ricana le mannequin.

   «  Disons que je trouve qu’il pourrait brouter une herbe plus verte… »

   «  Aie ! Ma sœur vient à peine d’enterrer son mari… », commença Vicky.

Cassandra éclata de rire.

   «  Je ne pensais pas à ta sœur ! Mais à toi… Quittes à être avec un top model, autant être avec « The » top model ! »

Victoire se sentit flattée, mais elle devait vite changer de sujet.

  « Non… ce n’est pas mon style ! », dit-elle pour se convaincre elle-même. « Mais j’y pense,  tu peux m’accompagner à Los Angeles si ça t’intéresses ? »

  « Tu es sérieuse, tu m’emmènerais avec toi ? », s’enquit-elle surprise.

  « Tu n’as qu’à faire tes bagages et des au revoir et nous serons dans un avion demain  à minuit précise ! »

  « Superbe, j’y serais sans faute ! »

   « Donnes moi ton numéro… je vais te faire un message pour te prévenir… tu as besoin de changer un peu d’air ! »

Les yeux de la jeune femme pétillaient de joie, Victoire était heureuse d’être celle qui lui donnait autant de plaisir.

  « Puis-je savoir ce qui te rend aussi heureuse ? », demanda une voix masculine qui fit tressaillir le mannequin.

Ange et son interlocuteur s’étaient joints à eux.

  « Oh, Victoire m’emmènes avec elle à Los Angeles demain, tu te rends compte je vais assister au défilé mythique des anges de Victoria Secret. C’est super, je rêvais d’y aller un jour mais les entrées sont très sélectes ! »

Le cœur de Vicky se serra lorsqu’elle vit l’expression de sa sœur, à qui elle n’avait jamais fait cette proposition de l’accompagner  dans un de ces défilés.

  « Tu allais partir sans me le dire ? », demanda-t-elle surprise d’apprendre de la bouche d’une autre qu’elle partait et qu’en plus elle partait avec cette parfaite inconnue et non avec elle sa sœur.

  « Nous serons de retour dans maximum cinq jours ne t’inquiètes pas tu ne remarqueras même pas mon absence ! », ajouta-t-elle en jetant un coup d’œil à Stéphane qui se tenait maintenant près de sa sœur.

Ange fit un demi-sourire face à ce sous-entendu.

  « Je crois qu’il faut qu’on y aille ! », dit Stéphane en rompant le silence.

  « A demain Victoire comme convenu et une fois de plus toutes mes condoléances à vous Angèle ! »

  « Merci Cassandra ! »

 


Un Nouveau Souffle