Chapitre 4 : Vivons

Ecrit par La Vie d'Ielle

Chapitre 4 : Vivons.




** Chidi **





Je sers sa main fort pour qu'elle sache que je suis là pour elle et que je la soutiendrais toujours. 

C'est ainsi que s'est fait le trajet, dans le silence total. Quand nous sommes arrivés j'ai sorti la chaise roulante de la voiture et je l'ai mise à l'intérieur avant de refermer les portières et de rentrer à la maison.


Cécile : Je peux avoir un verre d'eau s'il te plaît ?


Moi ( posant les sacs ) : Bien sûr, je reviens.


Je la laisse et vais dans la cuisine pour lui prendre un verre d'eau. Je me suis perdu dans mes pensées en la servant et j'ai même mouillé la place, c'est en entendant la voix de maman que je suis sorti de la cuisine.


Je lui dis bonsoir et je remets le verre à Cécile.

C'est clair qu'en nous voyons elle s'est demandé pourquoi nous sommes  rentrés  aussi tôt, j'ai dû lui dire ce qu'il s'est passé.


Maman : Eeeeh !!! Eeeeh eeeh !!! Que DIEU m'en garde.. Eeeeeh ( les mains sur la tête ).


Moi ( soupirant ) : Maman…


Maman : Voilà ( se levant ) , c'est ça !! C'est ça oh, c'est ça. Voici la femme que tu as épousé ( pointant Cécile du doigt ). 


Moi : Maman...


Maman : Une femme qui est incapable de garder une grossesse et de mettre au monde un enfant sain… Eeeh !!   Vas-y,  dis nous ( se plaçant devant Cécile ), dis nous où tu as mis ton ventre ou plutôt où  tu as mis tes enfants pour que jusqu'à aujourd'hui mon fils ne puisse pas avoir un enfant dans cette maison.


Moi : MAMAN ( serrant le poing ) !!!! C'est quoi ton problème ? Est-ce que tu vois avec qui tu parles  ? Est-ce que tu t'entends parler ? Tu es humaine et tu es une femme en plus, c'est quoi ton problème ? On vient de perdre notre bébé et toi c'est ce que tu trouve à lui dire  ? Tu ne peux pas faire semblant ou sinon te taire ? Es-tu obligée d'être désagréable avec elle ? C'EST MA FEMME MAMAN ( montrant Cécile ), MA FEMME…. Même pour moi seulement tu pourrais quand même faire preuve d'un peu de compassion.


Cécile pose son verre et quitte le salon.

Je regarde maman et la colère monte, je ne peux m'empêcher de crier sur elle.


Moi : Est-ce que tu es normale maman ? C'est quoi ton problème ?


Maman : …


Moi : Dès demain tu rentres au Nigeria.


Maman : Je suis désolée Chidi, excuse moi c'est ma façon d'exprimer ma peine. Je suis désolée mais ne me fait pas repartir s'il te plaît, je veux Être avec toi durant cette épreuve.

 

Façon d'exprimer sa peine ? 

Heureusement que c'est ma mère parce que je suis tellement en colère que je ne sais pas ce que j'aurais fait si c'était quelqu'un d'autre qui parlait.


Moi : Je suis déjà avec ma femme.


Parfois je ne comprends pas, je ne sais pas ce qui se passe dans la tête de maman. Je ne sais même pas si elle réfléchit comme une humaine parce que une personne normalement constituée ne pourrait jamais tenir ce genre de discours sachant ce qui se passe.

Je lui ai toujours dit d'être ne serait-ce que commode avec Cécile parce qu'elle la verra toujours tant que je suis son mari mais je n'ai pas l'impression qu'elle comprenne.

Bref !! Mieux elle rentre au Nigeria, Cécile et moi avons besoin d'être à deux uniquement. Sa présence aux alentours ne fera que nous faire du mal parce qu'elle ne sait pas se tenir apparemment.


Maman : Vous avez besoin d'aide.


Moi : Maman, je veux être seul avec ma femme. On veut être seuls s'il te plaît donc tu nous excuseras mais il faut que tu rentre. Bonne nuit maman.


Je la laisse au salon et vais dans ma chambre mais je trouve pas Cécile. Instinctivement je marche jusque devant la porte de la chambre de Wisdom que je me ravise d'ouvrir après hésitation.

