Chapitre 4

Ecrit par QUEENEMMA

Alexandra jura en fouillant dans son sac. Elle n’arrivait pas à retrouver la carte de fidélité d’une grande enseigne de la ville. Et elle comptait s’en servir pour refaire la décoration de sa maison. Le devis remis par le décorateur lui avait donné un infarctus.

Serena s’était moquée d’elle lorsqu’elle lui avait communiqué le montant. Evidemment pour elle, en tant que designer haut de gamme, le devis était plus que correcte. Mais bien sûr, tout le monde n’avait pas le budget de sa clientèle. Alors en tant que bonne amie, elle lui avait fourni des Tips. Serena lui avait filé le topo de la célèbre galerie en promo. Elle comptait y passer certaines commandes qui, passant par la carte devrait réduire les coûts.

Alexandra avait décidé de faire attention à ses dépenses au cas où elle devrait se séparer de son mari. Son amie lui avait fait comprendre combien un divorce pouvait être éprouvant émotionnellement et financièrement. Elle n’avait pas encore franchi la ligne. Et elle n’osait toujours pas.

Etre en colère contre son mari était une chose. Divorcer … les informations que lui avaient remises son avocat trônait dans l’un de ses tiroirs du bureau. Jamais elle ne les avait apportées à la maison. Comme si elle avait peur que les faire parvenir dans leur maison, pourrait ‘ matérialiser’ sa volonté de divorce.

Pour l’instant, le travail, l’appui à Serena pour son business ainsi que s’occuper de sa maison et son fils, lui changeait les idées. Et cette fichue carte était introuvable. Elle essaya de se remémorer la dernière fois qu’elle ou Wenceslas l’avaient utilisée.

‘ Réfléchis ma fille.’, fit-elle.

Il y a quelques mois c’était la fête des mères. Et Wens avait acheté une tonne de cadeaux pour sa mère et sa belle-mère. Evidemment, elle n’avait pas voulu jouer au simulacre de la belle-fille parfaite cette année. Elle avait juste récupéré les cadeaux de sa maman et les lui avait remis. Alors ce serait surement lui qui devait l’avoir. Il avait la fâcheuse habitude de garder ses cartes soit dans son portefeuille, soit dans son tiroir de chambre. Elle se dirigea vers la chambre d’amis où il dormait. Elle farfouilla les tiroirs et en sortit bredouille. Il devrait surement l’avoir avec lui.  Elle soupira de frustration.

Elle allait devoir le lui demander. Parler à son mari était une activité qu’elle dédaignait ces derniers mois. Ils ne s’adressaient la parole que pour le strict minimum. Elle lui envoya un message WhatsApp et attendit. Le message était envoyé mais pas lu. L’appel qu’elle lança revint lui aussi sans réponse. Elle jeta un coup d’œil à sa montre.12H10 mn. Ce cher Monsieur AMAN prenait toujours son déjeuner à 12H30 mn, dans son bureau de préférence. Elle avait donc le temps pour y être avant de partir pour la galerie retrouver Serena à qui elle y avait donné rendez-vous. En fermant l’un des tiroirs de son époux, elle aperçut un document qui attira son attention. « Un certificat de grossesse ». Elle n’était pas enceinte. Son sang se figea. Le nom lui était inconnu. Peut-être pour une de ses employés, lui susurra une voix. Pourquoi son époux gardera-t-il un document de cette ampleur chez eux ? il était le directeur d’exploitation, pas en charge des ressources humaines. Son instinct lui conseilla de prendre le document. Ce qu’elle fit puis fila.

Trente minutes plus tard, elle était devant le bureau de son époux. Elle constata avec soulagement que sa voiture était présente. Cela faisait plus de six mois qu’elle n’y avait pas mis les pieds. Au moins l’assistante de son époux, l’austère Madame KOUAME, y était encore. Celle-ci l’accueillit chaleureusement. Un peu trop même connaissant le spécimen. Elle confirma la présence de son mari mais signala qu’il était occupé.

·       Pourriez-vous patienter que je vous annonce ? fit Madame KOUAME mielleuse.

·       Patienter ? Non, Madame KOUAME, je suis pressée. je vais juste aller le voir rapidement et ressortir. Ne vous inquiétez pas … retorqua Alexandra.

Puis sans se soucier des récriminations de l’assistante qui la talonnait, elle fonça vers le bureau de Wenceslas.

Et le spectacle qu’elle y vit lui glaça le sang. Son mari tenait une jeune femme à califourchon sur ses genoux. Une jeune femme qu’elle ne connaissait que trop bien. Janice.

Wenceslas bondit sur ses pieds lorsqu’il vit sa femme sur le pas de la porte, laissant la demoiselle au sol. Un effroyable silence envahit la pièce avant que l’homme ne commence à réagir.

·       Alexandra…Alexa…ce n’est pas …ce n’est pas ce que tu crois… ! balbutia-t-il.

Alexandra considérait la situation avec froideur. Son mari se confondant en excuses (encore) ; l’amante sur pied qui toisait l’épouse d’un air triomphant ; l’assistante de son époux qui semblait vouloir s’enfoncer six pieds sous terre. Elle se doutait bien que bientôt, le couloir menant au bureau de son mari s’emplirait de curieux. Il fallait parer au plus urgent.

·       Madame KOUAME ? merci de nous laisser s’il vous plait. Je me charge du reste.

