Chapitre 4

Ecrit par Spice light

République Démocratique du Congo

Ville de Muanda, Province du Bas-Congo

Septembre 1998


— Marguerite IYOMBE —


Depuis la mort de mon fils, un fossé s'est creusé entre Victor et moi. On n'a plus jamais « remis le couvert ». Il ne fallait pas être devin pour comprendre que notre relation était arrivée à son terme. C'était dur, oui, mais pas autant que de perdre mon enfant il ya plus d'un an.


Je vis toujours chez mes parents et je pense de plus en plus à terminer mes études, ou peut-être à chercher du travail. Il faut que je m'occupe, que je respire.


— Maguy, dépêche-toi un peu ! Tu fais comme si on te forçait… faut pas que je sois en retard !


— Ah, Chantal, laisse-moi prendre mon temps quand même ! Je ne suis pas n'importe qui dans cette ville. Je suis la fille de Monsieur Iyombe Lokoka Jean-Bernard. Je dois être bien sapée et bien maquillée… on ne sait jamais.


— Comme je suis la fille de Jean Martin, je ne dois pas être en retard ! dit-elle en roulant des yeux.


J'éclate de rire. J'aime trop ma petite sœur. Nous sommes sept : six filles et un seul garçon, mon grand frère, que je suis directement.

Je me dépêche, puisqu'elle a déjà parlé. Ce soir, on va dans un night-club, histoire de décompresser.


L'ambiance est waouh. La rivalité entre les deux Wenge donne un cachet particulier à ces derniers mois, sans parler des meilleurs tubes congolais du moment. Mon coup de cœur ? Feux de l'amour de JB Mpiana.


Après quelques verres, je me déhanche sur la piste de danse comme si ma vie en dépendait. Jusqu'à ce que deux mains m'attrapent fermement. Ces mains, je les reconnaîtrais entre mille. Que fait-il ici ?

Quelle question… C'est un chasseur de femmes, et ce night-club est l'un de ses nombreux terrains de chasse. Pourtant, je n'arrive pas à me retourner. Mon cœur cogne dans ma poitrine. Cet homme… je l'aime comme pas permis.


— Regarde-moi, Maguy, m'ordonne-t-il de sa belle voix.

Je m'exécute, docile comme une enfant.


— Mais… que fais-tu ici ?


— Je venais me détendre… puis je t'ai vue, toi et ta sœur. Et en te voyant danser, je n'ai pas pu me retenir.


— Tu m'as laissée tomber… alors que j'avais le plus besoin de toi.


— Je sais, ma douce… J'ai été con. Je voulais prendre du recul… Reculer pour mieux sauter, comme on dit. Mais même en reculant, tu es conservé tout pour moi.


C’est trop. Je me jette sur ses lèvres que j’embrasse avidement.


— On y va ? me demande-t-il.


— Mais Chantal… ?


— Ta sœur n’est plus une enfant. Et elle est en bonne compagnie.


Je lève la tête et remarque qu’elle est effectivement bien entourée. Je connais son copain, et il est respectueux.

Je suis donc Victor. Il prend une chambre d’hôtel, où nous passons la nuit à nous rattraper, à nous dire combien on s’est manqués.


Au matin, le réveil est tout en douceur. Victor et moi, en cuillère, nous donnons du plaisir avant de nous rhabiller et quitter l’hôtel. Chacun retourne chez soi.


— Bonjour, dis-je à ma mère et à Odile, ma deuxième grande sœur. Elle a été dotée il y a deux semaines, mais chaque jour, elle est ici. Hum… Son mari Joseph travaille à Kinshasa, au ministère des Affaires étrangères. Il y a été pistonné par mon oncle, le grand frère de Papa, qui est sénateur.


— Bonjour Marguerite.


— Ma fille est où ? demande Maman.


— Comment ça, ta fille est où, Maman ? Chantal, ce n’est plus un bébé. Elle reviendra.


— Hum… Écoute-moi, grande sœur, marmonne Odile.


— Odile, pardon ! Ne me pousse pas à ouvrir ton dossier. Deux semaines seulement depuis ton mariage et chaque jour chez ta mère… Tu t’occupes de ton mari quand ?


— Ne détourne pas le sujet ! Tu sors avec ma sœur, tu la fais découcher, et tu rentres sans elle ! Trop, c’est trop ! On attend Jean-Bernard ici !


Je trace tout droit vers ma chambre, laissant Maman et Odile dehors.