Je retourne dans ma chambre et vais me mettre sous la douche, j'ai besoin de me nettoyer le corps. 

Il faut que j'enlève toute trace de l'odeur de mon fils sur moi, j'ai vraiment l'impression que si je ne le fais je vais passer une sale nuit. 

Ça ne devrait normalement plus me faire quelque chose vu que nous sommes déjà passé par là mais c'est toujours aussi douloureux.


Je me refuse de penser qu'il est question de choses spirituelles comme ma mère et quelques autres membres de ma famille s'entêtent à le dire.

Il y'a des familles qui vivent ce genre d'épreuves hors de notre ménage donc je refuse qu'on me bourre la tête ou celle de Cécile avec ce genre d'histoires.


Après ma douche je me suis assis dans le lit, le regard dans le vide pendant je ne sais combien d'heures ou de minutes avant d'aller me placer devant la porte de la chambre de Wisdom à nouveau.

Quand j'ai fini par ouvrir la porte mon regard est immédiatement tombé sur celui de ma femme.

Elle est allongée dans le lit, un nounours contre elle. Je vais la retrouver dans le lit en me plaçant derrière elle. Je la tiens tellement proche que je sens battre son cœur, on est restés comme ça assez longtemps puis elle s'est retournée pour se mettre face à moi. 


Cécile : Ta mère a raison.


Moi : Shut !!


Cécile : Peut-être que…


Moi : Non… Ne dis rien s'il te plaît. Maman n'a raison en rien tu comprends ? Ça arrive et c'est déjà arrivé à des couples avant nous, ce qu'il faut c'est qu'on soit forts. D'accord ?


Cécile : Je veux dormir Chidi mais j'ai mal à la tête.


Moi : Attends je reviens.


Je quitte la chambre pour aller prendre des comprimés et un verre d'eau qu'elle prend avant de revenir se blottir dans mes bras.


Moi : Je t'aime.




** Une semaine plus tard **




Maman est rentrée au pays et  nous, on essaie de se remettre de tout ça. Moi le premier parce que Cécile est encore dans l'ombre et c'est normal.

Je ne vais pas au travail parce que je veux être auprès d'elle malgré les personnes qui viennent pour prendre de ses nouvelles.


[ Toc Toc ]


Moi ( levant la tête ) : Qui-est-ce ?


Amandine : C'est Amandine monsieur.


Moi : Entre.


Amandine : Désolée de vous déranger, le dîner est servi.


Moi : As-tu appelé ma femme ? 


Amandine : Oui monsieur mais elle dit ne pas avoir faim.


Moi : C'est servi à table ? 


Amandine : Oui.


Moi : Elle est où ?


Amandine : Dans votre chambre.


Moi : Fais moi un plateau de deux assiettes, je lui apporterai dans la chambre.


Amandine : D'accord monsieur, je reviens vers vous quand ce sera prêt.


Elle ferme la porte de mon bureau et retourne en cuisine. C'est la même histoire depuis, elle ne se nourrit presque pas et ne reste que dans la chambre.


Plateau prêt, elle m'a appelé et je suis allé avec retrouver Cécile dans la chambre. 

Elle sortait à peine de la douche, elle est assise dans le lit en train de se passer le lait de corps.


Moi ( posant le plateau ) : Hum hum, elle se fait belle la dame ?


Cécile : Elle essaie de garder une hygiène normale.


Moi ( lui faisant un bisou dans le cou ) : Tu sais très bon en tout cas.


Cécile ( souriant ) : Merci.


Moi : Regarde ce que Amandine a cuisiné aujourd'hui, ton plat préféré.


Cécile : Je n'ai pas faim.


Moi : Ah non, pas encore.


Cécile : Je n'ai pas faim Chidi.


Moi : Tu n'as rien mangé depuis le matin.


Cécile : Parce que je n'ai pas envie de manger, j'ai déjà pris une tasse de thé.


Moi : Tu ne mange rien depuis plusieurs jours déjà, il faut que tu mette quelque chose sous la dent.


Cécile : Chidi arrête.


Moi : Arrêter quoi Cécile ? Il faut que tu mange, Tu es train de t'affamer et ce n'est pas bien. Tu dois te nourrir et essayer de passer à autre chose ( posant ma main sur la sienne ).