Une fois la porte fermée, Alexandra posa son sac sur le bureau et fixa les yeux sur son mari. Wenceslas tremblait littéralement. A cet instant précis, elle ne saurait dire ce qu’elle éprouvait pour le père de son enfant. Du dégout, de la colère…une immense colère quoique contenue, de la douleur, chose qu’elle ne pensait plus pouvoir encore éprouver. Pour ce qui était encore de l’amante, une tristesse profonde à son égard était tout ce qu’elle comptait se permettre. Que pouvait-elle ressentir d’autre pour une femme qui avait eu le malheur d’espérer en un homme tel que Wenceslas ?

Elle sentit une main sur elle. Celle de Son mari. Elle se dégagea vivement.

·       Alexa…fit-il

·       (Avec toute sérénité dont elle pouvait faire preuve) je suis venue chercher la carte de fidélité de la galerie. Celle où tu as fait les achats pour la fête des mères.

·       Alexa…s’il te plait, supplia-t-il d’une voix éteinte

·       Wens, si tu l’as, donne-moi cette putain de carte, hurla la femme.

Sans crier gare, Wenceslas s’exécuta et tendit ladite carte à son épouse impassible, qui lui lança un long regard de mépris. Que ne fut sa surprise lorsqu’elle entendit des éclats de rires narquois et des battements de main vulgaires.

Ayant déjà les mains sur la porte, Alexandra fit volte-face. La jeune femme, la maitresse de son mari était l’auteur de tout … « ça ». Cette dernière qui jusque-là s’était faite petite, était maintenant en évidence au centre de la pièce. Plantureuse, fière, sensuelle, sublime … Alexandra devait reconnaitre que ‘ sa rivale’ était d’une beauté renversante. Elle avait au moins ça pour elle.

·       Janice, tu es folle ? s’insurgea Wenceslas devant l’audace de sa maitresse.

·       (Faisant face à l’homme les mains sur les hanches) Orhhhh Aman y’a quoi ? c’est à cause de ‘celle-là’ que tu agis comme un lâche ? tu as peur d’elle ?

·       Janice, tais-toi !! intima l’homme.

·       Je ne me tais pas, Aman ! je ne me tairai plus ! c’est quoi !!!??? hurla encore plus fort la jeune femme.

Alexandra et son mari furent stupéfaits. Plus Wenceslas que Alexandra. Il regardait la jeune femme d’un air ébahi. Comme s’il venait de la découvrir.

Alexandra éclata d’un rire nerveux et déclara à son mari :

·       Décidément celle-là tu l’as bien choisie ! Vous formez une belle paire. Tu sais quoi ? Je te laisse avec ton … (jaugeant avec mépris la maitresse) invitée. Je dois aller m’occuper de choses plus importantes.

Elle tourna le dos au couple lorsque la maitresse de son mari lança : « Aman, tu lui as dit que je suis enceinte ?»

L’épouse reçut la nouvelle comme une bombe d’eau dans le dos. Elle se figea, puis se tournant vers son mari, elle demanda :

·       Qu’est-ce qu’elle a dit ? Wens ?

·       Alexandra, s’il te plait, je peux t’expliquer …

·       Wenceslas AMAN junior ? qu’est-ce que cette…femme vient de dire ? est-ce que j’ai bien entendu ce qu’elle a dit ??? fit-elle, le souffle coupé

·       Alexa… je ne suis pas responsable…

·       (L’amante, lui coupant la parole) Oui, Madame, je suis enceinte. Et c’est Aman le père …

·       Janice… ça suffit !!!! hurla Wenceslas à m’endroit de Janice.

L’épouse fouilla dans son sac à main et sortit un papier qu’elle tendit à son mari en disant :

·       C’est à elle je suppose ou bien tu en as engrossé une autre ?

·       (Prenant le papier) où as-tu eu ça ? fit-il pour toute réponse.

·       Et c’est tout ce que tu as à dire Wenceslas ? je te montre un certificat de grossesse et toi tu….

Ces mots se terminèrent en sanglots. Elle avait vraiment voulu ne pas se ridiculiser en pleurant, surtout devant l’autre femme. Mais hélas elle était à bout. Elle tourna les talons dans son désarroi et s’en alla. Elle entendit son mari la supplier de rester alors qu’elle avait la main sur la poignée de la porte. Elle marqua un arrêt puis inspira. Elle lui fit face, plus sereine et attendit.

·       Alexandra, c’est un malentendu. Je ne suis pas l’auteur de cette grossesse, je te le jure, déclara son époux….

·       Aman ! Aman ! Aman ! arrêtes de mentir….

·       Janice, tu la fermes ou je te jure que je vais te faire du mal, menaça Wenceslas d’un ton violent.

Alexandra sourit. La réaction de l’amante devant la menace de son mari était jouissive. Elle s’était ratatinée, surement par peur de représailles. Pour une fois elle était presque fière de son époux. Mais bon, à quoi lui servait de se comporter comme un homme maintenant?

·       Alexandra, fit son époux, je t’en supplie, laisses moi t’expliquer tout ça. Je ne peux pas être l’auteur de cette grossesse.  

·       Tu vas aussi me dire que tu n’as pas couché avec elle, sans protection non plus n’est-ce pas ?

L’homme confus devant la question, détourna la tête et ne répondit pas.

·       J’en étais certaine, fit la femme.

Elle jeta un long regard de mépris au couple puis avec le peu de dignité, sortit de la pièce la tête haute. 

AU CŒUR DE L'INFIDÉL...