Chapitre 4 : Main dans la main

Ecrit par Néfi

Après avoir laissé Damien, je marchais tout en repensant à Alex. Je n’avais pas vraiment eu le temps de l’observer, mais ce que j’avais ressenti en lui serrant la main m’intriguait énormément. Mon cœur avait fait un boum. Comme par magie, je les revis à  nouveau, Loïc et son ami Alex. A mesure que la distance entre nous rétrécissait, je me sentais toute excitée de les revoir, ou plutôt de LE revoir.

-              Loïc : Hey Dona, comme on se retrouve.

-              Moi : Oui, je rentre à la maison là. Et vous, vous faites quoi ?

-              L : bah on se baladait là. Je faisais découvrir la ville à Alex. Il est de Cotonou, la capitale et c’est la première fois qu’il vient ici.

J’ai alors osé regarder Alex. Et on s’est souri. Je lui ai souri aussi. Je ne comprenais rien de mon attitude. Bien qu’étant de nature joyeuse, j’étais plutôt réservée aux premiers abords. Mais avec lui , ça passait tout simplement.

Loïc me sortant de mes pensées me dit :

-              On allait vers le marché central. Tu viens avec nous ?

Je réfléchis vite fait. Bon c’est vrai que je n’avais rien à faire.  Pourquoi ne pas en profiter ?

-              M : Euh, ouais, ok, allons-y, dis-je.

C’est ainsi que nous prîmes le chemin du marché de Parakou. Nous discutions gaiement, le long de la route. Le soleil tapait fort, mais tout ce que je ressentais c’était les battements au fond de ma poitrine.

Alex et moi nous regardions, comme si nous étions les seuls au monde. Il prit ma main tout naturellement pendant que nous marchions. Je serrais mes doigts autour des siens et cette sensation me plaisait. C’était fou. Je le connaissais depuis à peine une vingtaine de minutes, et déjà nous étions aussi familiers.

Il se mit à parler alors.

Alex: Alors, Dona, t’as quel âge ?

Moi : hum, tu me donnes quel âge ?lui répondis-je, souriante et joueuse

A : euh, disons 17 ans dit-il pensif.

M : Loupé. Un peu moins dis-je en souriant de plus belle.

Que m’arrivait–t-il là. Je n’arrêtais pas de sourire bêtement. « Il va te prendre pour une gogole » me prévint ma J.A., amusée.

Je ne lui en voulais pas. C’est vrai que je faisais vraiment plus grande que mon âge.

A : Alors 15 ?

M : Oui exactement répondis-je en gardant encore une fois mon sourire. Et toi ? Lui demandai-je, curieuse.

A : Tu m’as fait deviner. A ton tour maintenant.

M : Ok, alors voyons voir. Je te donne 18 ans.

A : Loupé ! Mais non, un peu plus quand même. Regarde j’ai quand même un peu de barbe me dit-il en souriant.

M : Bon alors 20. Si t’as plus, je me mets à danser là devant tout le monde.

A : Bien joué ! dit-il en rigolant.

Nous étions tous les deux morts de rire. Nous avions complètement oublié Loïc qui nous accompagnait. C’était comme si nous étions dans notre bulle à nous deux. Nous continuâmes notre route en devisant ainsi joyeusement, toujours main dans la main.

Nous arrivions quelques minutes après au marché central de Parakou. C’était le plus grand marché du Nord du Bénin. Il était très animé et pour quelqu’un qui venait de la grande ville, Alex était impressionné de voir autant d’animations. On y trouvait de tout. Des habits, des bijoux, des pagnes, des ordinateurs, des téléphones portables, de la nourriture. Tout était vraiment réuni. Les uns et les autres évoluaient dans ce brouhaha énorme. Chaque vendeur/vendeuse nous interpellait, tantôt moi, tantôt nous.

-              Ma chérie, regarde ce beau pagne, C’est pour toi.

-              Jeune fille, viens j’ai tout ce qu’il te faut.

-              Venez mes amis, venez voir ces téléphones dernier cri.

A chaque fois que je venais ici, j’étais vraiment impressionnée par l’ardeur avec laquelle chacun cherchait à refiler sa marchandise.

Alex s’arrêta devant un bijoutier. Il y avait là des parures en or et en argent. Bracelets gourmettes, colliers, bagues brillaient de mille feux. Je me demandais bien pourquoi il s’était arrêté. C’est quand même rare de voir un homme acheter des bijoux.

Je fus détournée pendant quelques minutes par un vendeur qui tenait à me vendre absolument une chaussure  soi-disant tout droit venue d’Italie. Je perdis 5 bonnes minutes à lui dire que non, je n’étais pas intéressée par sa chaussure.

Alex et Loïc vinrent me retrouver et nous continuâmes notre petite visite.

Il était déjà 18h lorsque nous rentrâmes à la maison. Loïc me donna rendez-vous à 20h 30 pour suivre le match.

J’étais toute excitée à l’idée de le retrouver. Moi qui n’aimais pas suivre les matchs de football, comme toute fille qui se respecte, j’annonçai à mes sœurs que je m’apprêtais à suivre le match. C’était la finale de la league des champions  et l’affiche était super intéressante selon les dires de Loïc plutôt : FC Barcelone – Bayern de Munich. Je n’avais jamais entendu ces noms avant ce jour-là, je vous le promets.

Ma sœur Sheila n’en revenait pas. Elle ouvrit ses grands yeux quand je le lui dis.