Cécile ( se levant brusquement ) :  Passer à autre chose ? Une semaine seulement que notre fils n'est plus que déjà tu m'impose de passer à autre chose tu es sérieux là ?


Moi ( m'asseyant ) :  Tu sais très bien que ce n'est pas ce que j'ai voulu dire.


Cécile : Mais tu l'as dit ( mettant correctement sa serviette ).


Moi : Chérie j'ai été maladroit, désolé. Ce que j'essaie de dire c'est qu'on va réussir à traverser cela, aussi difficile soit la situation et aussi profonde soit cette douleur.


Cécile : Trois fois déjà, trois.   D'abord une fausse couche, notre premier garçon mort né et maintenant Wisdom qui s'en va lui aussi après seulement un jour jusqu'à quand dis moi ? Jusqu'à quand vais-je supporter les mots et les regards de ta mère ?


Moi : Tu sais très bien que tu n'as pas à t'occuper de maman.


Cécile : Et moi dans  tout ça, je ne vais jamais devenir Maman ? Et toi ?  Quand vais-je pouvoir te rendre…


Moi : Quand  DIEU voudra simplement.


Silence …


Moi : Approche… 


Elle est venu s'arrêter juste devant moi.


Moi : Jusqu'à la mort, on fera des bébés. On en fera tellement que tu seras fatiguée et tu me supplieras de te laisser te reposer mais je te répète déjà que je veux deux équipes et tu vas les mettre au monde que tu le  veuilles ou pas.


Cécile ( rigolant ) : Tu es bête.


Moi : C'est ce sourire que je voulais voir.


Elle me regarde puis se met à califourchon sur moi et m'embrasse langoureusement. Elle prend mes mains et les pose sur la serviette que je fais doucement tomber sur sa taille sans que nos bouches ne se séparent. 

Elle descend ses mains jusqu'à mon pantalon et entreprend de déboutonner mon Jean.


Cécile ( déboutonnant mon jean ) : J'ai lu quelque part que je peux facilement tomber enceinte  durant cette situation et que…


Moi : Arrête !


Cécile : Quoi ?


Moi ( retenant ses mains ) : Arrête Cécile ! 


Cécile : Fais moi l'amour Chidi.


Moi : Non.


Je la porte et la pose sur le lit puis je me tiens debout devant elle 





** Cécile **




Moi : C'est quoi le problème ? Je ne t'attire plus ?


Chidi : Tu m'attireras même à 100 ans.


Moi : C'est quoi alors le problème ?


Chidi : Tu ne peux pas faire de ça une quête.


Vexée, je me lève et me couvre avec ma serviette sans dire un mot.


Chidi : Chérie.


Moi : Ne me touche pas !!


Je vais dans la salle de bain et ferme la porte de l'intérieur..


Chidi : Ouvre cette porte Cécile….


Moi : Laisses moi tranquille.


Chidi (  frappant la porte ) : Cécile…


Moi : ….


Chidi : Excuse moi si tu te sens rejetée par ce geste mais je ne veux pas que tu te sente obligée de faire de cela un quête. J'ai envie de toi, tu n'as pas idée d'à quel point j'ai envie de te faire l'amour mais je veux que tu guérisse avant et que tu ailles mieux dans ta tête surtout. Je ne veux pas que tu te mettes en tête de remplacer notre fils, non.  Il a existé, un autre enfant ne le remplacera pas c'est pour cela que je veux d'abord  que tu fasses face à tout ça au lieu de te jeter dans une envie ardente de remplacement. Laissons les choses se faire, vivons et  tu verras que les choses se feront telle une surprise. Tu n'en seras que heureuse.


J'ai ouvert la porte après quelques minutes de silence et je l'ai trouvé assis  juste dans le lit tête baissée.


Je vais m'asseoir à côté de lui, je l'embrasse.

Il fait ce qu'il peut pour que je retrouve mon humeur, je ne dois pas le punir surtout qu'il est question de son fils aussi. On traverse la même situation et je suis là à l'acculer de ma peine or je dois aussi l'aider lui… Quelle égoïste suis-je !?

Il a raison, les choses se feront naturellement.


Moi : Friends.


Chidi : Quoi ?


Moi : Une soirée comédie, ça te dit ? Ça nous ferait du bien ( souriant ).


Chidi : Tout ce que tu veux.


Moi : Laisses moi aller réchauffer les plats.

Un goût amer