— Victor FOKE —


— Oh oui… continue…


— Comme ça ?


— Oui, mets tout, chéri… mets tout…


Elle gémit doucement pendant que je la pénètre avec précaution. Ma femme est enceinte de sept mois. Une fois terminé, je descends du lit et m’habille. Je sais qu’après ça, elle dormira comme un bébé.


Il est à peine 22h. Ce soir, je dors avec Maguy. Je pense de plus en plus à lui prendre une maison. Les nuits à l’hôtel ne me plaisent plus.

Je la rejoins. Je lui donne du plaisir uniquement avec mes doigts et ma langue. Ce n’est qu’au matin que je lui donne sa « dose », avant qu’on se prépare. Elle retourne chez ses parents, moi au travail.


— Je pensais te trouver une maison. Ça ne me plaît plus de dormir avec toi dans des hôtels. Ça ne t’honore pas. Qu’en penses-tu ?


— Je vais y réfléchir. Mais je ne veux pas quitter la maison de mes parents comme ça…


— Maguy, voyons… Je me suis déjà présenté à tes parents dans le passé. C’est suffisant pour le moment. Après la naissance de l’enfant, on avisera.


(Elle aussi est enceinte. Disons que nos retrouvailles d’il y a deux mois ont porté leurs fruits. J’aime ma femme, mais Maguy… Maguy occupe aussi une place de choix dans mon cœur.)


Nous terminons de nous apprêter et partons. Je n’ai pas de voiture. Ce n’est pas une question d’argent. J’ai une voiture de fonction qui me récupère où que je sois. Alors, un bout de terre quelque part me semble plus utile qu’une voiture.




— Elsa MABEKA —


En me réveillant ce matin, Victor n’était pas là. Je soupire. Même enceinte, il trouve toujours un moyen de me stresser.

Je descends lentement, j'enfile une robe, puis je dors voir les enfants, même si je sais que Light s'occupe bien d'eux.


— Bonjour mes amours.


— Bonjour maman.


— Tu as bien dormi ?


— Oui, et vous aussi ?


— Nous aussi, mes chéris.


Je caresse mon ventre. Sun s'approche, intrigué, et le touche.


— Ça ne fait pas mal ?


— Non, mon cœur.


Je me pose cette question chaque matin.


— L'autre jour, j'ai trop mangé et mon ventre est devenu gros. Ça faisait mal.


— Je sais, mon cœur. Mais moi, je n'ai pas trop mangé. Je porte ta petite sœur.


— Vraiment ?


—Oui. Bon, je vous fais vite un petit-déjeuner.


Je les sers, puis je retourne en cuisine pour préparer leur goûter.


[…]


Une fois les enfants partis, je débarrasse, nettoie, fais le ménage et dors ce qu'il faut pour le repas.


[…]


— Bonsoir, ma chérie.


— Bonsoir à toi aussi, Victor, dis-je froidement.


— Je peux savoir pourquoi cet accueil ?


— Regarde, Victor, haussai-je le ton. Ne m'énerve pas. Ne m'énerve surtout pas, tu entends ?


— Maman, c'est quoi ? demande Mine qui venait de sortir.


— La Mienne, viens ici, l'appelle Light depuis le fond du couloir.


— Pourquoi tu tiens toujours à nous donner en spectacle devant les enfants ?


— Parce que tu en fais trop, Victor ! Tu me prends pour la dernière des maboules, c'est ça ?


— Ah, Elsa, pardon. Je suis crevé, dit-il en tournant les talons.


— Crève bien ! Continuez avec moi ! Père de quatre enfants, bientôt cinq, et toujours entre les cuisses de n'importe qui ! Je suis enceinte, je souffre, mais je ne peux même pas recevoir de l'aide de ma famille, de peur que tu en fasses ta maîtresse !


Je vide mon sac. Certains membres de ma famille me traitent de folle, et je crois qu'ils ont raison.

Quand j'ai accouché de Mine, ma sœur Carole est venue m'aider. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir qu'elle couchait avec Victor depuis Light !

J'avais quitté la maison, mais après de nombreuses réunions, je suis revenu… avec une autre sœur. Elle est aussi devenue son jouet. Comme les trois ménagères ont passé dans cette maison.


Aujourd'hui, c'est impossible qu'une femme passe la nuit ici si ce n'est une de ses propres sœurs.


POUR QUELLES RAISONS...