-              S : Non ce n’est pas vrai Dona, mais depuis quand regardes-tu les matchs de football ? Le seul sport qui t’intéresse c’est le tennis. Il faudrait que tu m’expliques là.

-              M : Mais calme-toi Sheila, lui répondis-je. Je vais juste suivre le match avec Loïc et un de ses amis, Alex.

-              S : Hum, un de ses amis hein, me dit-elle, l’esprit déjà affûté. Et bien, j’ai vraiment hâte de voir à quoi il ressemble ton Alex là. Je parie qu’il est à l’origine de ce changement soudain. Tu ne me la feras pas à moi, me dit-elle avec un sourire mesquin.

Ah l’éternelle fouineuse. Elle ne changera jamais. J’avais l’impression qu’à la place des yeux et des oreilles, elle avait 2 autres cerveaux supplémentaires. Mais, c’était ma sœur et je ne pouvais rien y faire.

 

A 20h, je commençai à préparer des amuses gueules et des boissons pour que nous puissions passer un bon moment. Je disposai les cacahuètes, les petits fours et les boissons sur la table.  J’avais demandé à Simone de nous faire de l’igname et des bananes frites avec des omelettes. (Vous l’aurez compris, j’adore l’igname :-p)  ).

J’avais prévu de nous installer dans le deuxième salon, celui des « enfants ». Ses mûrs étaient peints de blanc, tout simplement. Ma mère avait posé ça et là, des photos de la famille, avec nous, plus jeunes et quelques tableaux d’artistes parakois. Le canapé en cuir, de couleur bleue était très confortable. La petite table basse en verre posée sur le tapis noir, venait agrémenter le tout. Il y avait un grand miroir juste après l’entrée principale, dans lequel je n’arrêtais pas de me regarder.

Je m’étais évidemment changée. J’avais troqué mon jean contre une robe fleurie, de couleur verte. Mes braids avaient été savamment relevés en un chignon style Janet Jackson, par ma sœur Sheila. Il faut dire qu’elle était douée pour maquiller, coiffer et habiller. C’était ma conseillère mode personnelle. J’avais juste mis légèrement un gloss de couleur rose pour faire ressortir mes lèvres pulpeuses. Des touches de « J’adore » de Dior, offert par mon adorable papa venaient me sublimer (de manière olfactive je veux dire). Je me trouvais jolie, simple et naturelle.

 

Dès qu’ils arrivèrent, nous nous installâmes. Je les servis. Loïc prit un coca, pendant qu’ Alex buvait un Sprite. Tous les deux s’étaient également changés. Alex portait simplement un tee-shirt blanc, à manches courtes, col V et un bermuda bleu. Il était plutôt bien foutu. Il avait des bras bien musclés, qui n’appelaient qu’à s’y jeter. Son torse musclé aussi, laissait deviner des pectoraux vigoureux et des abdominaux à croquer. Il avait de très belles mains aussi. J’ai toujours été sensible aux mains des hommes (allez savoir pourquoi), et cela n’était pas pour me déplaire. Ses lèvres bien dessinées, laissaient entrevoir des dents blanches et bien alignées. Mais au-delà de tout cela, ce qui me faisait craquer étaient ses yeux. Il avait des yeux magnifiques. Ils étaient tout petits, en amande, comme les miens et le contraste avec ses grandes lunettes à verres carrés était saisissant. J’adorais ces yeux, et son sourire, et sa bouche, et ses mains. En fait j’aimais déjà tout de cet homme.

Mais la question qui se posait était : est ce qu’il ressentait la même chose ?

-              « Il t’a quand même pris la main tout à l’heure » me rétorqua ma J.A.

-              « Oui mais et s’il voulait juste s’amuser un peu. Après tout, il est en vacances, il a peut être juste envie de passer du bon temps. Les filles de la capitale sont dix mille fois plus belles que moi» lui dis-je.

-              « Mouais c’est vrai aussi », me dit-elle, la mine triste, la main sur son menton et repartant dans son sommeil.

En tout cas, une chose était sûre, j’avais hâte de savoir ce qu’il ressentait pour moi.

Le match tirait bientôt à sa fin. Il était environ 23h. Ils avaient passé un beau moment, surtout que leur équipe le Barça venait de battre le Bayern 2 à 0.

Loïc demanda à partir. Je me levai donc pour les raccompagner. Il faisait vraiment nuit et étonnamment le grand  jardin n’était pas éclairé. Nous étions presque au dehors quand, Alex dit :

-              Ah mince, j’ai oublié mon téléphone portable, la main sur son front.

Loïc se retourna vers lui. Ils se regardèrent tous les 2. Je ne comprenais pas trop ce qu’ils se disaient à travers ces regards. Message codé ? Les garçons sont vraiment dans leur monde aussi hein des fois.

-              Bon j’avance Alex, tu connais le chemin et de toute façon t’es un grand garçon. Tu ne pourras pas te perdre, lui dit Loïc en rigolant.

Dès qu’il retourna à la maison, ce dernier me reprit la main, enroulant ses doigts autour des miens, exactement comme au marché plutôt, pendant que nous refaisions le chemin en sens inverse.

« Tu es définitivement perdue » me dit ma J.A. Toutes les deux, nous savions que cette soirée risquait de tout bouleverser, aussi bien mon corps, mon âme, et surtout mon cœur.

Amour ou raison